Non au projet de village Oxylane- Décathlon à Saint-Clément-de-Rivière.

Le Village Oxylane. Depuis une douzaine d’années, à Marseille, puis Rennes ou encore à Lyon, récemment à Poitiers, Decathlon promeut un concept commercial, mêlant surfaces de vente, de services et espaces de loisir, autour de l’un de ses magasins, sur 20 à 30 ha. À Saint-Clément-de-Rivière, le Village Oxylane serait implanté lieudit Fontanelles, au bord de la D986, vers Saint- Gély-du-Fesc et Ganges, face au campus de Bissy. Il prévoit de réaliser 35 000 m² de bâti.



La CDAC, la commission départementale
d’aménagement commercial, a statué sur les demandes d’autorisation de création
des premières enseignes du futur village. Cinq oui, deux abstentions et un vote
négatif, pour : Décathlon, sur 5 250 m², Truffaut sur 7 924 m², O’tera, 903 m²
(vente de produits agricoles en circuits courts). Le promoteur Décathlon veut y
associer de la restauration, un centre médical, un accrobranche, des activités
sportives, une enseigne culturelle.projet_archi.jpg

Conforme au Scot, rendu possible le
26 juin 2014 par la modification du plan d’occupation des sols, le dossier
est en phase instruction du permis d’aménager, après l’avis du commissaire
enquêteur. Celui-ci s’est exprimé favorablement à la seule réserve de la mise à
niveau des installations d’assainissement de la commune. Rodolphe Cayzac, le
maire de Saint-Clément est très favorable à ce lotissement commercial, comme le
Grand Pic Saint-Loup . Il  signera
le permis d’aménager « assez vite », entraînant le dépôt des permis de
construire « durant le premier semestre de 2015 ». Décathlon envisage
« l’ouverture du projet pour fin 2016, début 2017, explique Guillaume
Sarthe, son responsable expansion : le lotissement intégralement rempli. Pour
le volet prestation de service – restauration, centre médico-sportif, fitness
-, un passage en CDAC n’est pas nécessaire. Seuls des permis de bâtir le
sont. »


Un
Odysseum «vert» au nord de Montpellier : vraiment?

L’association SOS Lez environnement,  comme une dizaine d’associations
environnementalistes du secteur sont opposées à ce projet. « Ces terres agricoles sont la richesse de
notre territoire. C’est un combat prioritaire, en termes alimentaire et de
protection de notre environnement. »

Voici ce qu’en pense l’association  » Sos Lez
Environnement » :plan.jpg

Le projet «Décathlon Oxylane», un temps
décliné sous le vocable «village oxylane», s’est vu récemment assimilé à «un nouvel Odysseum» (La Gazette 2-8
Octobre 2014). un Odysseum … «vert»
? :
 bel
oxymore et nouveau concept marketing. C’est bel et bien un espace commercial
qu’on veut installer  dans une zone
encore cultivée ou naturelle, faisant partie de la ceinture verte du Nord de Montpellier.
Et quand on trouve dans certains propos rapportés dans l’article que ce
complexe peut être considéré comme «une
porte d’entrée pour [le] territoire [du Pic Saint Loup]», o
n reste pantois:
l’entrée dans ce territoire devrait donc désormais se faire par … Décathlon,
ses enseignes satellites, ses voies d’accès, ses ronds-points : quel symbole!

Il est dit encore dans l’article  que ce nouvel Odysseum contribuera à «la promotion de notre esprit nature» ;
au delà de la formule proche du slogan publicitaire, il semble que la nature du
Grand Pic Saint Loup en soit réduite à devenir une «nature» encadrée par des
commerces, où la promenade en famille ne peut se concevoir sans que Décathlon
nous tienne la main. Ce complexe, nous dit-on aussi, viendrait «combler un déficit dans les environs» :
mais un déficit de quoi au juste? D’espaces naturels? Mais il en existe déjà,
des centaines d’hectares (garrigues, espaces boisés, etc.) dans les environs,
et praticables en toute liberté! De commerces? Mais magasins de sport,
jardineries, centres de fitness, ou médicaux etc. existent déjà en nombre dans
les environs (A St-Clément-même avec Trifontaine, pas très loin à Clapiers,
Jacou, Montferrier avec l’espace du Fescau, etc.) sans compter les petits magasins
de cycles (à St-Clément, à St Gély, à Prades) tous menacés, avec perte
d’emplois évidente à la clef, par cet «Odysseum vert». En fait de déficit, ne
s’agit-il pas plutôt du déficit en clientèle? Qu’à cela ne tienne, «santé», «bien-être», «ludique», les
mots clés sont brandis, martelés. Il faut à tout prix créer le besoin et les
clients viendront. Cette zone commerciale répond-elle spontanément à un besoin
des citoyens?

