Montpellier Avant-Première de “On est vivant” de Carmen Castillo



« On est vivants » de Carmen Castillo est un film sur l’engagement politique à la lumière d’un dialogue
sensible avec la pensée de Daniel Bensaïd, philosophe et militant.
  Ci-dessus aussi un interview à ce
propos de Myriam Martin. Une avant première a eu lieu au diagonal à Montpellier

 





Un film
sur l’engagement politique aujourd’hui à la lumière d’un dialogue sensible avec
la pensée de Daniel Bensaïd, philosophe et militant, récemment disparu.

Avec
Daniel, présent en image, et avec ses textes, la réalisatrice voyage dans
l’espace et dans le temps, à la rencontre de ces inconnus indispensables qui
font la grandeur de la politique. Avec ses désarrois, ses doutes mais aussi ses
convictions, elle cherche inlassablement une réponse à la question :
qu’est-ce qui fait avancer, quand tant d’autres se découragent, ceux qui
persistent à vouloir changer le cours du monde ?

Voir la bande annonce en cliquant ci-dessous

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Interview publié sur le site
de l’Université Populaire de Toulouse

Myriam Martin,
militante syndicale, politique est présente dans la version longue du très beau
film de Carmen Castillo,”On est vivants”. Nous lui avons posé
quelques questions concernant le film, Daniel Bensaïd et le militantisme.
Myriam Martin sera présente le 15 avril lors de l’avant première au cinéma ABC

1 – Tu as participé au
film « On est vivants » de Carmen Castillo, on verra ton entretien
dans la version longue du film à paraître en DVD. Peux-tu nous expliquer ce qui
t’a amené à participer au film ?

C’est tout simplement
Carmen qui m’a amenée à participer à ce film. J’ai eu la surprise de découvrir,
c’était courant 2013, un message sur mon répondeur. Carmen m’avait laissé un
long message dans lequel elle expliquait son projet, son film “on est
vivants” et me demandait si j’étais prête à tourner dans une scène du
film. J’ai aussitôt rappelé Carmen, j’étais, je dois dire intimidée, une
demande comme cela n’est pas banale mais j’ai dit oui parce que le film tourne
autour de Daniel et j’étais à la fois émue et enthousiaste à l’idée de
participer de manière très modeste bien sûr, à ce formidable projet. Je ne connaissais
pas alors personnellement Carmen, on s’est donc rencontrés à son domicile à
Paris et elle m’a dit qu’elle avait aimé ma façon d’intervenir dans des
initiatives publiques.

2 – Dans une longue
interview que Carmen Castillo a donné à la revue Ballast elle précise le sens
de son travail : « Non, je n’ai pas voulu retracer sa vie.
Impossible. Ce n’est pas un film sur lui, mais un film qui part de notre
amitié, de sa pensée, de tous ces affects dont je parlais. Et cette
question : qu’est-ce qui se passe aujourd’hui ? Et de quelle façon
Daniel peut-il m’aider à comprendre ? ». En quoi Daniel Bensaïd nous
est utile aujourd’hui pour comprendre le temps présent ?

J’ai le souvenir d’un
Daniel Bensaïd à la pensée foisonnante dont l’apport était considérable quand
il s’agissait d’analyser la situation à l’aune d’un marxisme ouvert non pas
brandi comme un dogme mais comme un outil essentiel pour comprendre le monde,
pour envisager des pistes, confronter des stratégies. Cette pensée vivante de
Daniel autour de la (re) construction d’un marxisme ouvert est un précieux
capital pour nos générations et celles à venir. Il y a beaucoup de choses à
retenir chez Daniel, il y en a temps qu’il est difficile de savoir par où
commencer ! Mais il y a une idée utile à retenir de ce qu’a transmis
Daniel : la pensée est au service de l’action, la réflexion est liée à la
conjoncture, exit la pensée historique déterministe.

3 – Tu as connu Daniel
Bensaïd comme militant de la LCR puis du NPA, ce qui revient constamment c’est
le rôle de passeur d’idées pour aller de l’avant, qu’en penses-tu ?

C’est vrai qu’on
présentait souvent Daniel comme un passeur,et c’est aussi comme cela que lui
même se qualifiait. Un passeur d’idées, d’expériences. Parce que militant
philosophe engagé, il était tout cela à la fois. Ce n’est pas si courant. Il
avait la capacité de rendre compréhensif, abordable ce qui pouvait paraître au
départ complexe. Il avait le souci de transmettre mais non pas dans un rapport
de prof à élève mais dans le cadre d’échanges de militant à militant.

4 – Ceux qui ont eu la
chance de voir le film le 27 mars, ont été saisi par la différence de périodes,
celle qui illustre le film, des luttes d’espoirs… et celle que nous traversons
aujourd’hui faite de recul de progressions d’idées nauséabondes…Sommes nous
devant un changement de période ? Comment les jeunes générations peuvent
elles s’emparer des idées des expériences de ce film pour aller de
l’avant ?

Je n’ai pas encore vu
le film, j’en connais en partie le propos, il parle aussi de luttes encore
récentes même si c’est vrai que nous sommes dans une période difficile faites
de reculs et de reflux semble-t-il des résistances à l’ordre établi. Sommes
nous en train de changer de période ? Je ne saurai l’affirmer mais ce qui
est sûr c’est que ce film indique une idée forte, essentielle : on n’est
pas voués à vitam æternam à subir la loi du plus fort, les inégalités sociales,
la logique mortifère du système capitaliste. C’est donc forcément un message
pour tout le monde, pour ceux et celles qui luttent encore, pour ceux et celles
qui baissent les bras ou qui seraient tentés de le faire, et donc à fortiori
pour les jeunes générations qui n’ont connu que le goût amer des défaites, de
la crise et de l’austérité.

5 – Si il n’y avait
qu’un seul livre de Daniel Bensaïd à lire lequel choisirais Tu ?

Celui que j’ai lu avec
beaucoup d’émotion, “La lente impatience” où se mêle les histoires,
celle de Daniel et celle que lui et ses camarades vivent, où se mêle le
“je” du militant, de l’être humain et le “nous” collectif.
C’est l’histoire d’un parcours politique singulier qui se confond avec celui de
l’histoire du début des années 60 jusqu’aux années 2000. c’est aussi une grande
leçon militante : celle qui consiste à apprendre à dompter sa révolte
impatiente qui doit composée avec le temps long. C’est aussi l’itinéraire d’un
militant qui, contrairement à beaucoup d’autres, n’a jamais renoncé à son
combat pour l’émancipation, parce que Daniel avait raison de penser que
“ce monde peut encore changer et que nous pouvons y contribuer.”

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