Un “trublion” au Conseil municipal de Montpellier (3 mai 2010)

On trouvera, après la revue de presse ci-dessous, le compte rendu du conseil municipal de Montpellier qu’a rédigé notre élu Francis Viguié ainsi que l’analyse que fait le sociologue Laurent Mucchielli de la vidéosurveillance, l’un des points problématiques discutés à ce conseil municipal.

Les articles de l’Hérault Du Jour sur le “trublion” Francis Viguié:

“On l’annonçait calme. [Ce conseil municipal] fut plus tranquille qu’un long fleuve. […] Le vrai trublion fut Francis Viguié. Seul élu à émettre des réserves sur la maison médicale de garde, le conseiller d’opposition NPA n’a pas hésité à perturber plusieurs fois l’alchimie qui semblait se créer entre les groupes. Ce qui vaudra au « poil à gratter anticapitaliste » le qualificatif de « vilain » de la part de Patrick Vignal (PS) critiqué pour le « manque d’ouverture aux sensibilités politiques » de ses conseils consultatifs de quartiers, sensés faire bouillonner le printemps de la démocratie. »

La suite ici:

http://www.resistons.net/images/presse/HDJCM030510A.pdf

http://www.resistons.net/images/presse/HDJCM030510B.pdf

Compte rendu du CONSEIL MUNICIPAL du 3 MAI 2010 (F Viguié)


Le dernier conseil faisait suite à la victoire de Frêche aux régionales. Celui-ci était venu en maître, affirmer sa présence comme chef suprême prêt à imposer de nouvelles élections municipales. Au final ses déclarations tonitruantes contre Mandroux et son cabinet ne seront qu’un pétard mouillé. Après avoir amusé la galerie avec son populisme, il reconnaît attendre 2014.

Si Frêche se calme pour le moment, Mandroux n’en a pas pour autant récupéré toute sa légitimité. Ces derniers jours, nous avons eu droit à l’annonce de la candidature de Saurel pour les municipales de ….. 2014, suivi de celle de Vignal quelques jours plus tard. Les couteaux sortent dans le clan frêchiste et la concurrence s’aiguise entre les prétendants au poste de Maire. Comme quoi, une fois de plus, nous pouvons constater que l’appétit de pouvoir va prendre le pas sur l’intérêt des montpelliérain(e)s. Les guerres de cliques vont commencer entre personnes votant systématiquement les mêmes choses depuis des années. De plus, nous savons fort qu’il n’y a pas que Saurel ou Vignal qui considèrent que leur tour est venu. Nous pouvons donc nous attendre, dans un conseil où Mandroux n’a toujours pas de majorité politique, à une lutte de personnes pour le pouvoir.

L’article de L’Hérault du Jour faisant le bilan de ce conseil (voir ci-dessus) a le mérite d’être un compte- rendu et pas seulement la mise en valeur des déclarations de la majorité municipale.
Comme d’habitude, ce conseil a été préparé collectivement par des militant(e)s CUAL et NPA.

Ce conseil municipal du 3 Mai n’avait que 54 délibérations à son ordre du jour.

Il y avait 2 vœux politiques, l’un en soutien à la mobilisation pour la libération des 2 journalistes de France 3 otages en Afghanistan et l’autre dénonçant le mépris du gouvernement pour les professionnels de la petite enfance. J’ai voté ces 2 vœux.

La délibération 1 était importante. Des médecins libéraux regroupés en association veulent créer une Maison Médicale de Garde. Elle serait ouverte en soirée jusqu’à 24h et les week-end. Le débat ne porte pas sur l’intérêt d’un tel lieu mais sur la nature de ce lieu. La majorité municipale met gratuitement à la disposition de cette association de médecins libéraux un local de 150 m2 et elle prend à sa charge les travaux estimés à 90 000 euros.


