Tromperie sur la marchandise : une chaine agro-alimentaire à revoir.

Castelnaudary. L’affaire de la viande de cheval illustre combien la chaine agro-alimentaire est devenue opaque et complexe. Plus de 300 salariés voient leurs emplois menacés à cause de la recherche de profits de leurs patrons, recherche de profit au mépris aussi des consommateurs. Il faut redonner vie à une agriculture paysanne qui permette de produire et de consommer local. 



Depuis la révélation de la présence
de viande de cheval à la place de boeuf dans des lasagnes de la marque Findus,
c’est à un véritable tour d’Europe que l’on assiste depuis le début de
l’enquête.


Des réseaux complexes et opaques


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Première visée, la Roumanie est mise
hors de cause. L’abattoir suspecté a bien vendu du cheval pour du cheval.


Puis,
l’étau s’est resserré autour d’un société néerlandaise basée à Chypre, – Draap
Trading – avec à sa tête un directeur – Jan Fasen – ayant déjà été condamné
pour avoir vendu de la viande de cheval d’Amérique du Sud pour du boeuf hallal, et, le fournisseur de viande Spanghero, suspecté d’avoir utilisé de la viande
avariée dans du corneed beef, lequel ensuite revendait au sous-traitant
Comigel.


Les résultats de l’enquête menée met en cause la société Spanghero basée
à Castelnaudary, accusée d’avoir falsifié les étiquettes. Le gouvernement a
annoncé que son agrément sanitaire serait retiré. (NB la famille Spanghero s’est retiré de l’entreprise en 2009  la cédant à la société Luc Berri)

 

Les trois cents salariéEs ne doivent pas payer pour leur patron. Il faut qu’ils conservent leur emploi et leur salaire. C’est uniquement la recherche du
profit qui a conduit l’entreprise à de telles combinaisons

 

L’opacité règne sur la chaine agro-alimentaire.

La traçabilité inexistante ne permet
pas à la population de vérifier quoi que ce soit.
L’existence
d’intermédiaire-trader permet toute sorte de manipulation, de spéculation
financière et de profits supplémentaires sur les produits qui transitent dans
leurs sociétés, possibilité renforcée par le tour d’Europe effectué avant
d’arriver à un produit consommable.


Après la malbouffe, c’est le règne de
la malversation, de la tromperie que la chaine agro-alimentaire impose à la
population.

 
Notre région a une importante activité d’élevages. 
Il est urgent de redonner vie à une agriculture paysanne,
pratiquant la traçabilité intégrale des produits consommés et rapprochant les
zones de production des zones de transformation et de conditionnement.

 



Ce qu’en dit le Front de Gauche de Castelnaudary





Castelnaudary
à cheval sur la qualité ?






On se serait bien passé de cette nouvelle
notoriété.

La conserverie Spanghero est montrée du doigt
par toute la France et au-delà.

Il aura fallu ce scandale après les refus
d’aller y voir de près. Les 350 salariés vont payer la note en premier. Pourtant
ils ne sont pas responsables des malversations de Lur Berri. On n’est probablement
pas au bout des surprises. Sans oublier les consommateurs trompés.

Il y a des antécédents. En décembre les
abattoirs fermaient : 87 licenciés. Le maire exprimait son
“indignation” et croyait aux reclassements. Pipeau ?

Depuis plusieurs années le nombre de salariés
du groupe, quelque soit son propriétaire, a fondu (environ – 250). La direction
départementale de l’emploi s’en est-elle inquiétée ? Silence, il ne faut
pas gêner les investisseurs !

Le Front
De Gauche
, avait prévenu des risques que faisait peser la finance sur les
travailleurs de la filière agro alimentaire. Quand on mettait en avant les
solutions “en régie”, qui existent ailleurs, on passait pour des
“pieds nickelés”.

Les
circuits courts entre la production, l’abattage, la transformation et les consommateurs
doivent s’imposer.

Citons : “Les entreprises naissent, vivent et meurent
…, “les collectivités publiques ont
un rôle secondaire
“, elles “doivent
mettre en place les meilleures conditions d’accueil pour les entreprises
“,
sans ingérence, sans critique exprimant ainsi leur
parfait accord avec le libéralisme de l’actuel gouvernement.* Pourtant nous disions : “à la conserverie Spanghero de l’aveu même
des salariés, la situation inquiète
.

