Le Front National, en tête dans notre région et dans cinq autres, s’affirme de plus en plus comme une force qui prétend gouverner le pays en exacerbant les divisions, le racisme et la xénophobie. Sa progresion en % et en voix par rapport aux dernières régionales est condidérable. En colère à juste titre contre le PS, certains en arrivent à relativiser le danger. À tort.
Le FN constitue une menace mortelle pour les droits démocratiques et sociaux qui existent encore dans ce pays. Louis Aliot a, par exemple, dit qu’il cesserait les subventions au planning familial. Robert Ménard veut mettre en place une milice à Béziers. Les droits des femmes et la présence de ceux que l’extrême droite désigne comme «étrangers » sont les premières cibles. N’oublions pas non plus que la Région a de fortes compétences dans l’éducation. Un succès du FN décuplerait les paroles et les actes de haine, il serait un tremplin de plus dans sa marche vers le pouvoir.
Ajoutons que plus le FN est haut, plus ses thématiques le sont, et moins le sont celles que nous portons, l’écologie, le social, la démocratie. Les succès du FN ont ainsi eu pour effet d’affaiblir la contestation à gauche de la politique gouvernementale.
Bien entendu, celle-ci est largement responsable de la nouvelle poussée de l’extrème droite. L’absence de mesures sociales en faveur des catégories populaires après la victoire contre Sarkozy, puis l’application d’une politique de droite sur les questions économiques avec Macron, enfin les mesures autoritaires et la caution donnée au FN sur l’idée que les bi-nationaux pourraient être plus supspects que d’autres, tout cela entraine confusion et découragement dans l’ensemble de l’électorat de gauche, gauche de la gauche comprise.
Cependant, surfant dans une société sans repère sur un climat anxyogène combinant l’insécurité sociale et l’insécurité liée aux désordes du monde et aux attentats terroristes, le FN a encore des marges de progression.
Sa victoire n’est pas impossible dans notre région si l’électorat de gauche ne se mobilise pas très massivement. Non seulement, une victoire du FN constituerait un terrible recul, mais elle hypothèquerait grandement la possibilité de reconstruire un mouvement social et une gauche digne de ce nom. La politique du pire conduit le plus souvent au pire.
Nous avons donc fait le choix qui nous apparait le plus responsable.
La fusion des listes Delga et Onesta, dans le strict respect de la proportionnelle de premier tour, permet aux électrices et électeurs de se rassembler pour la tâche de l’heure : battre le FN. Dimanche 13 décembre, nous appelons à voter le plus massivement possible pour la liste fusionnée « Notre Sud en Commun ». N’oublions pas que dans une triangulaire, la liste arrivée en tête prend la région grâce à la prime majoritaire de 25%.
De plus, cette fusion garantit la liberté de vote aux futurs élu-e-s de Nouveau Monde En Commun. Elle n’oblige en rien à appliquer ou à appuyer la politique du PS. Nous garderons notre indépendance, appuyant les mesures qui vont dans le bon sens, combattant les autres.
Au-delà de dimanche, les tâches sont immenses.
Le FN manipule et encourage le désespoir, la confusion et la colère. Il pose ses questions, avec la bienveillance complice des médias, intellectuels et politiques dominants. Il peut ensuite donner ses réponses simplistes en combinant la nostalgie d’un passé mythifié et l’appel à l’unité nationale contre un bouc émissaire, bouc émissaire aux contours variables selon les moments et les électeurs auxquels il s’adresse, mais toujours désigné selon des critères xénophobes et racistes. Il est en dynamique ascensionnelle et on ne l’arrêtera plus avec des discours moralisateurs ou des slogans issus des années 80.
Il faut donc mener de front de nombreuses choses.
Comprendre comment on a pu en arriver là, en allant au-delà de la seule dénonciation des responsabilités connues de la crise, du chômage, de Sarkozy ou de Hollande.
Trouver les moyens d’être entendu par la part grandissante de la population et de la jeunesse qui a décroché de la politique ou qui ne trouve plus aucun sens concret aux idées que nous portons.
Remettre au centre la lutte contre les injustices et les inégalités sociales pour faire reculer les surenchères identitaires, religieuses, nationalistes.
Reconstruire dans les luttes et dans les urnes le rapport de force qui peut imposer un changement concret et significatif, améliorant la vie de la population, seul à même de redonner un sens à ce que peut être une vraie politique de gauche.
