Pour nos retraites, contre une nouvelle régression sociale.



La « réforme » Ayrault est dans la continuité
des contre-réformes de 2003 et de 2010.
L’augmentation de la durée de
cotisation à partir de 2020, (un trimestre supplémentaire tous les 3 ans), va pénaliser
les jeunes générations. Il faudra 43 ans de cotisation en 2035 pour bénéficier
d’une retraite à taux plein à 62 ans. Autrement dit mission impossible pour la
génération 1973. Mais, les générations antérieures vont voir, elles aussi,
leurs années au travail s’allonger si bien que ce sont l’ensemble des salariéEs
qui sont concernés.
   Communiqué de la Gauche Anticapitaliste
ci-dessous et analyse de la réforme par le collectif unitaire (ATTAC,
Copernic…). 
 

Voir aussi : photos de la manifestation du 10 septembre 2013 à Montpellier



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 Voir aussi : photos de la manifestation du 10 septembre 2013 à Montpellier



Retraites, ce que nous voulons : pas
un euro de moins, pas un trimestre de plus.

 Le bras de fer doit maintenant s’engager. Même si
l’ensemble des recommandations du rapport Moreau n’ont pas été retenues et le
contenu de la « réforme » des retraites annoncé par J.M. Ayrault le
27 août cible l’augmentation de la durée de cotisation et des cotisations pour
les salariéEs.
Les choix faits se situent dans la poursuite des réformes antérieures,
ménées par Fillon, celles de 2003 et de 2010.
L’augmentation de la durée de
cotisation à partir de 2020, à raison d’un trimestre supplémentaire tous les 3
ans, va pénaliser les jeunes générations. Il faudra 43 ans de cotisation en
2035 pour bénéficier d’une retraite à taux plein à 62 ans. Autrement dit
mission impossible pour la génération 1973. Mais, les générations antérieures
vont voir, elles aussi, leurs années au travail s’allonger si bien que ce sont
l’ensemble des salariéEs qui sont concernés.


Comme
les réformes antérieures, celle présentée par J.M. Ayrault mise sur une baisse
des pensions pour équilibrer les comptes.
Dès 2014, la hausse de 0,5% des
cotisations, et 0,3% en 2017, payées par les salariéEs se traduiront par une
baisse des salaires.
Un nouveau deal avec le patronat a été passé à cette
occasion puisqu’en échange d’un accord tacite sur l’augmentation de la
cotisation payée par les patrons, le gouvernement s’est engagé à réformer le
financement de la protection sociale. En clair, diminuer les cotisations
sociales payées par les patrons, notamment celles de la branche famille.
S’agissant
des inégalités entre les retraites des femmes et celles des hommes, les
engagements oraux anoncés n’iront pas jusqu’à supprimer les disparités
existantes.
Cette « réforme » s’inscrit dans le cadre de la politique
d’austérité. Elle ne restaure pas la retraite à 60 ans à taux plein que des
millions de salariéEs avaient exigé dans la rue et dans la grève en 2010.

Elle doit donc être vigoureusement
combattue.
La Gauche anticapitaliste, membre du Front de gauche, partie
prenante du collectif unitaire « Pas un euro de moins, pas un trimestre
de plus »
, appelle à participer massivement à la journée de grève et
de manifestations, le 10 septembre, à 15 h à Montpellier (Peyrou) à
l’initiative de plusieurs organisations syndicales. 


Analyse de la réforme par le collectif unitaire et ATTAC – COPERNIC

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Retraites : le vrai débat

 

Une réforme injuste et dangereuse

 

Les mesures annoncées par le gouvernement vont essentiellement
peser sur les salariés et les retraités. Alors que la loi Fillon de 2003
prévoyait que l’allongement de la durée de cotisation s’arrêterait en 2020, le
gouvernement veut le poursuivre jusqu’en 2035. La durée de cotisation pour
avoir une retraite à taux plein passerait ainsi de 41,75 ans en 2020 à 43 ans
en 2035. Cet allongement se traduira soit par le fait de travailler plus
longtemps, et donc de reporter l’âge effectif de départ à la retraite, soit par
une baisse du niveau des pensions.

