Début de mobilisation à Montpellier pour l’enseignement supérieur et la recherche



Dans le cadre de la journée nationale d’action, pour l’enseignement
supérieur et la recherche, une manifestation a eu lieu jeudi 11 décembre à Montpellier.

Dans la ligne de mire des différents gouvernements néolibéraux depuis
les années 2000, le système universitaire français a subi un véritable coup de
massue en 2009 avec la loi sur l’autonomie des universités (loi LRU). Cette
autonomie a essentiellement consisté a décider d’un budget à allouer aux
universités sans tenir compte de l’augmentation des charges auxquelles elles
doivent faire face, et à leur transférer la responsabilité de gérer la pénurie.












Dans la ligne de mire des différents
gouvernements néolibéraux depuis les années 2000, le système universitaire
français a subi un véritable coup de massue en 2009 avec la loi sur l’autonomie
des universités (loi LRU). Cette « autonomie » a essentiellement
consisté a décider d’un budget à allouer aux universités sans tenir compte de
l’augmentation des charges auxquelles elles doivent faire face, et à leur
transférer la responsabilité de gérer la pénurie. Ci dessous, un compte rendu de la manifestation de Montpellier, l’appel national à la mobilisation le 11 décembre  un article issu du site national d’Ensemble ! et le tract de Ensemble !
 

Mobilisation contre l’austérité dans les labos et à l’université à Montpellier

SeM-11dec-Manif.jpgJeudi 11 décembre était une journée de moblisation dans le milieu de
l’Enseignement Supérieur et la Recherche (ESR).

Près de 150 manifestant-e-s ont foulé le pavé montpelliérain ce jeudi
sous la lumière de leurs flambeaux. Les salariés de l’ESR, précaires,
titulaires, étudiants… ne désarment pas face aux politiques d’austérité de ce
gouvernement qui touchent cette fois le domaine de la recherche jusqu’alors épargné.

SeM-11dec-Mur-pref.jpg140 millions d’euros en moins pour l’an prochain au programme alors que
c’est près de 2 milliards d’euros supplémentaires par an pendant 10 ans que le
mouvement des travailleurs et travailleuses de la Recherche demandent pour résorber
la précarité qui s’est installée depuis de nombreuses années dans les facs et
les labos, pour permettre aux laboratoires, aux équipes de recherche de
fonctionner, d’avoir les moyens de travailler (http://sciencesenmarche.org/fr/blog/2014/11/05/communique-de-presse-04-11-14/).

Et même si ce vendredi Hollande feint d’entendre le mouvement en
redonnant 70 millions aux universités, déshabillant le budget du CNRS pour
donner quelques peilles aux facs, le compte est vraiment loin d’y être !

Précarité, manque criant de poste de titulaires (25% de poste de maître
de conférence ouverts en moins  pour 2015 si l’on compare à 2010), budget
de fonctionnement plus qu’insuffisant… le problème est profond dans l’ESR.

L’état des bâtiments, la vétusté des équipements ne font que reflété le
désintérêt énorme des différents gouvernements pour nos universités et nos
laboratoires (http://universiteenruines.tumblr.com/).

Désintérêt incompréhensible quand on sait la nécessité d’avoir une
recherche, un enseignement supérieur fort pour relever les défis auxquels nous
allons devoir faire face prochainement notamment avec le problème du réchauffement
climatique.

La manifestation à Montpellier s’est terminé aux portes de la Préfecture
où un Mûr de la Colère construit à partir des CV des précaires de la Recherche
a été érigé. La mobilisation continue!

 

 


Enssup111214.jpegAppel à la journée nationale d’action du 11 décembre

pour l’enseignement supérieur et la recherche (ESR)

 

Le vote du budget à l’Assemblée nationale vient de confirmer le désengagement
de l’Etat et la dégradation des conditions de fonctionnement de l’enseignement
supérieur et de la recherche. Les conséquences sont lourdes pour les étudiant.e.s
et pour l’ensemble des personnels de l’ESR. La précarité est insupportable, les
budgets sont insuffisants et inappropriés, les carrières sont bloquées, les
conditions de travail, d’études et de vie de toutes et de tous sont profondément
dégradées.