 

Par contre, les nombreux impacts sur
l’environnement sont passés sous silence : atteinte irréversible au paysage,
imperméabilisation de 11ha de sols, augmentation considérable du trafic
automobile (jusqu’à 8000 véhicules qui vont entrer et sortir du site le samedi,
d’après l’étude d’impact) dont une grande partie va traverser les villages
voisins, à Montferrier sur Lez en particulier. Car, bien sûr, il n’y a pas le
choix : pas de transports en commun dissuasifs, pas de pistes cyclables (hormis
celles qui sont promises … à l’intérieur du site, ce qui est amusant!). Bref,
pour venir faire du sport, il faudra prendre sa voiture et affronter des
bouchons aggravés … précisément par l’Odysseum vert. un_espace_naturel_et_boise.jpg

 

Plus alarmant encore, l’implantation de ce
centre commercial participe à la disparition de terres agricoles, et cela à
proximité de la grande métropole : plus de 19ha sur les 23,5ha du site choisi
sont toujours cultivables, soit environ 90%. Or dans le projet cette surface
cultivable se réduit à 4ha! Quel bel espace vert! Quel progrès! Quelle
originalité! Et cela, alors que tant d’agriculteurs sont à la recherche de
terres à louer ou acheter, et qu’ils seraient prêts à s’insérer dans les
circuits courts, sans avoir à servir de caution à un centre commercial! Et cela
aussi, alors que tous les responsables politiques, dans leurs déclarations, s’alarment
du phénomène inquiétant de la disparition des terres agricoles et la main sur
le coeur, clament qu’il faut y mettre fin … Cherchez l’erreur!


                                                                                           

                                                                                                                                     

Des conseillers généraux sont
aussi opposés à ce projet :

« Il n’est absolument pas au bon endroit, estime Christian Dupraz,
conseiller général du canton. On va
bousiller la ceinture verte de Montpellier, imperméabiliser un secteur, la
basse vallée de la Lironde, dont on connaît les risques d’écoulements de crue
dangereux
.

 » En outre, ajoute Pierre Maurel,
il « ne bénéficiera d’aucune desserte
spécifique en transports en commun. Tout le monde ira en voiture
! » Et
le conseiller général  s’étonne des « 300 emplois » que l’on annonce.
Combien en détruira-t-on, dans le commerce existant ? »

Bref, ce projet n’est pas acceptable, il
faut le combattre par une mobilisation la plus massive possible . Nous
soutiendrons les actions proposées par les associations concernées.

 

JC Carcenac   ( Ensemble ! et militant de Prades le Lez
Environnement)

 

Pour plus d’informations  consultez le site de SOS Lez Environnement:  oxylane
non
.


Le point de vue de l’ACNAT

(Action Nature et
territoires en LR)


I  Un projet qui relève de la poudre aux yeux

 

Notre association ne partage pas la conception
de la mairie de Saint Clément de Rivière sur ce qu’est ou devrait être « l’esprit
nature ». A nos yeux, le concept de village sportif développé par
Décathlon c’est rien de plus qu’un concept marketing, destiné à repeindre en
vert un vulgaire aménagement commercial. Il suffit de s’intéresser aux centres
commerciaux Oxylane existant en France pour constater à quel point ceux-ci sont
peu différents des centres commerciaux habituels. Ce projet relève donc bien
plus du greenwashing à visée commerciale, donc de la manipulation, que
d’un réel projet s’inscrivant dans la transition écologique.

