Grève dans les collèges. Montpellier 19 mai, 500 manifestant-e-s

Mardi 19 mai. Plus de 500 enseignant-e-s de collège ont manifesté à Montpellier. La grande majorité des organisations syndicales enseignantes ont appelé à la grève dans les collège contre la réforme de Najat Vallaud-Belkacem. Si la droite fait campagne contre cette réforme, c’est souvent pour de mauvaises raisons, d’autant plus que pendant 10 ans sa politique a largement contribué à la dégradation de l’enseignement. Pour autant, il est nécessaire de combattre cette réforme car, menée dans le cadre d’une politique d’austérité, elle n’améliorera en rien la situation des élèves en difficulté et favorisera la concurrence entre les établissements, mettant en péril le cadre national, une des garanties d’un accès égal à une éducation de qualité.







 

IMG_1671.JPGMardi 19 mai, la grande majorité des organisations syndicales
enseignantes ont appelé à la grève dans les collège contre la réforme de Najat
Vallaud-Belkacem. A Montpellier, la manifestation partie de la comédie  a réuni plus de 500 personnes essentiellement des enseignant-e-s de collège.

Si la droite fait campagne contre cette réforme, c’est souvent
pour de mauvaises raisons, d’autant plus que pendant 10 IMG_1672.JPGans sa politique a
largement contribué à la dégradation de l’enseignement. Pour autant, il est
nécessaire de combattre cette réforme car, menée dans le cadre d’une politique
d’austérité, elle n’améliorera en rien la situation des élèves en difficulté et favorisera la concurrence entre les établissements mettant en péril le cadre
national, une des garanties d’un accès égal à une éducation de qualité. 


intersyndicale19mai15.jpgIMG_1672.JPGCommuniqué de l’intersyndicale 34




Après la réforme 2010 des lycées, un projet néfaste pour le collège
!

TOUS EN GRÈVE LE 19 MAI POUR LE 2ND DEGRÉ ! à l’appel de SNES-FSU, SNEP-FSU, SNALC-FGAF, SNFOLC,
SNETAA-FO, 
CGT Éduc’Action et SUD Éducation

Les organisations syndicales SNES-FSU, SNEP-FSU SNALC-FGAF,
SNFOLC, SNETAA-FO, CGT Educ’action et SUD Éducation font le constat du maintien
d’une réforme du collège contestée par la majorité des enseignants et rejetée
au CSE par des organisations syndicales représentant plus de 80 % des
enseignants du 2
nd degré.

 Lire la suite en cliquant sur la pièce jointe ci contre 


              Communiqué de Ensemble !

POUR UNE ECOLE DE LA REUSSITE ET DE L’EMANCIPATION DE
TOUTES ET TOUS LES ELEVES

La
Ministre Najat Vallaud-Belkacem veut imposer au plus vite sa « réforme » du
collège sans que les personnels et les parents d’élèves ne puissent véritablement
en débattre. La droite (Sarkozy et consorts) s’y oppose en se répandant en
propos à relents IMG_1677.JPGsexistes et racistes envers la ministre de l’Education
Nationale. Mais sa politique en matière éducative a consisté en la suppression
de dizaines de milliers de postes. Elle ne peut donc certainement pas nous
faire croire qu’elle se soucie de la lutte contre les inégalités et pour une
école émancipatrice.

college.jpgMenée
dans le cadre des politiques d’austérité qui dégradent le service public
d’éducation (voir ici sur la lutte dans les collèges à Montpellier), cette
« réforme » du collège ne correspond en rien aux besoins des élèves
en difficulté : déréglementation du cadrage national des horaires, imposition
d’une interdisciplinarité sans moyens et sans formation, caporalisation. Autant
de moyens par lesquels elle s’en prend au collège unique, aggrave également les
inégalités de traitement entre élèves, les conditions de travail des
personnels, et met en concurrence enseignant-e-s, disciplines et
établissements.

La
grève du 19 mai à l’appel de l’intersyndicale FSU, CGT, FO, SUD et SNALC (voir
pj ci-contre)  est une première
étape dans la mobilisation permettant d’obtenir le retrait de cette
contre-réforme. Une autre Ecole est possible et nécessaire. C’est
pourquoi cette lutte doit aussi être l’occasion de porter un projet émancipateur
pour tou-te-s les élèves, qui rompe avec l’objectif du tri social que les
forces conservatrices veulent préserver.

ENSEMBLE !  appelle  à
participer à la manifestation le 19 mai à 14h 30 place de la Comédie
Montpellier

 

IMG_1674.JPG

Collège : non à la surenchère réactionnaire, oui à une école commune
et émancipatrice !