Le pouvoir d’achat des retraités va être touché par la
fiscalisation de la bonification de 10 % des pensions des parents de trois
enfants ainsi que par l’entourloupe qui consiste à reporter de six mois
l’indexation des pensions. Ces deux mesures feront perdre 2,7 milliards d’euros
aux retraités. Le pouvoir d’achat des salariés, qui a baissé en 2012, sera
aussi touché par l’augmentation des cotisations salariales de 0,15 point en
2014, puis de 0,05 point en 2015, 2016 et 2017, soit une augmentation totale de
0,3 point. Ces mesures s’inscrivent dans une politique d’austérité absurde
puisqu’elle n’aura pour seule conséquence que de ralentir l’activité économique,
d’augmenter le chômage et donc, in fine,
de diminuer le volume des cotisations versées.

Si une hausse des cotisations patronales est prévue, le
gouvernement a d’ores et déjà annoncé qu’elle s’accompagnerait d’une baisse
significative des cotisations patronales finançant les
allocations familiales afin de faire baisser le coût du travail. Le manque à
gagner sera payé pour l’essentiel par les salariés avec une augmentation de la
TVA ou de la CSG. Il s’agit là d’une revendication majeure du patronat que le
gouvernement vient de satisfaire.

Si
l’ouverture d’un compte pénibilité pour les salariés peut sembler positive, la
concrétisation de cette annonce dépendra largement des conditions de sa mise en
œuvre. Les mesures concernant les femmes, comme par exemple l’amélioration de
la prise en compte du temps partiel, restent largement insuffisantes au vu de
l’ampleur des inégalités de pensions entre les femmes et les hommes. Au total,
la logique globale du projet du gouvernement prolonge les « réformes »
antérieures des gouvernements de droite qui consiste, d’une façon ou d’une
autre, à faire payer aux salariés et aux retraités l’ajustement des régimes de
retraite et à refuser de poser la question du partage de la richesse produite.

 

 

 

1)    Pourquoi le
déficit des régimes de retraites s’est-il aggravé depuis 2010 ?

 

Les déficits annuels annoncés des caisses de retraite (14 milliards en
2012, autour de 20 en 2020) n’ont rien à voir avec la démographie, dont les
projections n’ont pas changé depuis 2010. Ils sont dus à la crise et aux
politiques d’austérité qui s’en sont suivies et qui bloquent l’activité,
l’emploi et les cotisations sociales. Dans son rapport de décembre 2012, le
Conseil d’orientation des retraites explique ainsi « la dégradation
beaucoup plus rapide que prévu des comptes des régimes de retraite du fait de
la chute des recettes liée à la crise ». Pourtant, ce qui nous est proposé
aujourd’hui est d’aggraver encore ces politiques. C’est justement ce que veut
faire le gouvernement avec la réforme envisagée qui aboutira, d’une façon ou
d’une autre, à baisser le montant des pensions. En finir avec l’austérité,
relancer l’emploi par une réduction du temps de travail et une politique
audacieuse d’investissement en matière sociale et écologique permettraient déjà
de résoudre une bonne partie du problème.

 

2)    L’espérance
de vie augmente, est-ce normal de travailler plus longtemps ?

 

L’espérance
de vie augmente de manière quasi continue depuis 250 ans, ce qui n’a pas
empêché que le temps passé au travail dans une vie baisse continuellement en
parallèle. De plus, l’espérance de vie « en bonne santé »,
c’est-à-dire sans incapacité, est beaucoup plus faible. Pire même, elle a
baissé ces dernières années. Tout recul du départ en retraite obère de façon
non négligeable le temps dont les salarié-es disposent pour jouir réellement de
leur retraite. Enfin, les jeunes entrent de plus en plus tard dans la vie
active et de nombreux salariés, dont une majorité de femmes, ont des carrières
courtes et discontinues et n’arrivent déjà pas à réunir le nombre d’annuités
demandé, alors même que les entreprises se débarrassent des salariés âgés. Plus
de la moitié des personnes se trouvent ainsi hors emploi au moment où elles
liquident leur retraite. L’augmentation de la durée de cotisation ou le report
de l’âge légal de départ à la retraite se traduisent en pratique par une
pension réduite pour le plus grand nombre.