Non content de favoriser la concentration des
profits dans les mains d’un grand groupe déjà implanté sur l’agglomération, et
qui risque de mettre en danger nombre de commerces de taille plus modeste aux
alentours, il nous semble véhiculer une drôle de conception du sport devenu
commerce, et plus encore, une drôle de conception des « sports de
nature » (fitness en salle, foot en salle, badminton en salle, escalade en
salle, côtoyant restaurants et thalassothérapie). Le fait que cet endroit soit
plébiscité par la municipalité de St Clément de Rivière pour devenir la « porte
d’entrée » symbolique de la communauté de communes du Grand Pic Saint Loup
en dit long sur la déconnexion des promoteurs de ce projet de la réalité de
leur territoire, ou des aspirations de la population. Les envolées lyriques du
journal municipal le Clémentois sur un mirifique « concept
international » ne suffisent pas à masquer la pauvreté de ce projet qui
vise ni plus ni moins à remplacer un espace de nature par un nouveau temple de
la consommation.

Ajoutons à cela l’existence d’une surface
considérable de centres commerciaux équivalents au sein et aux alentours de
Montpellier. Les Pages Jaunes nous donnent une liste de 20 magasins de sport
sur la seule commune de Montpellier (48 « à proximité » de
Montpellier), plusieurs dizaines de magasins de cycles, 6 centres de
thalassothérapie à moins de 20 km, une centaine de centres de Fitness à
proximité de Montpellier, 34 jardineries à l’échelle de l’agglomération (du
petit magasin à la pépinière) et deux sites d’accrobranche à moins de 30 km… Ce
projet nous paraît donc profondément inutile, et même nuisible économiquement.

 

2. Halte à la
consommation de terres agricoles

En 2012 la Direction Départementale des
Territoires et de la Mer (DDTM) a tiré la sonnette d’alarme concernant la consommation des
meilleures terres agricoles de plaine dans le Languedoc-Roussillon, et en
particulier dans l’Hérault. Selon elle, entre 1997 et 2009 (12 ans) :

51 % des terres à fort potentiel
agronomique ont été artificialisées dans l’Hérault

46 % des terres à fort potentiel
agronomique ont été artificialisées dans le Languedoc-Roussillon

Ces bonnes terres agricoles se trouvent en
majorité dans la plaine et autour des villes. Il ne nous paraît pas acceptable
d’hypothéquer l’avenir de l’humanité en poursuivant la destruction du plus
grand potentiel agronomique de nos territoires.vue.jpg

L’implantation du projet Oxylane sur l’emprise
du domaine agricole historique des Fontanelles ne nous paraît pas acceptable.
La vocation agricole de ces terrains est clairement sous-estimée à tort dans le
dossier : les terres sont dites  « à l’abandon ». Cet
abandon est attribué à une tendance générale à la baisse des surfaces agricoles
dans la région, ce qui est une grossière erreur d’appréciation. Les terrains
dont il est question ici étant bien desservis et de bonne qualité, ils ne sont
pas concernés par « l’abandon » de l’activité agricole. Ces terrains
ne sont très probablement pas cultivés du fait de la connaissance par le
propriétaire des projets en cours sur son propre terrain. Sans autre
perspective que la vente, il est évident qu’il ne va pas planter des vignes,
par exemple, dont les premiers rendements nécessitent plusieurs années de
soins. Par ailleurs, à l’heure actuelle, plus de 19 ha sur les 23,5 ha du site
choisi sont toujours en très bon état pour être cultivés, soit environ
90 %. Or dans le projet cette surface cultivable se réduit à 4 ha !
Cette surface ridicule et isolée dans une matrice urbaine ne permettra pas une
gestion rationnelle de l’espace agricole et ne peut avoir qu’une fonction
décorative.

 

3. Vers une
poursuite illimitée de l’étalement urbain

On remarquera que Saint Clément de Rivière fait
partie de ces villes qui se sont spécialisées dans l’habitat individuel
extensif pour personnes aisées, mode de développement extrêmement consommateur
d’espace et de ressources naturelles, avec le record du nombre de piscines à
l’hectare, et d’innombrables constructions de villas en pleine forêt au mépris
du risque incendie. Cette manière de développer la ville est aujourd’hui
condamnée partout et ne s’inscrit aucunement dans la transition écologique.

