Solidarité avec le peuple kurde : Rencontre avec l’association Centre Démocratique Kurde de Montpellier

Le
président turc Erdogan, a rompu les négociations avec l’organisation Kurde du
PKK et  enclenché arrestations, répression
et bombardements. Au risque de relancer une guerre civile terriblement
meurtrière. Les kurdes sont nombreux à Montpellier  et nous sommes allés dans les locaux de leur
association : le  Centre Démocratique
Kurde. Nous y avons rencontré les responsables Fatma, Tunkai et Ibrahim.

Merci à eux
d’avoir bien voulu répondre  à nos
questions …


Interview
de Fatma et Ibrahim, kurdes de Montpellier

 

DSC00135.JPGLes kurdes de Turquie
sont-ils nombreux à Montpellier ?

Il
y a 350 à 400 familles installées à Montpellier et dans la métropole et au total
nous devons être 250.000 en France.  La
plupart d’entre nous ont un statut de réfugié politique, car dans les années
90/ 2000 le gouvernement turc a rasé des centaines de villages et exercé une
répression féroce contre les kurdes.  
Nous avons dû nous exiler pour survivre. Mais l’intégration se passe
bien, nous avons du travail dans le bâtiment,  l’artisanat, la restauration et certains ont
obtenu la nationalité française.

        

Comment êtes vous
organisés ?




Dans le local du Centre Démocratique Kurde Montpellier


DSC00134.JPGDans
toutes les villes de France existe une association. Toutes sont fédérées au
sein du Conseil démocratique Kurde de Paris. A Montpellier nous sommes ici dans
le local du Centre Démocratique Kurde, dans le quartier Figuerolles. C’est un
local qui accueille tous les jours les kurdes qui viennent s’informer, boire ou
manger, passer un moment.

Nous
avons pas mal d’activités culturelles, l’apprentissage du français notamment,
mais aussi des cours de danse, de langue kurde, de musique, des soirées
d’animation et de fêtes. Il y a une grande solidarité.

Mais
nous suivons aussi l’actualité,  le
combat des kurdes en Irak, en Syrie et en Turquie bien sûr. En fonction des
évènements, nous appelons à des rassemblements et manifestations, toujours
déclarées en Préfecture et avec le souci d’appeler à la solidarité la plus
large avec les organisations françaises… comme lors du siège de Kobané par
Daech…

 

Erdogan a rompu les
négociations et déclenché une offensive contre le PKK. Pourquoi d’après vous ?

 

798319--.jpgIl
faut savoir que, il y a 2 ans,  c’est le PKK
et de son leader Ocalan, qui ont voulu arrêter la guerre, ouvrir des
négociations  avec pour objectif
d’obtenir un statut de confédération. 
Erdogan a accepté, mais surtout  dans
un but électoral, pour obtenir les voix des kurdes et ainsi  affaiblir le PKK.  Effectivement 
son parti l’AKP a capté beaucoup de voix kurdes.

Mais
aujourd’hui il a peur. Les kurdes syriens ont annoncé une autonomie de leur
territoire qu’ils gèrent démocratiquement avec le respect de toutes les
minorités et ce sont eux qui mènent une lutte efficace contre Daech. Alors
qu’Erdogan a soutenu Daech contre les kurdes notamment à Kobané. Dès lors les
kurdes de Turquie ont compris qu’Erdogan ne voulait rien négocier et ils ont
voté massivement   le 7 juin 2015 pour le
HDP, le Parti Démocratique des Peuples. Par exemple dans la ville principale du
kurdistan, le HDP a eu 10 députés et l’AKP 1 seul. Au niveau national avec 13%
des voix et 80 députés, le HDP a privé Erdogan de la majorité absolue de 276
voix, l’AKP en obtenant 250. Affolé et enragé de voir l’échec de son projet de
gouvernement  autoritaire à sa
botte,  il multiplie les arrestations,
2000 militants du HDP sont en prison, et bombarde les positions kurdes et s’en
prend maintenant aux villages et aux civils.

 

Comment
voyez-vous l’évolution de la situation ?

 

 

 10.jpgHélas Erdogan a obtenu la neutralité voire la
complicité de la coalition en laissant croire qu’il combattait Daech. Il
soutient ouvertement les islamistes de Jabhat alNosra qui sont
liés à Al Qaida. 

D’autre part, en faisant la guerre aux kurdes, il espère
gagner les prochaines élections en captant le courant d’extrême -droite et tous
les nationalistes turcs. Même si aujourd’hui une minorité de turcs prend
conscience du problème kurde, de la menace sur la démocratie  et se retrouve dans le HDP. Pour le moment le
PKK ne fait que riposter ponctuellement et  veut éviter la guerre civile.

 

Il y a eu des attentats
contre des policiers et militaires…

Oui
mais il s’agit de ripostes à des bombardements de civils. Car à présent l’armée
turque s’en prend aux civils, tue et fait croire qu’il s’agit de militants du
PKK.  C’est une politique de terreur, car
dans 8 villes kurdes, la population a décidé de s’autogérer et refuse la
présence des forces militaires turques…

Erdogan
joue avec le feu et le silence de la France et de la coalition est très décevant.