Je suis intervenu sur la nature de ce lieu en souhaitant la mise en place d’un centre médico-social ou un dispensaire intégré au service public en lien avec le service des urgences de l’Hôpital.
La proposition de la majorité est en fait un cadeau à une association de médecins libéraux qui feront du paiement à l’acte, dont nous ne connaissons pas les tarifs, en particulier pour les horaires en soirée ou le week-end. De plus, étant donné qu’il s’agit d’un service privé, les patients peuvent avoir des problèmes de remboursement en raison du traitement par un médecin « non référent ». Cette proposition arrive aussi au moment où la loi Bachelot attaque fortement l’hôpital public. Bien entendu, l’UMP s’est félicitée de cette initiative qui, d’après elle, va dans le sens du gouvernement et de son projet de Maisons Médicales. Côté majorité, il s’agit d’un partenariat public-privé (un de plus à Montpellier !).

J’ai voté contre cette délibération, tous les autres conseillers pour. Midi Libre et l’Hérault du Jour, qui ont rendu compte de mon intervention et de cette décision, ont indiqué que je m’étais « abstenu ». Leur erreur peut se comprendre, H. Mandroux , organisant le vote, déclare rapidement un « qui est contre, qui s’abstient, adopté » et il est parfois difficile de s’y retrouver…

La délibération 2 traitait de la préparation de la carte scolaire. Il était soumis au vote du conseil un avis favorable aux 14 ouvertures de classe et un avis défavorable aux 3 fermetures de classes. Je suis intervenu pour indiquer que je voterai cette délibération mais qu’il me semblait nécessaire d’indiquer que la municipalité soutenait et participait aux luttes contre les fermetures. J’ai aussi demandé quel était le taux d’encadrement. En effet, des fermetures de classe font automatiquement augmenter le nombre d’élèves dans les autres classes.

La délibération 4 avait pour but une demande fonds européen (FEDER) pour développer la compétitivité régionale et l’emploi. La majorité fait du développement des transports en commun la clé de ce développement. Je suis intervenu pour développer nos propositions en matière de transports publics (complémentarité tram-bus-minibus-parkings gratuits à l’entrée de la ville, pistes cyclables). Si nous voulons développer les transports publics comme mesure sociale et écologique, il faut développer les alternatives à la voiture individuelle. Nous sommes pour la gratuité des transports publics. Cette idée avance sauf à Montpellier. Le département fait le prix du bus à 1 euro, les autres départements de la région idem,la région annonce le TER à 1 euro. Montpellier est en retard, le prix du billet est toujours à 1,40 euro. Cette dénonciation de la politique municipale a énervé Fleurence, mais il n’avancera aucune proposition sinon celle de défendre la situation présente. Vu l’absence de véritable projet et leur refus d’aller vers la gratuité, je me suis abstenu.

La délibération 13 traitait du Petit Bard. Avant le Conseil, nous avons rencontré l’association Justice pour le Petit Bard et le MIB pour faire le point avec eux de la situation et voir comment nous votions la délibération. Suivant leur proposition, j’ai voté cette délibération.

La délibération 18 accordait 100 000 euros au Fonds Régional d’Art Contemporain (FRAC) pour des expositions prenant le thème du passage de Casanova à Montpellier. Ce montant pour une association régionale me paraissant démesuré j’ai voté contre.

La délibération 20 m’a permis une intervention en faveur des régies publiques. Elle avait pour objectif la création d’une régie directe pour la salle de cinéma Nestor Burma de Celleneuve.. Avec, je dois le reconnaître, beaucoup d’ironie, je me suis félicité de cette régie publique dans une ville où tout est en Délégation de service public ou sous traité. Il s’agissait d’encourager la majorité à aller plus loin dans le sens du service public. Mon intervention a, cette fois ci, énervé Delafosse . Il s’est lancé dans une grande défense des associations et du partenariat public-privé. Comme quoi le social-libéralisme trouve de jeunes défenseurs !