Il semble qu’il soit question de créer une
continuité urbaine de Montpellier – Saint-Clément – Saint-Gély-Du-Fesc sur
l’axe de la RD986. Cette continuité aura pour conséquence directe et indirecte
une accélération et une légitimation de la destruction des terres agricoles
alentour, au profit du logement péri-urbain. Quelle est la cohérence
territoriale d’un tel projet ? Il est permis de poser la question de l’existence
d’une limite à l’étalement urbain. Doit-on considérer ce fait comme
inéluctable ? Dans ce cas, jusqu’où va-t-on urbaniser et dans quel type
d’environnement vivront les habitants dans 10 ou 20 ans ? Malgré les beaux
discours, nous constatons que rien ne change : bétonnisation des dernières
ceintures vertes, grands projets inutiles, multiplication des ZAC, habitat
pavillonnaire…

 

4. Imperméabilisation urbaine et
inondations

Il est prévu d’imperméabiliser environ les deux
tiers de la surface du projet qui est de 23,5 ha, en comptant bâtiments, routes
et parkings. La zone qui va être imperméabilisée est une zone particulièrement
humide comme en atteste un réseau dense de fossés d’évacuation et la présence
d’une source. Cette zone se situe par ailleurs dans une cuvette, et en tête de
bassin d’un affluent de la Lironde, connue pour ses crues éclair. Cette zone ne
sera pas à l’abri des inondations, comme en attestent le ravinement important
et les dépôts de pierres et de sédiments laissés sur plusieurs dizaines de
mètres de large par la dernière crue au niveau notamment de la parcelle n°1.

 

Des locaux nous ont par ailleurs témoigné avoir
connu des inondations dramatiques avec des voitures emportées au niveau de la
D127. Mais les conséquences ne s’arrêtent pas à la prise de risque localisée au
niveau du projet Décathlon, puisque cette imperméabilisation de plus de 15 ha
aura évidemment des conséquences en aval, en aggravant l’aléa inondation lié à
la Lironde, qui devrait être réévalué suite aux nombreux aménagements réalisés
ces dernières années.

Les derniers événements climatiques sont venus
nous rappeler à quel point il est nécessaire de changer les pratiques, or avec
ce projet, il s’agit bien au contraire de continuer à répéter les mêmes
erreurs.

 

II.
Arguments naturalistes (extraits)

 

1. Un paysage
en voie de disparition

 

zone_humide.jpgIl s’agit d’une zone semi-naturelle à proximité
de Montpellier, ayant donc une valeur importante dans le cadre de vie de
nombreux habitants. L’impact paysager de ce projet sera fort dans une cuvette
actuellement assez préservée, organisée autour d’un domaine agricole cohérent
dans l’espace, en tête de bassin d’un affluent de la Lironde, qui est très
proche. Ce type de paysage exempt de tout centre commercial est aujourd’hui en
voie de disparition à proximité de l’agglomération, il est donc à préserver
face à la dynamique de grignotage progressif de l’environnement périurbain. Par
ailleurs, c’est un corridor écologique important (voir plus loin).

 

2. L’étude d’impact n’a pas
utilisé toute l’information disponible sur la faune et la flore

a. MAMMIFERES

Pour la grande faune, nos propres sorties sur le
terrain ont montré une très forte présence de sangliers avec des empreintes
très nombreuses sur l’ensemble du domaine, particulièrement le long de tous les
corridors arborés (ripisylves), et l’observation directe de 5 individus en
pleine journée. Nous avons également constaté, suite aux intempéries et à
l’ameublissement de la terre, de nombreuses empreintes de renards et de Mustélidés
(Fouine) – espèces non mentionnées dans l’étude – le long des mêmes corridors,
ce qui permet d’attester de leur utilisation intensive par des mammifères
essentiellement en déplacement nocturne.sangliers.jpg

 

b. OISEAUX

Deux passages rapides au mois d’octobre nous ont
permis de détecter plusieurs autres espèces sur l’emprise du site même, qui ne
sont pas citées dans l’annexe de l’étude :
 – Alouette lulu  – Bergeronnette des ruisseaux – Bergeronnette
grise  – Busard des roseaux (migration)– Buse variable  –
Chardonneret élégant
 – Épervier d’Europe (chasse) – Fauvette mélanocéphale – Geai des
chênes  – Linotte mélodieuse,– Mésange charbonnière  – Perdrix rouge  –
Rougegorge familier – Tarier pâtre  – Troglodyte mignon.

Le site est utilisé non seulement comme corridor
et comme zone d’alimentation (en l’occurrence, au moment de nos relevés, en
période de migration).

