Rassemblement à Montpellier : ni Juan Carlos, ni Felipe



 

02 juin 2014. Suite à l’abdication de Jan
Carlos, des rassemblements pour la 3éme République et pour un referendum sur la
Monarchie ont eu lieu dans toutes les villes d’Espagne. En effet, c’est Franco
et la hiérarchie catholique, qui avaient été chercher le roi et l’avaient imposé
sans consulter le peuple. A Montpellier, les jeunes espagnols ont appelé aussi à
se rassembler




NI JUAN
CARLOS, NI FELIPE !

 

P1060105.jpgLe régime issu de la Transition
espagnole de 1978 est en crise majeure. Ce régime avait pour base : la
monarchie, le bipartisme et l’unité de l’Espagne. Ces trois éléments sont
aujourd’hui en crise ouverte.

La monarchie est discréditée.
Entre le roi Juan Carlos adorant la chasse à l’éléphant au Bostwana alors que
le peuple espagnol subit les coupes budgétaires, la fille du roi et son mari
inculpés pour détournement de fonds, la « Casa Real » est délégitimée
et une caricature minée par la corruption.

P1060103.jpgLe bipartisme, deuxième pilier de
la transition, est remis en question. Lors des dernières élections européennes,
le Parti Populaire (droite) et le PSOE ont perdu 5 millions de voix alors qu’Izquierda
Unida passait de 3,5% à 10% et Podemos, nouveau courant politique issu des
Indignés, réalisait 8%.

L’unité de l’Espagne est aujourd’hui
mise à mal en Catalogne qui le 9 novembre entend décider de son avenir, alors
que la Constitution Espagnole ne permet pas P1060104.jpgle droit à l’autodétermination, ni
même le droit à décider par referendum.

La crise économique est aujourd’hui
une crise sociale et politique mettant en cause le régime de la Transition.

En abdiquant, le roi Juan Carlos
essaie de sauver la Monarchie en passant le pouvoir à son fils.

La réaction ne s’est pas faîte
attendre. Dans toutes les villes d’Espagne, Izquierda Unida, Podemos, Equo
(Verts), les républicains…. ont appelé à se rassembler pour la 3éme République
et exigent un referendum sur la Monarchie.

catal_repub.jpg

En effet, à aucun moment le peuple
espagnol n’a eu à seprononcer sur la monarchie. C’est Franco et la hiérarchie
catholique, qui ont été chercher le roi.

La lutte contre la monarchie est
indissociable des luttes actuelles contre le régime.

Il est tout à fait positif que les
jeunes espagnols de Montpellier se mobilisent en même temps que les villes de l’état
espagnol. Comme ils l’avaient déjà fait avec la mobilisation « Jovenes sin
futuro », puis avec la « Marea photo_4.jpgGranate », ils appelaient ce
lundi 2 juin à se rassembler Place de la Comédie « contre la monarchie,
pour la république, pour un referendum ». Cette jeunesse est
indiscutablement un acteur politique du mouvement social de Montpellier.

 

Francis Viguié

Ci-contre, photo du
rassemblement à Montpellier, puis Barcelone et Vigo (Galice)





Etat espagnol. La question républicaine et la crise de régime

Le régime s’effondre, se meurt et, dans sa lutte agonisante pour
survivre, le roi abdique. Jamais le régime issu de la Transition n’avait été
autant remis en question qu’aujourd’hui. Les piliers sur lesquels il repose, la
monarchie, le pouvoir judiciaire, le bipartisme, sont fortement délégitimés
depuis un certain temps. Nous ne croyons plus en leurs mensonges, ceux-là mêmes
avec lesquels ils tentent de consolider un régime qui tombe en morceaux. Ce qui
semblait jusqu’à il y a peu de temps impossible se pose aujourd’hui comme une
réalité. Poussons de toutes nos forces pour élargir encore plus cette brèche
que la crise économique, sociale et politique a rendu possible.

Depuis la chasse aux éléphants de sa «majesté» au Botswana, en
passant par l’inculpation de son beau-fils Iñaki Urdangarín dans l’«affaire
Nóos» et l’implication de l’Infante Cristina dans ce cas, et jusqu’aux
multiples et millionnaires opérations de la hanche du monarque, payées par les
deniers publics, la Maison Royale est devenue une caricature d’elle-même. L’un
des principaux faire-valoir de la «démocratie» est touché à mort, mais il n’est
pas encore mort.

L’annonce de l’abdication royale est une ultime tentative,
désespérée, pour sauver la situation; une tentative de «ravalement de façade»
pour redonner légitimité non seulement à la monarchie mais aussi à toute sa
suite de juges, de politiciens et de faiseurs d’opinion. Pendant des années,
bien trop d’années, ils ont vécu à l’abri de cette fausse Transition en
essayant d’effacer ou de masquer notre histoire collective. Notre oubli a été
le substrat de leur victoire, non seulement morale mais aussi politique et
économique.

La crise économique, transformée en une profonde crise sociale et
également politique, a mis dans les cordes le roi et le régime de 1978. Les
gens ont dit «basta». On l’a vu il y a trois ans avec l’émergence du Mouvement
du 15-M; avec l’extension de la désobéissance civile; avec l’occupation de
logements vides aux mains des banques, et cela avec un large soutien populaire
en dépit de la criminalisation de la protestation. Plus de pauvreté signifie
plus de douleur mais, grâce à ces mobilisations, c’est aussi une plus grande
prise de conscience sur qui sont les gagnants dans une telle situation – les
banquiers, les politiciens – et qui sont les perdants.

Juan Carlos… une balle dans le pied

La montée du souverainisme en Catalogne a également jeté le régime
dans les cordes en mettant en lumière le caractère profondément
anti-démocratique d’une Constitution qui ne permet pas le droit à
l’autodétermination des peuples. Aujourd’hui, les élections européennes ont
donné le «coup de grâce» à un régime en décomposition avec la perte de plus de
cinq millions de votes pour le PP (Parti populaire) et le PSOE (Parti
socialiste ouvrier espagnol) et l’émergence, avec cinq élus, de PODEMOS (voir
les articles publiés sur ce site en date du 22 mai et 28 mai 2014).
Le régime devient nerveux, très nerveux.

L’abdication royale est la dernière manœuvre de sauvetage. Mais il
faut néanmoins nous rappeler que le système a encore des marges de manœuvre.
L’abdication du roi illustre la faiblesse des piliers du régime et la force du
peuple. Mais nous ne voulons ni de Juan Carlos ni de Felipe. Il est temps de
sortir dans la rue pour exiger l’ouverture de processus constituants dans tout
l’Etat espagnol, afin de décider quel avenir nous voulons. Il faut passer à
l’offensive pour faire échec et mat au régime.

Esther
Vivas, publié dans le quotidien Público.es, le 2 juin 2014.
Traduction Ataulfo Riera. Publié sur le site d’Alencontre.

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