Montpellier Grève à la SNCF : vifs débats autour de la poursuite de la grève

Une AG de grévistes à la gare de Montpellier…vue de l’intérieur!

(par notre correspondant)

Derniers articles mis en ligne:

Une analyse de la grève dans Tout est à nous!, l’hebdo national du NPA (23 avril 2010)

SNCF : Eric Woerth ment à fond de train (Libé 23 avril 2010)

Le rapport que la SNCF ne veut pas publier (Rue 89)



Une analyse de la grève dans Tout est à nous! (TEAN), l’hebdo national du NPA

SNCF : Une grève difficile (TEAN 23 avril 2010)

La grève des cheminots, démarrée le 6 avril, se poursuit difficilement, tant les discordes entre syndicats mettent à mal la cohésion du mouvement.

Dès le 3 février, une grève de 24 heures « d’ultimatum » avait lieu à l’appel des principales organisations syndicales contre la politique actuelle de la direction de la SNCF. En effet, avec 20 000 suppressions de postes depuis 2002, des réorganisations à tout va, la filialisation d’activités, la casse du fret, le pouvoir d’achat en baisse, les attaques sur les retraites, etc… le mécontentement est réel.

Le 23 mars, dans le cadre de la journée de mobilisation sur les retraites, les cheminots sont de nouveau appelés à la grève. Sud Rail dépose alors un préavis reconductible et se voit pour cela écarté du cadre CGT-Unsa-CFDT. Ce dernier appelle à une grève dès le 6 avril.

Mais le front syndical privilégié par la CGT ne tient pas longtemps : la CFDT et l’Unsa se retirant, la CGT dépose alors (sous couvert que la mobilisation ne s’annonce pas au même niveau dans tous les secteurs) plusieurs préavis différents pour la même grève ! Le préavis reconductible des conducteurs et des contrôleurs débute le 6 avril à partir de 20 heures, le préavis pour les aiguilleurs débute 24 heures plus tard, pour les cheminots du matériel et de l’équipement, le préavis est de 24 heures… pour le 8 avril ! À cela s’ajoute un préavis déposé par la CFDT pour la seule activité du fret. À Sud Rail, une consultation des syndicats, majoritaire, se prononce pour un préavis reconductible dans tous les services à partir du 6 avril à 20 heures, mais plusieurs s’interrogent ouvertement sur l’opportunité de se lancer dans ce mouvement. FO, n’ayant pas été invité aux interfédérales, décide de boycotter complètement la grève… Au final, les cheminots doivent s’y retrouver avec pas moins de sept préavis différents !

Malgré tout, la mobilisation n’est pas mauvaise. Des secteurs comme les conducteurs et les contrôleurs sont fortement mobilisés avec des taux de grévistes avoisinant les 70 %, principalement dans le sud de la France (Languedoc-Roussillon, PACA, Midi Pyrénées, Rhône-Alpes…). Ici et là paraissent des préavis communs CGT-Sud qui marchent bien. Force est de constater que dans le nord de la France, hormis Rouen et quelques services isolés en Île-de-France, la grève ne prend pas énormément. Mais il suffit parfois de voir les collègues du sud tenir bon pour encourager des cheminots à redéposer des préavis de grève de 48 heures et on a assisté à un second souffle en fin de semaine dernière. Les 19 et 20 avril, la grève tenait encore bon dans plusieurs endroits avec des équipes CGT et Sud unies.

La direction de la SNCF, quant à elle, se contente d’expliquer chaque matin que le conflit touche à sa fin. Elle propose dès la deuxième semaine de grève une rencontre pour le 21 avril, « à condition que la grève cesse d’ici-là ». La CGT explique alors qu’il s’agit d’une première victoire, et appelle à reprendre le travail sur la promesse de rencontres régionales et d’une rencontre entre la direction de la SNCF et les syndicats n’appelant pas à la grève (l’Unsa et la CFDT). Alors que Sud appelle depuis le début à une grève reconductible dans tous les services, plusieurs de ses « bastions » sont très faiblement en grève, ce que ne manque pas de pointer la CGT (bien plus dure avec Sud qu’avec l’Unsa-CFDT) qui qualifie à plusieurs reprises Sud d’allié objectif de la direction… le tout relayé par l’Humanité.

