Plus de temps à perdre. Plus que jamais, il y a urgence. Le doublement de l’A 9 « doit se faire », entre autres pour toutes les raisons de développement économique déjà largement évoquées. Il ne peut pas en être autrement. C’est ce que sont venus crier hier à l’unisson et avec détermination la chambre de commerce et d’industrie de Montpellier, le Medef, la Fédération française du bâtiment Hérault (FFBH), la Fédération régionale des travaux public (FRTP-LR) et la CGPME, rejoints par l’Agglo en la personne de son président, Moure. (Midi Libre)
Voir ci-dessous une tribune libre en guise d’adresse au PCF et au PG
Montpellier Doublement de l’A9 : les patrons unis (Midi Libre)
Tribune libre : 10 remarques sur le PS ou questions au PCF (et au PG)
1/ l’ alignement de la gauche de l’agglo sur les logiques patronales pour favoriser le doublement de l’A9 devraient interroger, en ces temps d’élections cantonales et de pause provisoire du mouvement social, ceux qui veulent bâtir l’alternative au capitalisme et au social-libéralisme.
2/ en effet la coalition politique et économique qui, comme l’évoque Midi Libre, ferraille en faveur du doublement de l’A9, sacrifie la défense des équilibres écologiques, déjà gravement menacés, au profit…du profit, autrement dit au tout marchand. L’argument avancé des créations d’emplois induites par un tel chantier est le sempiternel leurre court-termiste jouant, de façon irresponsable, le social contre l’écologie et renvoyant aux poubelles rhétoriques les discours lénifiants sur la nécessité de préserver l’environnement.
3/ que le patronat local, spécialement celui du bâtiment et des travaux publics, s’inscrive pleinement dans cette option de « profitabilité » immédiate, ou, dit plus clairement, qu’ il fonctionne à « l’appât du gain », cela relève de l’ordre « naturel », en fait social, des choses. Que des socialistes et leurs alliés dans une institution comme l’Agglo poussent dans le même sens, mérite une attention particulière.
4/ cette convergence sur un choix économiste, pseudosocial et antiécologique, illustre la vérité de ce qu’est le social-libéralisme, par-delà son verbiage électoraliste attrape-gogo-de gauche qui s’évanouit dans l’exercice du pouvoir, au niveau local, comme c’est le cas ici, comme au niveau national, comme l’ont montré les expériences gouvernementales de gauche depuis 1981 en France et en ce moment même en Europe : cette vérité c’est celle d’un choix de gauche en faveur du patronat, en faveur du capitalisme. Le social-libéralisme est décidément un social-capitalisme.
5/ un Jean-Pierre Moure et ses alliés n’hésitent pas, sur le doublement de l’A9, à se pavaner en conférence de presse avec tous les représentants des organismes patronaux du coin (1), pour jouer au groupe de pression sur un secrétaire d’Etat et une ministre concernés qui temporisent. Notre gauche locale est plus royaliste, capitaliste, que le gouvernement sarkozyen !
6/ le NPA, quant à lui, réaffirme sans ambiguïté son opposition au principe du doublement de l’A9 au nom de « solutions durables, écologiquement et socialement responsables, passant par les transports en commun« . Voir notre communiqué ici.
7/ alors nous nous tournons vers nos camarades du PCF pour leur poser la question : est-il raisonnable de continuer à s’allier avec cette gauche-là, à l’Agglo ou à la mairie de Montpellier; est-il raisonnable de cautionner de telles démarches politiques focalisées sur les intérêts patronaux les plus marchands, les moins sociaux et les plus antiécologiques ? Camarades du PCF comment vous est-il possible de rester dans le sillage d’un président de l’Agglo qui, sur l’A9, fait le contraire de ce que vous avez défendu, avec nous, le NPA, aux Régionales de l’an passé ? Faut-il rappeler que vous et nous, et bien d’autres, avions signé un programme qui prévoyait en toutes lettres que « le projet de doublement de l’A9 [serait] abandonné »? (2)
8/ camarades du PCF, pour ces cantonales, vous avez décidé unilatéralement de refuser, au niveau départemental (3), l’unité que nous avions constituée à ces Régionales, sous le nom A Gauche Maintenant ! (AGM !), et qui nous avait permis d’obtenir un résultat prometteur. Tellement prometteur que vous aviez cosigné avec nous un appel à poursuivre cette expérience unitaire. Cette rupture avec nous et le maintien de votre participation à des majorités de gestion avec le PS, qui vous amènent, sans surprise, à voter à Montpellier des mesures ouvrant la voie à la privatisation des crèches municipales (4) ou qui promeuvent, sur le doublement de l’A9, des décisions favorisant les intérêts patronaux, sont contradictoires avec l’affirmation que le Front de gauche, auquel vous participez, travaille à l’alternative au capitalisme et au social-libéralisme. Faudrait-il voir dans cette rupture que vous avez décidée, en Languedoc-Roussillon, avec l’esprit unitaire d’ A Gauche Maintenant ! au profit d’une unité renforcée avec le PS, la préfiguration de votre campagne pour les présidentielles et les législatives de 2012 ? Une campagne s’affichant radicalement à gauche mais refusant de fait d’acter une unité dans l’indépendance avec le PS, laissant ainsi la voie ouverte à une alliance avec lui et provoquant nécessairement la division de la gauche de gauche?
