Mouvement de retrait dans les écoles : zoom sur la situation à la Paillade



 Pour
le Front de Gauche, 5 « actrices » du quartier analysent le mouvement
de protestation contre l’expérimentation du programme « ABCD de l’égalité »
dans les écoles de Montpellier, notamment à La Paillade

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L’ABCD de l’égalité est un programme de l’éducation nationale expérimentée dans 10 académies dont celle de Montpellier. Il vise notamment à lutter contre les stéréotypes qui se mettent en place très tôt sur les rôles des filles et des garçons :  “C’est à l’école, et dès le plus jeune âge, que s’apprend l’égalité entre les sexes.L’apprentissage de l’égalité entre les garçons et les filles est une condition nécessaire pour que, progressivement, les stéréotypes s’estompent et d’autres modèles de comportement se construisent. Basée sur le respect de l’autre sexe, cette éducation à l’égalité implique aussi la prévention des comportements et violences sexistes.”     

Plus d’informations sur ce programme : http://www.cndp.fr/ABCD-de-l-egalite/accueil.html      ou sur café pédagogique

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Mouvement
de retrait des enfants des écoles du 30 janvier

En
protestation contre l’expérimentation du programme ABCD de l’égalité

Zoom sur la situation à la
Paillade

 

 Pour le Front de Gauche, 5
« actrices » du quartier analysent le mouvement de protestation
contre l’expérimentation du programme « ABCD de l’égalité » dans les
écoles de Montpellier, notamment à La Paillade.

 

 
    Ce mouvement touche principalement
la Paillade et le Petit Bard .

Les autres quartiers populaires  ne sont pratiquement pas touchés:
exemple: la cité gély  et le quartier Pas du Loup ..

2° –   Le mouvement de retrait est très fort, il touche
presque toutes les écoles : 5 à 40% à la Paillade, de 25 à 50 % aux Hauts de
Massane, environ 30 % au Petit Bard, donc,
bien au-delà des écoles concernées par
“l’expérience ABCD” .

         Rappelons qu’il
s’agit d’une 1ère année d’expérimentation du dispositif par quelques classes de
l’académie dans lesquelles les enseignants se sont portés volontaires. La
formation des enseignants concernés débute et une évaluation de l’expérimentation
aura lieu en fin d’année scolaire.

       Dans la semaine qui a précédé la journée de retrait du 30
janvier, de nombreux parents sont venus chercher des informations dans les
écoles. Malgré les explications sur la réalité du dispositif, les parents ont
dit “ne pas croire les enseignants, qui ne font qu’obéir à leur
hiérarchie”. Leur préoccupation porte, non sur l’ABCD de l’égalité qu’ils
ont bien compris, mais sur le supposé programme d’initiation à la sexualité et
à l’homosexualité pour les enfants de maternelle et d’élémentaire.

    Le début du mouvement date de novembre
2013. (voir ici)
De nombreux parents inquiets s’étaient déjà renseignés auprès des enseignants,
autant dans les écoles élémentaires que maternelles où il n’y avait pas
l’expérimentation. Les enseignants (un par un) avaient alors fait un travail
énorme d’explication aux parents. Cela n’a pas été suffisant,  d’autant
plus qu’à ce moment là l’inspection académique a interdit toute réunion
avec les parents à ce sujet.( !!)

 

   C’est une
vague de fond qui s’exprime maintenant:

       Un mécontentement qui se
développe dans un contexte de crise aigüe dans les quartiers,
(chômage, pauvreté, illettrisme), sur un fond de montée du religieux
, montée des intégrismes et de l’islamophobie et montée de l’extrême
droite..

        Le terreau où se développe ce mécontentement est l’incompréhension des parents (la majorité
de la population du quartier) vis à vis de l’éducation nationale  et
vis versa.

       Cette incompréhension 
est due :

       – au manque d’information des
parents sur ce qui se travaille dans l’école en terme apprentissages.

       – au manque de moyens des
parents pour accéder à ces informations: analphabétisme
, illettrisme,et manque de  confiance
en soi

       – au manque de connaissances
jusqu’à l’ignorance des professeurs au sujet des conditions de vie du quartier  où ils  exercent.

       – au manque de moyens donnés
aux professeurs pour rencontrer les parents sur le temps de travail : réunions  d’information sur les enjeux de l’école,
concertation et explicitation de l’éducation sur les parts  respectives de l’école et de la famille,
formation à la communication …..

 

    Ainsi
cette méconnaissance peut se transformer vite en défiance
de part et
d’autre, chacun considèrant l’autre à travers des clichés et les stéréotypes
diffusés par les médias, et au pire, au moindre  conflit, comme un adversaire.

      A tous
les niveaux de la hiérarchie de l’éducation nationale, les responsables sont à
mille lieux de ces réalités et n’ont pas pris la mesure du fossé qui sépare
l’institution scolaire des familles.

      Le
mécontentement et la défiance ont démarré au moment de l’interdiction du voile
pour les mères accompagnant  les
sorties de classe, et ne fait que s’amplifier depuis, même si
“individuellement”  la plupart des  professeurs des écoles ont de bonnes relations avec les parents.


      Téléguidée
par l’extrême droite alliée aux intégristes religieux, la rumeur est amplifiée
par des personnalités locales de la mosquée (que les parents écoutent),
certains  cours de coran et
d’arabe.

      Via sms, emails et diffusion de tracts
devant les écoles, elle fait croire aux parents qu’ils sont dépossédés de
l’éducation de leurs enfants.

 

      L’éducation
nationale ne prévoit toujours pas de journées “banalisées (sans cours)
” pour informer les parents ,
au contraire, le ministre
Vincent Peilllon, demande de “convoquer les parents”, comme des
délinquants. Or, il est très difficile pour les professeurs des écoles, épuisés
et démoralisés, en plus de leur journée d’enseignement, école par école, parent
par parent, de faire – encore – l’information.



       
L’éducation nationale ne le faisant pas, nous, en tant que citoyen-ne-s,
nous nous devons d’organiser les réunions nécessaires à l’information de la
population du quartier.

       La majorité des habitants du
quartier Mosson étant composée de parents ou proches d’enfants scolarisés,
c’est tout un quartier qui est concerné par cette question de société  qui
traverse aujourd’hui l’école. Ce sont bien les forces les plus conservatrices
du pays qui sont à l’œuvre, et qui manipulent les populations les plus faibles
qui n’ont pas les moyens de s’informer par elles-mêmes pour construire leur
propre avis.

 

  
A suivre…


Nous appelons avec d’autres organisations à  un rassemblement contre les discriminations samedi 08 février 14h Comédie (prêt office du tourisme) 


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