Midi Libre : “Lespignan Un jour dans un camp de Roms menacés d’expulsions”

Midi Libre  a réalisé un reportage sur le camp de roms menacé d’expulsion si on se fie aux propos de Manuel Vals. Ci-dessous aussi le communiqué de la Gauche Anticapitaliste.



Lespignan Un
jour dans un camp de Roms menacés d’expulsions

JEAN-PIERRE AMARGER in Midi Libre 

Un tas d’immondices comme horizon, sous le pont
de l’A9.(Photo ALEXANDRE DIMOU)

Une
quarantaine de Roms 
sont
installés depuis une année environ, sousle pont de l’A9, à la
sortie sud de Lespignan en direction de l’Aude.
Ils ont pour tout horizon un tas d’immondices, qui masque le paysage de vignes.

Cet
univers d’un autre temps pourrait changer dans les prochains jours.Une petite phrase du ministre de l’Intérieur Manuel
Valls, lundi matin au micro d’Europe 1, pourrait les “condamner” à une expulsion
rapide
. Aujourd’hui peut-être, sinon dans les prochains jours.

Et
même si l’information a été démentie hier soir par la préfecture deMontpellier,
dont différents services rappelaient qu’aucune décision de justice n’avait été
rendue sur ce dossier précis, plusieurs représentants des autorités locales
étaient réunis hier après-midi en sous-préfecture deBéziers pour
évoquer, selon nos informations, ce sujet devenu sensible. Lorsque le
ministre dit “ne pas admettre les conditions de vie indignes de ces
familles”, c’est que cela devient une priorité.

Les
Roms de Lespignan
 se passeraient bien
de cette soudaine notoriété médiatique. Car, si la menace se confirme, 
iront-ils ? 
Tous voudraient bien le savoir, à l’heure où ils doivent
se contenter d’espérer que personne ne viendra les déloger. Même s’ils vivent
d’expédients, dans des conditions peu enviables, ce quotidien ne semble pas
leur poser de problèmes majeurs. Ils ne s’en plaignent pas. Leur seule
inquiétude : “Nous retrouver sur la route à errer sans savoir où poser
nos valises
“.

Un
petit coin de “paradis” sans eau ni électricité

“Notre
situation est bien pire chez nous”, insistent-ils avec un sourire qui en
dit long sur les espoirs qu’ils ont fondés en passant la frontière française.
Là, dans leur petit coin de “paradis”, sans eau ni électricité, dans le bruit
infernal de la circulation, quatre enfants ont trouvé quelques accessoires pour
s’amuser.

Non
loin d’une quinzaine de caravanes antédiluviennes dans lesquelles ils s’abritent,
les adultes s’affairent à trier de la ferraille ou des vêtements, leur unique
source de revenus.

Selon
l’un d’entre eux, ils sont environ quarante à vivre dans ce camp de misère.
“Il est très difficile de dire exactement combien nous sommes car il y a
beaucoup de va-et-vient assure l’un d’eux. Il y a quatre enfants avec nous,
tous les autres sont des adultes venus en majeure partie du sud de la Roumanie
chercher de meilleures conditions de vie en France.”

Lespignan
Gabor et sa famille sous le pont de l’A9 : “Si on est chassé, on ne sait
pas où aller”

EMILIE JEHANNO in Midi
Libre
30/08/2012,

Lucretia et Gabor (au centre) vivent sous le
pont de l’A9 depuis un an.(D.R)

Ils ne
connaissent que quelques mots de français. Alors, dans un anglais plutôt bon, Gabor,
35 ans et sa compagne Lucretia Felicia, 33 ans
, racontent le périple qui
les a conduit jusque sous le pont
de l’A9 à Lespignan
, avec leurs trois enfants.

“Nous
venons d’Arad, dans le sud-est de la Roumanie. On a traversé la Hongrie,
la Slovénie et l’Italie.” Soit près de 2 000 km, parcourus en douze
mois. “On nous a conseillé de venir en France pour vivre
mieux.”

Persécutés
en Roumanie

Voilà
un peu moins d’un an qu’ils ont installé leur campement de fortune, fait de
bric et de broc. Pour se laver, ils partent chercher l’eau à la fontaine de Lespignan.
L’eau potable, ils l’achètent au supermarché.

Entre
deux caravanes, dont une à la vitre brisée, et sommairement remplacée par une
planche de bois, leurs deux filles trient une pile de vêtements. Aucun des
enfants n’est scolarisé.

“En
Roumanie, il n’y a rien pour nous, dans les rues personne ne nous
parlent. Les gens ne nous aiment pas car nous sommes gitans”, explique
Lucretia. Les Gitans, comme les Roms et les Manouches, appartiennent au peuple
Tsigane. Nomades, semi-nomades ou sédentarisés, ils vivent surtout en Europe de
l’est.

“Pour
nous, c’est mieux d’être ici, en France, souligne Gabor. Au moins je peux
travailler dans la ferraille et nourrir ma famille.”

Mais
les rumeurs d’expulsion courent depuis que Manuel Valls,
ministre de l’Intérieur, a évoqué ce campement dans une interview sur Europe 1
.
Pour Gabor, “si on est chassé, je ne sais pas où on va aller. Surtout
que je n’ai pas de permis, je ne sais pas conduire.”

le 27/08/2012 Communiqué de la Gauche Anticapitaliste. 

Les expulsions de Roms continuent.

Quel crédit accorder aux décisions du gouvernement Ayrault sur la possibilité pour les Roms d’accéder au marché du travail quand on voit les expulsions sans solution de relogement préalable, comme l’avait promis F. Hollande, se succéder ?
Dimanche 26 août, plusieurs dizaines d’entre eux étaient expulsés, à Lyon, d’un immeuble qu’ils squattaient après avoir été précédemment virés d’un campement. D’errance en errance, ils avaient échoué dans cet immeuble.
Aujourd’hui, 27 août, c’est au tour du successeur de Manuel Valls à la tête de la mairie d’Evry, de faire intervenir la police pour évacuer un campement de 70 Roms en invoquant « l’insalubrité et la dangerosité » du lieu, en bordure du RER.
Si la décision de supprimer la taxe de 700 euros à verser par l’employeur pour embaucher un Rom ainsi que l’établissement d’un dossier préalable pour leur permettre d’occuper un emploi parmi une liste de métiers qui leur seraient ouverts pouvaient être considérés comme un pas en avant, les expulsions viennent invalider cette annonce récente.
Inévitablement, la politique du ministre de l’intérieur fait penser au discours de Grenoble de Sarkozy en juillet 2011.
La fin d’une politique discriminatoire à l’égard des Roms en terme d’emploi pour être sincère suppose une stabilité en terme de conditions vie, donc de logement, de scolarisation pour les enfants, de suivi pour les familles. Tout le contraire de ce que fait le gouvernement Ayrault aujourd’hui.
Les expulsions doivent cesser. Elles ne résolvent aucun des problèmes posés. Elles ne font que fragiliser, précariser encore davantage une population démunie.
La Gauche anticapitaliste rejette cette politique discriminante à l’égard d’une population et affirme sa solidarité avec l’action militante des associations qui luttent pour que les Roms, leurs familles puissent bénéficier de conditions d’existence stable et durable.
Le 27 août 2012.

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