De fait, dans un premier temps c’est surtout la CGT qui a « poussé » à la grève par rapport à Sud. Et dans tout ça, la mobilisation propre des cheminots, en assemblées générales (AG), n’a jamais été en mesure de dépasser réellement ces divisions.
Pourtant, dans les AG des liens se sont créées entre des équipes Sud et CGT et, lorsque les tensions restent fortes, la volonté dans les AG que ces deux organisations se mettent d’accord pour la suite est très présente !

Dans ce contexte pour le moins chaotique, cette grève relève surtout d’une capacité de mobilisation importante des cheminots.

Basile Pot


SNCF : Eric Woerth ment à fond de train (Libé 23 04 2010)

DESINTOX Le ministre du Travail affirme que le nombre de journées de grève baisse depuis quelques années. C’est faux

«Il y a moins de journées de grève à la SNCF qu’il y a quelques années.»

Eric Woerth ministre du Travail, le 18 avril surEurope 1

INTOX

Ne vous fiez pas aux impressions : en dépit de la longue grève qui vient de s’achever à la SNCF, l’entreprise ferroviaire progresse sur le terrain social. C’est du moins le message que veut faire passer Eric Woerth. Interrogé le 18 avril sur Europe 1 à propos de la multiplication des grèves cheminotes, le ministre du Travail relativisait : «Il y a moins de journées de grève à la SNCF qu’il y a quelques années.»

DESINTOX

Voilà une intox au long cours. Avant Eric Woerth, Brice Hortefeux, lors de son court passage rue de Grenelle, ne cessait déjà se féliciter de la pacification du climat social à la SNCF. «En 2008 à la SNCF, le nombre de jours de grève a été le plus faible depuis 1995», assurait-il en janvier 2009. Hélas, si les argumentaires de la majorité sont têtus, les faits le sont tout autant : le chiffre de jours de grève à la SNCF n’est nullement orienté à la baisse. Ce qui explique peut-être que la SNCF ait récemment décidé de ne plus communiquer ses statistiques. Libération a pourtant pu y jeter un œil. Eric Woerth, lui, a dû les regarder trop rapidement.

Car en 2009, la SNCF a enregistré 1,19 jour de grève par agent, pour 431 grèves (et 656 préavis déposés). Un total élevé, relativement aux années précédentes. Il n’y a qu’à regarder les chiffres de la décennie écoulée : en 2008, la SNCF avait recensé 0,78 jour de grève par agent. En 2006, ce chiffre était de 0,79. Il était de 0,55 en 2004, de 0,48 en 2000 et surtout de 0,21 en 2002. En fait, si l’on regarde le nombre annuel de jours de grève depuis vingt ans, on ne trouve que… quatre années offrant un total supérieur à celui de 2009… Ce fut le cas en 2005 (1,44 jour de grève par agent) et lors des trois années exceptionnelles (1995, 2003, 2007) durant lesquelles la conflictualité a été portée au sommet par l’opposition cheminote aux projets de réforme des retraites.

En clair, le satisfecit de Woerth est un gros bobard. Et l’année 2010 ne devrait pas arranger ses stats. Selon les chiffres internes, on comptait déjà sur les deux premiers mois de l’année 0,23 jour de grève par agent. Et ce bilan (déjà supérieur au total de l’année 2002 !) n’a depuis cessé de grossir, à la faveur des conflits des dernières semaines.

Le rapport que la SNCF ne veut pas publier (Rue 89)

Extraits: “Commandé par l’entreprise, le rapport d’un sociologue du travail sur la grève de Saint-Lazare a été caché aux cheminots.” (…) « Peut-être y a-t-il d’autre manière de conduire le changement qu’à coup de remise en cause des acquis de la négociation où les agents se sentent floués et l’encadrement systématiquement décrédibilisé ? » (…) “Loin de présenter les syndicats comme des fanatiques de la grève, les sociologues soulignent que ni SUD ni la CGT n’avaient souhaité un conflit aussi long, contrairement à ce qui avait été dit à l’époque, où le président de la République avait stigmatisé ces « irresponsables » de SUD-rail. Au contraire, la volonté de « ne pas lâcher » de la direction « a joué son rôle dans le durcissement des organisations syndicales ». (…) Fin 2008, comme en 2010] « la direction, guidée par ses tutelles politiques a joué la stratégie du pourrissement, or personne n’en sort gagnant, ni la direction, ni les syndicats. »

L’intégralité de l’article: http://eco.rue89.com/confidentiels-indiscrets/2010/04/23/ce-rapport-sur-les-conflits-a-la-sncf-enterre-par-la-direction-1


Dernières infos ce 22 avril: Echec des négociations régionales en Languedoc-Roussillon

(par notre correspondant)

Après les pseudo-négociations nationales du 21 avril qui n’ont rien donné, c’était en Languedoc-Roussillon, ce jeudi 22 avril, que la direction régionale de la SNCF proposait une table ronde pour entamer des négociations.