Le
Front de Gauche dénonce la déliquescence de la filière élevage. On ferme l’abattoir
d’en face … mais la viande vient de Roumanie en enrichissant les traders de
Chypre et de Hollande et en ajoutant 2500 km.

Il faut de l’ingérence publique dans les
affaires économiques. Il est temps de légiférer.
Le PS en a les moyens.
Oui les élus locaux, régionaux, nationaux ont un
droit de reprise en main de cette économie et un devoir de reclassement, précisément
quand elle fait défaut et laisse des salariés sur le carreau
 !

Oui les consommateurs et les citoyens doivent
être informés.

*(Compte rendu de
la réunion du 8-1/2013 de la délégation du Front
De Gauche
avec le maire de Castelnaudary et le président de la communauté
de communes)

 

 

Scandale du cheval qui devient boeuf

L’enquête sur
ce nouveau scandale alimentaire qui consiste à faire passer du cheval pour du
boeuf aboutit à mettre en cause l’entreprise Spanghero installée à
Castelnaudary. Avec le retrait immédiat de la certification sanitaire c’est un
véritable drame qui risque toucher les salariés de cette entreprise. Nous
sommes extrêmement inquiets des conséquences pour leur emploi. De plus la
suspicion risque de s’abattre sur toute la filière agroalimentaire.

En effet,
depuis la grave crise de la vache folle, il y a seize ans, les consommateurs
sont contraints de douter de leur alimentation.

Quand la
finance prend le pas sur la qualité, la viande de cheval de Roumanie est achetée
et vendue par des spéculateurs de Chypre et des Pays- Bas, fait un petit tour
en Europe, vient à Castelnaudary et repart en Angleterre. Dans ces longs dédales
à travers le continent, le cheval s’est transformé en boeuf et chacun a pris sa
petite commission au passage.

Cette tromperie
organisée n’est pas qu’une dérive de la chaine viande. C’est un système bien
rodé qui fonctionne contre les consommateurs et nos propres producteurs
agricoles et industriels.

Rappelons-nous
: il y quelques mois, l’abattoir de Castelnaudary –ex fleuron Spanghero lui
aussi -cet outil de production parmi les plus modernes d’Europe fermait ses
portes, laissant sur le carreau 87 salariés. Pour plusieurs raisons. Parce que
des industriels sans scrupule s’approvisionnaient depuis longtemps en bétail à
des centaines, voire à des milliers de kilomètres, faisant fi des producteurs
locaux et de l’impact environnemental .Ensuite parce que la politique de
subventions européennes favorisant les grandes cultures céréalières ont réduit
les élevages à peau de chagrin. Et enfin parce que les élus de certaines
collectivités locales ont délivré des subventions avec peu de discernement.

Les uns et les
autres ont jeté par-dessus les moulins une politique vertueuse, locale et régionale,
de production-abattage- consommation.

Cette fraude
soulève plusieurs questions qui nous renvoient à la loi de modernisation économique
– LME –voulue par Nicolas Sarkozy et Michel Leclerc, favorables à toujours plus
de concurrence et votée en 2008 par les députés et sénateurs de droite.

Elle a donné
tous les pouvoirs aux distributeurs pour imposer des prix bas à leurs
fournisseurs. La grande distribution pressure les entreprises de fabrication
pour améliorer ses propres marges. Sous cette pression les fabricants se
fournissent au moindre coût et très loin avec le risque de manipulation qui éclate
dans cette affaire. D’autant plus facilement que les politiques d’austérité
dans chaque état ont réduit le nombre de contrôleurs, de douaniers et de vétérinaires.

Et cela ne
semble pas près de s’arrêter : après avoir rouvert ses portes, en mars 2012, au
boeuf aux hormones importé des États Unis, l’Union Européenne a donné son feu
vert la semaine dernière à l’importation de viandes traitées à l’acide
lactique.

C’est pourquoi
il est urgent de réduire les pouvoirs donnés aux distributeurs en modifiant
sans plus attendre la LME de 2008, qui fonctionne désormais comme une
incitation à la fraude au détriment des producteurs et des consommateurs. Ce
que le gouvernement Ayrault refuse pour l’ instant. Alors que l’on met en avant le redressement productif, “l’acheter français” et que l’on analyse l’empreinte carbone de chaque activité , peut- on se contenter de déplorer une situation créée par l’unique souci de la finance porté par les politiques libérales de ces dernières années ?

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