9 / à nos camarades du Parti de Gauche qui nous ont assuré, pendant les discussions sur les cantonales, qu’ils étaient attachés à reconduire l’unité des Régionales, nous posons aussi la question : pouvez-vous faire abstraction de ces régressions sur l’unité et de ces accommodements avec le Parti Socialiste qui sont contradictoires avec ce que proclame le Front de Gauche auquel vous continuez à participer ? Où est cette autre façon de faire la politique qui irriguait nos pratiques communes dans le cadre d’AGM ? Pouvez-vous vous contenter de déplorer, sans plus, que l’unité avec le NPA n’ait pas pu être reconduite à ces cantonales et soutenir, au nom de l’unité (!), ceux qui nous la refusent ? Où est la cohérence politique d’une telle attitude ?
10 / le NPA ne peut que déplorer ces atermoiements et, à regret, a déposé ses propres candidatures aux cantonales dans divers points du département mais il garde l’espoir que l’esprit d’AGM!, la raison unitaire, prévaudront à nouveau prochainement. Car l’unité dans la clarté est la condition pour mettre en déroute Sarkozy et ses sociaux-killers sans pour autant ouvrir la voie à un Parti Socialiste dont les partis frères pratiquent en Europe, sous l’égide de leur camarade dirigeant le FMI, la même politique brutale d’austérité qu’un vulgaire Sarkozy met en oeuvre ici. Un Parti Socialiste qui a fait trop de fois ses preuves au pouvoir au service de l’existant et qui, par là, a provoqué régulièrement la démoralisation des salariés au plus grand bénéfice de la droite et de l’extrême droite.
Dans l’immédiat, les glissements, qui naissent des ruptures d’unité d’alternative, pour pratiquer des unités plus ou moins assumées ouvertement avec ceux qui, comme le repère bien Midi Libre sur la question du doublement de l’A9, développent, eux, une unité structurelle avec le patronat, sont une mauvaise nouvelle pour un mouvement social qui est à la recherche d’un second souffle et qui doit rester le centre de gravité de nos positionnements politiques. Mais les révolutions arabes en cours nous rappellent que les pouvoirs apparemment les plus forts sont des colosses aux pieds d’argile et il nous faut, malgré les adversités de l’instant, nous tenir politiquement sur la brèche pour aider la contestation d’un sarkocapitalisme en crise à se relancer, peut-être plus tôt qu’il n’apparaît. Faire le pari de l’unité anticapitaliste, clairement donc hors des combinaisons d’appareils, participe des choix maintenus du NPA pour aller dans ce sens.
L’A9 ? L’emblème d’une autoroute vers l’impasse politique, sociale et écologique !
Antoine (Comité NPA du Pic-Saint-Loup)
Notes
(1) le personnage de Gabrielle Deloncle, que l’on voit sur la photo de Midi Libre à la droite du président socialiste de l’Agglo, condense à elle seule ce qu’est la compromission du PS local avec le patronat. Patronne du ravalement de façades, se réclamant du gaullisme, elle est conseillère municipale… frêchiste, elle est aussi vice-présidente de l’Agglo de Montpellier (commerce et artisanat) et présidente de la Confédération générale des PME (CGPME) de l’Hérault. Elle a remporté récemment les élections à la CCI mais son rival du Medef, soutenu par … Mandroux et Vézhinet, conteste en justice cette élection !
(2) Voir la page 3 de la plaquette programme d’AGM ! : Un programme de rupture pour un Languedoc-Roussillon vraiment à gauche !
(3) Sur le modèle de ce qui avait permis la constitution d’AGM !, nous avons appelé à des négociations départementales avec le PCF, le PG, la Fase…afin d’aboutir à un accord politique sur les cantonales. Le PCF a refusé d’emblée cette démarche en renvoyant à des négociations au cas par cas dans les cantons. Constatant l’impossibilité d’un accord politique type AGM !, nous avons alors proposé de procéder à une répartition de candidatures évitant la division sur un même canton. Possibilité acceptée par le PCF à certains endroits mais refusée sur les cantons de Montpellier. D’où la regrettable concurrence de candidatures à gauche du PS. Conscients des effets délétères de cette situation nous appelons cependant les électeurs à garder le cap d’un vote sanction pour les candidats de la droite doublé d’un vote pour l’unité anticapitaliste à reconstituer au plus tôt. C’est l’objectif affiché des candidatures du NPA qui s’inscrivent dans l’action menée à la municipalité de Montpellier par notre élu NPA-Fase, Francis Viguié.
(4) Claude Avenante, le secrétaire de la section de Montpellier du PCF, s’en est lui-même ému (L’Hérault du Jour du 18 février)
Lectures
Le NPA 34 a présenté ses candidats aux cantonales
Montpellier : le NPA ne s’inscrit pas dans le « programme partagé » proposé par le Front de Gauche