À Saint-Pons de Thomières, la santé
publique est d’ores et déjà presque absente.
Au lieu de prendre en charge cette
situation inacceptable, l’Agence régionale de l’Hospitalisation décide,
carrément, de la supprimer en fermant la partie médecine de l’hôpital local :
qui veut noyer son chien …
Quatre raisons expliquent l’opposition
résolue des citoyens des cantons de Saint-Pons, Olargues et La Salvetat aux me-
sures en gestation dans des tuyaux administratifs meur- triers.
1.La fermeture des quelques lits de méde- cine rescapés des
précédentes mesures dites de « ratio- nalisation des soins » frappe en priorité
les pauvres avec CMU (après une intervention dans les hôpitaux de Béziers ou
Mazamet ils y séjournent pour les soins post-opéra- toires, à proximité de
leurs proches qui n’ont pas les moyens de faire des navettes de 150 km chaque
jour, se re- porter à l’enquête de l’Inserm de juilllet 2009 attestant de la
réalité de ce cas de figure en zone rurale.
2.La médecine d’urgence par le 15 fonc- tionne plus que mal à
cause de l’éloignement des premiers centres de soin, à quarante minutes par
ambulance dans le meilleur des cas. Il faudrait donc, au lieu de fermer les
lits, ouvrir une structure de traitement des infarctus et des ac- cidents
vasculaires cérébraux qui intervienne dans les dé- lais requis pour sauver ces
malades ( document du ministère de la santé qui fixe à un quart d’heure le
temps maximal compatible avec une prise en charge efficace de ce type de
pathologie).
3.L’âge moyen de la population des trois can- tons est plus
élevé que partout ailleurs dans Tarn et l’Hérault (voir les chiffres 2010 de
l’Ined). En conséquence les besoins pour le suivi des pathologies graves
(cancer et diabète) sont très élevés, ils peuvent être assumés par une médecine
am- bulatoire de qualité, à condition de disposer d’un centre hos- pitalier
dans un rayon de quinze kilomètres du domicile des patients.
4.Les femmes des trois cantons sont les pre- mières victimes
des carences de la prévention en matière de santé, la fermeture du mince
hôpital local qui existe encore ne ferait qu’aggraver leur situation.
L’hypothèse de remplacer l’hôpital local
par un centre de santé équipé en télémédecine ne tient pas debout, puisque
partout où ce type de fonctionnement a été testé, le bilan est négatif (se
reporter au document de réflexion édité en mars 2010 par l’école supérieure de
santé publique de Rennes).
Une solution reposant sur des moyens de
transports rapides par ambulance pour convoyer les malades sur Béziers ou Ma-
zamet-Castres, ne répond pas aux exigences d’une interven- tion compétente dans
les minutes qui suivent un accident de santé grave. À moins de médicaliser les
ambulances avec un personnel compétent qui se relaie, un leurre que les
libéraux savent ne pas pouvoir financer, puisque coûtant beaucoup plus cher
qu’un service d’urgence hospitalier.
La pétition, à l’initiative de la gauche
anticapitaliste, a été signée par plus de 500 habitants, elle atteste de la force du rejet
des mesures en préparation. Le mouvement social peut refaire, sur le Piémont de
l’Hé- rault, ce qui a été obtenu pour l’hôpital de Saint – Affrique, il y a
deux ans.
Pierre
Blondeau
article paru dans Motivé-e-s
Inserm : institut national de santé et
de recherche médicale
Ined : institut national des études
démographiques