« Combat contre toutes
les formes de barbarie », « enjeu de civilisation ! », la 
France serait-elle attaquée par des hordes de sauvages assoiffées de sang et
déferlant aveuglément en quête de proies innocentes à sacrifier ? Pas du
tout,  ce dont il est question ici, c’est de la réforme  du collège,
le maillon le plus sensible du  système éducatif français.  Ce n’est
certes pas rien, mais dans la cacophonie ambiante orchestrée par les réacs de
tout poil, il devient bien compliqué de s’appliquer à une analyse critique
posée de ce qui se joue derrière des mesures pourtant fort sérieuses et souvent
problématiques.

Car, depuis les annonces
officielles de cette réforme, les réactions politiques et médiatiques
rivalisent de bêtise, mauvaise foi et malveillance. Jusqu’ici, on avait
l’habitude des outrances de certains médias campés à l’extrême de la droite ,
Valeurs Actuelles en tête, qui dépensent leurs subventions publiques en
alimentant le marché de la peur sur le dos des immigré-e-s. Il était donc tout
à fait attendu qu’ils nous fassent une jaunisse d’une ministre cumularde de
stigmates à leurs yeux : jeune, femme, et d’origine marocaine. Mais on pouvait
encore espérer que la déontologie, la décence et le professionnalisme empêchent
quelques uns de leurs confrères de sombrer dans ces pitoyables procès en
décadence sur fond de xénophobie et de sexisme. Péché d’optimisme apparemment,
puisque du Point à Marianne, en passant par Le Figaro, on ne compte plus 
à ce jour les articles boursouflés d’ego et gavés de nostalgie pour l’école
d’antan dont on ne sait plus trop s’ils visent à servir la cause d’un système
en panne ou celle de la notoriété de leurs auteurs. Car  de nombreux
éditorialistes et  figures célèbres du personnel politique se sont
engouffrés dans la brèche pour fustiger  ce « désastre
irréversible », et ces « idéologues experts en pédagogisme », tel
Nicolas Sarkozy dans sa course à l’extrême-droitisation des « Républicains ».
Tout y passe : nivellement par le bas, programmes d’histoire destructeurs de
l’identité nationale et inféodés aux idéologues de la « Repentance »,
sabotage des racines gréco-latines et judéo chrétiennes de la patrie,
allégeance aux imams contre les curés  : on aura vraiment entendu le pire
dans le registre du rétrograde. Quelle place reste-t-il pour une critique
progressiste de cette réforme au milieu de ces usurpateurs de l’opinion
publique, qui monopolisent les débats ? Il est ainsi urgent de porter une
critique raisonnée, et émanant surtout d’acteurs de terrain, soucieux, plus que
jamais, d’une école commune et émancipatrice bien éloignée des idéaux
passéistes de celles et ceux dont le coeur balance entre Charles Maurras et
Jules Ferry.

Car les raisons légitimes
pour exiger le retrait de cette réforme existent : c’est dans le cadre
d’une reconfiguration profonde de l’institution du collège que viennent
s’inscrire les propositions pédagogiques présentées. La mise en place des EPI
(enseignements pratiques interdisciplinaires), de l’accompagnement
personnalisé, et la répartition des heures de cours disciplinaires par cycle
(plusieurs niveaux de classe) seront prises en charge par les nouveaux
coordonnateurs de discipline, de niveau et de cycle. désignés par le chef
d’établissement sur la base d’un nouveau décret créant des indemnités pour
mission particulière. Elles seront décidées par  le conseil pédagogique,
instance dont les membres sont eux aussi choisi-e-s par le chef d’établissement
qui le préside et dont la légitimité se heurtait jusqu’à présent aux réticences
d’une majorité d’enseignant-e-s. La réforme sert donc de caution pédagogique au
renforcement d’outils d’administration d’inspiration néolibérale empruntés au
secteur privé.

Chez les professeurs, elle
restreint la liberté pédagogique et annonce une hiérarchisation entre cadres
(coordonnateurs) et exécutants sous prétexte d’ « autonomie locale ».

Chez les élèves, elle
institutionnalise l’inégalité de traitement selon les territoires et les
établissements en affaiblissant le cadrage national des enseignements sous
prétexte de « nouvelle pratique pédagogique ».

Elle pousse à la création
d’une « offre scolaire » spécifique à chaque collège et donc à la
concurrence entre établissements sous le regard de parents d’élèves bientôt
ravalés au rang de consommateurs.

C’est bien l’avenir du
collège unique qui est en jeu, d’autant plus qu’aucun plan de formation digne
de ce nom n’est prévu et que les 4000 postes supplémentaires affichés ne
suffiront absolument pas pour mettre en place les dispositifs indispensables à
une interdisciplinarité utile et fructueuse : cours en petits groupes et
en co-interventions, décharges horaires pour préparer les projets en commun et
se concerter. Encore faudrait-il d’ailleurs que cette interdisciplinarité soit pensée
à partir des enseignements disciplinaires et non pas contre eux, comme c’est le
cas dans le cadre du nouveau socle commun de compétences, l’outil d’évaluation
proposé pour le « collège 2016 », qui est à l’origine de la création
des EPI.