 

3)   
Les jeunes seront-ils victimes des mesures
envisagées ?

 

La solidarité intergénérationnelle a deux aspects.
D’une part, les actifs financent le système de retraite et, d’autre part, les
salariés âgés laissent leur place dans l’emploi aux nouvelles générations. Ce
dernier aspect est particulièrement important en période de stagnation
économique. Décaler l’âge de départ à la retraite revient à préférer entretenir
le chômage des jeunes plutôt que de payer des retraites. La retraite par
répartition repose sur un double contrat implicite. Le travail fourni par la
génération qui part à la retraite bénéficie à la génération suivante et cette
dernière prend en charge les retraités. Ainsi chaque génération monte sur les
épaules de la précédente et la création de richesse est partagée entre actifs
et retraités. C’est ce contrat intergénérationnel que le gouvernement et le
patronat tentent de détruire puisque les personnes âgées seront maintenues de
force en activité (en emploi mais très souvent au chômage), bloquant ainsi
l’entrée des plus jeunes, tout en les empêchant d’assurer leur rôle vis-à-vis
de leurs ainés.

 

4)    Les
fonctionnaires sont-ils des privilégiés ?

 

Le taux de remplacement (le rapport entre la retraite et le salaire) est
similaire entre privé et public. Le COR indique ainsi : « Les taux de
remplacement nets sont, en première analyse, du même ordre de grandeur pour les
anciens salariés du secteur public et pour les anciens salariés du secteur
privé nés en 1942, de l’ordre de 74-75 % pour la médiane » (fiches pour le
débat, COR, 2013). Le mode de calcul de la retraite est différent dans le privé
et dans le public, mais cela aboutit à un résultat similaire. Dans le secteur
privé, la pension de base (à laquelle se rajoute une retraite complémentaire)
est calculée sur les 25 meilleures années et les primes sont prises en compte.
Dans le public, c’est le salaire des 6 derniers mois, mais les primes ne sont
pas prises en compte. Le gouvernement actuel, comme les précédents, laisse
entendre que les fonctionnaires sont « privilégiés » parce qu’on calcule
leur pension sur leur rémunération de fin de carrière, l’idée sous-jacente
étant de légitimer une possible modification du calcul (le rapport Moreau
évoque un passage aux 10 dernières années). Une telle mesure entraînerait une
baisse immédiate de la pension des fonctionnaires.

À l’inverse, appliquer un calcul sur les 6 derniers mois aux salariés du
privé aurait un effet désastreux sur leurs pensions ! D’une part, les carrières
du privé ne sont pas ascendantes comme celles des fonctionnaires : ce sont
souvent des carrières en « cloche » notamment pour les moins qualifiés, ce qui
veut dire qu’ils ne perçoivent pas leurs meilleurs salaires en fin de carrière.
D’autre part, plus de la moitié des salariés du régime général, qui à 50 ans
étaient en emploi, n’y sont plus à l’âge légal de départ en retraite (62 ans).
Ils sont au chômage, en préretraite ou sont redevenus inactifs (en particulier
les femmes). Calculer leur pension sur leur revenu de fin de carrière serait
une catastrophe pour eux et pour elles. C’est d’ailleurs pour cela que dans le
régime général on calcule la pension sur les « meilleures années ». Pour
améliorer les pensions du privé, il faut les calculer non plus sur les
vingt-cinq meilleures années comme actuellement, mais revenir aux dix
meilleures comme avant la contre-réforme Balladur de 1993. Cette mesure est, de
plus, indispensable pour limiter la pénalisation des carrières courtes.

 

5)   
Les retraités sont-ils si riches ?

