Montpellier. Squat Luttopia 002 face à une menace d’expulsion



Le
squat Luttopia 002 a reçu le 20 janvier par huissier un avis d’expulsion sous
24h sans même de proposition de relogement pour ceux qui relèvent du droit au
logement. En pleine trêve hivernale ! 
 Ils sont une soixantaine en ce moment
qui ont besoin de soutien.

 




Le squat Luttopia 002 a reçu le 20 janvier par huissier un avis
d’expulsion sous 24h sans même de proposition de relogement pour ceux qui relèvent
du droit au logement. En pleine trêve hivernale !

Ils sont une
soixantaine en ce moment qui ont besoin de soutien.

Ils auraient  besoin d’avoir en permanence une présence
physique 
de militant-e-s, des gens qui passent suivant leurs dispos  et
restent un peu ou pas , pour qu’il y ait toujours une présence du matin dès 6h
jusqu’au soir  en turn over,  afin de  montrer qu’ils ne sont
pas isolés. Il faut qu’il y ait toujours des témoins, pour appeler presse, et réseaux
si il y a expulsion.

N’expulsez pas le squatt Utopia 002.




Expulsés
une première fois juste avant la trêve hivernale, ils vont être expulsés cette
fois d’un bâtiment public, les anciens locaux désaffectés depuis des années de
la DDASS, propriété du Conseil général.
80
personnes rejetées à la rue en plein hiver.

Et
pourtant, ils n’ont fait que mettre en œuvre un rêve. Ecoutons leur voix :

“UTOPIA
001 c’était le rêve de pouvoir construire un projet entre précarisés,
travailleurs sans domicile, familles réfugiées, étudiants. Le but étant de
pouvoir prendre soin les uns des autres, de se former, s’informer, et subvenir
solidairement à nos besoins fondamentaux : Un accès au logement, à la santé, à
l’alimentation, à la culture, à un travail.

Les
hébergements d’urgences sont saturés, en incapacité structurelle de prendre en
compte des gens qui devraient rentrer dans leurs dispositifs ; qui souhaitent
s’en sortir ensemble avec le soutien de la société civile. « Pour ne pas
crever, garder notre dignité et faire notre devoir de citoyen ».

Accès
à la langue française, échange des savoirs, des expériences, des pratiques :
tant de choses qui amènent des gens de tous horizons à se comprendre. Mais
aussi interagir et réussir à exercer leurs responsabilités citoyennes.

L’expérience
d’UTOPIA 001 avait pourtant démontré l’intérêt de telles pratiques, et espaces
de vies. Nous étions dans les locaux de l’ordre des avocats, ce que nous
pouvions y faire participait à sauver des vies.

UTOPIA
002, 85 rue d’Assas à Montpellier. Après avoir passé un mois d’errance auprès
de notre réseau d’une nuit sur l’autre, à droite ou à gauche. C’est un nouveau
départ. Les cours de langue reprennent, des répétitions, des ateliers, pourquoi
pas des cours d’écriture, certains envisagent même de raccrocher avec des
formations diplômantes.

On
était en survie, on essaie à nouveau de s’en sortir de nouveau ensemble. De
plus, c’est un bâtiment public, on ne gêne personne. Comme à notre habitude,
nous avons sympathisé avec les habitants du quartier.

Confrontés
à la justice, nous sommes encore naïfs, on s’imagine que celle-ci est
équitable. Et que du fait de notre précarité, on nous laisserait le temps pour
pouvoir nous défendre. Premièrement d’avoir droit à un procès juste (Pendant
les fêtes, donc des avocats en vacances.). Préparer correctement une défense.
Produire 35 dossiers juridiques justifiant de la situation de chacun par 10
degrés à l’intérieur des murs de la DDASS est un vrai challenge. Malgré cela,
nous restions naïfs,nous disant quand même, qu’on se ferait pas foutre dehors
durant le mois de Janvier/Février…

 Les
populations précarisées et marginalisées aujourd’hui, subissent toujours plus
d’insultes et d’amalgames. Quand on bosse 39h par semaine, qu’on n’atteint pas
le smic, qu’on soit : sans domicile fixe, mal-logés, ou en insécurité
permanente nous sommes toujours victime de la stigmatisation, des préjugés et
de l’indifférence. Parfois tout à la fois, voila le courage quotidien et
l’effort permanent qui nous est demandé ! Et ce, en gardant la tête baissée,
s’il vous plaît !

On
a participé à la manifestation du choc, puis à celle contre l’islamophobie,
vous l’avez compris nous sommes de tous les combats, contre toutes les formes
de discrimination et d’exclusion

Mardi
20 Janvier 2015, rendu de justice, on a 24h pour se trouver un bout de
trottoir.
Ensuite, les larmes, le sang,
l’abandon, la faim, la maladie de nouveau (la dernière expulsion avait entraîné
une épidémie de gale)

Promis
on va essayer de continuer à vous aimer, vous les gens qui dites comprendre et
soutenir, qui par votre action ou inaction vont à nouveau permettre un drame.

