Depuis
la mi février 2015, le « squat » Brault, route de Narbonne, est
envahi par les rats (des gros et en très grand nombre). Sept familles et leurs
enfants vivent là. Il faut veiller toute la nuit pour empêcher les morsures.
Les enfants, fatigués, manquent l’école.
Il
y a 3 semaines, la directrice de l’Agence départementale de la Solidarité et
l’adjointe santé sont venues sur place. Elles ont fait un rapport à leur
hiérarchie. J.M. Du Plaa a saisi le Sous-Préfet en raison du problème de
salubrité, voire de santé publique. Le Sous-Préfet a saisi, a t-il dit, le
Maire, responsable de la dératisation… Et depuis…
plus rien !!! Parce que ce sont des
Roms ?
L’
Association Biterroise Contre le Racisme fait le point.
Dans
la nuit, un bébé de 5 mois a été mordu juste au dessus de l’œil. Urgences,
vaccination mais rien… l’enfant est revenu parmi les rats .
Pourtant les familles ont essayé
d’échapper à cette situation. Elles ont tenté de s’installer dans un autre
lieu, de l’autre côté de la rocade, dans une maison abandonnée depuis une
quinzaine d’années.
Ils ont déménagé le 9 mars au
soir, après avoir nettoyé les lieux, coupé herbes et branchages depuis une
semaine de façon très discrète (à leur point de vue).
Mais un voisin les avait dénoncés à la
mairie de Béziers. A 14h, les polices municipales et nationales étaient sur
place, sans but précis, elles attendaient « les ordres »
Nous étions 4 de l’ABCR.
Puis, à 17 h, ils sont tous
repartis, nous aussi… mais à 18H, ils revenaient tous, police nationale,
municipale, une pelleteuse, des camions de chantier plein de cailloux et des
employés municipaux… Alors nous aussi nous sommes revenus.
Et ils attendaient toujours les ordres
et ils voulaient savoir où étaient les hommes et quand ils reviendraient ;
les femmes répondaient « ils sont partis travailler » ce qui les
faisait ricaner bêtement.
A 20h , camions et employés
municipaux repartaient dans la nuit.
A ce moment là la police nationale
annonçait qu’il fallait quitter les lieux immédiatement et, pour mettre
l’ambiance, organisaient, avec les torches dans la gueule des femmes et des
enfants, en les tutoyant, un contrôle d’identité avec menace de reconduite au pays pour ceux qui n’auraient pas les
papiers en règle… Un mini bus de l’ABES devait conduire ces dames et les enfants à l’hôtel pour une nuit, peut
être deux… et après… « c’est pas notre problème » répondait le
chef. Il fallait donc abandonner les « affaires » et une caravane,
sachant que tout serait éliminé dès leur départ et qu’ à la sortie de l’hôtel
ils seraient encore plus démunis.
Non ! Dirent les femmes nous
préférons retourner avec les rats !
Première
leçon :
Le Sous-Préfet cède à Ménard puisqu’il
a fini, en fin de journée, par autoriser l’usage de la force publique pour
mettre fin à l’occupation de cette maison inhabitée depuis 18 ans dont la
mairie était devenue propriétaire et pour laquelle aucun projet lié à l’intérêt
général n’est établi. Donc nul n’aurait pâti de cette occupation par les
familles pour peu que le maire autorise le ramassage des poubelles.
Et le Sous-Préfet, en raison de
l’urgence sanitaire, n’aurait-il pas pu réquisitionner cette maison pour y
loger les familles ? Mais pour cela, il aurait fallu une volonté politique
se manifestant tout au long de la hiérarchie préfectorale.
Le double langage du pouvoir : discours
humanitaire et répression avec une bonne dose d’incurie
Ce manque de volonté politique pour
réaliser ce qu’on prétend vouloir, méne à une sorte de schizophrénie
administrative. Ceci est manifeste lorsque l’on examine la politique de
l’administration préfectorale dans la durée.
Depuis 4 ou 5ans, les Sous-préfet de
Béziers successifs, de B. Huchet (sous Sarkozy), puis N. de Maistre et N.
Lerner (sous Hollande) ont poursuivi une
action répressive contre les Roms
(poursuites pénales, contrôles policiers, évacuations souvent brutales)
tout en prétendant rechercher des solutions d’intégration. Avec peut-être trop
de naïveté, mais nous espérions tellement améliorer le sort de ces familles,
nous avons participé à toutes les réunions auxquelles nous fûmes invités en
sous-préfecture. A chaque fois, et le plus souvent en accord avec les
représentants du Conseil Général, nous avons expliqué qu’il ne pouvait y avoir
une scolarisation continue et stabilisée si les familles étaient sans cesse
évacuées et déplacées, que l’intégration sociale des parents supposait une
certaine stabilité spatiale et que nous étions prêts à participer à tous
projets allant dans ce sens.
Paroles
vaines, sans doute….
Mais le pire, c’est le fiasco du
dernier projet qui a été officiellement »enterré » dans une dernière réunion
le 24 février 2015 en sous-préfecture. Il s’agissait de mettre en place
« une aire de transition » pour une dizaine de familles sélectionnées par
l’administration en fonction de ses propres critères et qui devait être
installée sur un terrain appartenant à RFF.
Cela ne réglait pas l’ensemble des problèmes des Roms de Béziers, mais,
c’était un premier pas. Ce projet soutenu activement par J.M. Du Plaa devait,
avec la participation financière de l’État, voir le jour. Nous en avons discuté
pendant des mois. Pendant ce temps, nous avons continué à suivre la
scolarisation de tous les enfants roms de Béziers et, tous nos partenaires, y
compris les services de l’État, n’ont pas manqué de louer notre action mais
sans pour autant nous accorder la moindre subventions en 2014.
Enfin, fin 2014, l’État s’engage. Des
crédits sont débloqués. Le Sous-Préfet nous dit, au cours d’une entrevue, début
décembre, que »c’est parti ! » avant la fin de l’année. Une association
lyonnaise dont nous ignorons tout, à
l’époque, est mandatée et financée pour gérer le lieu et implanter des
structures modulaires « mobiles ».
Hélas…
tout s’arrête en janvier : personne ne s’est préoccupé des questions
d’assainissement du lieu. Il y en aurait pour 300000 € et personne en cette
période électorale ne veut payer.
Bilan :
de l’argent public a été dépensé puisque l’association lyonnaise aurait acquis
les structures sus-dites, mais il n’y a plus de lieu d’accueil et les familles
sont toujours avec les rats.
Au final que dire ? Incurie,
inconséquence, recul frileux devant tous ceux qui refusent l’intégration des
Roms ?
Voilà. Au 31 mars, deux squats seront
évacués (10 familles) et des familles logées en hôtels pendant l’hiver seront
peut-être, elles aussi à la rue. Autrement dit, la scolarisation risque d’être
définitivement compromise….
François
Muselet , Secrétaire de l’ABCR