Cette réforme est mal
faite, sans concertation, ni compensations. Elle ne sert même
pas les intérêts des enfants. Elle dégrade
l’emploi de tous : personnels de services, animateurs
périscolaires, enseignants. Contrairement aux affirmations de
qualité d’activités affirmées par le ministre,
elle s’accompagne d’une diminution des exigences d’animation
périscolaire puisqu’elle propose, par décret,
d’abaisser les taux d’encadrement à un animateur pour 14
enfants ! Les élèves passeront autant de temps à
l’Ecole, sans garantie de gratuité, d’encadrement et de
contenu des activités. Faute de moyens, d’équité
territoriale, la réforme des rythmes expose à
transformer du temps scolaire en garderie en désorganisant
l’extrascolaire. Un comble !
Une école
détruite par Sarkozy
Pendant cinq ans, les écoles
ont subi une politique de destruction et un autoritarisme de la
hiérarchie. Suppression massive de postes, quasi-disparition
des réseaux d’aides aux enfants en difficulté (RASED)
remplacés par l’aide personnalisée (AP), mise en place
du socle commun de compétences et du livret personnel de
compétences (LPC) avec évaluations à outrance,
programme 2008 rétrogrades et surchargés…
Toutes ces réformes
ont placé les enseignantEs du primaire dans des positions
intenables entre l’injonction d’enseigner plus de connaissances en
moins de temps, sous la pression des évaluations de CE1 et
CM2. De surcroît, les enseignantEs se retrouvent seulEs face
aux difficultés d’élèves. Cette situation est
source de souffrance au travail et de résignation face à
la répression de la hiérarchie. Sans compter le jour de
carence et les salaires parmi les plus bas d’Europe.
Le changement c’est
pour quand ?
L’élection de
François Hollande pouvait laisser espérer une autre
orientation : priorité à l’éducation et
refondation de l’école étant les maîtres mots du
changement. Force est de constater que rien n’a changé à
la rentrée 2012. Certes les postes promis marquent l’arrêt
de la saignée Sarkozy mais ils ne réparent pas les
dégâts ! Les RASED sont bel et bien sacrifiés. Le
pouvoir socialiste n’a même pas pris des mesures symboliques
qui ne coûtaient rien, comme la levée des sanctions
contre les Désobéisseurs ou la suppression des AP. Au
contraire, le rapport sur la refondation maintient le socle commun et
les AP appelées aujourd’hui activités pédagogiques
complémentaires (APC), il ajoute une demi-journée
d’école. En fait de refondation, le fond reste le même
avec une demi-journée de travail supplémentaire. Il
faut reconnaître qu’il intègre aussi quelques
revendications syndicales comme « plus de maîtres
que de classe » et la scolarisation des enfants de 2 ans.
Mais avec quels moyens pour les mettre en œuvre ? Une refondation
qui ne touche que les rythmes scolaires n’est clairement pas à
la hauteur. De plus, elle aggravera les inégalités
entre territoires puisque ce sont les mairies qui financeront le
périscolaire. D’ailleurs la plupart des grandes villes ont
reporté l’application du décret à 2014. Même
le conseil supérieur de l’éducation (CSE) a rejeté
le décret sur les rythmes.
Un projet bâclé
qui relève du bricolage politique
Sans aucune concertation et
dans la précipitation, certaines municipalités
prévoient, dès 2013, le mercredi matin travaillé
et l’allongement de la pause méridienne de 11 h 30 jusqu’à
14 h 15. Cette dernière annonce a provoqué la colère
dans les écoles. TouTEs les professeurEs savent que le temps
de midi est très fatigant pour les enfants. À partir
de 13 h 10, tous les enfants sont dans la cour, la majorité
des accidents se produisent à ce moment-là. Les mairies
répondent parfois que seront orgenisées des activités
culturelles, sportives… Mais où sont les moyens ? Dans quels
locaux, quelles installations sportives ? D’autant que le nombre de
surveillants par enfant devrait baisser… Les enseignants et les
parents craignent une fatigue excessive d’enfants contraints à
la collectivité pendant trop longtemps. Ce serait donc une
grave dégradation des conditions d’apprentissage et des
conditions de travail des enseignants, ainsi que celles de tous les
personnels. Les agents de service verraient leurs horaires de travail
morcelés. Les surveillants/animateurs (déjà
précaires et mal payés) seraient moins nombreux par
élève, mal formés pour gérer un temps de
midi plus long sans moyens et dans des locaux exigus.