On
va sans doute encore perdre des camarades, trop malades pour continuer, trop
déçus pour croire encore en notre société ou trop en colère pour vous
comprendre.

Nous
montons sur l’échafaud à nouveau car nous essayons de vivre en prenant soin les
uns des autres. Nous montons sur l’échafaud à nouveau car on rend visible les
carences de l’Etat. Nous montons sur l’échafaud à nouveau car on veut rester
digne, la tête droite. Nous montons sur l’échafaud à nouveau car des précaires
qui se forment, s’organisent, qui sollicitent de l’aide, créent des
associations d’entraide, ça dérange…”


Signez ici la lettre à M; Vezinhet, président du conseil général de l’Hérault 

N’expulsez pas le squatt Utopia 002.

Ci-dessous un article paru sur notre site en novembre 2014 avec un interview de Gwen, une des animatrices du collectif :

Cela faisait 6 mois qu’une coordination d’une trentaine d’associations et d’individus occupait le 105, av de Lodève à Montpellier, en faisant un lieu de vie et de refuge (voirici sur notre site et ici le site du collectif)


sigleluttopia.png

Ce collectif a fait un travail social, administratif, culturel, d’accompagnement, de responsabilisation,  absolument exemplaire.  Mais les CRS sont venus les expulser le 23 octobre.

 Une expulsion dans la dentelle, comme ces chargements garants de l’ordre public savent si bien le faire (saccage des affaires personnelles, un bras et un nez cassés). (voir ici)

Outre la violence de l’expulsion, au lieu du mois habituel, un seul jour a été donné aux habitants du 105, pour déménager. Une seule journée pour déménager et stocker les affaires d’un bâtiment de près de 1 800 m2 logeant entre 95 et 105 personnes !

Dans cette situation d’urgence, Ensemble ! et le PC ont prêté leurs locaux pour que les personnes puissent dormir à l’abri. (voir ici la lettre de LUTTOPIA à celles et ceux qui ont aidé)

Gwen membre du collectif LUTTOPIA a bien voulu répondre à nos questions sur l’action et le devenir de cette coordination plus qu’utile dans la situation de crise et d’urgence sociale dans laquelle nous sommes.

 


1) Après ces 6 mois d’occupation quel rôle selon toi a joué le collectif LUTTOPIA dans une ville comme Montpellier où la question du logement est une question cruciale?

 

Depuis plus de 6 mois luttopia n’a fait que recevoir des personnes égarées, en rupture familiale, ou avec le système, des personnes qui n’ont pas leur place dans les cases de l’administration française.
Luttopia n’a fait que veiller à ce que chaque personne accueuillie ait accès à ces besoins vitaux et donc fondamentaux.


2) Quelle est la situation actuellement des personnes, des familles qui logeaient au 105 de l’avenue de Lodève ?

 

Aujourd’hui, 15 jours après notre expulsion nous avons mis en place un réseau de solidarité constitué de sympathisants et partenaires ; ce qui nous à permis d’assurer  une fois de plus un hébergement d’urgence pour tous. 
A ce jour mais depuis peu, 19 personnes sont assurées d’être à l’abris de manière pérenne. Les autres personnes (environ 30), sont actuellment mises en abris temporairement à l’église St Thérèse et d’autres chez des citoyens investis ou en soutien à la lutte.
Tout cela n’aurait pas été possible sans ces dynamiques collectives.

 

3) Comment le maire de Montpellier, l’Agglomération de Montpellier a réagi à votre expulsion ?

 

Les évènements ont suscités de vives réactions de nos partenaires, soutiens, sympathisants, et partis politiques, ou individus ; mais les élus ou institutions refusent de nous recevoir. Nos rassemblements devant la préfecture ou la mairie sont mal perçus, nous sommes face à des grilles fermées et des brochettes de CRS ou de flics ou les deux…
Des lettres au préfet et au maire ont été envoyées par nos partenaires, mais aucune réponse à ce jour.

4) La  question du logement est loin d’être réglée sur Montpellier, quelles perspectives pour LUTTOPIA, quelle suite après cette expulsion ?

 

Notre revendication première est la réquisition citoyenne. Nous combattons le gaspillage sous toutes ces formes.
photo1luttopia.pngConvaincus des défaillances du système, le mouvement LUTTOPIA perdurera dans le temps car il n’est pas dans les priorités de l’Etat de répondre à l’urgence sociale. Notre objectif à long terme consiste à réquisitionner tout logement vide tant qu’il y aura des gens à la rue. Faire en sorte que l’état respecte ces missions régaliennes de porter assistance à toute personne sur son territoire, faire respecter la constitution des droits de l’homme.

 

5) Lancez vous un appel à la solidarité ? De quoi avez-vous besoin maintenant ?

 

Toute aide est la bienvenue, qu’elle soit matérielle, financière ou humaine.
Nos solutions restent provisoires et précaires, le réseau ne doit pas s’épuiser ; c’est l’affaire de tous….


Contactez Ensemble pour l’aide concrète.


Contacter luttopia : ici         Voir leur site ici 


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