Les dangers du Nucléaire en Languedoc.



Alors que le débat sur le nucléaire refait la une de
l’actualité après les déclarations d’Arnaud Montebourg, voici un article réactualisé
(publié sur ce site en fév 2012), qui rappelle les dangers liés au nucléaire dans notre région
: usine Malvési de transformation de l’uranium à Narbonne, fabrication du Mox à
Marcoule, ancienne mine d’uranium à Lodève, transport des matériaux nucléaires, d’autant plus que
la nouvelle définition
de l’uranium naturel augmente les dangers liés au transport entre Narbonne et
Pierrelatte.



LES DANGERS DU NUCLEAIRE EN LANGUEDOC

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Vu de Béziers, Montpellier, Saint Pons ou Clermont l’Hérault, le nucléaire, on n’y pense guère au quotidien. On n’a pas de centrale sous le nez. On sait quand même qu’il y a pas mal d’installations dans la vallée du Rhône, mais c’est juste une image, chassée par celles de nos garrigues, nos vignes et nos plages. 
Le récent accident intervenu sur le site de Marcoule a rappelé à chacun des habitants du Languedoc-Roussillon que leur région concentre sur son territoire un grand nombre des maillons de la filière nucléaire. 

Et si les risques liés au nucléaire n’étaient pas si loin que ça : enquête en région sur le cycle de l’uranium. 




Malvesi : l’irradiation pour les salariés, le cauchemar des déchets

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Dans le circuit de production d’énergie nucléaire, l’usine de Malvési (commune de Narbonne) est, après l’extraction du minerai, le premier et indispensable maillon de la conversion de l’uranium, et elle fournit le monde entier. La société COMURHEX, filiale d’Areva, met en œuvre un procédé de purification de l’uranium pour le transformer en un dérivé fluoré (UF4). L’usine, du fait de son risque chimique, relève du seuil haut de la directive européenne Seveso II. Elle comprend des bassins d’évaporation et de décantation, qui permettent d’entreposer les déchets radioactifs.

L’Autorité de Sureté Nucléaire a interrogé l’exploitant au début de l’année 2008 sur le devenir à long terme de ces bassins d’entreposage de déchets radioactifs. En effet, à Narbonne comme ailleurs, il n’existe pas, à l’heure actuelle, de solution de gestion à long terme pour les déchets radioactifs entreposés sur le site.

La rupture, en 2004, de la digue d’un bassin de décantation de l’usine a répandu dans les champs une eau chargée en nitrates, en uranium et en métaux…

 En septembre 2008, Bernard M. ouvrier de la Comurhex, a succombé à un cancer des poumons à l’âge de 52 ans. Ouvrier depuis 1976 dans l’usine, il a été en contact avec la radioactivité et divers produits chimiques potentiellement dangereux pendant 32 ans.

Quelques mois plus tôt, la Caisse primaire d’assurance maladie avait reconnu officiellement qu’il souffrait d’une maladie professionnelle, les radiations étant visées comme ayant causé le cancer, une première pour la Comurhex.

Marcoule : la fabrication du MOX

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On nous dit : sur le site de Marcoule, le danger est moindre, ce n’est pas vraiment une centrale, il n’y a pas de réacteur. Et puis, l’accès est très surveillé, on n’y pénètre pas comme on veut. C’est juste un peu plus au Nord, à Cruas, dans l’Ardèche, que les militants de Greenpeace ont réussi à s’introduire dans la centrale, en décembre 2011, démontrant les failles de la sécurité des centrales.

 L’usine MELOX (groupe AREVA), est aujourd’hui la seule au monde à fabriquer du MOX, combustible qui réutilise le plutonium auquel on ajoute de l’uranium appauvri. Présenté comme un déchet recyclé, le MOX présente certains inconvénients : équipements particuliers pour le manipuler, à la sortie du réacteur, refroidissement trois fois plus long (cent cinquante ans en piscine au lieu de cinquante ans), et surtout, un kilo de MOX est un million de fois plus radioactif qu’un kilo d’uranium naturel. Sa fabrication, son traitement, son transport, son stockage nécessitent des installations de très haute sécurité. L’usine a fourni 128 tonnes en 2010.