 

Ces difficultés sont niées par le gouvernement. Au motif de la
priorité accordée à la compression du secteur public, et au mépris de la
priorité affichée pour la jeunesse, ce gouvernement se refuse à mettre en œuvre
une politique ambitieuse d’enseignement supérieur et de recherche, rendant de
plus en plus difficile l’accomplissement de nos missions.

               
Les représentant.e.s des
organisations réunies vendredi 28 novembre appellent l’ensemble des
acteurs de l’ESR – personnels permanents, précaires et étudiant.e.s – à se
mobiliser dans la durée et dans l’unité afin d’obtenir :

               
Un plan pluriannuel ambitieux de créations
d’emplois de titulaires de toutes les catégories de personnel, doté de
la masse salariale correspondante, pour résorber la précarité et répondre aux
besoins en matière d’enseignement supérieur et de recherche ;

               
Une augmentation significative du
financement des universités et des organismes par l’Etat pour assurer le bon
fonctionnement des formations, des services et des activités de recherche ;

               
La garantie du libre accès à
l’enseignement supérieur et les conditions de réussite pour tous les étudiants ;

               
La reconnaissance de tous les diplômes,
du doctorat en particulier, dans les conventions collectives et dans les
fonctions publiques ;

               
L’amélioration des salaires et des
conditions de travail.

Le vote du budget par les Conseils d’Administration des universités
donne l’occasion d’interpeller ces CA et les équipes dirigeantes et d’informer
les collègues et les étudiant.e.s de la réalité des difficultés rencontrées. Il
faut réfléchir ensemble aux moyens d’obliger le gouvernement à prendre les
mesures nécessaires.

 

Une journée nationale d’action est organisée le 11 décembre à
Paris et en région : des assemblées générales réunissant étudiant.e.s et
personnels statutaires ou contractuels auront lieu partout en France ;
elles seront suivies de manifestations organisées à Paris et dans les
principales villes universitaires.

 

Signataires :

CGT (SNTRS, FERC Sup), FSU (SNCS, SNESUP, SNASUB, SNEP), CFDT(Fédération
des SGEN-CFDT, Sgen-CFDT Recherche EPST), 
Solidaires (Solidaires Etudiant-e-s, Sud Education, Sud Recherche
EPST), SNPTES, UNSA (Sup’Recherche, A&I, ITRF.Bi.O)  et UNEF 
Coordination
du Comité national de la recherche scientifique, Commission Permanente du
Conseil National des Universités, Comité de pilotage des directrices et
directeurs d’unités signataires de la Lettre à F.Hollande (DU), Sciences en
Marche, Coordination  des collectifs de précaires.


Article paru sur le site national de Ensemble !

Feu sur l’enseignement supérieur et la recherche

Rien n’échappe aux politiques d’austérité : ni
la santé, ni l’éducation, ni l’enseignement supérieur et la recherche (ESR).
Dans la ligne de mire des différents gouvernements néolibéraux depuis les années
2000, le système universitaire français a subi un véritable coup de massue en
2009 avec la loi sur l’autonomie des universités (loi LRU). Comme cela a été le
cas dans bien des réformes récentes, cette « autonomie » a
essentiellement consisté a décider d’un budget à allouer aux universités sans
tenir compte de l’augmentation des charges auxquelles elles doivent faire face,
et à leur transférer la responsabilité de gérer la pénurie. Dans un contexte
d’austérité budgétaire, cette réforme a représenté une étape décisive dans le
plan de soumission de l’enseignement supérieur et de la recherche à la logique
de la concurrence et donc de la dénaturation progressive de sa qualité de
service public1.

