Le nouveau Ken Loach “l’esprit de 45” en avant première au cinéma Utopia de Montpellier

Retour sur le passé pour mieux comprendre le présent; Comment une
société ruinée par la guerre a-t-elle pu mettre en place des réformes
fondamentales, services publics, sécu, logements… ? Projection mardi 7 mai (Cinéma Utopia Montpellier). Ci-dessous, aussi l’appel lancé par Ken Loach à la création d’un nouveau parti de gauche  en Grande Bretagne. 

The Spirit of ’45, le nouveau film de Ken Loach est un
documentaire, à base d’images d’archives, qui relate la naissance de
l’État providence au Royaume-Uni, à la fin de la guerre, sous le mandat
du gouvernement travailliste de Clement Attlee. Cette période a été
marquée par une vague de nationalisations sans précédent (et sans
équivalent dans les pays occidentaux  comparables) ainsi que par la
création du NHS, le système national (public) de Santé, etc.

La sortie du film, le mois dernier, sur les écrans britanniques a été
l’occasion d’une véritable tournée de réunions publiques : très vite,
les discussions ont porté sur le bilan de l’État providence, les
attaques actuelles qui visent à le démanteler, la dérive droitière du
Parti travailliste.

Et la nécessité d’un nouveau parti…

Vous pouvez cliquer sur l’affiche pour voir la bande annonce du film…

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Grande-Bretagne : Le parti
travailliste nous a trahi. Nous avons besoin d’un nouveau parti de gauche

LOACH
Ken
, HUDSON
Kate
, ACHCAR
Gilbert

25 mars 2013, Guardian 25/03/2013. Traduction François Coustal.

 

Le parti
travailliste nous a trahi.

Nous avons
besoin d’un nouveau parti de gauche.

La
Grande-Bretagne a besoin d’un parti qui rejette les politiques néolibérales et
améliore la vie des gens ordinaires. Aidez-nous à le créer !

L’austérité précipite
la catastrophe économique qui atteint l’Europe, tout récemment la population
chypriote. Mais George Osborne (
Ministre de l’Économie
et des Finances du gouvernement Cameron)
poursuit la même
politique désastreuse. Le budget annoncé la semaine dernière n’est pas une
surprise : Osborne a annoncé encore de nouvelles coupes budgétaires ainsi
que l’extension du blocage des salaires dans le secteur public, ce qui signifie
une baisse du pouvoir d’achat en termes réels. Il nous enfonce encore plus
profond dans un gouffre économique, comme le montre la révision des prévisions
de croissance fournies par le Bureau de la responsabilité budgétaire : un
taux de croissance de 0,6% au lieu de 1,2% initialement prévu. Cela ressemble
beaucoup à un nouveau déclin et non à la croissance promise ; et ce sont
les gens ordinaires qui en paient le prix. La violence des attaques économiques
du gouvernement ne connaît pas de limites. Aide aux handicapés, allocations chômage,
impôts locaux, taxe sur les pièces inoccupées : autant de politiques
punitives dirigées contre les membres les plus vulnérables de la société.

Si l’on jugeait
en fonction de ses objectifs affichés, on pourrait facilement affirmer que la
politique gouvernementale est inefficace : le déficit sera supérieur de
61,5 milliards de plus que prévu. Mais, bien sûr, la vérité est que, en réalité,
les politiques d’austérité ont été conçues en vue du démantèlement de l’État
providence, de la baisse des salaires et de la marchandisation complète de l’ensemble
de l’économie, de la destruction de tous les acquis économiques et sociaux
obtenus par les couches populaires depuis la Seconde Guerre mondiale. Du point
de vue du gouvernement, ces politiques sont efficaces !

Au sein de la
société, la compréhension de ce que veut réellement le gouvernement progresse
et, en conséquence, l’opposition grandit et l’on discute maintenant d’alternatives
en matière de politique économique. Rien que la semaine dernière, le Guardian a
publié un appel de 60 économistes qui expliquent que le pire est à venir :
il reste encore 80% des coupes budgétaires à réaliser…

Alors que ces
politiques économiques alternatives sont en débat, politiquement vers où
pouvons-nous nous tourner pour qu’elles soient reprises en tant que politique
de parti ? Si nous voulons combattre pour une alternative, qui est de
notre côté ? Dans le passé, beaucoup s’attendaient à ce que le Parti
travailliste agisse pour nous et avec nous ; mais ce n’est plus le cas. L’allocation
chômage ? La semaine dernière, le Parti travailliste s’est abstenu et
maintenant le gouvernement peut en exclure un quart de million de demandeurs d’emploi.
La taxe sur les pièces inoccupées ? Est-ce qu’un gouvernement travailliste
l’abolirait ?

Nous avons
besoin de politiques qui rejettent les coupes budgétaires des conservateurs,
qui régénèrent l’économie et améliorent les vies des couches populaires. Nous n’obtiendrons
rien de tout cela du Parti travailliste. Cela ne fait aucun doute : par le
passé, certaines réalisations travaillistes ont été remarquables, comme l’État
providence, le service de Santé publique, une économie redistributive qui a
rendu possibles des niveaux inégalés dans l’Éducation et la Santé. Mais ces réalisations
appartiennent maintenant au passé. Aujourd’hui, le Parti travailliste s’est
converti aux coupes budgétaires et aux privatisations. Il démantèle lui-même sa
grande œuvre passée. Le Parti travailliste nous a trahi. Rien ne le montre plus
clairement que « L’esprit de 45 ».

Le Parti
travailliste britannique n’est pas isolé dans son glissement à droite et sa
conversion aux politiques économiques néolibérales. Ses partis frères en Europe
ont suivi le même chemin depuis deux décennies. Mais, ailleurs en Europe, des
nouveaux partis ou de nouvelles coalitions – comme Syriza en Grèce ou Die Linke
en Allemagne – ont commencé à occuper l’espace laissé vacant et à offrir une
alternative politique, une vision économique et sociale. Il faut en finir avec
l’anomalie qui laisse la Grande-Bretagne sans alternative politique de gauche
pour défendre l’État providence, l’investissement créateur d’emplois, le
logement et l’éducation, la transformation de l’économie.

C’est pour
cette raison que nous appelons les gens à se joindre au débat pour la fondation
d’un nouveau parti de gauche. La classe ouvrière ne peut rester sans représentation
politique, sans défense alors même que toutes ses victoires et tous ses acquis
sont en train d’être détruits.

Ken Loach, Kate
Hudson, Gilbert Achcar

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