 

Les retraités sont eux aussi présentés comme des privilégiés par rapport
aux actifs. Or, leur niveau de vie moyen est inférieur à celui des actifs, ou
seulement équivalent lorsque sont intégrés les loyers imputés[1]
et les patrimoines. Cela n’est d’ailleurs qu’une moyenne, qui ne rend pas
compte du fait que ce sont les tranches de revenus les plus élevés qui
concentrent les revenus du patrimoine. Si le taux de pauvreté est aujourd’hui
le même pour les actifs et les retraités (10,2 % en 2010), celui des retraités
est en augmentation, passé de 8,5 % en 2004 à 10,2 % en 2010 avec, comme le
remarque le rapport Moreau, une hausse encore plus forte pour les plus de
75 ans, et « au sein de cette population les femmes isolées (notamment les
veuves) sont surreprésentées ».

Les retraités ont été touchés par les effets cumulés des contre-réformes
passées, et cela va continuer dans l’avenir. Le COR prévoit qu’à l’horizon 2060
le niveau relatif des pensions par rapport à celui des actifs va encore
diminuer de 15 à 25 % selon les scénarios économiques. L’argument qui consiste
à faire payer les retraités au prétexte qu’ils seraient plus riches que les
actifs n’est donc pas fondé. Mais, au-delà, la question fondamentale est de
savoir si les salariés doivent voir leur niveau de vie baisser au moment où ils
partent en retraite. De fait, les discours patronaux et gouvernementaux
considèrent que cela doit être le cas. Au contraire nous considérons que la
pension doit être la continuation du salaire, ce que le régime général de la
Sécurité sociale admet en calculant le montant de la retraite sur les
meilleures années de salaire, même si le nombre de ces années a fortement
augmenté depuis 1993.

 

6)    Y aura-t-il
trop de retraités et pas assez d’actifs 

 

Les projections démographiques ne sont pas des
vérités scientifiques et sont basées sur des hypothèses concernant plusieurs
paramètres (fécondité, chômage, taux d’activité des hommes et des femmes, etc.).
Déjà, depuis les années 1990, les projections ont beaucoup varié. Ainsi, tous
les rapports officiels prévoyaient un effondrement de la natalité. Il n’en a
rien été. Jusqu’à récemment, les mêmes rapports prévoyaient un effondrement de
la population active dans le futur. Les dernières prévisions de l’Insee font
maintenant apparaître une augmentation de la population active jusqu’en 2015
puis une stabilisation par la suite. En outre, certaines hypothèses retenues
pour l’évolution de la population active sont régressives : rien ne
justifie en effet de projeter, dans la tranche de 25 à 49 ans, un taux d’emploi
des femmes inférieur de plus de 10 points à celui des hommes si ce n’est
renoncer à toute politique visant l’égalité entre les femmes et les hommes. De
marges de manœuvre existent pourtant dans ce domaine, et un niveau d’emploi
égal entre les femmes et les hommes signifierait un nombre d’actifs supérieur
de 5 % a minima.

De plus, le ratio qui rend compte de la
« charge » globale qui pèse sur les actifs occupés, celui des
personnes hors emploi rapporté aux personnes en emploi, ne connaît aucune
dégradation notable par rapport aux décennies passées. 

 

7)    Pourra-t-on
financer les retraites ?

 

Les difficultés de l’économie française ne sont pas dues au coût du
travail mais au coût exorbitant que fait subir le capital à la société. En
trente ans de néolibéralisme, la part dévolue aux dividendes a augmenté de 5
points de pourcentage de la valeur ajoutée des entreprises, aux dépens des
salaires et de la protection sociale. Et malgré la crise, les dividendes
continuent d’augmenter. En 2012, les entreprises ont distribué 230 milliards de
profits, ce qui représente un « surcoût » du capital de 100 milliards
par rapport aux « normes » des années 1970-1980. Or le COR indique
qu’il faudrait un point de PIB supplémentaire par an à l’échéance 2020 pour
équilibrer le système de retraite, ce qui correspond à 2 points de prélèvement
supplémentaire sur les revenus d’activité.

