Mobilisation à Sumène contre les violences commises par les militants d’extrème-droite

Depuis quelques mois, des militants d’extrème-droite, liés aux “idenditaires” de la Ligue du Midi ou au FN multiplient les provocations et actes de violence à Sumène (Gard). Un appel contre cette violence (“On se calme”) a été lancé par des habitants de Sumène dont Midi Libre rend compte aujourd’hui.



Appel lancé par des habitants de Sumène et des environs



On se calme ! »

Sumène, le 6 septembre 2012

Depuis les dernières élections et les
scores record du Front National dans notre département du Gard, un groupe de
personnes se revendiquant du Front National ou de la Ligue du Midi fait régner
un climat de violence dans notre village.

Durant la campagne électorale déjà, des
insultes avaient été  proférées et des coups portés par certains membres
de l’extrême-droite locale, notamment à l’encontre de jeunes Suménois pour une
malheureuse histoire d’affiche dégradée…

Puis, sous le prétexte du bris d’une
vitre de la supérette de la candidate FN aux législatives, des accusations
injustifiées ont été colportées à l’encontre de certains habitants du village
par des proches de la candidate, qui tentent depuis de stigmatiser une partie
de la population.

Pendant la fête votive, des
intimidations, menaces et agressions verbales ont été proférées par ces mêmes
personnes proches du FN, et subies par de nombreux Suménois, désignés comme «
nuisibles et indésirables »…

Fin août, suite à une altercation entre
un membre de la Ligue du Midi et des clients sortis de la pizzeria, la
situation a dégénéré en une véritable chasse à l’homme dans le village et ses
environs : agression d’un touriste et de ses enfants sur le Plan par quatre personnes
armées de battes de base-ball et de barres de fer ; puis, prise en embuscade
d’une famille à son domicile par une bande de dix personnes, armées elles
aussi, se réclamant du Front National ou de la Ligue du Midi.

Nous, habitants de Sumène, sommes nombreux
à refuser de rester sans réagir face aux multiples événements récents, à
refuser de laisser s’instaurer la haine et la violence dans ce village que nous
aimons et dans lequel nous vivons, travaillons, consommons, scolarisons nos
enfants, déployons nos énergies… Nous préférons développer des liens sociaux,
de solidarité, d’échanges et de partage, plutôt que de chercher à diviser et à
exclure.

C’est pourquoi, dans un esprit
d’apaisement, nous vous convions à un pot de l’amitié mardi 11 septembre à 18h,
sur la place du Plan à Sumène. Chacun y est invité et y trouvera sa place, dans
un esprit de vivre ensemble et de respect mutuel.

NOUS REFUSONS DE NOUS LAISSER INTIMIDER
PAR CETTE GROSSIÈRE ENTREPRISE DE
DISCRIMINATION.


Sumène Face à la haine, des habitants appellent au calme

CATHY SOUN in Midi Libre, 14 septembre 2012

voir aussi l’article en ligne ici

“On
se calme !” Ce cri du cœur, lancé par une poignée de Suménois, a rassemblé
plus de deux cents personnes mardi sur la place du Plan. Cet élan
démocratique avait pour but affiché d’apaiser les tensions apparues au
lendemain des élections où le FN
a battu des records dans le canton de Sumène
comme ailleurs dans le Gard.

Suménois
de souche ou d’adoption, venus du centre ou de hameaux voisins, les habitants,
toutes générations confondues, ont formé un cercle autour du collectif
constitué de quelques femmes décidées à rompre la loi du silence et à faire
cesser l’escalade de violence.

“Ils
sèment le désordre et la haine dans Sumène”

“Au
départ, ce sont des gens qui embêtent et provoquent, puis ce sont des insultes,
menaces avec armes, rodéo de représailles…”, commence Isabelle. Les
auteurs, s’ils ne sont pas nommément cités, sont désignés à travers leurs
accointances avec le Front national et la Ligue du Midi. Le canton, Saint-Julien-de-la-Nef
précisément, est le berceau du parti d’extrême-droite fondé par Richard
Roudier.

“Ils
sèment le désordre et la haine dans Sumène en dressant une partie de la
population contre l’autre.” Un mouvement “de résistance à la
prolifération des “rabas” en Cévennes” (Lire ci-dessous), animé
semble-t-il par des extrêmistes du Bloc identitaire, a ainsi fait son
apparition sur la toile. Ce terme – blaireau en occitan – désigne pêle-mêle les
assistés, marginaux, hippies et autres…

La
goutte de trop pour cette quadra assise dans le public : “Ils parlent en
notre nom. Je suis issue d’une vieille famille suménoise. On a toujours bien
cohabité avec les néos, il faut que ça dure.” Isabelle, membre du
collectif, acquiesce : “On n’a pas tous les mêmes idées, on se frite aux
élections, ce n’est pas une raison pour ne pas se respecter.”

“Ces
opinions dangereuses qu’il faut dénoncer”

Un
jeune homme, la trentaine, témoigne : “J’ai fait partie de ceux qui ont
été pris à partie pendant la fête votive, ce soir est une petite
victoire”. Inquiet de voir des mineurs embrigadés, il suggérait d’agir en
leur faveur. Un autre dénonce une politique du bouc émissaire : “Si on met
“juif” à la place de “rabas”…”

Un
quadra confirme : “Ils utilisent une tactique pour faire croire qu’à Sumène,
c’est le chaos, et qu’ils sont les seuls à pouvoir ramener le calme.”

Représentant
départemental de la Ligue des droits de l’homme, Jacques Giniers
décriait “ces opinions dangereuses qu’il faut dénoncer. L’Occitanie de
la Ligue du Midi,
dont le slogan est “Maîtres chez nous”, n’a rien à
voir avec celle que nous défendons”. Sumène ne veut pas être le
prochain Aigues-Mortes. Vigilants, les habitants doivent se revoir dans
deux semaines.

Le
mouvement anti “rabas” s’affiche sur Facebook

 

Les
“rabas”, kesaco ? Si le terme signifie “blaireau” en occitan, il désigne tout
autre chose dans la bouche des identitaires. Marginaux, assistés, hippies et
autres militants d’extrême-gauche sont mis dans le même panier.

Une
page Facebook
a été créée sous cette appellation. Ses
créateurs présentent leur initiative comme “un mouvement de résistance à
la prolifération des “rabas” en Cévennes”. La page, créée le 29 août
dernier, rassemble 57 “j’aime” et soixante-six personnes en parlent.

Les
internautes n’hésitent pas à afficher leur réelle identité et à diffuser des
messages d’incitation à la haine. Ils accusent “des voyous d’extrême
gauche installés chez nous se croyant investis d’une mission de résistance à un
fascisme fantasmé” d’agressions, dégradations, menaces…

Le
maire Guilhem Pailhé, absent lors du rassemblement de mardi, avait rendez-vous
hier après-midi avec le sous-préfet du Vigan. “Je vais voir quel moyen
utiliser pour supprimer cette page. La mairie portera plainte s’il le
faut.”

Déplorant
l’absence de moyens, l’élu dit essayer “d’apaiser et temporiser les
extrêmes des deux côtés”. Sumène, 1 650 habitants, dispose d’une brigade
de six gendarmes sur vingt-et-un à l’échelle de la compagnie du Vigan.

Alertés au
sujet du rassemblement, les gendarmes étaient postés mardi à l’entrée du
village. “Des plaintes ont été déposées pour insultes et échanges de
coups, les vérifications sont en cours, mais cela demeure des cas isolés”,
d’après le capitaine Arpin.

voir aussi sur ce thème à propos des violences et provocations racistes cet été dans le Gard :

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