Le mépris
comme dialogue social
À aucun
moment les enseignants n’ont été consultés.
Pendant l’été Vincent Peillon a reçu les
directions syndicales dans le plus grand secret et la plus grande
opacité. N’avons-nous pas une expertise professionnelle sur
ces questions ? On
ose présenter les enseignants comme corporatistes, attachés
à leurs privilèges.
Bel exemple de dialogue social ! Même la droite avait organisé
des pseudo-consultations avant d’ imposer les programmes de 2008 !
Bien évidemment la
presse emboîte le pas avec une campagne odieuse orchestrée
autour du thème : ces privilégiés de
fonctionnaires veulent garder leur mercredi matin contre le bien-être
des enfants.
Dans
notre département :
« Ni
satu quo, ni bricolage ! Pas de réforme sans les enseignants
!«
Sur le plan national, les
dernières grèves et manifestations massives (à
Montpellier la manifestation du 31 décembre a rassemblé
plus de 1000 personnes)
ont ouvert la perspective d’un mouvement pour l’abrogation du
décret sur les rythmes scolaires. La grève nationale
appelée pour le 12 février dans le primaire sera une
étape importante.
Dans ce contexte, un enjeu
essentiel du mouvement sera la capacité à des
enseignants à associer les parents et l’ensemble des
personnels des écoles à cette lutte. D’autant que la
direction de la FCPE soutient le projet. Nous vous avons rendu compte
de la colère qui gronde aussi chez les parents dans l’Hérault,
à Montpellier et qui s’est manifestée récemment
lors de « nuits des écoles » . Ici par exemple.
Francis
Viguié, élu GA a interpelé la municipalité
lors du vote du budget à ce sujet :
« Lors du
débat d’orientation budgétaire, nous avions consacré
dans notre déclaration, une place importante à la
question de l’école publique et ses difficultés à
Montpellier. Vous n’aviez pas jugé bon de répondre,
mais vous allez le faire aujourd’hui en raison de la mobilisation
des parents et des enseignants. Il s’agit pour nous d’engager
deux décisions :
-
Des moyens
nouveaux pour l’école : nous ne pouvons accepter que
la moyenne d’enfant par classe soit de 26 en France et de 30 à
Montpellier. Nous soutenons les parents de l’école Sévigné
avec son CP de 32 élèves qui se mobilisent dans « une nuit des écoles ». Nous soutenons les parents de
l’école Daudet, surchargée, qui se trouvent avec la
nouvelle classe dans un dortoir. Ces deux écoles se
mobilisent sur le thème « En classe comme des
sardines, ma mairie le fait » détournant ainsi une
campagne de communication de la ville. Nous soutenons la « nuit
des écoles de Montpellier » du 19 Février
pour une école publique de qualité. Nous sommes pour
25 élèves par classe, il faut de nouvelles écoles
et des ouvertures de classes. -
Nous
demandons le report de la nouvelle organisation scolaire en 4 jours
et demi. Il est impossible de la mettre en place dans de bonnes
conditions pour la rentrée de septembre 2013. Il n’y a à
ce jour pas de financement, pas de discussion avec le personnel de
la Mairie, pas de concertation avec les enseignants. Nous refusons
une décision bâclée laissant les enfants en
garderie et imposant de nouvelles contraintes au personnel
enseignant et municipal. »
La situation du 34 reflétera
la rupture, certains syndicats étant résolument pour la
réforme,. Pour autant l’appel est commun à plusieurs
organisations. (cf l’appel à la grève ci-dessous)
S’il est nécessaire
d’effacer décret et projet actuel de loi de refondation de
l’Ecole, on ne peut rester sur la situation antérieure mise
en oeuvre par Darcos et consort.
Une réelle refondation mettant l’Ecole au coeur d’une
véritable ambition politique pour le pays est indispensable
mais ce projet ne peut se décider sans les enseignants. C’est
le sens de l’appel à la journée du 12.
Cliquez ici pour lire l’appel intersyndical des syndicats de l’éducation de l’Hérault
Cliquez ici pour lire un exemple de lettres données aux parents par des
enseignants en grève