Le rendez-vous était prévu pour 14h30, en tout cas concernant l’EEV (vente et accueil de la SNCF), entre la direction et les organisations syndicales dont Sud Rail, FO et l’UNSA qui furent les plus ponctuelles. Après l’arrivée de la CGT, des tensions sont survenues entre Sud Rail et la CGT, cette dernière considérant que les délégué-e-s Sud Rail « étaient trop nombreux » par rapport à leur représentativité et a refusé la table ronde en présence de Sud Rail. Les délégué-e-s Sud Rail se sont défendus en affirmant qu’ils n’étaient que 2 délégué-e-s contre 5 délégué-e-s de la CGT. Au final, la direction a profité de ce conflit interne pour annuler purement et simplement la rencontre pour de soi-disant négociations.

Sud Rail analyse la situation « la CGT a gagné, elle ne voulait pas de cette réunion, car la direction n’avait rien à nous proposer sur les emplois, la restructuration et les conditions de vie, la charge de travail… La CGT avait “honte” de ces négociations par rapport à la suspension de la grève qu’elle a demandée…».

Entre les tensions internes à ce mouvement de grève et le dédain total des directions de la SNCF, qu’elles soient régionales ou nationales, cette grève s’avère des plus éprouvantes pour les cheminots. Après près de 2 semaines de mobilisation, ils ont déjà perdu plus de la moitié de leur paye, celle-ci qu’ils surnomment déjà « la paye de misère ». Alors que dans certaines villes de France, comme à Marseille, où, après avoir suspendu le mouvement, les cheminots mécontents des non-propositions de la direction SNCF se sont remis en grève ce 22 avril, à Montpellier, la grève est toujours suspendue jusqu’à nouvel ordre et les discussions entre organisations syndicales restent très vives.

Sud Rail Compte rendu de la réunion de non-négociation (21 avril)

Comme nous l’indiquions hier, la fédération SUD-Rail a été reçue par la direction aujourd’hui 21 avril à 17 heures. La même direction avait organisée une conférence de presse à 14 heures, pour faire part de « l’avancée des discussions ».

La direction a donc convoqué des « bilatérales ». Les réunions séparées avec chaque fédération permettent à la direction de rechercher tout ce qui peut nous diviser.

SUD-Rail a proposé que les deux fédérations qui ont appelé à la grève depuis le 6 avril au soir – CGT et SUD-Rail – aillent ensemble voir la direction ; nous avons eu une réponse négative de la CGT.

http://www.sudrail.fr/IMG/pdf/2010_-_4_-_21_-_Suite_reunion_de_non-negociation_2_.pdf

COMMUNIQUE DES ADMINISTRATEURS CGT DE LA SNCF (21/ 04 2010)

http://www.cheminotcgt.fr/new_site/cheminotcgt_communiques/pdfjoints/110437_20100421_cdp_des_administrateurs_cgt.pdf

Communiqué de la fédération CGT des cheminots (21/04/2010)

http://www.cheminotcgt.fr/new_site/cheminotcgt_communiques/pdfjoints/184647_2010.04.21_Communique_21_Avril_2010.pdf

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La grève des conducteurs et contrôleurs de la SNCF s’achève dans la confusion (Midi Libre)

http://www.midilibre.com/articles/2010/04/20/GRAND-SUD-Le-Languedoc-retrouve-enfin-la-voie-apres-la-greve-1196953.php5

Une AG de grévistes à la gare de Montpellier…vue de l’intérieur!

