Suite à une annonce du Maire sur un possible arrêté “afin de limiter les troubles liés à la prostitution”, la commission féminisme d’Ensemble! 34 est en alerte.
Lettre ouverte de la commission féminisme d’Ensemble! Front de Gauche 34
À l’attention de Monsieur Philippe Saurel, Maire et Président de la Métropole de Montpellier.
Monsieur le Maire,
Ce jeudi 27 août, vous avez annoncé vouloir prendre en octobre un arrêté « afin de limiter les troubles liés à la prostitution », dans le cadre d’une série d’initiatives visant à améliorer la sécurité à Montpellier.
Nous nous interrogeons sur le sens que vous donnez au terme « troubles ». Nous voudrions vous rappeler que c’est la prostitution elle-même qui nous trouble et qu’il faut abolir. Nous avons bien peur que votre arrêté, s’il se fait sur le modèle de celui de Toulouse en 2014, ne fasse qu’accroître la précarité des personnes prostituées et ne change absolument rien au trafic lui-même. En effet, pénaliser les victimes du système prostitueur n’est jamais une solution. Interdire aux personnes prostituées certaines rues de la ville ne fera que déplacer le problème : la prostitution sera seulement moins visible et les personnes prostituées plus isolées. Votre objectif est-il de réduire la prostitution ou simplement qu’elle se voie moins ?
Alors qu’une loi visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel devrait bientôt être votée, la priorité devrait être de préparer le terrain et non de se livrer à une politique prohibitionniste envers les personnes prostituées. La seule solution pour lutter efficacement contre la prostitution est de s’en prendre à son origine, c’est-à-dire aux réseaux de traite et aux proxénètes, au capitalisme et à la domination masculine qui véhiculent l’idée que les corps, et particulièrement ceux des femmes, sont des marchandises qu’on peut s’offrir.
En cette période de rentrée scolaire, rappelons que les séances d’éducation à l’égalité ne sont toujours pas systématiquement assurées dans nos établissements, qu’un nombre croissant d’étudiant-es n’ont pas d’autres choix que la rue pour financer leurs études. Les associations de terrain qui accompagnent quotidiennement les personnes prostituées sont toujours aussi mal dotées, le système prostitueur aussi peu réprimé…
Ce sont peut-être quelques pistes de réflexion pour une politique de la ville qui ne serait pas motivée par la seule répression…
Nous espérons qu’un arrêté anti-prostituées ne verra pas le jour dans notre ville et que d’autres solutions seront mises en place afin de lutter réellement contre les violences faites aux femmes et de promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes.
Dans l’attente d’une réponse de votre part, nous vous prions d’agréer, monsieur le maire, l’expression de nos salutations vigilantes.
La commission féminisme d’Ensemble 34 !
ensemble34fdg@gmail.com