Le site de Marcoule comprend aussi un centre du CEA (Commissariat à l’Energie Atomique), avec le réacteur expérimental PHENIX aujourd’hui mis à l’arrêt en vue de son démantèlement en 2013, et le laboratoire de recherche ATALANTE (sur la gestion des déchets nucléaires radioactifs de haute activité et le retraitement des combustibles usés des centrales nucléaires) et l’installation CENTRACO exploitée par SOCODEI (groupe EDF), – acronyme pour « centre nucléaire de traitement et de conditionnement –

Le site du Tricastin, juste de l’autre côté du Rhône, vraie centrale nucléaire en activité et vieillissante, n’est qu’à 125 kilomètres de Montpellier et 200 de Béziers…

Lodève : un projet de technoparc sur un site radioactif

technopaerclodevois.png« Lous Bourgnous » est le nom d’un tènement et d’un ruisseau qui se trouvent sur l’ancien site SIMO-COGEMA. L’objet du collectif du même nom est d’exiger une  transparence maximale sur l’ensemble des anciennes zones d’exploitation d’Uranium et sur les projets qu’il pourrait accueillir. Exploitée de 1975 à 1997, la mine à ciel ouvert a produit 4 millions de tonnes de résidus de traitement de minerai. Les mines contiennent également les boues du traitement de l’eau. En 2006, la communauté de commune a racheté la concession en vue d’une reconversion du site et en 2009, un syndicat mixte  a émis le projet de Parc Michel Chevalier (anciennement Technoparc).

L’étude sur les risques radiologiques sur la zone du parc réalisée par un cabinet indépendant indique « que les travaux d’aménagement du site sont potentiellement susceptibles de faire remonter en surface des matériaux plus ou moins marqués pour lesquels il faudra se poser la question de leur utilisation ou devenir »

Les mesures de radioactivité réalisées par les militants sur le site révèlent des taux bien supérieurs à la normale.

 Le transport : la mer, le rail et la route

yellow-cake.jpgLe « Yellow cake» (concentré d’uranium) arrive d’abord du Niger à Sète une fois par mois, par bateau, dans des fûts hermétiques de 350 à 400 kg avant de prendre la direction des usines de la Comurhex à Malvesi par le train.

Ces convois traversent des zones très habitées sans que les personnels et les populations concernées en soient informés. Les cheminots s’en inquiètent sans réponse : « c’est le flou artistique ». Et rien ne garantit qu’à l’avenir, sur fond de privatisation du rail, ces transports à hauts risques ne soient pas acheminés par des sociétés privées moins regardantes sur la sécurité.

Les camions sur l’A9, on ne connaît que ça, la pollution, le bruit, les émissions de gaz à effet de serre. Ce dont on ne se doute pas c’est qu’ils sillonnent l’autoroute dans les deux sens chargés successivement : de combustible, d’uranium appauvri, de plutonium puis de déchets[1], qui viennent aussi des pays voisins, pour notre région d’Espagne, pour rejoindre Valognes (Normandie) via Valence.

Sortir du nucléaire en moins de 10 ans, c’est possible. Localement comme nationalement, engageons le débat. Comme nous, rejoignez le réseau local Sortir du nucléaire. Contact : sortirdunucleaire34@gmail.com.

                                                                                                Anne Freiss

La nouvelle définition de l’uranium naturel augmente les dangers liés au transport entre Narbonne et Pierrelatte

Une nouvelle définition de l’uranium naturel  par AREVA et l’ASN  (juin 2012)

Maryse Arditi (Présidente d’ECCLA), article issu de http://eccla.free.fr/index/12_06_25-areva-def-uranium.htm

Par définition, l’uranium naturel, celui qui existe dans la nature, ne contient que de l’uranium.

Mais cette évidence gêne actuellement la COMURHEX, filiale d’AREVA. Alors, pourquoi ne pas changer la définition ? Aussitôt dit, aussitôt fait ! Avec la bénédiction de l’ASN (autorité de sûreté nucléaire), la COMURHEX nous a expliqué que désormais : tout uranium contenant un peu de plutonium, mais pas trop, serait considéré comme de l’uranium naturel. (La limite proposée est de 1000 Becquerels de plutonium par kilo d’uranium)

Sachant que le plutonium est un produit qui n’existait pas avant que l’homme ne le fabrique, cette définition insolite qui demande quelques explications.

