Par Myriam Martin. Une des compétences importante voire primordiale de la région concerne les lycées. Autant dire qu’au sein d’une entité rassemblant Midi Pyrénées et Languedoc Roussillon, cette compétence présente des enjeux majeurs et de très grands défis à relever. D’abord parce que le nombre d’établissements est considérable, près de 350 lycées accueillant plus de 210 000 élèves ! Ensuite parce que la hausse annoncée des effectifs tant en Midi Pyrénées qu’en Languedoc Roussillon implique de relever des défis qui sont devant nous. Enfin parce que l’éducation doit devenir une priorité absolue.
Dans un contexte social difficile, dans un contexte d’inégalités qui se creusent, notre nouvelle grande région doit garantir à tous les élèves l’accès à un service public de qualité et l’égalité devant les études.
C’est pour cela, au nom de l’école gratuite, que nous revendiquons des espaces de gratuité pour tous et toutes. Les politiques en matière de gratuité ont été différentes jusqu’alors entre Midi Pyrénées et Languedoc Roussillon : dans la première ce sont les aides qui ont prévalu, distribuées aux élèves en fonction du revenu des familles, pour l’acquisition des manuels scolaires, de certains équipements obligatoires et de l’ordinateur portable (pour les secondes). Dans la deuxième c’est la gratuité qui a été privilégiée pour les mêmes fournitures.
Nous revendiquons au nom de l’égalité et de la gratuité de l’école d’harmoniser par le haut les mesures existantes.
Il n’est pas possible que ce qui est exigé et donc obligatoire, pour les enseignements soit à la charge des familles en totalité ou même partiellement.
De plus, au vu de la place du numérique dans l’enseignement et l’éducation en général (ENT, Espace Numérique de Travail, place des TICE, Technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement, utilisation de l’outil informatique en cours et à la maison) il nous paraît tout à fait justifié de fournir à tous les élèves entrant en première année au lycée, un ordinateur portable. Nous mènerons donc une politique qui a pour objectif de résorber la fracture numérique. Cependant l’ordi Lib a souvent été présenté comme un outil pédagogique. Or ce n’est pas le cas jusqu’à ce jour, il est peu utilisé en classe car les moyens techniques pour le faire n’existent pas. Il ne suffit pas de lancer un projet et de ne pas donner les moyens pour le mener à bien. Nous nous engageons, en lien avec les enseignants et les administrations des établissements, à mettre en œuvre les outils techniques pour l’utilisation de l’ordi Lib comme outil pédagogique.
Réhabilitation des lycées et construction de nouveaux établissements
Chaque majorité régionale met en avant les efforts effectués pour rénover et construire de nouveaux lycées sur les 10 ou 12 dernières années, l’État il est vrai ayant été extrêmement carent dans ce domaine depuis fort longtemps. Ce sont souvent des chantiers très longs qui prennent énormément de temps à démarrer car très coûteux. Pour chaque région peu d’écart en ce qui concerne l’investissement moyen annuel pour la réhabilitation/Construction, on constate pour 2015 un écart de 4 millions d’euros en faveur de Languedoc Roussillon (115 millions d’euros et 110 millions pour Midi Pyrénées). Ce qu’il nous faut rappeler c’est que malheureusement on est tout de même loin du compte car les besoins sont énormes. Certes ce genre de travaux ne peut s’entreprendre du jour au lendemain, mais il est clair du coup, au vu des effectifs en augmentation dès à présent et pour les années à venir qu’il faut planifier très vite la construction de nouveaux établissements. Ceux déjà programmés risquent de ne pas suffire pour faire face à l’afflux d’élèves (plus de 10 000 pour Midi Pyrénées d’ici 2030, autour de 5000 d’ici 2020 pour Languedoc Roussillon!).
La planification est nécessaire pour envisager d’une part la construction de nouvelles structures en lien avec la réalité démographique (c’est par exemple autour des deux métropoles régionales que les effectifs élèves vont grandir mais aussi autour de Béziers et de Perpignan), d’autre part la réhabilitation d’établissements dont les installations sont plus qu’obsolètes et attendent pour certains depuis fort longtemps des rénovations qui se font attendre, austérité oblige.
Nous devons nous engager avec fermeté sur la priorité de ces rénovations avec des exigences fortes en matière d’environnement, d’éco construction et d’économie d’énergie. Ces critères essentiels seront inscrits obligatoirement dans les cahiers des charges.