Il est donc possible de relever progressivement les cotisations
patronales en baissant en parallèle les dividendes versés aux actionnaires. De
plus, il serait aussi possible de soumettre à cotisation les dividendes
distribués. L’investissement productif ne serait ainsi pas touché et cette
mesure n’aurait pas d’impact sur les prix. La sacro-sainte compétitivité des
entreprises serait donc épargnée. Mais il est vrai, et c’est là que le bât
blesse, cela suppose un « choc de répartition » et non un choc de
compétitivité. Bref, des solutions existent à condition de rompre avec les
politiques actuelles et la logique d’un capitalisme financier prédateur.

 

8)   
Quel modèle de société se profile derrière les
retraites ?

 

Le débat politique et citoyen sur les retraites doit
montrer que l’enjeu est un véritable choix de société, et cela sur plusieurs
plans. Il y a d’abord une dimension de répartition juste de la richesse
produite, entre groupes sociaux d’une même génération et entre les générations.
Mais, au-delà de la question du financement, un système de retraites indique
dans quel sens veut s’orienter la société : maintenir les uns au travail
et les autres au chômage ou bien permettre à tous de dégager du temps pour soi,
pour créer de la sociabilité, pour participer à la vie de la cité sous tous ses
aspects, dans et hors de l’acte productif ?

L’enjeu de l’émancipation se joue aussi dans le
travail lui-même, et elle doit être pensée simultanément dans toutes les
sphères de l’existence, en liaison avec la transformation des finalités et de
la structure de la production. Le travail, durant toute la vie dite active et
dans tous les secteurs, doit donc être transformé, afin de le soustraire à la
logique de la rentabilité, à l’impératif de compétitivité – sous-entendu
d’intensification –, au stress et aux conditions dégradantes. Mais, en
parallèle, la pénibilité actuelle de nombreux métiers doit être reconnue – en
veillant à ne pas oublier celle qui caractérise les métiers féminins – et prise
en compte dans les conditions d’accès à la retraite, notamment par des
bonifications automatiques sous forme de trimestres gagnés, pour compenser en
urgence les inégalités d’accès en retraite en bonne santé. Faire reculer
l’aspect de marchandise du travail est devenu un enjeu vital, qui n’est pas
sans rapport avec la définition d’autres finalités pour la production de biens
et services.

Enfin, la crise écologique nous conduits à moins
fonder le financement des retraites et de la protection sociale dans son
ensemble sur l’augmentation de la production future que sur la qualité de
celle-ci, dont un critère essentiel est l’utilité sociale, et sur son partage,
afin de bâtir un modèle de développement vraiment soutenable. Fonder un système
de retraites solidaire renvoie donc à la place du travail dans la société et
dans la vie de chaque individu. La retraite ne doit pas être la compensation
d’un travail aliénant pendant toute une vie : le travail et ses finalités
doivent être profondément transformés, car la qualité du travail et celle de la
production vont de pair. La retraite sera d’autant mieux un temps de vie digne
que la période de travail aura été émancipée des principales oppressions et
dominations. Travailler moins, travailler autrement, et vivre mieux, pendant la
vie active et pendant la retraite, tel est le condensé de la bataille sur les
retraites que nous devons encore engager.

 

Pour
approfondir :

Attac
et Fondation Copernic, Retraites :
l’alternative cachée
, Paris Syllepse, 2013




APPEL UNITAIRE

Refusons les régressions sociales

Lors de la Conférence sociale du 20 juin,
François Hollande a annoncé que, dans le cadre de la prochaine réforme des
retraites, l’allongement de la durée de cotisation sera « la mesure la plus
juste » face à « cette chance formidable qu’est l’allongement de l’espérance de
la vie ». Cette voie n’est pas acceptable. Les réformes de 1993, 2003, 2007 et
2010 ont déjà réduit les droits à pensions de plus de 30 %, en aggravant les inégalités
déjà fortes entre les pensions des femmes et celles des hommes. Elles doivent
donc être remises en cause.

