Lozère Révolte autour de la laiterie du Malzieu : un cas d’école


26 janvier : Vidéo dans le JT de France 3 (se positionner sur 10 ’28)

Correspondance du NPA Lozère

Dans le nord de la Lozère, une entreprise avec 51 salariés, « coopérative » laitière, propriété du groupe 3A (chiffre d’affaires en 2008 de plus de 800 millions d’€) veut licencier dans l’immédiat 33 salariés. Le groupe 3A s’est fait une spécialité du rachat des coopératives laitières – dont une autre que celle du Malzieu dans le nord de la Lozère (Chambon le Château), dans le Cantal (4) – et de les liquider en conservant les brevets et les marques.

26 janvier : Vidéo dans le JT de France 3 (se positionner sur 10 ’28)

L’entreprise du Malzieu collecte le lait de 140 paysans. Certains d’entre eux, les plus petits, viennent de recevoir leur « lettre de licenciement », leur lait ne sera plus collecté s’ils n’augmentent pas leur production.

La « coopérative » du Malzieu a bénéficié en 17 ans de plus de 4 millions d’€ de subventions européennes, régionales, départementales et communales. Le loyer du bâtiment et du terrain, propriété de la commune s’élève à …1 €.

Précision : cette partie du département vote à droite à 80% et ne possède aucune tradition ni sociale ni syndicale.

Le mardi 18 janvier, une réunion était organisée par le très sarkozien préfet de la Lozère qui avait invité les responsables du groupe 3A, la chambre d’agriculture, les élus locaux, mais pas les salariés.
Ceux-ci étaient pourtant présents devant la préfecture et attendaient la sortie de leur patron qu’ils n’avaient jamais vu. Sortie houleuse, raccompagnement inamical à la grosse berline par les salariés; celle-ci fut « emballée » comme un fromage avant d’être enfarinée et le pare-brise fut constellé d’œufs (entreprise alimentaire oblige !). Le départ ne put avoir lieu que grâce à l’aide de la police de Mende.
Le mercredi 19 janvier, les salariés décidaient de bloquer le site jusqu’au samedi 22 jour de la manifestation au Malzieu.

Plus de 400 personnes dans la neige ont manifesté ce samedi matin au Malzieu. Avant, l’entreprise ne connaissait pas de syndicat, ce matin les grévistes arboraient les badges et les drapeaux de la CGT, chantaient un des hymnes du mouvement des retraites : « on lâche rien », la Confédération Paysanne était présente aux côtés des grévistes et des producteurs présents.

Mis à part la détermination des ouvrières et des ouvriers de la laiterie, ce qui frappe sans doute le plus dans ce mouvement, c’est la rapidité avec laquelle des ouvriers n’ayant pas de conscience syndicale, dans un coin perdu de Haute Lozère, arrivent en très peu de temps à comprendre leur appartenance à une classe sociale, à avancer des mots d’ordre de refus des licenciements, à pratiquer la démocratie, à tisser des liens de solidarité extrêmement forts, à organiser le blocage de la production.

Reconnaissons aussi le rôle remarquable des militants de l’union départementale CGT, très démocratique, très pédagogue dans le soutien aux grévistes.

Quant à nous, NPA Lozère, nous avançons l’interdiction des licenciements et la restitution des subventions, et continuerons à affirmer notre solidarité, notamment sur le piquet de grève.

C’était ce matin difficilement descriptible de voir un village de quelques centaines d’habitants en haute Lozère, traversé par 400 manifestants avec des dizaines de drapeaux rouges, les grévistes en tête chantant : “on lâche rien !”.

Jean-Luc

MIDI LIBRE MENDE

Édition du dimanche 23 janvier 2011

Social Le Malzieu manifeste pour la coopérative laitière par Thierry LEVESQUE

Fait unique dans les annales du Malzieu-Ville, une manifestation s’est déployée dans les rues escarpées du village, hier matin. Sous un froid polaire, plusieurs centaines de personnes, sans doute 400, ont défilé dans la commune du nord Lozère, pour protester contre les 33 licenciements annoncés à la coopérative laitière de la Haute-Truyère. Solidaires avec les salariés de la laiterie en grève, les commerçants ont baissé leurx rideaux, pendant les deux heures qu’a duré la manifestation.

Les manifestants se sont retrouvés sur le site de l’entreprise, reprise il y a deux ans par le groupe 3A, dont le siège social est à Toulouse. Après une brève prise de parole, dont celle du député Pierre Morel-à-l’Huissier qui a dû s’éclipser ensuite, le cortège s’est mis en marche, derrière un tracteur, comme pour symboliser « les funérailles du groupe 3A ».

Les salariés en tenue de travail, les maires des villages du canton, ceints de leurs écharpes tricolores, les conseillers généraux, les syndicalistes et leurs drapeaux de la CGT, de la Confédération paysanne, les habitants du Malzieu et des villages alentours, ont effectué deux tours du village, reprenant en chœur le refrain d’une chanson de HK et les Saltimbanks, « On lâche rien ».

La manifestation s’est arrêtée un moment devant l’installation rappelant la tragédie de la Bête du Gévaudan, où les participants ont posé, entre le loup et son assaillant.

Puis tous se sont retrouvés dans la salle des fêtes du village, pour des discours de soutien. Jean-Noël Brugeron, le maire du Malzieu, a rappelé l’historique de la coopérative laitière, et toutes les aides publiques qu’elle a obtenues depuis 30 ans (lire ci-dessous).

Les salariés de l’entreprise ont promis de ne rien lâcher, et « si nécessaire, de radicaliser le mouvement ».

Les syndicalistes et les élus locaux les ont assurés de leur soutien, et de tout faire pour trouver une solution viable pour l’avenir. Car « un emploi perdu en Lozère, c’est 1 000 à Paris », a clamé un manifestant. Et 33 emplois perdus au Malzieu, c’est tout le village qui meurt.

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Ensemble 34