Depuis 2012, la même politique d’austérité et de
subordination de l’ESR aux exigences du privé est menée par le gouvernement
socialiste, avec une loi sur l’ESR (loi Fioraso, aussi appelée loi LRU 2) qui
est le prolongement direct et renforcé de la loi de 2009, et qui entraîne une
baisse du budget et de l’emploi encore plus significative. Résultat des courses :
universités en faillite, formations sacrifiées, postes gelés2, explosion du
recours aux contractuels, externalisation des services…

Les centres de recherche hors-université n’ont
pas été épargnés pour autant. La diminution drastique des différentes formes de
financement de la recherche touche en effet tous les acteurs de l’ESR. Le CNRS,
principal organisme de recherche français, traverse une crise du recrutement
sans précédent, et son identité ainsi que le statut de ses personnels sont
remis en question3. En somme, même situation partout et pour toutes les catégories
de personnels (administratifs, chercheurs, enseignants-chercheurs, ingénieurs,
techniciens) : dégradation des conditions de travail et explosion de la précarité.
Avec les conséquences catastrophiques que cette situation entraîne, notamment
le détournement des jeunes des métiers de l’enseignement supérieur et de la
recherche.

Face à ces attaques permanentes, les personnels
de l’ESR ont tenté diverses mobilisations, certaines de grande ampleur,
malheureusement sans succès significatif. Ainsi, le mouvement « Sauvons la
Recherche » a mobilisé en 2003 des dizaines de milliers de chercheurs,
mais il a débouché sur des Etats Généraux qui ont été récupérés et détournés
par le gouvernement. En 2009, un an après les étudiants, les
enseignants-chercheurs se sont mobilisés contre la loi LRU et pour la défense
de leurs statuts. Après 5 années plutôt molles, nourries par la déception des
mobilisations restées sans résultat, une nouvelle mobilisation est en cours…

Essayons de résumer cette dernière décennie de réformes
qui a conduit à l’état actuel de l’ESR. Ces réformes, menées de façon incrémentale,
par changements progressifs qui peuvent sembler peu importants lorsqu’on les
considère de façon isolée, font partie d’un processus cohérent et inéluctable
dans un monde capitaliste néo-libéral, qui mène au démantèlement du service
public d’enseignement supérieur et au contrôle de la recherche et de son
personnel. Les différentes étapes de ce processus sont classiques, et peuvent être
décrites de la façon suivante.

Tout d’abord, soumission de tout
l’enseignement supérieur et la recherche à l’austérité budgétaire, sous couvert
de crise économique et de dépenses étatiques trop élevées. En effet, le budget
pour la recherche publique n’a pas bougé depuis 20024 (en euro constants), et
il en a été de même pour l’investissement dans l’enseignement supérieur5. En ce
qui concerne l’emploi, il y a eu selon la Cour des comptes plus de 3000
suppressions de postes dans l’ESR depuis 2008. A l’Université, le nombre de
postes publiés a chuté de 26% en 4 ans6, fragilisant considérablement la
recherche et l’encadrement des étudiants7. Les salaires, eux, n’ont augmenté en
moyenne que de 1% par an, ne compensant même pas l’inflation.

Il s’agit là bien sûr d’un véritable choix
politique, et non d’une fatalité qu’on voudrait bien nous faire avaler. Ainsi,
le crédit impôt recherche (CIR), qui permet de financer le privé soit-disant
pour faire de la recherche, est en augmentation constante et atteint 6,2
milliards d’euros en 2014, ce qui équivaut au financement public de l’ensemble
des organismes de recherche publics. Or de multiples rapports, dont celui de la
Cour des comptes8, démontrent qu’une large partie du CIR n’est qu’une niche
fiscale sans impact sur l’effort de recherche des entreprises.