Cette réforme pilotée par
l’évaluation et non pas par les besoins des élèves n’envisage aucune baisse du
nombre d’élèves par classe pour améliorer leurs conditions d’apprentissage, ni
aucune baisse du temps de service des enseignant-e-s pour faire face à la
multiplication de leurs tâches. Malgré les discours de confiance envers le
travail des profs, en l’absence de moyens suffisants (en postes, en formation,
en temps de concertation dégagé dans le service des personnels), le
renforcement de l’autonomie des établissements ne peut aboutir qu’à une
pression accrue en interne, à une baisse de la qualité des enseignements et à
un accroissement des inégalités territoriales dans un contexte d’austérité
continue.

Dans ces conditions, le
tri social et l’échec scolaire devraient s’en trouver renforcés.

C’est pourquoi la grève et
la manifestation du 19 mai contre cette réforme, à l’initiative de
l’intersyndicale SNES-FSU, CGT, FO, SUD et SNALC, doivent être un succès. Il
s’agit d’une étape décisive pour qu’un mouvement d’opposition à cette réforme
l’emporte, au nom de la démocratisation scolaire et d’une conception
émancipatrice de l’école qui nous est chère.

Valérie Cutter et Marc Préau

 

 

Réforme du collège. Copie à revoir !

L’école est un moyen
essentiel de l’émancipation. En se confrontant aux objets culturels choisis par
les adultes, les enfants s’approprient les savoirs et les savoir faire qui leur
permettent de comprendre le monde dans lequel ils vivent et d’agir pour le
transformer. Cette confrontation avec les objets culturels se fait dans le
cadre des disciplines.

La complexité croissante
de ce monde, l’autonomie de plus en plus grande des travailleurs et la volonté
de maîtriser son sort doivent nous conduire à de fortes ambitions scolaires.

Chaque réforme de l’école
interroge cette fonction émancipatrice. Mais au fil des injonctions des
différents ministres de l’Éducation nationale qui se succèdent, on peut
légitimement s’interroger sur le sens profond des textes qui sont imposés et
sur les processus qui précèdent les décisions, sans compter la fâcheuse
habitude d’envisager de nouvelles préconisations sans évaluer les effets des
précédentes.

Associer les enseignants,
les parents, les élèves, les chercheurs à une réelle concertation sur les
changements à opérer pour que l’école remplisse mieux son rôle nécessite de
faire autre chose qu’un questionnaire à choix multiples, aussi long soit-il, et
une demi journée d’échanges au sein de chaque établissement. Le temps de la
démocratie est un temps long, sous peine de laisser aux « experts » le
pouvoir de proposer et de décider.

Pour le gouvernement,
cette façon de faire garantit la possibilité de passer à la moulinette de
l’austérité les changements proposés de façon à ce qu ils n’engendrent pas de
nouvelles dépenses publiques.

Mais plus grave que cela,
à chaque réforme, le sentiment de ne pas être écouté grandit, comme grandit
l’idée que quoi qu’il arrive, les acteurs du système éducatif n’ont aucun
pouvoir sur les décisions prises. En adoptant une posture de contre-pouvoir,
les syndicats risquent de renforcer aussi cette incapacité à ce que les acteurs
du système éducatif se définissent eux-mêmes comme des lieux de pouvoir.

La grève du 19 mai aura de
l écho. Mais faute de ne pas investir suffisamment le débat sur l’alternative
ouverte par la visée du projet d’une école plus émancipatrice, moins
inégalitaire, les idées réactionnaires et conservatrices sur l’éducation
risquent d’avoir de beaux jours devant elles, à commencer par l’idée que tous
les enfants ne sont pas aussi éducables les uns que les autres.

De ce point de vue
reconnaissons que la conception du socle commun version Fillon a reculé au
profit d’une conception plus ambitieuse d’un socle commun de connaissances et
de compétences. Lorsque l’on sait que 50 % des parents souhaitent que
leurs enfants poursuivent des études supérieures, il était temps de remettre en
cause la vision d’un SMIC culturel pour tous et son corollaire selon lequel
certains seulement pourraient accéder à des savoirs de haut niveau.

Pour autant la réforme
proposée avec l’introduction des EPI (Enseignements pratiques
interdisciplinaires) au détriment du temps consacré à l’enseignement des
disciplines ne constitue en rien une solution au problème des inégalités
scolaires. L’interdisciplinarité, au demeurant fort intéressante, est
chronophage pour les enseignants, or aucun temps de concertation n’est prévu
dans leur service.

Des injonctions nouvelles
combinées aux difficultés quotidiennes du métier : ce cocktail explosif ne
va pas résoudre non plus la crise de recrutement des enseignants.

Madame la Ministre, il
faut revoir votre copie. Le mieux serait que les acteurs du système éducatif en
soient les rédacteurs.

Sylvie Larue,
le 15 mai 2015. Publié sur le site de Cerises.

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