Myriam Martin, conseillère régionale d’Occitanie, pointe les dangers de la politique annoncée par Macron sur les collectivités territoriales : baisse des dotations et réduction du nombre d’agents, précarité accrue, recours au privé.
Le nouveau président de la République a donné le ton, la nomination du maire LR du Havre, Edouard Philippe, montre la voie : sa politique ne sera ni de gauche…ni de gauche !
En tant qu’élu-e-s régionaux-ales, il est légitime de craindre donc les politiques qui seront mises en œuvre sous le quinquennat Macron en direction des collectivités territoriales et dont les grandes lignes ont été annoncées par ce dernier. Ligne en fait très libérale sans grande rupture avec le « Hollandisme », nos inquiétudes sont donc bien justifiées !
Que dit Emmanuel Macron aux collectivités territoriales ?
Je rappelle que ces mêmes collectivités ont connu ces dernières années une cure d’austérité que ne démentit même pas la tribune puisque, dans un article de janvier 2017, elle affirme : « La baisse drastique des dotations de l’Etat aux collectivités de 11,5 milliards d’euros sur la période 2014-2017 aura en effet durement affecté leur capacité à investir. Et des secteurs comme ceux du bâtiment et des travaux publics, très dépendants de l’investissement public local et pourvoyeurs de nombreux emplois, auront été en difficulté durant cette période. » ( http://www.latribune.fr/economie/france/le-quinquennat-hollande-se-concl… )
Dans ses propositions pour ces collectivités, Macron hélas n’indique pas un changement d’orientation. Pire encore, l’objectif du président de la république c’est de supprimer 70 000 postes de fonctionnaires territoriaux. Mais comme ces suppressions ne peuvent être décidées que par les collectivités elles mêmes, Macron propose, si les collectivités territoriales s’engagent à des coupes supplémentaires dans leurs budgets et dans leurs effectifs, « de nouvelles libertés » dans la gestion de leurs ressources humaines. Outre les suppressions à venir, les politiques à géométrie variable se poursuivent, remettant encore plus en question le principe de l’égalité et des mêmes droit pour tous et toutes sur le territoire national. Comme son prédécesseur, le nouveau locataire de l’Elysée, même avec des « deals » passés avec les collectivités, compte diminuer la dotation de l’état et faire sur 5 ans, une nouvelle économie de 10 milliards d’euros ! ( http://www.lagazettedescommunes.com/504489/collectivites-les-sept-travau… )
A ces politiques déjà alarmantes, Macron rajoute la préconisation de la précarité dans les collectivités ! Il indique que les collectivités pourront recruter plus de contractuels, voire procéder à des recrutements de droit privé. ( http://www.lagazettedescommunes.com/491766/emmanuel-macron-prescrit-une-… ) Une manière de remettre en question, une fois de plus, le statut de fonctionnaire, ici territorial. Or ces emplois répondent à des besoins sociaux, correspondent à l’activité de services publics, d’autant qu’avec la décentralisation de nombreuses compétences sont passées de l’état aux collectivités.
Plus largement, c’est à toute la Fonction publique que Macron veut s’attaquer. Pour justifier ces projets le président parle de rendre la Fonction publique « plus moderne ». Emmanuel Macron dans le texte : « il faut lui (à la Fonction publique ) redonner des souplesses. C’est-à-dire recruter hors du statut pour les fonctions d’encadrement, donner la possibilité d’avoir plus de souplesse dans la gestion des carrières, des rémunérations plus individualisées, et des mobilités. Le statut des fonctionnaires ne sera pas remis en cause, mais il sera modernisé. Il s’agit de mieux reconnaître les plus engagés. » explique-t-il. « Je crois par ailleurs nécessaire de restaurer un jour de carence pour les fonctionnaires » rajoute-t-il. Les vieilles ficelles libérales sont de retour avec un discours managérial : « moderniser » c’est casser les statuts légitimement protecteur et l’égalité des droits.
Des perspectives peu engageantes donc pour les collectivités. Les élu-e-s que nous sommes auront à coeur de dénoncer ces politiques iniques et de les combattre avec les acteurs du mouvement social.
Myriam Martin, 16 mai 2017.