Nous planifierons également la construction d’internats, en nombre insuffisant aujourd’hui, et pourtant ces chambres pour les internes permettraient de répondre aux demandes des lycéens en filière pro ou technologique dont le recrutement est très souvent académique et oblige les élèves à quitter le domicile familial.
Ces efforts prioritaires auront un coût. Plusieurs pistes sont tout à fait envisageables : il faudra réorienter les politiques budgétaires, nous en finirons avec les subventions publiques aux grandes entreprises privées sans contreparties ni sociales ni environnementales, et faire en sorte que l’argent public aille prioritairement aux services publics. Il n’est pas acceptable par exemple que les dépenses d’investissement pour les lycées privés, dépenses facultatives, se poursuivent, elles devront être attribuées aux lycées publics.
Les Agents Régionaux des Lycées
La compétence Lycée du conseil régional ne concerne pas uniquement les bâtiments ou les aides aux lycéen-nes, elle concerne la gestion de milliers d’Agents Régionaux des Lycées (anciennement TOS, Techniciens Ouvriers de Service). Ces agents sont de l’ordre de 2325 dans les lycées de Midi Pyrénées et de 2200 dans les lycées de Languedoc Roussillon. La décentralisation de 2003 devait soi-disant améliorer la situation de ces salariés. Il n’en a rien été.
La politique des conseils régionaux en matière de gestion des personnels est problématique : politique gestionnaire à courte vue qui ne tient pas compte de la réalité de l’état des établissements (degré d’usure, structures, types d’entretien, équipements des établissements etc.). Donc le discours qui consiste à « rééquilibrer les dotations en personnel » en fonction des établissements « sur-dotés » et « sous-dotés » n’est pas acceptable. L’entretien des établissements ne relève pas d’un calcul uniquement comptable. Pourtant c’est cela qui prévaut : une dotation globale en fonction du nombre d’établissements à moyen constant.
Or les conditions de travail étant difficiles car ces établissements sont souvent des milieux accidentogènes, l’usure professionnelle est une réalité criante.
Le nombre de personnels remplaçants est insuffisant et précaire puisque c’est dans un vivier de contractuels que piochent les régions quand il faut remplacer un personnel absent. Un autre danger menace ces personnels et leur recrutement potentiel, c’est le risque d’externalisation des services au nom des économies, en réalité au nom de politiques austéritaires.
Nous ne pouvons accepter cette conception libérale de la gestion des personnels des lycées. C’est avec eux et leurs représentants syndicaux que nous établirons les besoins humains afin de recruter les agents nécessaires aux remplacements, à l’entretien, des agents titulaires et non contractuels afin d’aller vers la résorption complète de la précarité.
N’oublions pas enfin que les Agents Régionaux des Lycées participent de l’accueil et de l’encadrement des lycéen-nes, pas sur le même créneau que les enseignant-es mais au même titre qu’eux.
Transports scolaires
Alors que la loi Notre prévoit que les transports scolaires deviennent une compétence exclusive de la région, il est urgent de développer une politique de gratuité à l’image de ce que met en œuvre le conseil général de la Haute Garonne. Cette politique est non seulement socialement juste mais elle est écologiquement utile et favorise pour les jeunes l’apprentissage de l’utilisation des transports collectifs.
Cantines scolaires
Un service public de qualité dans les lycées consistera à proposer des repas de qualité aux élèves. L’effort actuel n’est pas suffisant, il a permis de tendre vers un repas bio par semaine ou vers des repas issus de produits locaux.
Même si les changements ne peuvent là encore s’opérer du jour au lendemain, il est possible dès à présent d’inscrire dans la mandature la volonté de proposer des repas constitués par des produits locaux et des produits issus de l’agriculture bio et paysanne. Cette mesure est cohérente avec la volonté de notre liste de promouvoir et d’aider à se développer dans notre grande région une agriculture bio, une agriculture paysanne tournée vers le marché local et régional. S’approvisionner avec ce type de productions, permettra à terme de limiter les coûts et de proposer des repas de qualité, sans grande dépense pour les familles. Bien sûr la prise en charge des repas par des fonds régionaux pour les familles n’ayant pas les moyens de le faire, sera notre politique dans tous les lycées.
Pour conclure notre liste s’engage, qu’elle soit en passe ou non de diriger notre nouvelle grande région, à travailler à l’amélioration constante du service public des lycées dont elle a la charge, avec tous les acteurs et actrices concernés, personnels des lycées, représentants syndicaux de ces derniers, élèves et familles, organisations des parents d’élèves.
Myriam Martin, Ensemble ! Languedoc Roussillon Midi Pyrénées