 

« On vit plus vieux, il faut donc travailler
plus longtemps », tel est l’argument qu’on nous rabâche. Mais on oublie de préciser
qu’augmenter la durée de cotisation, c’est en réalité programmer la baisse des
pensions. Baisse immédiate pour tous ceux – chaque année plus de la moitié des
nouveaux retraités – qui passent directement du chômage, ou de l’inactivité, à
la retraite, et qui ne pourront jamais atteindre cette durée. Baisse à venir
pour les nouvelles générations entrées plus tard dans la vie professionnelle du
fait de l’allongement des études et qui connaissent déjà un chômage massif,
aggravé par l’incitation faite aux seniors qui le peuvent de prolonger leur
activité. On oublie aussi de rappeler que l’allongement de la durée de
cotisation et la décote pénalisent plus fortement les personnes aux carrières
courtes, en majorité des femmes. 

L’espérance de vie augmente, mais l’espérance
de vie en bonne santé, elle, diminue depuis plusieurs années. La souffrance au
travail se développe, de nouvelles pathologies apparaissent. Les plus dures années
au travail sont entre 60 et 65 ans. Les meilleures années de la retraite sont
entre 60 et 65 ans. L’allongement de la durée de cotisation, c’est la double
peine. Nous ne pouvons pas l’accepter.

 

L’austérité sans fin est suicidaire

Le gouvernement justifie cette nouvelle réforme
par l’allongement de la durée de vie. Mais le déficit actuel ne doit rien au
vieillissement de la population. Il s’explique par la récession qui se creuse
en Europe, détruit des millions d’emplois et diminue les cotisations sociales
induites par l’emploi. Cette récession provient essentiellement des politiques
de réduction des dépenses publiques et de baisse du « coût du travail » menées
partout en Europe par les gouvernements en accord avec la Commission.  

Si, comme cela semble être le cas, le
gouvernement inscrit la réforme dans le cadre de ces politiques, il ne pourra
que retenir des pistes entraînant une nouvelle baisse du niveau des pensions.
Ce qui diminuerait encore le pouvoir d’achat des retraités, aggraverait la récession
et entraînerait une nouvelle hausse du chômage. Sans qu’au bout du compte les déficits
ne soient  réduits !

 

Il est possible de faire autrement

L’augmentation de l’espérance de vie ne date
pas d’aujourd’hui. Par le passé, elle s’est accompagnée d’une diminution du
temps passé au travail et d’une amélioration du niveau de vie, grâce à un
partage de la richesse produite. C’est à nouveau la voie à suivre.

Pour augmenter le volume des cotisations
sociales, il faut en finir avec l’austérité, relancer l’emploi par une réduction
du temps de travail, une sécurisation de l’emploi, de la formation et du
revenu, une augmentation des minima sociaux, une politique audacieuse d’investissement
en matière sociale et écologique. Une voie supplémentaire, toujours négligée,
pour répondre au besoin de financement des retraites, est la réalisation de l’égalité
professionnelle entre les femmes et les hommes, à la fois par l’accroissement
du taux d’activité des femmes, la suppression des inégalités salariales et la
lutte contre le temps partiel subi. Il s’agit là de choix politiques de justice
et de solidarité.

Il y a plus de retraité-es ? A moins de décréter
leur paupérisation, il est normal de financer leurs retraites en augmentant
leur part dans la richesse produite. Selon le Conseil d’orientation des
retraites, il faudrait, à législation inchangée, un point de PIB supplémentaire
en 2020 pour équilibrer le système de retraite alors que la part des salaires a
chuté d’environ 6 points au cours des dernières décennies en faveur des
dividendes.

 

Pour une large mobilisation citoyenne

La question des retraites pose celle de la
société dans laquelle nous voulons vivre. La retraite à 60 ans par répartition
n’est pas un fardeau, elle est une transmission continue et solidaire de la
prise en charge d’une génération par la suivante. C’est pourquoi elle dépend
aussi de l’avenir que la société sera capable d’offrir aux jeunes générations.
Nous ne pouvons accepter la paupérisation programmée des futurs retraité-es, la
destruction des solidarités sociales, l’idéologie absurde du « travailler
toujours plus » dans une société productiviste et inégalitaire. Cet engrenage
favorise l’extrême droite et menace à terme la démocratie. Comme en Europe du
Sud et dans bien d’autres pays du monde, la société doit se mettre en
mouvement. Pour y contribuer nous organiserons partout des réunions, des
initiatives de rue, des ateliers d’éducation populaire et nous soutiendrons les
initiatives prises par le mouvement syndical. Nous voulons un système de
retraites solidaire. 

