Vote interne du PCF du Languedoc-Roussillon : une avancée mais des questions !

Les communistes de la région viennent, par leur vote interne, de dégager la voie pour la constitution de listes unitaires à la gauche du PS et de son candidat, Georges Frêche, aux prochaines élections régionales.

C’est ce que les communistes de la section de Béziers mettent en évidence dans un communiqué publié sur le site de Bellaciao.
Nous proposons ci-dessous la réaction d’un militant du NPA 34 à ce texte qui, tout en visant à un rassemblement anticapitaliste et antilibéral, laisse dans l’ombre un certain nombre de problèmes qui, s’ils n’étaient pas réglés, pourraient handicaper la démarche unitaire.
C’est dans un esprit de clarté constructive mais aussi de camaraderie respectueuse que nous discutons ici ce document du PC biterrois.

C’est une très bonne nouvelle que la défaite de la ligne Gayssot d’alliance dès le premier tour avec Frêche.
C’est, bien évidemment, une très bonne chose aussi de dégager ainsi la voie de l’unité anticapitaliste qui, au passage, a déjà donné des fruits sur Béziers autour d’une liste commune PCF-NPA. C’est très bien enfin que ce positionnement assume la rupture avec Frêche au premier comme au second tour en conformité avec les déclarations dans ce sens de MG Buffet.

Première question cependant : la tête de liste proposée par les camarades de Béziers et la majorité des communistes de la région, François Liberti, est-elle si claire elle-même qu’elle n’envisage pas, dans le cas tout à fait possible où la liste de gauche indépendante ne serait pas en position de force, de faire alliance avec Frêche au second tour?

Pourquoi une telle question ?
Dans l’article de Midi Libre qui rend compte le 24 nov des résultats du vote interne au PCF, on lit: “le PCF régional ne jouera pas pour autant les jusqu’au-boutistes. Depuis sa création en 1920, le PCF n’a jamais fait de cadeaux à la droite, il ne va pas commencer en 2010. Nous ferons tout pour que la droite ne reprenne pas la Région. Cela ne nous empêche toutefois pas de contester la dérive droitière de Georges Frêche qui prend sur sa liste un militant de CPNT – Ferdinand Jaoul, qui s’est mis en congé de son mouvement -, allié de Philippe de Villiers aux européennes avant de rejoindre l’UMP », a commenté le conseiller régional sortant et futur directeur du journal La Marseillaise, Jean- Louis Bousquet.”
L’économie générale de ce passage laisse une porte ouverte pour une alliance avec Frêche au second tour autour de la phrase apparemment frappée au coin du bon sens politique : “Depuis sa création en 1920, le PCF n’a jamais fait de cadeaux à la droite, il ne va pas commencer en 2010. Nous ferons tout pour que la droite ne reprenne pas la Région. “. Précisons que celui qui tient ces propos est le président du groupe communiste et citoyen au Conseil Régional Languedoc-Roussillon qui a fait alliance avec Frêche jusqu’à ce jour.
Regardez d’ailleurs (cliquez sur le lien) le texte suivant et les vidéos l’accompagnant qui sont tirés du site indépendant Montpellier Journal.

Ce texte et ces vidéos portent sur la toute récente conférence de presse communiste, celle qui a justement suivi le vote interne.
On y voit Bousquet, l’allié donc jusqu’à aujourd’hui de Frêche, se contorsionner pour dire tout et son contraire (ou presque) sur le second tour. On y voit aussi Liberti, censé conduire la campagne de la gauche radicale, tout silencieux devant ces contorsions.
S’il doit conduire une liste anticapitaliste et antilibérale, il lui faudra bien pourtant sortir de certains silences que sa déclaration (bienvenue) sur la proximité de Frêche avec les promoteurs immobiliers ne règle pas. Face à cet ami des promoteurs qui défigurent le littoral languedocien (mais l’arrière-pays, ce n’est pas brillant non plus !), qu’est-ce qu’on fait, Liberti, au second tour des Régionales? ” Faire tout pour battre la droite, c’est s’allier avec lui, Frêche ?”.
Et qui déciderait dans l’entre-deux tours ?
La seule tête de liste à qui les textes officiels donnent tout pouvoir de décision ? Quelle garantie serait donnée aux colistiers des autres partis que la décision serait collégiale et respectueuse des textes d’engagement unitaire ? Avec la question annexe, mais, au fond, pas tant que ça, qui a été posée à cette conférence de presse : “parce que Frêche c’est la gauche?” Voyez sur la vidéo les rires que cela déclenche et la piètre réponse, à nouveau, de Bousquet !
Du coup, le titre que Montpellier Journal donne à sa page : Régionales : Le PC n’exclut pas un rapprochement avec Frêche au 2nd tour, est-il si à côté de la plaque que certains naïfs pourraient le penser ?
Que dire enfin des contacts actuellement noués par le PCF régional avec l’Europe Ecologie du très libéral Cohn-Bendit? Surtout si on sait que Cap 21 de l’ex ministre de Juppé, Corinne Lepage, a rejoint la campagne des écologistes tout en restant membre du…Modem ! Modem avec qui continuent, par ailleurs, de siéger très unitairement les élus municipaux communistes de Montpellier !
Tous ces silences, toutes ces contorsions et autres tractations secrètes ne mettent pas vraiment sur les rails une campagne à profil indiscutablement identifiable comme rompant avec le système. Et le système Frêche en Languedoc-Roussillon ce n’est pas rien (on se souvient dess déclarations sur les harkis sous-hommes, sur les noirs en trop dans l’équipe de France de foot, mais aussi des subventions à l’enseignement privé ou aux entreprises privées – avec les voix des élus communistes ! -, et beaucoup d’etc.).

Et j’en viens à ma deuxième question qui a, bien évidemment quelque chose à voir avec tous ces atermoiements que je viens d’évoquer : pourquoi diable envisager, comme le dit le communiqué de la section de Béziers du PCF, que Liberti conduise une liste du Front de Gauche élargi qui “regroup[erait] l’ensemble des forces se réclamant de l’action antilibérale et anticapitaliste”?
Est-ce là la meilleure façon, avec tout ce qui risque de faire problème avec Frêche ou Europe Ecologie, de faire l’unité que de proposer d’emblée, par exemple, au NPA d’intégrer un FdG qu’il n’a pas rejoint aux européennes et qu’il n’envisage nullement de rejoindre? Peut-on mener des négociations en proposant aux autres de venir tout simplement à soi?

Le NPA est prêt, depuis le début, à faire l’unité sur la base d’un programme de rupture anticapitaliste et antilibéral et sur un principe d’indépendance vis-à-vis du PS et de toute force libérale. Cela n’implique sûrement pas que les négociations soient balisées par le périmètre du FdG, même élargi.
Espérons que tout cela sera clarifié à la rencontre régionale qui se tiendra demain au siège du NPA 34, avec tous les partis de la gauche radicale, et qu’une vraie campagne d’alternative au libéralisme et au social-libéralisme se mettra enfin en marche. Ce n’est pas que le souhait des militants et des sympathisants du NPA.

Antoine (NPA Pic-Saint-Loup) Le 24 novembre 2009

http://bellaciao.org/fr/spip.php?article94533

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Ensemble 34