AUDE. Port Leucate. Le 24 août, Ensemble ! était invité à intervenir à la tribune lors du débat « Face au gouvernement, à Hollande et au MEDEF, quelle alternative ? » organisé par le NPA lors de son université d’été. C’est Anne-Rose Le Van, porte-parole d’Ensemble! 34 et membre de l’EAN qui s’y est rendu pour représenter notre mouvement.
Lundi 24 août à Port-Leucate où se tient traditionnellement l’université d’été du NPA, peu après 14h, a démarré le débat sur l’alternative a porter à gauche en cette période difficile. Étaient invité-e-s à prendre la parole au côté du NPA (Sandra Demarcq) : Le PCF (Mylène Vesentini), le PG (Jean-Christope Sellin), Ensemble! (Anne-Rose Le Van) et Alternative Libertaire (Jean-Marc Izrine), LO ayant décliné l’invitation.
Devant une centaine de personnes, chaque parti pendant 10 minutes a présenté ses position, a commencer évidemment par le NPA.
Pour Sandra, la question de l’alternative est cruciale dans la situation politique actuelle, surtout avec l’absence d’un mouvement social à hauteur de la profondeur de la crise globale, qui est aussi une crise historique du mouvement ouvrier. Des résistances, des luttes existent mais elle sont partielles. La première urgence, selon le NPA est la construction d’un mouvement massif unifié contre l’offensive réactionnaire du gouvernement, allié du MEDEF. Il faut convaincre qu’une politique en faveur du plus grand nombre est possible. Mais il ne peut y avoir d’alternative sans mobilisation, sans résistance, et sans indépendance du PS. En effet, le gouvernement PS mène une politique libérale et d’austérité en faveur des plus riches et de la troïka, la loi Macron en est l’ultime preuve, sans compter le soutien au grands projets inutiles et imposés (GP2I), le racisme d’État et la répression dès qu’il y a résistance. La question de la participation aux exécutifs PS à quelque niveau que ce soit ne doit donc même pas se poser. Cependant, l’indépendance ne suffit pas, comme on l’a vu en Grèce, il faut aussi rompre avec le système capitaliste et les institutions actuelles. La sortie de l’euro ne serait utile que si elle est liée à leur internationale et si elle concerne plusieurs pays.
Les propositions du NPA sont :
– Un front commun en convergence avec les autres partis contre le gouvernement, le MEDEF, qui se mobiliserait pour la Cop21, et serait solidaire des migrant-es et du peuple grec;
– demander l’annulation d ela partie française de la dette;
– développer un programme d’urgence.
Mylène a ensuite pris la parole, elle partage l’intervention de Sandra. Le PCF considère que le manque de mobilisation vient du fait que l’alternative possible n’est pas crédible. Et que la seule possibilité pour faire des propositions alternatives et sortir de la crise est de se mettre ensemble, seule, aucune organisation ne peut y arriver. Le rassemblement doit se faire sur nos points de convergences, sans avoir peur des débats qui existent aussi au sein même des partis. Le projets doivent se faire en commun aussi avec les citoyen-nes. Elle rajoute également que le PCF a été très clair : il n’y aura pas d’alliance avec le PS.
Pour Jean-Christophe du PG, la vraie question est : « quelle stratégie révolutionnaire dans la période ? » avec comme exigences de résister à la politique libérale d’austérité en indépendance et l’élaboration d’un programme d’action et politique accompagnant la résistance. Les solutions doivent évidemment être solidaires et égalitaires, loin des propositions ethnicistes et fascisantes. Pour le PG, le paradigme du XXIème siècle est la répartition des richesses et la sauvegarde de l’environnement avec comme boussole la lutte des classes : l’écosocialisme. Comme moyens, sont proposés l’intervention citoyenne et la VIè République. Par rapport à la Grèce, on a pu voir une politique brisant la chaine de l’austérité mais qui a connu l’échec. Le PG propose donc un contre-sommet du plan B pour l’Europe et la Méditerranée.
Ensuite, c’est au tour d’Anne-Rose qui commence son intervention sur la nécessité d’utiliser le mot « gauche », que le gouvernement actuel, de droite, s’approprie frauduleusement, comme le font également les médias, brouillant ainsi les cartes. Il nous faut revenir aux fondamentaux et rappeler ce qu’est la gauche. Malgré l’abstention des gens de gauche, du recul des luttes sociales, nous avons raison d’espérer : il existe des luttes locales qui sont le terreau pour un changement de société, et pour les rassembler il nous faut construire un grand espoir collectif. Si c’est possible en Espagne, ça l’est chez nous aussi. Le rassemblement doit se faire sur des bases sociales (notamment avec le Collectif 3A) et politiques, évidement en autonomie du PS et de tout ce qui pourrait se rapprocher d’une politique d’austérité. Les attaques ne manquent pas depuis des années (ignorance du non au TCE en 2005, de l’oxi du peuple grec, la politique austéritaire qui progresse…); nous sommes à un moment charnière, le danger est grand si nous n’en avons pas conscience et ne sommes pas présent-es. Nous avons besoin d’une réelle démocratie. Pour Ensemble!, le rassemblement doit se faire au-delà du Front de Gauche pour élaborer un programme, avec le NPA (avec lequel nous avons beaucoup de points communs), les forces anticapitalistes, féministes, antiracistes… le rassemblement doit se faire dans les luttes (ce qui est déjà le cas la plupart du temps) et dans des coalitions électorales à vocation majoritaire.