Pas un trimestre de plus, pas un euro de
moins !

 

Premiers signataires

Gérard Aschieri (président de l’institut de la FSU) – Clémentine Autain
(FASE) – Ana Azaria (Femmes Egalité) – Marinette Bache (Résistance sociale) –
Guillaume Etiévant (économiste) – Fatima-Ezzahra Benomar (Les Effronté-e-s) –
Michel Barthélémy (CEMS-IMM CNRS) – Nicolas Belorgey (sociologue, CNRS) –
Nicolas Béniès (économiste) – Gérard Berthiot (vice-président PS de la région
Champagne Ardenne) – Sophie Béroud (politiste, université Lyon 2) – Jean Bigot
(producteur de cinéma) – Martine Billard (co-présidente du Parti de Gauche) – Bernard
Bosc (Réseau Féministe Ruptures) – Jean-Jacques Boislaroussie (les Alternatifs)
– Gérard Billon (CGT) – Jean Marc Canon (secrétaire général UGFF CGT) – Bernard
Cassen (Mémoire des luttes) – Nadine Castellani (secrétaire nationale
CGT-Educ’action) – Jean-Claude Chailley (Résistance sociale) – Isabelle
Charpentier (sociologue, université Versailles-Saint Quentin) – Chantal Charvy
(Femmes Egalités) – Gérard Chaouat (Bureau national SNCS FSU) – Philippe
Corcuff (sociologue, IEP de Lyon) – Laurent Cordonnier (économiste Lille 1) –
Annick Coupé (secrétariat national de l’Union syndicale Solidaires) – Thomas
Coutrot (économiste) – Alexis Cukier (Editions La Dispute) – Isabelle De
Almeida (présidente du Conseil National du PCF) – Marielle Debos (politiste, université
Paris Ouest Nanterre) – Claude Debons (syndicaliste) – Bernard Defaix
(Convergence de Défense des services publics) – Laure Delair (Vice Présidente
de l’UNEF) – Christophe Delecourt (CGT Finances) – Karima Delli (députée
européenne EuropeEcologie/Les Verts) – Monique Dental (Réseau Féministe
Ruptures) – Ivan Dementhon (président de l’Union Nationale Lycéenne) – Patrick
Désiré (secrétaire général de la CGT-Educ’action) – Michèle Dessenne
 (M’PEP porte parole national) – Jean-Michel Drevon (Etats Généraux du
Service Public) – Paul Dirkx (sociologue, université de Lorraine) – Denis
Durand (CGT Banque de France) – Cédric Durand (économiste, université Paris 13)
– Philippe Enclos (juriste, université Lille 2) – Anne Eydoux (économistes
atterrés) – Anne Féray (Secrétaire Nationale de la FSU) – Gwenaëlle Ferré
(CNDF) – Jacqueline Fraysse (Député des Hauts de Seine FASE-Gauche citoyenne) –
Gerard Gueniffey (retraité CGT) – Jérôme Gleizes (économiste, université Paris
13) – Jean-Marie Harribey (ATTAC) – Clémence Helfter (militante d’Osez le
féminisme !) – Gérad Filoche (membre du Bureau National du PS) – Bertrand Geay
(politiste, université de Picardie) – Guillaume Floris (Gauche Anticapitaliste)
– Cyril Gispert (agrégé d’économie) – Lucas Gomez (Les Effronté-e-s) –
Bernadette Groison (Secrétaire Générale de la FSU) – Elsa Hardouineau
(trésorière nationale de l’Union Nationale Lycéenne) – Nordine Idir (Secrétaire
général du MJCF) – Lucien Jallamion (secrétaire général de République et
Socialisme) – Wandrille Jumeaux, (Secrétaire fédéral des Jeunes Écologistes) –
Nicolas Jounin (sociologue, université Paris 8) – Marianne Journiac
(porte-parole de République et Socialisme) – Pierre Khalfa (co-président de la
Fondation Copernic) – Razmig Keucheyan (sociologue, université Paris 4) –