L’Alouette lulu est une espèce patrimoniale,
inscrite à la directive Oiseaux, bien présente sur le site, très probablement
nicheuse et non citée dans le rapport. L’alouette lulu est une espèce dont la
tendance nationale est à la baisse du fait de la disparition de ses habitats
typiquement agricoles. Ses populations se portent bien en Languedoc-Roussillon
mais reculent en zones périurbaines. C’est donc un enjeu typique dans le
contexte de ce projet.

La présence de rapaces (3 Buses variables et une
Épervier d’Europe en chasse) montre que ce site est utilisé comme zone de
chasse. Il est probable que ce rôle soit sous-estimé. La LPO Hérault nous
signale par ailleurs qu’il est possible que cette zone soit utilisée par le
Hibou Grand-Duc des sources du Lez.

Aucune prospection des oiseaux nocturnes n’a été
réalisée alors que le site présente des habitats favorables pour au moins
quatre espèces patrimoniales :
 – Engoulevent d’Europe
 – Petit-duc Scops (un couple connu à 800 mètres du site)
 – Chouette chevêche
 – Chouette hulotte

Pour d’autres espèces, leur absence est
étonnante soit parce qu’elles sont très communes, soit parce qu’elles sont
connues sur ce site, en particulier le Pouillot de Bonelli.

L’absence d’un grand nombre d’espèces dans
l’EIE, dont certaines à enjeu important dans ce type de contexte, et la
facilité avec laquelle nous avons pu observer 15 espèces supplémentaires,
reflètent la pauvre qualité du dossier et surtout l’insuffisance de moyens qui
ont été consacrés à cet inventaire.

 

c. AMPHIBIENS

L’étude ne mentionne aucune espèce d’amphibiens,
alors que les milieux paraissent particulièrement favorables à la présence
d’espèces protégées : présence d’une source au cœur du site, d’un ruisseau
et d’un réseau dense de fossés à faible pente créant de nombreuses retenues
d’eau. Une sortie le 25 octobre 2014, soit un mois après les grosses pluies de
fin septembre, nous a permis de dénombrer pas moins d’une vingtaine de petites
réserves d’eau stagnante disséminées sur tout le site, potentiellement propices
pour la reproduction des amphibiens. Contrairement à ce qu’affirme trop
rapidement l’EIE, la source et les nombreux fossés qui créent des habitats
intéressants ne sont pas tous « remplis de ronces », en
particulier le long du cours d’eau et d’un linéaire important de fossés
maillant la zone agricole, particulièrement à l’ouest et au nord, mais aussi
dans une moindre mesure au sud et à l’est.

Après 10 minutes de recherches bibliographiques
(DREAL LR – base de données MALPOLON), nous constatons que la Rainette
méridionale (protection nationale, annexe IV de la Directive Habitats) et le Pélodyte
ponctué (protection nationale), sont connus à moins de 300 mètres de la zone
d’étude. Aucune de ces espèces n’a été citée dans l’étude, et aucune n’a été
considérée comme potentielle malgré la présence d’une source sur le site
d’étude !

Un individu de Grenouille rieuse/de Graf (Pelophylax
sp.
, en photo ci-après) a par ailleurs été observé et photographié sur le
site, au niveau de la zone humide ouest, le 25/10/2014 (période pourtant
tardive pour les prospections amphibiens).grenouille.jpg

 

Il est incompréhensible que des prospections
dédiées à la recherche d’amphibiens n’aient pas été réalisées sur ce site. Ce
groupe a été totalement ignoré. L’étude d’impact est donc très incomplète.

Nous rappelons que toutes les espèces
d’amphibiens autochtones sont protégées en France de sorte que leur présence
sur l’emprise du projet est susceptible de nécessiter la réalisation d’un
dossier spécifique auprès du CNPN.

 



d. REPTILES

L’étude d’impact déclare qu’aucun reptile n’a
été observé sur le site. Nous considérons que les prospections ont été très
nettement insuffisantes.
Après une rapide visite des lieux, nous considérons les espèces suivantes comme
très probables sur le site qui présente de nombreux habitats favorables
(présentées par ordre décroissant d’enjeu régional) :

 – Sceps strié
 – Couleuvre de Montpellier (une donnée dans la base MALPOLON)
 – Couleuvre à échelons
 – Lézard des murailles
 – Lézard vert occidental

La présence sur l’emprise du projet de milieux
semi-ouverts, incluant à la fois des caches, des territoires de chasse et des
sites de thermorégulation sont très favorables pour ces espèces, par ailleurs
largement répandus dans les territoires environnants. Leur présence est donc
hautement probable sur le site.

