Déclaration de la Gauche Anticapitaliste

Six délégués de l’Hérault ont participé à la réunion nationale de la Gauche Anticapitaliste, courant unitaire pour l’éco-socialisme.

Communiqué et déclaration ci-dessous



logoGApourblog.jpgCommuniqué de la Gauche Anticapitaliste. 
4e réunion nationale de la GA.
La Gauche Anticapitaliste a tenu sa 4e réunion nationale les 12 et 13 mai et mené une large discussion sur la situation à l’issue de l’élection présidentielle.
La défaite de Nicolas Sarkozy est évidemment une bonne nouvelle pour toutes celles et tous ceux qui ont été victimes de la politique antisociale du président des riches.
François Hollande va être immédiatement confronté à la profondeur et à la durée de la crise économique du système capitaliste, ainsi qu’au danger résultant du score inquiétant du Front national. Son programme développé pendant la campagne n’indique pas une volonté de rupture avec la politique d’austérité menée par le président sortant.
Il est indispensable que des mobilisations massives créent les conditions d’une résistance, d’une convergence des luttes pour faire face aux politiques d’austérité en France  mais aussi dans toute Europe.
Dans la foulée de la dynamique de la campagne de J.L. Mélechon, et malgré les critiques et les réserves que l’on peut formuler sur tel ou tel aspect de cette campagne, le Front de Gauche peut devenir « l’instrument de l’espoir d’une autre gauche ». 
L’existence d’un FN à un haut niveau électoral rend encore plus nécessaire l’existence d’un bloc de gauche anticrise le plus unitaire possible.
La Gauche anticapitaliste doit prendre ses responsabilités. 
La question de la participation gouvernementale du Front de gauche et de son soutien à une politique d’austérité est en train d’être levée, mais cela doit être vérifiée.
La Gauche Anticapitaliste décide d’ouvrir un processus de discussion, à tous les niveaux, visant à vérifier les possibilités et à réunir les conditions de son intégration au Front de gauche en tant que courant indépendant. 
La GA veut avoir le débat avec le Front de gauche et ses composantes sur la lutte à construire contre l’austérité et sur l’élargissement du Front de gauche. Dans ce cadre, elle veut contribuer au rassemblement des anticapitalistes et des écosocialistes.
Après les élections législatives, les résultats de ce processus seront soumis à la ratification de l’ensemble des membres de la Gauche Anticapitaliste, et ce, à l’issue de la conférence nationale du NPA qui doit se tenir les 7 et 8 juillet prochain, et au cours de laquelle la GA défendra son orientation.
Le 13 mai 2012





Résolution adoptée par la réunion nationale de la Gauche anticapitaliste des 12 et 13 mai adoptée à la quasi unanimité (1 voix contre, 8 abstentions, 2 NPPV)

1-La situation : force du FN, rejet de Sarkozy et poussée de la gauche

La crise économique et la crise européenne font planer sur la société française les dangers de la régression sociale sans précédent que connaissent les peuples d’Europe du sud. L’élection a donc été dominée par les questions sociales mais la droite et l’extrême droite ont tout fait pour réactiver les peurs xénophobes, sécuritaires, et l’ordre moral.

Nicolas Sarkozy, tenant d’une droite antisociale, sécuritaire, raciste, homophobe et xénophobe qui voulait draguer les voix du Front national, a nourri le vote pour Marine Le Pen. Le score élevé du Front national (18 %) constitue la traduction politique mortifère d’une crise économique qui s’approfondit. Son ampleur est d’autant plus inquiétante que la droite au pouvoir a déjà mis en œuvre une partie du programme qu’il défend et qu’il prétend, en pesant sur une recomposition à droite, se poser « en seule alternative » au futur gouvernement.

La campagne 2012 est aussi marquée par un rejet de la droite au pouvoir. Un rejet de 5 ans de sarkozysme dont on connaît le coût pour la société française. La poussée des gauches exprime également cette tendance de fond. Elle permet au PS et à François Hollande de surfer sur cette vague de rejet sans avoir à promettre des ruptures qu’ils n’ont aucunement l’intention d’appliquer. Le vote Hollande n’est pas, contrairement à 1981, un vote d’espoir et de changement mais l’expression électorale que la population juge la plus efficace dans les institutions actuelles pour chasser Sarkozy. Ce qui explique le paradoxe entre un score élevé et une absence marquante de propositions dans la campagne. Jamais un candidat social-démocrate n’aura ainsi recentré sa campagne, se disposant à mener les politiques d’austérité dictées par la troïka.

