Face à la répression qui frappe en Turquie le HDP et le peuple kurde, un rassemblement est organisé à Montpellier samedi 05 novembre après midi. Rdv : 14h Peyrou, 15 h Corum
Communiqué de presse de la représentation du HDP en Europe
Après avoir ciblé un grand nombre de représentants municipaux kurdes,
le régime de l’AKP a commencé une rafle, hier tard dans la nuit,
contre les députés du HDP: la police a d’abord fait une descente dans
les maisons des co-présidents du HDP Selahattin Demirtas et Figen
Yüksekdag, et procédé ensuite à l’arrestation des députés Sirri
Sureyya Onder, Nursel Aydogan, Ferhat Encu, Gulser Yildirim, Leyla
Birlik, Ziya Pir, Abdullah Zeydan, Idris Baluken, et Imam Tascier.
Le gouvernement turc de l’AKP et son président Erdogan sont en train
d’imposer un agenda extrêmement autoritaire aux Peuples de la Turquie.
En se servant du coup d’Etat du 15 juillet dernier pour consolider son
règne, Erdogan s’est fixé comme objectif d’écarter chacune des voix
d’opposition dans le pays, et a pris particulièrement comme cible
notre formation politique le HDP, qui avait empêché à deux reprises
l’AKP de rassembler le nombre de sièges parlementaires nécessaires
pour procéder aux changements constitutionnels nécessaires afin
d’instaurer un système présidentiel. A présent, l’objectif du
gouvernement est de paralyser notre parti afin de l’empêcher de
bloquer à nouveau l’adoption du système présidentiel qui pourrait être
validé par un référendum ou grâce à des élections anticipées qui
peuvent avoir lieu en 2017.
Des milliers de dirigeants de notre parti, de maires élus et de
Conseillers municipaux affiliés au HDP et à notre parti frère, le DBP,
ont été incarcérés suite à des accusations sans fondements depuis
notre victoire électorale du 07 juin 2015 et, particulièrement, depuis
le coup d’Etat manqué du 15 juilletdernier.
Avec la mise en application des mesures d’Etat d’urgence post-coup
d’Etat, Erdogan a contribué à polariser d’avantage la société et à
approfondir les conflits sectaires et ethniques dans le but de
consolider la formation de l’alliance entre les réactionnaires
ultra-nationalistes de l’extrême droite et les islamistes, alliance
projetée immédiatement après le coup d’Etat manqué et considérée comme
la garantie la plus fiable pour atteindre l’objectif du « Système
présidentiel à la turque », ou de dictature totale. Ce système nuirait
non seulement aux minorités, aux femmes et aux classes défavorisées,
mais déstabiliserait en plus la région, particulièrement l’Irak et la
Syrie, et provoquerait de grands défis sur les plans sécuritaire et
économique.
Il n’existe plus de liberté d’expression ni de la presse, pas de
liberté académique, ni de système judiciaire équitable et indépendant
dans le pays. Avec les décrets gouvernementaux, plus de 170 agences de
presses critiques envers le gouvernement ont été interdits. Les médias
kurdes et alévis ont été anéantis, 30 maires kurdes démocratiquement
élus se trouvent actuellement en prison et 70 d’entre eux ont été
destitués jusqu’à présent. Plus de 130 journalistes sont en prison,
dont des intellectuels et auteurs de renommée internationale, des
dizaines de milliers de professeurs et académiciens ont été suspendus,
plus de 80000 fonctionnaires ont été démis de leurs fonctions, et
40000 personnes sont toujours en prison.
Nous appelons tous les progressistes et démocrates à se mobiliser pour
protester contre le génocide politique mené par l’Etat turc et son
président Erdogan. Nous estimons qu’il est temps de dénoncer ce crime
contre l’humanité commis sous les yeux indifférents du monde et de
l’Europe. Le silence de l’Europe est dangereux pour la démocratie et
pour les peuples de Turquie
Nous appelons les Elus de toute l’Europe, qu’ils soient Députés,
Maires ou Conseillers, à former des délégations urgentes qui se
rendront à Diyarbakir, capitale du Kurdistan de Turquie, afin de
manifester leur solidarité avec notre parti et ses élus, et dire STOP
à cet attentat contre la démocratie.
Extraits de la défense commune préparée par les député-es du HDP, elle sera dite par chacun-e des député-es :
« Nous avons obtenu plus de 6 millions de voix et dépassé le seuil de 10% et sommes entrés au parlement avec 80 député.e.s en juin 2015. Nous avons ainsi empêché de façon démocratique l’AKP de faire seul une nouvelle constitution, Erdogan voulant établir le régime d’un seul homme a forcé le pays à des élections anticipées, par la même occasion il a mis fin au processus de paix qui durait depuis 3 ans parce que cela ne lui servait plus. Ainsi il a conduit le pays dans une période d’affrontements, dans le seul but d’augmenter ses voix. Surfant sur les peurs, l’AKP a pu regagner la majorité durant les élections anticipées organisées dans ce chaos. Paniqué par les résultats des élections du 7 juin 2015, Erdogan en contrôlant tout, a réalisé un coup d’État. Erdogan lui-même disait que le régime avait changé dans la pratique, qu’il ne reconnaissait pas les décisions de la cours constitutionnelle.