Lundi 19 avril, comme tous les jours depuis maintenant 13 jours de grève, se déroulait l’AG des grévistes de la SNCF à Montpellier.Un militant de la CGT introduit en annonçant « la bonne nouvelle », celle de la direction régionale de la SNCF qui souhaite négocier, notamment en proposant l’ouverture de 36 postes contre 3 annoncés pour l’année 2010. Rien d’écrit bien sûr dans cet engagement, juste des propositions de négociations, ce que tout le monde considère comme une avancée dans la mesure où jusqu’à présent la direction se refusait à toute discussion. Cela dit tous les grévistes n’en tirent pas les mêmes conclusions sur la poursuite de la grève.

Les militant-e-s CGT considèrent qu’il ne sert à rien de s’épuiser et, bien que ces propositions ne soient pas à la hauteur des revendications, puisque la lutte s’est engagée sur des revendications nationales, notamment contre le démantèlement de la SNCF et sa privatisation rampante, c’est un pas en avant que les grévistes se doivent de saisir et la CGT propose donc de suspendre la grève.

Sud Rail ne l’entend pas de cette oreille puisque qu’il considère qu’en plus de ces propositions insuffisantes, rien ne dit que la direction ne va pas reculer, d’où pour eux une nécessité de maintenir la pression sur la direction, qu’elle soit régionale ou nationale, jusqu’au jour où une table ronde sera confirmée formellement (a priori jusqu’au 22 avril, d’après les propositions de la direction régionale).

Les échanges sont vifs, les militant-e-s CGT accusant à plusieurs reprises les militant-e-s de Sud Rail d’avoir fait la grève en « dilettantes » et de « vouloir faire la révolution » alors que le mouvement commençait à s’essouffler. Sud Rail s’est défendu de ces accusations, estimant d’autre part, qu’avec encore 25% de grévistes en Languedoc-Roussillon, il ne fallait pas baisser les bras maintenant.

Après presque 2h d’AG et des désaccords qui ne semblaient pas se régler, les grévistes ont voté la suspension de la grève en majorité, alors que celle-ci a été reconduite notamment à Béziers, Narbonne et Carcassonne.

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Lu sur le site national de Sud Rail

Mercredi 21 : pas de négociations !

Ce que nous disions dans notre tract d’hier : “pas besoin d’avoir des années d’expérience syndicale pour savoir qu’on est plus forts en négociant avec les grévistes derrière soi, qu’en ayant fait cesser la grève.

C’est pour ça que la direction ne cesse de dire qu’il faut arrêter la grève avant la négociation. Nous, nous disons le contraire…Et voilà ! La direction avait donné ses ordres : arrêtez la grève, et on négociera le 21 avril. Certains ont fait semblant d’y croire … mais voilà, demain il n’y aura pas de négociation.

Mardi à 19 heures, la direction vient enfin, non pas de répondre à nos multiples sollicitations, mais de nous informer que durant la journée de mercredi 21, elle organise des « rencontres bilatérales » pour « finaliser l’agenda social » ! Evidemment, la direction se permet d’agir ainsi, parce que le mouvement a été affaibli ces derniers jours.

La suite ici: http://www.sudrail.fr/IMG/pdf/2010_-_4_-_20_-_Pas_de_negoc_le_21.pdf

La CGT Cheminots, quant à elle, communique: “La direction de la SNCF vient de décider unilatéralement du report de la table ronde nationale, initialement prévue le 21 avril 2010. Ce n’est qu’une péripétie supplémentaire dans la stratégie de la SNCF durant ce conflit.” Lire la suite ici: http://www.cheminotcgt.fr/new_site/accueil_essentiel_actu.html

On notera qu’alors que Sud Rail exige que “les éventuelles discussions en Régions soient un complément à des négociations nationales qui, seules, peuvent répondre à nos revendications” et refuse “des discussions où les syndicats se présentent séparément devant la direction“, la CGT demande que “ les engagements pris (par les directions régionales de la SNCF) se concrétisent au plus près lors des prochaines négociations locales et régionales. “.

La CGT enfin, tout en critiquant les syndicats qui ont refusé de s’engager dans l’action, comme la CFDT et l’UNSA, fait l’impasse sur l’engagement de Sud Rail et considère que l’appel à mobilisation est de son seul fait! (“le rapport de forces (a été) construit depuis le 6 avril par les cheminots à l’appel de la fédération CGT“).

Ce que nous montrons, en tête de cette page, des débats en gare de Montpellier, comme ce que l’on peut lire sur les autres centres de la région et dans les autres régions, dément cette bien triste et dommageable lecture de la réalité!

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