Nous avons d’ailleurs observé trois individus de
Lézard des murailles lors de la sortie terrain du 25/10/2014 dans la zone
boisée centrale, malgré l’époque tardive pour les prospections reptiles. L’un
d’eux a été photographié.

 

Toutes ces espèces font l’objet d’une protection
nationale. Par ailleurs, selon la DREAL LR la responsabilité régionale est très
forte pour le Sceps strié et pour la Couleuvre de Montpellier, et forte pour la
Couleuvre à échelons. Le Lézard des murailles et le Lézard vert occidental sont
quant à eux inscrits comme espèces d’intérêt communautaire dans la Directive Européenne
« Habitats, Faune, Flore ».

Nous comprenons que certaines espèces de
reptiles peuvent être très difficiles à détecter sur le terrain. C’est pourquoi
l’étude herpétologique d’un secteur doit se baser sur des passages répétés et
une bonne connaissance de l’habitat des espèces. La non détection n’est pas une
tare, mais la conclusion proposée dans le rapport fourni fait froid dans le
dos : « Aucune espèce n’a été contactée. Par conséquent, il n’y a
pas de risque de destruction d’espèce patrimoniales »
. La non
détection peut être mise sur le compte d’un personnel débutant ou de conditions
défavorables. Par contre, la conclusion qui en tirée est de l’ordre de la faute
professionnelle
.

Concernant l’aménagement du projet en lui-même,
rappelons que la première cause de mortalité des reptiles dans la région LR est
la collision routière (Geniez, Atlas des Amphibiens et Reptiles du Languedoc
Roussillon, 2012). Un tel projet, de part l’extension du réseau routier sur le
territoire des reptiles cités précédemment, augmentera considérablement la
mortalité des adultes ; il induit donc un impact fort sur les populations
à court ou moyen terme. Aucune mesure d’atténuation n’a été proposée. Par
exemple, une stratégie de canalisation des individus vers des franchissements
routiers (sous la route) pour les reptiles et amphibiens serait vivement
recommandée afin de diminuer l’impact de l’aménagement et de répondre aux
objectifs du développement durable.

 

e. INSECTES

9 espèces de papillons, 1 espèce d’odonate, 1
espèce d’orthoptère et 1 espèce de cigale sont mentionnées en annexe de l’EIE,
ce qui constitue un inventaire extrêmement pauvre pour ces groupes.

Il nous semble que la pression d’inventaire a
été faible car nous avons pu observer d’autres espèces communes lors de nos
sorties sur le site. Nous avons en particulier relevé des potentialités
intéressantes pour deux espèces de papillon patrimoniales et faisant l’objet
d’une protection nationale :

– la Zygène cendrée Zygaena rhadamanthus
(présence de la plante hôte, la badasse)
– la Diane Zerynthia polyxena (le long du cours d’eau, présence
d’Aristoloches sur la zone d’étude) – espèce menacée en France

Aucune de ces deux espèces n’est mentionnée dans
le rapport, ne serait-ce que comme potentielle.

Il est par ailleurs étonnant qu’aucune
prospection n’ait été réalisée spécifiquement pour trouver la Magicienne
dentelée (Saga pedo) espèce protégée nationalement et qui pourrait être
présente, notamment dans le triangle de garrigue qui doit être défriché au nord
de l’emprise. Aucune mention de visite en période favorable concernant cette
espèce (nuit d’été chaude) n’est présente dans le rapport. On imagine mal que
les prospections nocturnes estivales réalisées pour les chauves-souris aient pu
également concerner cet orthoptère.

Comme pour les reptiles, la conclusion hâtive
qui est faite relève de la faute professionnelle : « Le
projet n’aura pas d’impact direct sur des invertébrés patrimoniaux car aucun
espèce patrimoniale n’a été contactée. »

 

f. FLORE

Une seule sortie flore, le 8 Mars 2013, ne pouvait suffire pour établir un réel état des lieux de
la végétation en place.

Il y a donc eu sous-prospection pour la flore,
en plus du choix d’une période d’inventaire qui n’était pas adaptée.