La délibération 22 était un autre enjeu de ce conseil. Il s’agissait de traiter la dénomination, la composition et le fonctionnement des Conseils Consultatifs de Quartiers. Le désaccord est total entre la conception de la majorité et la nôtre. La délibération soumise au vote organise de la manière suivante les comités de quartiers : le président est désigné par le Maire, le bureau peut être complété par des personnes désignées sur avis conjoint du président du comité de quartier et du Maire….. Nous sommes loin du contre-pouvoir ! Le Maire a un contrôle politique total. Le comité de quartier n’est que force de proposition en ce qui concerne l’aménagement de son territoire. Même les dates de réunions sont fixées en concertation avec le Maire, l’ordre du jour idem.

Nous sommes loin de ce que nous pouvons défendre autour d’une conception de budget participatif, d’instances où les habitants peuvent élaborer, contrôler et décider. Comme nous l’avons défendu avec la liste « A Gauche Maintenant » lors des Régionales, nous sommes pour que la population, après un débat public contradictoire, puisse décider de grandes questions. Une démocratie se traduisant par un vote pour des élections municipales tous les 6 ans est des plus pauvres.


J’ai voté contre cette conception des comités de quartiers, tous les autres ont voté pour.

J’ai voté contre les délibérations sous-traitant le gardiennage, l’ouverture et la fermeture des locaux.

J’ai voté contre la maintenance du système de videosurveillance. Elle a coûté l’an dernier 1 million d’euros à la ville. Ce vote contre fait suite à mes votes contre l’installation de caméras. De plus, nous n’avons jamais eu un bilan de chacune de ces caméras. Les Verts ont aussi voté contre.

J’ai aussi voté contre la hausse des tarifs de la fourrière automobile. Le tarif est porté à 217 euros au lieu de 198,50 euros, soit une hausse de quasi 10% ! De plus, souvenons nous que la fourrière est une délégation de service public donc assurée par une entreprise privée.

Montpellier, jeudi 6 mai 2010.

Francis Viguié conseiller municipal NPA CUAL

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A propos de la vidéosurveillance, nous renvoyons aux écrits du sociologue Laurent Mucchielli dont nous citons ceci:

Les évaluations scientifiques réalisées dans d’autres pays montrent que l’impact durable, tant
préventif que répressif, de la vidéosurveillance dans l’espace public est très faible
. Mais ne
devient-il pas véritablement dérisoire voire même contre-productif lorsque l’on s’interroge sur
son coût pour une collectivité locale ? En effet, la vidéosurveillance coûte cher, bien plus que
ne le laissent supposer les chiffres généralement avancés par le marketing de ce commerce, à
savoir le coût d’installation du système des caméras, des fils et des écrans. Outre qu’il faut
ensuite entretenir ce système, il faut généralement aussi construire et équiper un local
particulier, et souvent réaliser un diagnostic spécial préalable (que proposent bien entendu
aussi les entreprises privées). Enfin et surtout le principal coût annuel est en réalité le coût
humain. Des écrans de contrôle que personne ne regarde ne servent pratiquement à rien. (…)

Au plan local, lorsque la vidéosurveillance vient « plomber » un budget municipal déjà
entamé par le développement de la police municipale,
on devine qu’il ne reste plus grand chose
dans les caisses pour recruter des éducateurs, des animateurs socioculturels, des
médiateurs, des correspondants de nuit, des surveillants de sortie d’école, et autres types
d’emplois de proximité permettant de renforcer un peu le lien social, d’encadrer la jeunesse
avec des projets éducatifs et de maintenir le dialogue entre la population et les institutions.”

Tiré de Vidéosurveillance. Un coût très important pour des résultats très faibles

http://www.laurent-mucchielli.org/public/Le_cout_de_la_videosurveillance.pdf

On peut consulter le site de L Mucchielli: http://www.laurent-mucchielli.org/index.php?post/2010/04/30/Vid%C3%A9osurveillance-:-le-dossier

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