 

Interview
Jean-Claude Carcenac 14 août 2015

 

 

 

La position d’Ensemble :

 

 

6.jpgENSEMBLE !
affirme sa solidarité avec le peuple kurde.

Pour
:

  • défendre
    les libertés démocratiques en Turquie

  • soutenir
    les droits légitimes du peuple kurde

  • d’exiger
    que soit retiré le PKK de la liste des organisations terroristes

  • soutenir
    le combat mené par les organisations kurdes contre l’Etat Islamique Daech

  • s’opposer
    à la politique de guerre civile menée par le gouvernement réactionnaire de
    l’AKP d’Erdogan contre le peuple kurde et le PKK





  • Déclaration de signataires dont Clémentine Autain 

  •  

    Le
    président turc Recep Tayyip Erdogan profite de son implication officielle dans
    la lutte contre Daesh pour en réalité s’attaquer plus durement que jamais aux
    combattants kurdes. Une provocation monstrueuse.

    La
    Turquie connaît ces dernières semaines une évolution extrêmement préoccupante
    qui nécessite une réaction internationale à la hauteur de la situation. Le
    président de la république Erdogan et le gouvernement de l’AKP, dont il est
    issu, cherchent à maintenir leur mainmise sur la société en suscitant une
    guerre civile larvée avec les combattants kurdes du PKK (Parti des travailleurs
    du Kurdistan).

    Pour
    cela, le régime d’Erdogan se livre à une monstrueuse provocation politique. A
    l’international, il profite de son implication officielle dans la lutte contre
    Daesh pour en réalité s’attaquer plus durement que jamais aux combattants
    kurdes. En Turquie, il a entamé un coup d’Etat «civil» et réprime la gauche et
    les militants progressistes en piétinant les libertés publiques les plus
    élémentaires.

    Dès
    l’attentat de Suruç qui a causé la mort de 32 militants progressistes en route
    pour la reconstruction de Kobané, ville symbole de la résistance kurde face à
    Daesh, la police turque a mené des opérations visant essentiellement les
    organisations kurdes et de gauche tuant une militante de gauche radicale à son
    domicile. Depuis l’attentat, l’armée de l’air turque bombarde systématiquement
    les Kurdes en Syrie et en Irak, aussi bien civils que combattants.

    Le
    processus de coup d’Etat «civil» a pris une nouvelle dimension avec les
    procédures judiciaires entamées contre le HDP (Parti Démocratique des Peuples,
    parti du mouvement kurde, de forces de gauche radicale, de démocrates). Ce
    parti représente la jonction du mouvement kurde et d’une nouvelle conscience
    démocratique au sein de la population turque, en particulier dans la jeunesse,
    née lors du mouvement «de Gezi». Avec son score historique de 13% des voix et
    les 80 députés obtenus lors des élections législatives de juin 2015 avait
    empêché l’AKP d’obtenir la majorité absolue au parlement.

    Aujourd’hui,
    le régime d’Erdogan s’attaque au HDP malgré la volonté toujours répétée de la
    direction de ce parti de s’en tenir à la sphère de la politique civile, de ne
    pas rentrer dans une logique de guerre et de chercher une solution politique à
    la question kurde. Erdogan a fait le choix de fermer la porte à tout processus
    politique au profit de la répression, de la solution armée. Il déclarait le
    27 juin dernier au sujet de la constitution de cantons autonomes dans le
    Kurdistan syrien à la frontière de la Turquie «Nous ne laisserons jamais se constituer un Etat au nord de la Syrie, à
    notre frontière sud. Nous voulons que cela se sache. Nous continuerons notre
    combat en ce sens quel qu’en soit le prix.»

     

    Ce prix serait que la Turquie s’enfonce dans la guerre civile et
    que soit brisée toute évolution vers plus de démocratie, la liberté et
    l’égalité. Les conséquences de la politique d’Erdogan seront désastreuses pour
    la Turquie, pour toute cette région et au-delà.

    Nous en appelons à l’intervention des citoyens et citoyennes, des
    forces démocratiques de notre pays pour qu’ils développent la solidarité avec
    le peuple kurde et interviennent auprès du gouvernement de la France. François
    Hollande doit assumer toutes ses responsabilités afin que le Président Erdogan
    mette fin à la répression contre les défenseurs de la paix et cesse la sale
    guerre menée contre le PKK en Turquie et en Irak, contre le PYD en Syrie.

    Il y a urgence !

     

    Signataires :

    Françoise Alamartine (responsable de la
    Commission Transnationale Europe Ecologie-Les Verts)

    Clémentine Autain (porte-parole d’Ensemble !
    Front de Gauche)

    Bernard Dreano (président du CEDETIM)

    Mireille Fanon Mendes-France(Présidente de la
    Fondation Frantz Fanon, Experte ONU)

    Sylvie Jan (présidente de France-Kurdistan)

    Djordje Kuzmanovic (secrétaire national aux
    relations internationales et à la défense du Parti de Gauche)

    Lydia Samarbakhsh (responsable nationale du
    PCF aux questions internationales)

    François Gèze (éditeur)

    Bernard Noël (écrivain)

    Enzo Traverso (historien)


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