En parallèle à l’austérité budgétaire, une
partie très significative des crédits récurrents est transférée vers la
recherche sur projet. L’Agence Nationale de la Recherche (ANR) est créée en
2005, dans le but de sélectionner des projets « ambitieux » à
financer, en complément aux dotations de base des laboratoires. Mais ces dernières
disparaissant peu à peu, l’ANR est devenue la source majeure de financement des
laboratoires dans de nombreuses disciplines, entraînant un coût inacceptable9
en temps (pour les équipes de recherche qui doivent monter les dossiers) et en
argent (pour le fonctionnement de l’Agence). De plus, cette agence finance de
nombreux contrats courts pour des chercheurs et ingénieurs, augmentant mécaniquement
la précarité.

A partir de 2009, les universités se voient forcées
au passage à l’autonomie. Au désengagement financier de l’État s’ajoute un désengagement
structurel, et ce sont maintenant les établissements qui doivent gérer leurs dépenses,
notamment leur masse salariale, et assurer l’équilibre des bilans. D’une part,
le ministère de l’ESR peut ainsi plus aisément se décharger de sa responsabilité
en cas de bilan négatif, et accuser une mauvaise gestion de la part de l’établissement.
Le budget alloué à l’ESR devient plus difficile à analyser, puisque celui-ci
comprend maintenant des dépenses qui étaient jusque-là supportées directement
par le ministère. Ainsi, ce dernier a pu se vanter ces dernières années d’un
budget en hausse et de la création de postes supplémentaires dans le supérieur.
Or, après prise en compte des dépenses supplémentaires à la charge des
universités, ce budget est en fait en baisse nette10, et la plupart des postes
créés ont dû être gelés faute de budget pour couvrir l’augmentation de la
masse salariale. D’autre part, les établissements devant faire face à la réduction
des moyens de façon « autonome », les mesures d’austérité sont décidées
localement et c’est tout le mode de fonctionnement des universités qui se différencie
peu à peu, entraînant la perte du cadre national du fonctionnement de l’ESR.
Enfin, ce sont maintenant les personnels eux-mêmes qui sont contraints malgré
eux à réfléchir à la meilleure façon (ou plutôt la moins pire) de « faire
avec » le budget disponible. Parmi les solutions proposées et souvent
adoptées pour économiser dans les universités : diminution des budgets des
laboratoires, suppression d’heures d’enseignement, incitation au bénévolat et
au télé-enseignement, augmentation de la taille des groupes de TD, fermeture de
parcours ou de spécialités (parfois décidées au dernier moment alors que les étudiants
sont déjà inscrits et que les enseignants ont déjà commencé à préparer les
cours), ouverture de diplômes avec frais d’inscriptions élevés11, gels de
postes…

Avec la loi LRU, la mise en concurrence des
personnels de l’ESR est également renforcée. Premièrement à travers les
initiatives d’excellence (PRES, Labex, Idex…) : le but est de transférer
une importante partie des crédits disponibles à une petite partie d’élus, réputés
excellents. Pour cela, les différents établissements, regroupements d’établissements,
ou équipes de recherche doivent soumettre des projets et essayer de convaincre
des commissions opaques qu’ils sont les « meilleurs ». Ensuite, à
travers l’évaluation individuelle : très contestées à ce sujet, les différentes
lois sur l’ESR (loi LRU d’abord, puis loi Fioraso) visent en effet la mise en
place d’une évaluation individuelle des enseignants-chercheurs et d’un mécanisme
de sanctions basé sur cette évaluation (plus ou moins d’heures d’enseignement
en fonction de la note reçue, et ce à salaire égal). Enfin, à travers le
renforcement du système de primes qui mène déjà aujourd’hui à des disparités
plus que significatives dans les revenus des personnels, notamment parmi les
personnels aux revenus les plus faibles.