Nous notons également la présence dans la pinède
centrale et en bordure de la zone nord de pelouses à Brachypode rameux, comme
suggéré dans le relevé botanique et comme nos propres observations l’ont
confirmé. Cette espèce étant constitutive de l’habitat « Pelouses
méditerranéennes occidentales xériques »
(code corine 34.51, à
Brachypode rameux), nous nous étonnons de son absence de mention dans
l’inventaire des habitats de la zone étudiée. Pour rappel cet habitat est en
forte régression et sa diversité et sa spécificité floristique sont élevées.
Pour cette raison, il est protégé en tant qu’habitat prioritaire (code 6220*)
par la Directive 92/43/CEE Habitats, Faune et Flore.

 

4. Conclusions sur l’effort de prospection

 – pas de prospection
spécifique aux amphibiens,
 – pas de prospection spécifique aux reptiles,
 – pas de prospection spécifique aux oiseaux nocturnes à enjeux,
 – une seule sortie flore, à une saison inadéquate
 – pas de prospection spécifique pour les insectes,
 – pas de prospection spécifique aux principaux insectes patrimoniaux
(dont nocturne pour Saga pedo),
 – sous-prospection reconnue pour les chauves-souris.

 

 

 Une fonction de corridor biologique négligée

L’isolement de plus en plus important des
populations animales dans des îlots naturels ou semi-naturels délimités par des
barrières infranchissables conduit inéluctablement et progressivement à une
vulnérabilité accrue de ces populations aux moindres perturbations. A terme,
les espèces les plus spécialisées disparaissent (souvent les plus
patrimoniales). Il s’ensuit un appauvrissement de la diversité biologique, une
banalisation des milieux, et une perte de patrimoine.

Par ailleurs, à l’échelle de l’agglomération, il
convient de tenir compte du fait qu’avec le cumul des projets de bétonnisation
de la ceinture verte au sud de Montpellier (Route de la Mer, OZ, A9 bis, CNM,
gare nouvelle), le dernier corridor écologique majeur permettant de traverser
d’est en ouest la trame urbaine de Montpellier par le sud (à 7 km de la mer) va
disparaître à court terme. Il s’ensuit que la barrière de béton entre est et
ouest fera désormais pas moins de 17 km depuis la mer (Carnon plage), jusqu’au
nord de Montpellier, précisément au nord de Trifontaine. Ce corridor est-ouest
sera donc le premier depuis la mer, permettant par la Lironde (corridor déjà
bien rétréci au niveau d’Agropolis) de rejoindre celui du Lez. Si cette zone
vient à être urbanisée, alors la barrière s’étendra sur 20 km depuis la mer.

Sur place, les informations que nous avons
recueillies montrent clairement que la zone d’étude est une zone de passage :
les très nombreuses traces de sangliers, de renards et de mustélidés observées
au sol sur toute la zone en sont le témoin.

En outre, le Rollier d’Europe occupe la zone
d’étude (cf p 27 du rapport remis par les Écologistes de l’Euzière ; et
carte ci-dessus donnant des observations complémentaires) : ce projet, cumulé
à l’urbanisation des “Hauts de Fontanelles” au Nord, va véritablement couper en
deux son territoire, déjà contraint au Sud, à l’Est et au Nord par
l’urbanisation. Cette contrainte supplémentaire fera très probablement partir
ce couple. Il est pourtant écrit dans l’analyse des impacts « la
construction d’un lotissement multi-activité n’aura pas d’impacts sur ces
espèces puisqu’elles auront la possibilité de se déplacer sur des sites plus
favorables à leur alimentation sur tout le secteur Nord-Est au droit de la zone
pour le Rollier d’Europe »
… On comprendra donc que,
« grâce » à ce projet, ces espèces vont pouvoir se déplacer vers des
habitats plus favorables… Il s’agit d’un abandon franc et net d’un des
objectifs majeurs du développement durable : faire cohabiter patrimoine et
activités humaines. Signalons que ce couple de Rollier d’Europe n’est pas
isolé, mais fait partie d’une population qui occupe les terrains agricoles du
Nord de Montpellier, dont les territoires et la répartition sont de plus en
plus morcelés par les opérations d’urbanisme sur terres agricoles. Ce projet ne
fera qu’accentuer la tendance.

Au final, nous nous demandons quels sont les
éléments qui permettent d’affirmer que le projet n’est pas de nature à remettre
en cause les trames vertes et bleues du territoire, alors même qu’il introduit
une coupure, en fragmentant définitivement un corridor existant, comme cela
apparaît clairement sur la carte de synthèse de la trame verte et bleue
régionale ?

