L’agriculture mérite mieux, nos campagnes et notre alimentation aussi !

Devant la Préfecture de l’Hérault le 26/01/2024

 

Partie d’Occitanie, la « gronde » des agriculteurs et agricultrices prend de l’ampleur et fait écho à celle des allemand.e.s.

Enferrée dans un fonctionnement non démocratique et uniquement technocratique, soumise à une conception autoritaire et punitive de l’écologie et tournée essentiellement vers le fonctionnement du marché économique au détriment des questions sociales et environnementales la Communauté européenne a de grandes responsabilités dans le marasme où s’enfonce le monde rural.

Le gouvernement français n’est pas en reste. Au-delà de quelques gesticulations médiatiques, il est directement responsable de la réduction des aides à l’agriculture bio, d’une absence totale de visibilité de l’avenir de la ruralité et d’une mise en déshérence de nos campagnes. Les agriculteur.trice.s vivent parfois avec à peine quelques centaines d’euros mensuels et seul le RSA complément permet à beaucoup de continuer leur activité agricole ; c’est particulièrement vrai dans l’Hérault où les exploitations sont très majoritairement petites et familiales.

Étranglées par les charges de production et diverses taxes, tributaires des banques et trusts agro-industriels, les exploitations agricoles subissent de plein fouet la crise du capitalisme et le règne de l’argent-roi. “Colonisées” par les métropoles qui leur envoient plateformes logistiques, Amazon, déchèteries et gares TGV peu utiles, les exploitations agricoles sont confrontées à des projets déraisonnables comme l’A69 ou les méga-bassines.

Les méga-bassines sont des projets qui ont montré en Espagne leur inutilité et leur dangerosité économique et écologique : aller pomper l’eau de la nappe phréatique pour la stocker en surface entraîne une évaporation très importante d’un stock d’eau qui resterait plus stable en sous-sol mais aussi une pollution de celui-ci aux algues alors que là-aussi en sous-sol cette eau reste protégée. Les lobbies font croire que ces projets sont de même nature que les stockages d’eau de pluie dans les jardins ou les retenues agricoles, alors que ces méga-bassines par leur lien aux nappes phréatiques permettent une privatisation de l’eau souterraine par les seuls investisseurs de ces bassines et vident les captages et forages des voisins eux aussi agriculteurs mais qui n’ont plus accès à l’eau de la nappe phréatique, celle-ci étant stockée en surface dans la bassine privée !

C’est bien d’une toute autre orientation dont notre société a besoin. L’agro-industrie doit laisser la place à une agriculture raisonnée, biologique, partenaire de circuits courts locaux et d’une sécurité sociale alimentaire réclamée de toutes parts. Le productivisme doit s’effacer devant un autre bien-manger accessible aux bourses les plus démunies. Tout le monde a à y gagner.

La distribution des produits agricoles et alimentaires est aussi par son fonctionnement en trust oligopolistiques une source d’assèchement des revenus des producteurs ainsi que de surenchérissement des prix. La crise inflationniste récente a montré que les prix de l’alimentation ont augmenté plus vite que les prix des matières premières et cela sans permettre une augmentation des revenus des producteurs, tandis que les consommateurs, eux, ont baissé leur consommation.

Les centrales d’achats de la grande distribution qui sont les principaux opérateurs et sont ceux qui orientent les prix pour tout le reste du marché alimentaire ont une responsabilité importante dans le dysfonctionnement actuel de la production et de la vente des produits alimentaires. Il n’y a que 7 centrales d’achats d’envergure en France et les 3 premières représentent 69% des parts de ce marché ! La grande distribution impose des prix d’achat ridicules, toute occupée à améliorer ses profits et la rémunération des actionnaires, pas celle des agriculteur.trice.s, avec la complicité des gouvernements d’Etat.

La colère du monde rural est légitime. Elle appelle un autre développement de l’activité agricole, une rupture avec les orientations productivistes et prédatrices qui prévalent depuis des décennies et abiment la planète.

Montpellier le 20/01/2024

Communiqué de Ensemble ! Hérault

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