Aucune force politique ne peut répondre seule à ces défis en cultivant son jardin, à moins de devenir indifférent au monde réel.
Le rassemblement « Nouveau Monde en Commun » en Languedoc Roussillon Midi Pyrénées est le seul de France à avoir atteint les 10%.
Il n’y a hélas pas eu de dynamique nationale unitaire permettant de booster le rassemblement construit. Le cadre régional des élections comme le débat programmatique ont été marginalisés par l’actualité tragique. La crise de projet ne se résoudra pas non plus avec les seules alliances électorales aussi larges soient elles, si aucun travail en commun sur le terrain et dans la durée n’est pratiquée en amont.
L’unité n’est pas une condition suffisante pour réussir mais c’est une condition nécessaire. La gauche opposée à l’austérité et au libéralisme n’a plus le choix. Elle doit dépasser ses divisions pour s’unir et porter une autre voix de gauche, audible à grande échelle.
Nous agirons pour préserver et faire vivre le cadre unitaire construit ici, nous agirons pour l’étendre au-delà de notre région. Nous travaillerons avec d’autres à lui donner le contenu nécessaire pour répondre aux nombreux défis devant nous.
David Hermet
Les candidats de Ensemble ! sur la liste fusionnée
Dans le cadre de la fusion technique opérée à la proportionnelle, Ensemble ! aura une élue dans le prochain conseil régional : Myriam Martin. Il a manqué moins de 1% à notre liste pour assurer le second élu de Ensemble !
Myriam Martin, à l’image de Francis Viguié et Anne Rose Le Van, lorsqu’ils étaient conseillers municipaux de Montpellier, travaillera collectivement en amont et rendra compte régulièrement de son mandat et de ses votes. Elle gardera son indépendance et ne participera pas à l’exécutif, vu que le rapport de force ne permettra pas de mettre en application notre programme. Bien entendu, elle agira avec les élu-e-s de Nouveau Monde en Commun pour que certains mesures que nous avons défendues au premier tour soient adoptées. Sur certains points, cela sera possible. A condition d’empêcher dimanche prochain le FN de prendre la région.
Je figure, avec Michel Sala dans le Gard, comme représentant de Ensemble ! sur la liste fusionnée. Là où nous sommes placés, aucune chance d’être élus. Pourquoi une telle présence alors qu’il aurait été beaucoup plus reposant et confortable de ne pas y être ? Il s’agît d’assumer notre choix et de montrer que quelle que soit notre hostilité à la politique du gouvernement, notre priorité ce dimanche est de battre dans les urnes notre pire ennemie : l’extrême droite.
Quelles étaient les autres options que la fusion technique opérée ?
Le maintien. Il était possible vu que notre liste avait dépassé le seuil des 10%. On aurait eu alors une quadrangulaire. Vu les scores de premier tour, la liste en tête aurait été le FN. Avec la prime majoritaire de 25% accordée à la liste en tête, l’extrême droite prenait la Région. Hors de question.
Le retrait. Avec ou sans consigne de vote, la majorité de nos électrices et électeurs se seraient reportés sur la liste Delga pour battre le FN. Le PS aurait eu alors 100% des élus “de gauche” à la région, personne pour incarner une alternative de gauche à sa politique, personne à gauche pour s’opposer aux mesures qui n’iraient pas dans le bon sens, personne pour se battre en faveur des mesures contenues dans notre programme de premier tour. Et si, jamais, la majorité de l’électorat de Nouveau Monde choisissait plutôt de s’abstenir, le FN avait une chance de passer. Donc le retrait, ça profitait au PS d’abord avec le report de voix, et peut être au FN en second grâce à l’abstention à gauche.
La fusion politique. Ce type de fusion implique un programme partagé entre les deux listes qui fusionnent et une solidarité de gestion pour le mettre en œuvre. Au vu des désaccords entre nous et le PS et au vu des rapports de force à l’issu du premier tour, cela n’était pas possible. Nous préférons garder notre liberté de vote et notre indépendance. Bien entendu, lorsqu’il y aura des propositions allant dans le sens de notre projet de premier tour, nous les appuierons, comme par exemple la poursuite et l’extension à Midi Py de la gratuité des manuels scolaires.