Chaque année a lieu la procession,
organisée par l’Archiconfrérie de la Sanch de Perpignan, qui réunit des
centaines de personnes dans les rues de Perpignan.
(1)
Cette
cérémonie religieuse se déroule dans nos rues avec l’agrément de la
mairie sans que personne ne manifeste aucune réaction quant à la tenue
d’un tel défilé. Célébrer la souffrance de Marie
accompagnant son fils sur le chemin de croix ne me gêne pas dans la
mesure où chacun fait ce qu’il veut, tant qu’il reste chez lui dans
l’espace privé.La loi, adoptée le 11 octobre 2011
par nos députés, porte officiellement sur l’interdiction de dissimuler
son visage dans l’espace public. Le texte vise
clairement le voile intégral que portent certaines femmes
musulmanes : la burqa, telle qu’elle se voit surtout en Afghanistan, et
surtout le niqab, qui ne laisse apparaître qu’une fente pour
les yeux. Foulards, écharpes, lunettes et chapeaux sont acceptés,
tant qu’ils n’empêchent pas d’identifier le visage. Ainsi que le casque
intégral pour les usagers de deux-roues ou… le masque
pour les escrimeurs !Le voile intégral est interdit sur la
voie publique et dans tous les lieux ouverts au public ou affectés à un
service public, comme l’école (où le port de signes
religieux ostentatoires est banni depuis 2004), les mairies,
préfectures, tribunaux, hôpitaux, musées, bibliothèques, stades et
transports collectifs. La loi inclut aussi les parcs, plages,
commerces, restaurants, cinémas et théâtres. Rien n’interdit en
revanche de porter le voile dans des lieux de culte, à leurs abords et
évidemment à la maison. En voiture, il est permis sauf si
l’on conduit.La
procession de la Sanch nous prouve aujourd’hui que cette loi ne visait
qu’à discriminer et montrer du doigt la population
musulmane de notre pays. Une loi à deux vitesses dont l’objectif
premier pour le gouvernement est de séduire l’électorat frontiste de
Marine le Pen. Chacun d’entre nous reconnaît aujourd’hui
l’inutilité d’un tel dispositif législatif.
La loi de 1905 était largement suffisante…
Farid Mellal
Le texte sur le blog de Farid MellalCe texte a été mis en ligne sur le site de Bellaciao. Voir ici.
Commentaire d’Antoine (comité NPA du Pic-Saint-Loup)
Ce texte, au demeurant judicieux, oublie de préciser que, selon la loi, « les processions religieuses, dès lors qu’elles présentent un caractère
traditionnel, entrent dans le champ des exceptions à l’interdiction
posée par l’article 1er. » Voir le site gouvernemental La République se vit à visage découvertCeci étant établi, nous retrouvons les conclusions de Farid Mellal et nous voyons que cette exception à l’application de la loi vise à donner à la religion chrétienne et à ses adeptes, au nom de la tradition, un privilège. Il s’agit bien d’une loi discriminatoire…
Une précision, au passage, concernant la thèse, défendue par certains, selon laquelle la religion étant une affaire privée n’aurait pas à s’exprimer publiquement : « Cette loi [de 1905] est tout entière résumée dans son article
premier : « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le
libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans
l’intérêt de l’ordre public». Ce libre exercice est régulé dans les
articles 3 et 4, mais on voit dès l’article 1 qu’il est présumé public.
Il suffit de lire le premier article pour s’apercevoir que les clichés –tout
nouveaux—qui circulent partout sur le caractère prétendument « privé », voire
« intime » que devraient avoir les religions sont une série de contresens et de
non-sens. Ces contresens ne sont possibles qu’en raison de la polysémie de
« public ». La religion pour n’être évidemment pas d’Etat, n’est pas pour autant
« privée » au sens de « privée d’expression publique » : car la liberté de
conscience garantie par la loi implique la liberté d’expression, et parce que
l’espace public n’appartient pas à l’Etat. »Tiré de Il existe déjà un code de la laïcité (par Christine Delphy)
On peut, tout à fait laïquement, défendre le droit des croyants à exprimer publiquement leur foi et mener une critique des religions et des « Eglises ».
25 avril : « Entre célébrations pascales publiques et coming out de célébrités, les croyants affirment leur désir de visibilité » (Libération. Ci-dessous d’autres extraits significatifs de ce droit,
reconnu sans réserve aux catholiques, puisque c’est d’eux qu’il s’agit en ces temps de fête pascale, d’investir l’espace public)« Le catholicisme est-il en train de ressusciter ? Les catholiques
n’hésitent plus en tout cas à sortir des catacombes pour proclamer leur
foi urbi et orbi. Chez les people, le «coming out catho» est très in. […]Ce week-end de Pâques plusieurs diocèses ont organisé des célébrations
dans l’espace public, hors les murs des églises et des temples. […]Désormais les catholiques se montrent. […] » (C’est nous qui soulignons)
Tiré de Les catholiques font entendre leur foi
A lire
Perpignan : Orage sur la Procession de la Sanch (L’Indépendant)
Poussan (Hérault) Mère voilée interdite de collège : premier couac de la loi anti-niqab (Rue89, 6 avril)
(1) Illustration : Sanch_perpignan_2007_(18).jpg