Quand la COMURHEX à Narbonne traitait de l’uranium de retraitement

Jusqu’en 1983, la COMURHEX de Narbonne avait utilisé de l’uranium de retraitement, c’est-à-dire de l’uranium qui était passé par un réacteur nucléaire, était devenu du combustible usé, envoyé à La Hague, retraité pour isoler l’uranium, lequel était renvoyé à Narbonne en remplacement d’uranium naturel. Évidemment, cet uranium contenait des impuretés comme des résidus de produits de fission et du plutonium. Nous savions que ces impuretés se sont retrouvées dans les bassins de décantation ; c’est même pour cette raison que ces bassins B1 et B2 ont été déclarés INB (Installation Nucléaire de Base). Mais nous pensions que c’était les seules traces qui subsistaient de cette époque. Tel n’est pas le cas.

Et aujourd’hui, le plutonium circule avec l’uranium entre les deux usines de Comurhex

En effet, le produit qui sort de Narbonne (tétrafluorure d’uranium) va à Pierrelatte pour être transformé en un gaz avant enrichissement. Le rendement de cette transformation dépasse 99%. Le reste qui contient des impuretés est renvoyé à Narbonne pour être à nouveau transformé. Depuis 1983, aucun nouveau produit contenant du plutonium n’a été injecté dans ce circuit entre les 2 usines et pourtant, aujourd’hui encore, près de 30 ans après, des traces importantes de plutonium sont encore là et circulent entre les 2 usines !

 

Le nouvel arrêté de Comurhex limite la quantité de plutonium par kilo d’uranium

La Comurhex vient d’obtenir un nouvel arrêté l’autorisant à accroître de 50% sa capacité de production, passant de 14.000 tonnes par an à 21.000 tonnes par an.

Pour la première fois, cet arrêté d’autorisation explique qu’il y a du plutonium dans ces circuits et qu’il y a une limite maximum à la présence du plutonium (probablement un peu au-dessus de ce qui circule dans l’usine). Evidemment, on pourrait considérer cela comme un progrès sur la transparence car jamais, auparavant, l’information n’avait été donnée.

Mais, naturellement, du plutonium en permanence dans ce circuit fait que Comurhex ne traite pas que de l’uranium naturel, donc c’est toute l’installation qui devrait être déclarée INB et pas seulement les deux bassins B1 et B2.

Hors de question pour AREVA-COMURHEX ! Au lieu de cela, privilège exceptionnel du nucléaire en France, c’est la définition de l’uranium naturel qui va être changée avec l’accord de l’ASN…

Ce qui est à peine croyable également , c’est que, depuis 20 ans, le plutonium est toujours là et fait des allers retours entre Narbonne et Pierrelatte !

Naturellement, à la question posée lors de ce CODERST qui examinait l’arrêté autorisant l’extension de 50% de la capacité de l’usine, j’ai votée contre, mais j’étais bien seule !


Communiqué de la Gauche Anticapitaliste


A. Montebourg se nucléarise. 

Chacun se souvient que l’avenir de l’énergie nucléaire fut un des thèmes de débat de la primaire socialiste, notamment entre F. Hollande et M. Aubry, non pas pour décider d’une éventuelle sortie du nucléaire, mais pour moduler sa part écrasante dans la consommation, à hauteur de 75%. 

A. Montebourg a relancé le débat ce week-end. Jamais avare de déclarations tonitruantes, le ministre du Redressement productif vient de déclarer que « le nucléaire était une filière d’avenir ». 

Après une telle proclamation, difficile d’amorcer une quelconque transition écologique dans le domaine de l’énergie. 

Provocation calculée ? Diversion par rapport à l’avalanche de plans sociaux dont celui de PSA qui va très vite se réinviter dans l’actualité ? Diversion également par rapport au vide des propositions du ministre Montebourg concernant les 8000 licenciements programmés par PSA avec la fermeture de l’usine Aulnay ?

Toujours est-il que cette proclamation enflammée en faveur d’une énergie bon marché, dit-il, fait l’impasse sur l’exploitation quasi coloniale de l’uranium au Niger, sur les pannes de chantier de l’EPR à Flamanville et en Finlande pour cause de malfaçon, les problèmes de sécurité dans les centrales existantes, sur l’exploitation d’une main d’oeuvre sous-payée composée d’intérimaires ou d’employés de sociétés sous-traitantes, sur la bombe à retardement que constitue déjà les déchets nucléaires. 

Pour la Gauche anticapitaliste, ce qui est à l’ordre du jour c’est la sortie programmée du nucléaire, une politique mettant en place une transition écologique par le développement des énergies renouvelables. 

Le 27 août 2012.

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