Pour Jean-Marc, c’est la réponse révolutionnaire qui est à l’ordre du jour. AL remet en cause toute stratégie de prise de pouvoir et réfute le souverainisme du FDG (du PG en réalité), la VIème République, le réformisme de gauche et ne voit pas quelle marge de manœuvre aurait Podemos en cas de victoire… Et considère évidemment que le capitalisme est incompatible avec la démocratie. Pour AL, se dire le prolongement des luttes est présomptueux et, elle, ne néglige pas, à l’opposé du FDG et de ses satellites, les luttes qui marquent une réelle résistance au capitalisme, où les partis ne sont pas présents, de toute façon, leurs acteurs et actrices sont défiant-es vis-a-vis d’eux et ils/elles ont raison… Après son discours déprimant et truffé d’attaques, AL propose :
– le développement des luttes;
– une journée d’action syndicale le 8 octobre dont l’initiative ne serait pas laissée aux bureaucraties syndicales;
– s’investir dans la COp21
– Tenir la rue (sinon ce sera les fascistes qui le feront)
– former un front antifasciste pour être en ordre de combat pour un nouveau projet de société, autogestionnaire et pratiquant la démocratie directe.
Après les introductions, la parole est laissée à la salle. Il a été question de la non-participation du NPA aux régionales : pas assez d’argent pour partir seul et pas d’alliance avec le FDG à cause d’une possibilité de fusion au second tour ; de front unique dans l’action ; du périmètre de rassemblement, de critiques à l’égard du FDG par rapport aux positions de Jean-Luc Mélenchon, sur notre absence dans les luttes ; l’inutilité des syndicats ; mais pour certain-es sur la nécessité du rassemblement.
Chaque intervenant-e est ensuite invité-e à répondre et à conclure.
AL : Les révolutionnaires doivent s’unir pour une alternative, un espoir populaire, le front anticapitaliste se former localement puis nationalement.
E! : Nous sommes présent-es dans les luttes, également dans le collectif antifasciste. Le FDG n’est pas un parti mais quatre organisations avec des structures et des pensées différentes (et les prises de positions de Jean-Luc Mélenchon ne sont pasforcément celles du FDG). Pour les élections, battre la droite et le FN peut impliquer parfois des alliances mais nous souhaitons l’éviter autant que possible. Par contre, nous sommes contre une participation à un exécutif PS ou assimilé, et nos élu-es n’ont pas à faire de concessions. Nous sommes prêt-es à des alliances si elles sont anti-austéritaires.
PG : Si l’on se présente à des élections c’est pour les gagner. Si la souveraineté est populaire, où est le problème ? Le front social et politique est le même, donc il n’est pas la peine de se poser la question du relai des luttes dans nos politiques.
PCF : le FDG est positif, plein de choses nous rassemblent ainsi que l’envie de travailler ensemble. Sur les élu-es, c’est l’intervention citoyenne qui est leur garante, si elle n’existe pas, ils/elles dérivent. pour les syndicats : il faut faire avec l’existant.
NPA : Le front anticapitaliste existe là où c’est possible. le collectif 3A n’a pas encore réussi mais peut être une début d’alternative ? Pour le contre-sommet proposé par le PG, le NPA en discutera. Au niveau des syndicats, c’est avec les direction que la situation est compliquée depuis l’élection de Hollande. L’alternative politique ne peut être seulement les luttes, ni seulement les élections. Pour le second tour, il n’est pas besoin d’attendre les résultats du 1er, une alliance avec le PS et ses satellites est simplement hors de question. Et d’enchaîner sur : « qu’est-ce que vous avez avec EELV ??? » pour conclure sur l’indépendance non négociable.
Bien sûr, il y a eu des reproches, et nous ne sommes pas d’accord sur tout, mais le débat s’est déroulé dans une ambiance générale sympathique, et nous avons pu voir à nouveau que nous avons nombre de convergences, plus importantes que les divergences ; nous avons toutes et tous le même but…
S’il est positif d’entendre le NPA parler de rassemblement, se serait encore mieux de le voir s’incarner. Plutôt que de critiquer au-dehors, pourquoi ne pas construire au-dedans ? Quoi qu’il en soit, maintenir le liens entre toutes les organisations de gauche radicale est indispensable si nous voulons continuer à espérer.
Marjolaine Christien-Charrière