 

 Des
impacts systématiquement sous-estimés

L’enjeu fort pour les chauves-souris est
probablement encore sous-estimé puisque l’étude a jugé que des inventaires
complémentaires étaient nécessaires. Par ailleurs, les grosses lacunes des
inventaires, qui se terminent par des conclusions lapidaires « pas vu, pas
d’impact », conduisent évidemment à sous-estimer artificiellement les
impacts de ce projet.

Nous pensons que ce dossier doit être
complètement repris en rehaussant considérablement le niveau d’exigence (et par
conséquent, de moyens alloués à l’étude initiale). Par ailleurs, une fois les
inventaires correctement complétés, la découverte très probable d’un certain
nombre d’espèces protégées supplémentaires, la perspective de destruction du triangle
de 6000 m² de garrigue au nord de la zone, ainsi que la zone de 50 m de
débroussaillement supplémentaire, devraient très probablement amener à la
réalisation d’un dossier de demande de dérogation pour la destruction d’espèces
protégées auprès du CNPN.

La construction de cet aménagement en plein
territoire d’un couple de Rollier, et la présence avérée de Lézard des
murailles, devraient suffire à exiger un tel dossier.

Nous rappelons qu’en application des articles
L411-1 et suivants du code de l’environnement, en l’absence de dérogation, la
destruction d’espèces protégées est interdite sur tout le territoire
métropolitain et en tout temps, ainsi que la perturbation intentionnelle des
animaux dans le milieu naturel. Le délit de destruction d’espèce protégée est
prévu à l’article L.415-3 du code de l’environnement et est puni d’un an
d’emprisonnement et de 15 000 € d’amende.

 

Des mesures compensatoires inadaptées

La plus grande partie des aménagements
compensatoires concerne les chauves-souris. Nous considérons les mesures
proposées comme inadaptées, notamment parce que les impacts ont été
sous-estimés, et parce que la création de gîtes supplémentaires ne compense ni
la perte d’habitat de chasse, ni la perte de corridor écologique.

Par ailleurs la création de gîtes méconnaît
l’écologie des espèces qu’elle cible. Ainsi il est proposé de transformer un
cabanon de vigne en gîte pour les Grands Rhinolophes, or il est très peu
probable que cette espèce vienne s’installer dans un espace réduit de seulement
6 mètres cubes. Cette probabilité devient nulle lorsqu’il est envisagé que cet
“aménagement” soit réalisé en bordure de la zone commerciale qui produira un
éclairage et une fréquentation pédestre et routière totalement défavorables à
cette espèce.

Concernant l’avifaune, il est prévu d’installer
des nichoirs notamment pour la Huppe fasciée et le Rollier d’Europe. Nous nous
interrogeons là encore sur la pertinence de cette mesure : en effet, à
quoi bon mettre plus de nichoirs quand on détruit une bonne partie des habitats
de chasse présents dans ce secteur ? Ces nichoirs feront, dans le pire des
cas, augmenter le nombre de collisions de ces espèces avec le réseau routier
densifié. On parle dans ces cas-là de « trappe écologique ».

Absence d’avis de
l’Autorité Environnementale

Étant donné les nombreuses défaillances de cette
étude nous nous étonnons que l’Autorité Environnementale ait émis un avis
tacite. Il nous paraît assez inexplicable que la DREAL ait laissé passer un
dossier aussi mal préparé.

Parallèlement à notre réponse à l’enquête publique,
nous demandons à la DREAL les raisons de cette absence d’avis.

 

 Conclusion

Nous considérons que cette étude présente de
grosses insuffisances et que certaines erreurs relèvent de fautes
professionnelles.

Les appétits spéculatifs des promoteurs ne
peuvent s’arrêter d’eux-mêmes. Par ailleurs, nous ne sommes pas dupes des
arguments “verts” venant d’élus qui s’inscrivent dans une relation de
concurrence avec les communes voisines, et souhaitent surtout prendre leur part
à la manne financière que représentent de tels centres commerciaux. Il est donc
indispensable que la société civile s’exprime, en dehors des élections, pour
stopper ce type de projet, qui plus est lorsque ceux-ci se montent en dehors de
toute concertation, au terme de procédures bâclées.

 





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