Lucile Koch-Schlund, (Secrétaire fédérale des Jeunes Écologistes) – Michel
Koebel (sociologue, université de Strasbourg) – Bernard Lacroix (politiste,
Institut Universitaire de France) – Rose-Marie Lagrave (sociologue, EHESS) –
Véronique Lamy (porte-parole PCOF) – Pierre Laurent (secrétaire national du
PCF) – Jacques Le Bohec (professeur de sciences de la communication, Lyon 2) –
Isabelle Le Roux-Meunier (CGT Banque de France) – Alain Lipietz (économiste
EuropeEcologie/Les Verts) – Wenceslas Lizé (sociologue, université de Picardie)
– Marc Mangenot (économiste) – Jean-Claude Mamet (Convergences et Alternative)
– Alain Marcu (secrétariat d’AC) – Nathalie Marcu (les Alternatifs) – Olivier
Masclet (sociologue, université Paris 5) – Lilian Mathieu (sociologue CNRS) –
Philippe Marlière (politiste, université de Londres) – Myriam Martin (Gauche
Anticapitaliste) – Christiane Marty (Bureau de la Fondation Copernic) – Gustave
Massiah (fondateur d’IPAM) – Gérard Mauger (sociologue, CNRS) – Jean-Luc Mélenchon
(co-président du Parti de Gauche) – Olivier Michel (informaticien, université
Paris Est) – Catherine Mills (rédactrice d’Economie et Politique) – Jean-Marie
Monnier (économiste Paris 1) – Christian de Montlibert (sociologue, université
de Strasbourg) – Julie Muret (porte-parole d’Osez le féminisme !) – Corinne
Nativel (géographe, université Paris Est) – Toni Negri (philosophe) – Frédéric
Neyrat (sociologue, université de Limoges) – Jacques Nikonoff   (M’PEP
 porte parole national) – Martine Noël (CADAC) – Daniele Obono
(Convergences et alternatives) – Alain Oriot (Editions du Croquant) – Ugo
Palheta (sociologue, université Lille 3) – Roland Pfefferkorn (sociologue,
université de Strasbourg) – Willy Pelletier (sociologue, université de
Picardie) – Matthias Perez (secrétaire académique de la CGT Educ’action
Créteil) – Jean-Marie Pernaut (IRES) – Michel Pialoux (sociologue, CNRS) –
Christian Pierrel (porte-parole PCOF) – Christine Poupin (porte-parole du NPA)
– Philippe Poutou (porte-parole du NPA) – Frédéric Rauch (rédacteur en
 chef d’Economie et Politique)  – Suzy Rojtman (CNDF) – Michel
Rousseau (Marches européennes contre le chômage) – Henri Sterdyniak
(économistes atterrés) – Maya Surduts (CADAC) – Baptiste Talbot, (secrétaire
général, fédération des services publics CGT) – Patricia Tejas (CGT Finances) –
Sylvie Tissot (sociologue, université Paris8) – Christian Topalov (sociologue,
CSU) – Marie-Pierre Toubhans (porte-parole de Gauche Unitaire) – Stéphanie
Treillet (Convergences et alternatives) – Marcel Trillat (réalisateur) –
Aurélie Trouvé (ATTAC) – Denis Turbet-Delof (secrétariat national de l’Union
syndicale Solidaires) – Janine Vaux (Convergence de Défense des services
publics) – Christophe Ventura (Mémoire des luttes) – Christophe Voilliot (politiste,
université Paris Ouest Nanterre) – Louis Weber (responsable éditorial) –
Laurent Willemez (politiste, université Versailles St Quentin) – Emmanuel
Zemmour (président de l’UNEF).



[1] L’équivalent de loyers
fictifs est ajouté au revenu des personnes propriétaires de leur logement.



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