De sérieux soupçons pèsent sur Erdogan (détournements, entorse de l’embargo sur l’Iran et collaboration avec des groupes terroristes en Syrie. En contrôlant la justice Erdogan a empêché toute instruction en son encontre pour ces graves soupçons.
Pour lui (Erdogan) la seule manière d’échapper aux poursuites, c’est la concentration des pouvoirs. Et il ne reculera devant aucune folie.
Dans ce but, il veut établir le régime autoritaire présidentiel et le HDP est la seule force qui lui résiste. En effet notre parti a réussi à obtenir 59 députés lors des élections anticipées, l’en empêchant encore une fois.
Son but aujourd’hui est nous empêcher de faire de la politique et ainsi d’obtenir la majorité nécessaire pour changer la constitution.Le HDP reconnaît la diversité de notre pays et cette diversité est représentée dans ces instances. Et nous défendons une démocratie forte et respectueuse des diversité du pays. Nous sommes contre toute forme de violence et croyons à la force du dialogue et des négociations. En ce sens nous sommes une menace pour la vision monolithique d’Erdogan pour le pays.
Depuis le début nous sommes dans collimateur d’Erdogan, il utilise les moyens de l’État pour nous brider. Ce n’est pas ma personne mais le représentant des électeurs qui est devant vous. Je ne fuis pas une justice authentique. Dans notre pays la justice est piétinée, je ne veux pas être l’objet d’un procès politique. Je n’ai rien contre vous. Mais je ne veux pas être figurant dans cette pièce de théâtre (instruction judiciaire) parce qu’Erdogan l’a voulue. Je ne répondrai à aucune de vos questions et ne suis pas convaincu de votre impartialité quant à votre jugement. Ma seule présence ici est contraire au cadre légal.
Les interlocuteurs des politiques sont des politiques pas la justice. Vous mêmes,vous devriez refuser de faire partie de cette machination contraires aux valeurs de la justice. Cette machination contraire aux traités internationaux ratifiés donc à pouvoir constitutionnel nous continuerons notre lutte jusqu’à l’établissement d’une démocratie absolue, la paix et l’apaisement.
Nous défendront le vivre ensemble et l’égalité contre la polarisation, la lutte démocratique contre la violence, le pluralisme contre l’unicité, la démocratie contre le fascisme, la liberté de conscience contre le communautarisme le racisme, l’égalité contre la discrimination et la haine et bien sûr les droits des kurdes, inhérents à un peuple, les revendications d’égalité des alevis, la liberté de culte pour les minorités religieuses, la participation des femmes à tous les niveaux de la société, l’écologie et l’environnement contre les dégâts du capitalisme, les travailleurs et le travail contre la cupidité du capital.
En prison ou au Parlement, on ne nous empêchera pas de continuer notre lutte. Nous ne doutons pas que nous serons un jour débarrassés de cet ordre fasciste qui s’impose à notre pays sous le nom de régime présidentiel.
Notre lutte démocratique vaincra. Ce régime moyen-âgeux changera. Je n’attends et ne souhaite rien de votre part. Seuls mes électeurs peuvent me juger par rapports à mes activités politiques.«
Défense collective des député-es et co-président-es du HDP. 4 novembre 2016.
Communiqué de Ensemble !
Le HDP est notre honneur ! Contre la dictature en Turquie !
Le régime d’Erdogan a franchi un nouveau cap dans la nuit du 3 au 4 novembre 2016 avec la mise en détention des deux co-présidents du HDP, Selahattin Demirtas et Figen Yüksekdag, ainsi que 9 autres députés.
Ces opérations de police font suite à de nombreuses autres qui ont été menées contre des « universitaires pour la paix », des journaux de gauche et kurdes, des syndicats et des associations… Dans le même temps, des dizaines de milliers de personnes ont perdu leur emploi dans la fonction publique, où le syndicalisme de gauche est décapité, et une trentaine de mairies kurdes ont été mises sous tutelle de l’Etat (y compris la plus importante Amed/Diyarbakir dont les maires sont incarcérés) .
Prenant prétexte de la tentative de coup d’Etat raté du 15 juillet de son ex-allié, Erdogan fait mettre en prison démocrates et révolutionnaires qui n’ont rien à voir avec ce coup d’Etat. Il est en train de parachever son propre coup d’Etat. De près ou de loin, la Turquie n’a plus grand chose à voir avec une démocratie même formelle.
Ensemble! exprime toute sa solidarité aux députés du HDP détenus, à tous les démocrates et révolutionnaires de Turquie subissant la répression. Il exige leur libération immédiate.
Dans la continuité du meeting de solidarité du 19 octobre à Paris, une forte et large réaction unitaire doit exister contre la mise en place de la dictature en Turquie ! Le gouvernement français et les dirigeants européens doivent arrêter les négociations indignes avec Erdogan sur le sort des réfugiés et initier des sanctions contre le régime turc tant qu’il n’aura pas mis fin à la répression des forces démocratiques. »