Sete. Sans-papiers Tout le bassin se mobilise pour Fatma (Midi Libre)

Installée à Poussan depuis 2001, cette mère algérienne de deux jeunes enfants, en situation irrégulière, a été invitée à quitter le territoire.

Ce qui a déclenché un tollé. « Si elle est expulsée, les deux enfants seront séparés de leur mère, et s’ils sont expulsés avec elle, ils seront privés de leur père. » Pour Eliza Prost comme pour l’ensemble du comité de soutien à Fatma Lameraoui, vivre sous cette épée de Damoclès est « intolérable ». Et, pourtant, c’est bel et bien ce que fait Fatma aujourd’hui, invitée une énième fois, le 14 décembre 2009, à quitter le territoire.

Cette Algérienne d’une quarantaine d’années, arrivée en 2001 en France avec en poche un visa Schengen d’un mois, est, c’est vrai, en situation irrégulière, ses multiples demandes de titres de séjour ayant été rejetées à l’échelon préfectoral. Mais sa situation personnelle a évolué, depuis neuf ans, et mérite incontestablement que le facteur humain soit pris en compte dans l’application de la loi.

Explications.

Fatma habite depuis le 28 juillet 2002 à Poussan, elle y rencontre un Algérien, installé là « depuis plus de 30 ans », dixit le maire, Jacques Adgé. De cette rencontre, vont naître deux enfants, aujourd’hui âgés de 6 et 4 ans. Mieux, le couple va officialiser cette relation devant Jacques Adgé lui-même, en août 2007. Mais les vicissitudes contraignent Fatma à demander le divorce. Et c’est là que ça se complique.

Jusqu’alors, Fatma vivait chez son mari et bénéficiait, d’une certaine façon, de sa protection… sociale. Ce ne sera bientôt plus le cas et, du coup, elle n’a d’autre choix que de vivre cachée.

Conscient du drame qui est en train de se nouer, son entourage décide de réagir. Un comité de soutien est créé. Une première réunion attire même 40 personnes. La Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) appuie la démarche. Le Réseau éducation sans frontière (RESF) et la Cimade suivent le dossier. Le Snesup, la FSU, les Amoureux au Ban Public, le Collectif d’Action contre l’AGCS à Loupian se mobilisent. La mairie de Poussan apporte « un soutien social pour les enfants » . Bref, la solidarité est en marche et, à entendre Pierre Miceli, qui a rejoint le collectif, elle n’est pas près de s’interrompre : « Dans ce comité, on a créé trois commissions. La première s’occupe de la communication, la deuxième analyse les aspects juridiques et la troisième est événementiel (*). » « On ne veut pas que sa précarité la rende plus expulsable » , renchérit Eliza Prost.

Tous considèrent Fatma et ses deux enfants, dont le plus grand est suivi par un orthophoniste et un psychologue, comme des Poussannais avant tout. Ils souhaitent faire infléchir le préfet tandis qu’un avocat a saisi la cour administrative d’appel de Marseille pour qu’elle annule l’arrêté « portant refus de titre de séjour avec obligation de quitter le territoire » . La cour a deux ans pour statuer. Mais l’épée est toujours là, au-dessus de Fatma. Qui a, certes, ses parents là-bas. Mais dont la vie est ici. Aux côtés de ses deux enfants. Au coeur d’un Bassin de Thau, déterminé à lui accorder « le droit de vivre sans se cacher » .

Yohan DOUCET (Midi Libre 11 juin 2010)

(*) Le comité vendra des pâtisseries lors du prochain vide-grenier, le 19 juin à Montbazin.

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