Mais les dernières lois relatives à
l’enseignement supérieur et la recherche (LRU et Fioraso) signent surtout un
changement profond dans les principes fondamentaux de l’ESR. D’une part, le rôle
de celui-ci y est redéfinit en termes purement utilitaristes dès les premiers
articles : la connaissance est dorénavant une marchandise à échanger sur
le marché du travail ; le transfert des résultats de la recherche vers le
monde socio-économique est la mission première de l’université et des
organismes de recherche. Des pans entiers de l’ESR—qui incluent les sciences
humaines et sociales et toute la recherche la plus fondamentale—sont ainsi
ignorés et l’idée fondatrice de l’Université, que l’homme puisse se réaliser à
travers son émancipation intellectuelle, est définitivement oubliée. D’autre
part, la loi prévoit la mise en place progressive de la « régionalisation » de
l’ESR, c’est-à-dire la spécialisation des différents établissements en fonction
de la région dans laquelle ils sont implantés, des entreprises présentes sur le
territoire, des débouchés principaux, en somme, du bon vouloir des pouvoirs
politiques et économiques locaux.

Les différentes réformes mentionnées aboutissent
aussi à une bureaucratisation du travail des personnels de l’ESR : rédiger
des demandes de financement pour les projets de recherche, gérer le budget et
trouver les moyens « les moins pires » d’économiser, de monter les
dossiers pour les demandes de primes et pour l’évaluation individuelle ou
collective… Voila à quoi les personnels de l’ESR passent maintenant une
grande partie de leur temps, et cette bureaucratisation participe grandement à
la « managérisation » de l’ESR.

Il va sans dire que toutes ces réformes sont en
parfaite adéquation avec les directives européennes en matière d’enseignement
supérieur et de politique de recherche. Ainsi qu’avec les recommandations de
l’OCDE, publiées récemment dans un rapport12 sur la recherche et l’innovation
commandé par le gouvernement, et dont la citation suivante reflète parfaitement
le contenu : « La France s’est dotée de tous les outils pour mettre
en œuvre un mode de financement concurrentiel et sur projets, accompagné d’une évaluation
sérieuse, qui pourraient maintenant être utilisés à leur plein potentiel. »

Résultat, en 2013, la moitié des universités
accusaient un fond de roulement inférieur à un mois de fonctionnement13, 25 étaient
en déficit et 45 avaient des difficultés financières. Certaines d’entre elles,
comme l’Université de Versailles Saint Quentin14 ou l’Université d’Angers, ont été
au bord de la faillite. Les établissements se voient contraints à multiplier
les sources d’économies dans l’urgence, notamment geler des postes. Entre 1500
et 2000 postes (tous métiers confondus) sont gelés à l’heure qu’il est. La pénurie
de postes a fait exploser le recours à un personnel contractuel : Attachés
Temporaires d’Enseignement et de Recherche (ATER), vacataires d’enseignement,
BIATTS contractuels (on en dénombre 38000 dans les universités).

Dans les organismes de recherche la situation
n’est guère meilleure. Le CNRS n’a plus les moyens de financer la recherche
dans ses laboratoires puisque 80% de sa subvention d’état en 2013 finançait la
masse salariale. Il a perdu plus de 800 emplois statutaires depuis 200215, et a
vu en contrepartie les emplois à durée déterminée exploser dans toutes les catégories
de personnels ; ils représentent aujourd’hui plus de 8000 personnes, soit
le tiers des effectifs de l’organisme. Cette tendance se retrouve dans les
autres organismes tels que l’INSERM, l’INRA, l’INRIA,…

Face à cette situation, les étudiants commencent
à se mobiliser dans plusieurs universités : assemblées générales à
Montpellier ou Toulouse, mouvement des précaires à l’Université Lyon 2. La pénurie
budgétaire en fait les premiers touchés par les fermetures de filières,
l’augmentation des effectifs en TD et le spectre de l’augmentation des frais
d’inscription. Chez les personnels de l’ESR, une grande journée de mobilisation
a eu lieu le 17 octobre avec plusieurs milliers de personnes à la manifestation
parisienne. La prochaine échéance est une journée nationale d’action le 11 décembre,
appelée par un large rassemblement d’organisations syndicales et de collectifs,
avec notamment une manifestation nationale prévue au départ de Paris-Diderot.

