Grèce, Interview d’un responsable de SYRIZA après la journée de mobilisation du 26 septembre

 Au lendemain de la nouvelle journée de mobilisation en Grèce, Michèle et Jean-Claude Carcenac, militants de la Gauche  Anticapitaliste 34,  ont rencontré à Athènes un responsable de SYRIZA, la coalition de la gauche radicale. 

Interview ci-dessous


20120927_112227_resized.jpgLe local de Syriza est un immeuble de 5 étages, situé dans un quartier populaire au coeur de la ville. 

Les grecs resistent

Nous sommes arrivés le 26 septembre jour de la grēve générale. La manifestation était terminée. Il ne restait sur la place Syngtama que l’odeur piquante des gaz lacrymogènes et des cars de policiers. 
Interview

Quel bilan de la journée ?
La manifestation a été très importante, 100.000 personnes à Athènes et étendue à la plupart des ville du pays. Nous avons bien encadré la manifestation et il n’y a eu que peu d’incidents. Pour la première fois la police avait l’intention d’utiliser des canons à eau nouvellement livrés par Israël, mais faute de formation (les pompiers ayant refusé leur aide) ils ont été inopérants.
La manifestation était elle unitaire ?
Syndicats et partis non gouvernementaux de gauche ont tous appelé mais le KKE (part communiste grec)  a fixé le rendez- vous ailleurs car ils sont hors du front commun qualifié « d’opportuniste ». 
localsyriza.pngComment fonctionne Syriza ?
C’est une coalition de la gauche radicale regroupant 12 organisations dont la principale de loin est synapsos. Cela va des dissidents du PASOK le PS grec à des trotskystes    et des écologistes de gauche.
La crise est si profonde que des catégories comme les pompiers, policiers, gardes cotiers s’organisent en coordination de résistance proche de nous.
Nous avons entamé un processus  fusion qui devrait aboutir après 2 conférences en novembre à un congrès en février mars. Mais ce n’est pas simple vu la diversité des opinions sur tel ou tel point. La loi électorale pousse à se présenter sous l’étiquette d’un seul parti, car un bonus de 50 Députés est attribué au parti arrivé en tête. Actuellement nous avons 72 députés sur 300 et c’est le sectarisme du KKE qui nous a empêchés d’être majoritaires.
Combien avez vous d’adhérents ?
C’est impossible à dire vu la situation très mouvante. La situation sociale est trēs dégradée au point que nous ne demandons pas de cotisations à ceux qui n’ont même pas à manger.
Les conséquences  de l’austérité sont-elles à ce point dramatiques ?
Oui. D’ailleurs nous mettons beaucoup de forces à des solidarités concrétes endistribuant vêtements et nourritures. Même les classes moyennes sont touchées, nous venons d’aider un couple d’architectes avec enfants qui avaient honte d’aller aux distributions des institutions charitables.
Mobilisation importante à Athènes le 26 septembre

Le mercredi 26 septembre 2012, quelque 100.000 salarié·e·s, étudiant·e·s, chômeurs et chômeuses ont fait grève et ont manifesté à Athènes. Le métro avait recommencé à circuler dès 9 heures du matin. Les dirigeants d’ADEDY (syndicat du secteur public) et du GSEE (syndicat du secteur privé) ont annoncé 120’000 participants. Le chiffre de 100’000 semble réaliste. Celui donné par la police, 40’000, relève de la stricte propagande politique. A Salonique, la manifestation couronnant la journée de grève a réuni plus de 15’000 personnes.

Les « bataillons » du secteur public – en particulier les enseignants, les professionnels de la santé et les travailleurs et travailleuses des entités publiques municipales – ont formé le gros des grévistes et des manifestant·e·s. Il faut souligner, toutefois, le nombre important de délégations, certes relativement restreintes en nombre, de travailleurs et travailleuses du secteur privé. La crainte de perdre son emploi pèse plus sur eux. Toutefois, le patronat a dû reconnaître qu’entre 20% et 30% des travailleurs s’étaient joints à la journée de grève.

Dans divers cortèges du secteur public a surgi le mot d’ordre : « Pour une grève générale prolongée ». Il fut très bien accueilli.

Le « front syndical » du KKE (PC), le PAME, selon son habitude, a défilé de manière séparée et a terminé sa marche sur la place Omonia, à Athènes. Il faut noter que les néonazis d’Aube dorée avaient indiqué qu’ils seraient présents sur la place Syntagma. Une fraction de la gauche radicale s’était préparée pour empêcher cette volonté des néonazis de tenter de capter – médiatiquement – un segment de la mobilisation syndicale et populaire. Devant le nombre des manifestants et la détermination de la gauche radicale, Aube dorée a renoncé à son initiative.

Cette mobilisation, un jour avant l’annonce par le gouvernement du nouveau paquet de contraction des dépenses publiques – à hauteur de 11,7 milliards d’euros – et d’une augmentation des impôts équivalant à 2 milliards d’euros, démontre le potentiel de mobilisation et, aussi, les éléments de désespoir social provoqués par le cumul d’attaques sur divers fronts. En un jour, la semaine passée, cinq personnes se sont suicidées à Athènes, dont trois femmes qui se sont jetées depuis leur balcon.

Extrait d’un article publié sur le site d’Alencontre.

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