L’heure serait en effet à la révolte. Les
attaques contre l’Enseignement Supérieur et la Recherche ne sont qu’un exemple
parmi tant d’autres dans la fonction publique, où l’on s’acharne à essayer d’en
finir avec le statut de fonctionnaire et à généraliser la précarisation. Elles
sont emblématiques d’un abandon total de toute ambition humaniste pour la
France, qui a été pourtant jusqu’à il y a peu l’un des derniers espoirs
d’accueil pour bien des chercheurs italiens, espagnols, et plus récemment
allemands, que des réformes semblables ont contraint de quitter leur pays, où
plus aucune perspective ne s’offrait à eux.

Astrid Decoene et Emmanuelle Rio.

1. Les différentes réformes menées jusqu’à
aujourd’hui dans l’ESR suivent en effet le même plan d’attaque déployé par tous
les gouvernements néo-libéraux dans le but de privatiser les différents
secteurs du service public tels que l’eau, le transport, l’électricité etc. Le
basculement vers une gestion locale en est un des éléments essentiels. Lire par
exemple S. Halimi, « Le grand bond en arrière ».

2. Entendez supprimés pour un temps donné.

3. La loi Fioraso incite à l’intégration des
chercheurs dans le corps des enseignants-chercheurs.

4. La part du PIB consacrée à la recherche et développement
en France est de 2,26 % en 2012, à peine plus que dix ans auparavant (2,24 %),
et moins qu’il y a vingt ans (2,28 % en 1995), ce qui place la France au
15ème rang des pays de l’OCDE en termes d’effort pour la recherche, et au 26ème
rang si l’on ne considère que les crédits de R&D civile.

5. La part du PIB investi dans l’enseignement
supérieur stagne depuis les années 2000 autour de 1.4% en France, alors qu’elle
est aujourd’hui à 2.7% aux Etats-Unis et 2.6% en Corée.

6. Chiffres publiés par le CP-CNU (Commission
Permanente du Conseil National des Universités) en 2014.

7. Le rapport enseignants pour étudiants est
tombé à 1 pour 20 en 2011, situant la France bien en-deçà de la moyenne des
pays de l’OCDE (1 pour 15).

8. Rapport de la Cour des comptes de septembre
2013 sur l’évolution et les conditions de maîtrise du CIR.

9. Un rapport de la Cour des comptes datant
d’avril 2011 insiste d’ailleurs sur le fait que l’ANR coûte plus cher (en temps
et en argent) que ce qu’elle distribue.

10. La loi de finances 2013 par exemple annonçait
une augmentation de 2.2% du budget ESR, avec une création de 980 postes (dont
46% d’enseignants-chercheurs, 22% d’enseignants du 2nd degré et 32% BIATSS). Or
cette hausse ne couvrait même pas les augmentations structurelles de la masse
salariale, le GVT (glissement vieillesse technicité) ainsi qu’une part de l’augmentation
des cotisations retraites étant maintenant pris en charge par les universités.
Sans parler de l’inflation (1.8-2%), et du fait que les surcoûts engendrés par
le transfert de la gestion de la masse salariale ces dernières années n’ont
jamais été compensés. D’autre part, le budget comprenait le financement des
nouveaux postes créés, et devait couvrir certains crédits engagés pendant l’exercice
précédent. Enfin, des structures et modalités nouvelles (les initiatives
d’excellence dont nous parlerons plus loin) génèrent de nouveaux coûts.

11. Des licences professionnelles et des masters
aux frais d’inscription prohibitifs (de 3000 à 8000 euros par an).

12. Ce rapport est disponible sur  http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article7037

13. La Sorbonne (Paris 1) a vu ses réserves budgétaires
tomber à zéro en 2013.

14. Le ministère a dû renflouer le budget de
l’UVSQ en catastrophe pour lui éviter la cessation de paiements.

15. Les postes mis au concours de chargés de
recherche par le CNRS sont passés de 400 en 2010 à 300 en 2014, et moins de 250
sont prévus en 2016. Le nombre de candidats par concours, lui, explose. Pour
les ingénieurs et techniciens, la baisse des recrutements est encore plus grave :
500 postes en 2010, 220 en 2013. Lire l’introduction à l’analyse chiffrée du
Conseil Scientifique du CNRS :

http://www.cnrs.fr/comitenational/doc/recommandations/2014/cs_Crise_de_l…

 

 

 

TRACT DE ENSEMBLE !

 

À l’université comme ailleurs, non à la rigueur !

 

CLR_ensemble_mages_fdg_600.pngDepuis des mois la colère monte dans les universités et les
laboratoires. Le 17 octobre, à l’appel du mouvement Sciences en marche, 8000
salariés et étudiants ont manifesté à Paris et des centaines à Montpellier,
Toulouse et Nice.

Depuis le début de l’année, à Clermont-Ferrand, à Toulouse, chez les
étudiants en travail social… les étudiants et personnels se mobilisent contre
les coupes budgétaires, la précarité et la dégradation de leurs conditions de
travail et d’étude.

Les politiques d’austérité menées par le gouvernement asphyxient
l’enseignement supérieur et la recherche. Le budget voté pour l’année
prochaine, c’est 160 millions d’euros de moins alors que les besoins sont énormes
et que le nombre d’étudiants augmente.

Pour les personnels des universités et des organismes de
recherche,  le peu de perspectives de promotions, les gels de postes et
les fermetures de services rendent les conditions de travail très difficiles
(surcharge de travail, compétition exacerbée…). La généralisation de la
précarité c’est aussi de moins en moins de perspectives d’avenir dans la
recherche pour les jeunes chercheurs, techniciens, ingénieurs… Dans les
laboratoires, le financement sur projet combiné à l’insuffisance des moyens
oblige les chercheurs à passer un temps déraisonnable à chercher de l’argent
juste pour pouvoir travailler.

Chez les étudiants, la pénurie budgétaire entraîne des suppressions
de cours voire de filières, la suppression des effectifs en TD, une sélection
rampante, l’accentuation des inégalités entre filières…

Bref, les conditions de travail et d’étude se dégradent, tandis
qu’en parallèle le point d’indice est gelé et que le coût de la vie augmente en
permanence, de même que les tarifs des CROUS eux aussi confrontés à l’austérité
budgétaire.

Pendant que le gouvernement coupe dans les budgets sociaux
(éducation, hôpital, sécurité sociale…), il augmente chaque année le crédit
impôt-recherche (6 milliards par an sans contrepartie) et les autres cadeaux
aux entreprises privées. C’est un choix politique : financer les patrons et les
actionnaires sur le dos de la majorité de la population.

Cette politique injuste est accompagnée d’une répression qui
s’accroît contre ceux qui protestent : après la mort de Rémi Fraisse, tué par
la police lors d’une manifestation écologiste, des étudiants mobilisés et
solidaires comme à Toulouse sont poursuivis en justice.

Les problèmes que rencontrent les personnels et étudiants sont tous
liés à la pénurie des moyens, dans la recherche comme à l’université. Cette
pénurie renforce les logiques de concurrence liée au financement sur projet, au
discours d’excellence et de sélection. Elle ouvre aussi la voie aux universités
et écoles privées là où l’université publique ne peut plus faire face aux
besoins.

Nous
devons nous mobiliser tous ensemble sur l’exigence d’un service public offrant
des conditions de travail dignes aux salariés comme aux étudiants, pour un
enseignement supérieur gratuit et de qualité, une recherche libre et de long
terme, des emplois statutaires.

Au-delà,
seul un rapport de forces de toute la population contre les politiques
d’austérité pourra faire reculer le gouvernement. Organiser des assemblées
générales dès maintenant et à la rentrée de janvier et faire le lien entre
labos et universités, les diverses catégories de personnel et les étudiants,
est essentiel pour faire entendre nos voix et imposer nos revendications !

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