2 – La dynamique Mélenchon, résistances et alternative

La dynamique enclenchée par la campagne Mélenchon est une bonne surprise de la séquence électorale. Son score de 11 %, certes inférieur aux prévisions des sondages, montre l’existence d’une force conséquente à gauche de la gauche. L’élan politique et social, syndical et associatif qui a porté la campagne de Jean-Luc Mélenchon pendant ces derniers mois est à plus d’un titre exceptionnel. Il est le reflet indiscutable des aspirations populaires à un changement radical et profond : il touche tout autant des salariés, des précaires, des chômeurs, des retraités, des laissés pour compte de la société ultralibérale, des femmes, des jeunes, des immigrés, les homosexuels et transexuels. Il met en mouvement des secteurs syndicaux, associatifs, des mouvements sociaux et sociétaux, des aspirations à l’égalité des droits contre toutes les formes de racisme et de sexisme, d’homophobie et de transphobie, une remise en cause radicale de la société capitaliste ultralibérale.

Dans un contexte marqué par les urgences générées par les crises sociales et écologiques, le succès de la campagne s’explique notamment du fait d’un certain nombre de caractéristiques telles que : un programme de gauche cohérent répondant la détresse sociale ; une référence explicite à la planification écologique; le rejet des traités européens; le refus de la dictature des marchés financiers; la dénonciation de l’OTAN et de la politique agressive des USA… ; il atteste enfin le besoin d’unité et de rassemblement lié à la gravité de la situation d’ensemble.

Ces acquis ne doivent pas masquer des aspects plus négatifs ou contestables. Par exemple la valorisation de la puissance française, les éléments avancés sur la politique militaire, la réaffirmation d’une continuité avec l’Union de la Gauche et des ambiguïtés sur le nucléaire.

Le combat mené pied à pied contre le FN par Jean-Luc Mélenchon a été également l’un des traits marquants de sa campagne dont on a pu mesurer l’urgence et le bien-fondé, tant l’influence des idées d’extrême droite a montré les ravages qu’elle pouvait opérer, notamment dans les couches populaires. Cependant l’objectif de réduire l’écart entre la gauche radicale et le FN n’a pas été atteint, et l’événement du premier tour est malheureusement la hauteur du score de Marine Le Pen. Ce qui donne sa marque aux mois à venir.

La séquence présidentielle a permis d’exprimer et de cristalliser une forte dynamique pour le FdG. L’enjeu est donc de peser pour qu’elle continue à s’exprimer en aval de cette campagne et de son résultat du 22 avril. En effet seule la poursuite de la dynamique permettra de bousculer les conservatismes que ce résultat contrasté pourrait réveiller, en particulier de la part d’une partie du PCF.

Cette dynamique a rendu inaudibles les deux candidatures d’extrême gauche, celle du NPA comme celle de LO, aux profils par certains aspects assez similaires et dont le total des voix (613 740) n’atteint pas la moitié de celles d’Olivier Besancenot seul en 2007 (1 498 581). Le tout a été renforcé par la convergence de différents courants de toute la gauche autour des initiatives de la candidature Mélenchon, privant d’oxygène ces discours soi-disant alternatifs. La candidature de Philippe Poutou, choisie par le NPA lors de la CN de juin 2011 à une faible majorité, s’est trouvée marginalisée durant l’essentiel de la campagne. D’une part parce qu’elle disputait pour partie le terrain au Front de gauche sans avoir d’aucune manière le même aspect attractif pour ses anciens électeurs, et une bonne partie de ses anciens militants ; d’autre part, parce que le candidat a oscillé entre plusieurs postures, brouillant son image et le créneau qu’il était supposé occuper. Le choix de centrer la campagne sur la seule image du « candidat ouvrier », très loin des exigences politiques de l’heure, l’abandon de toute référence à un nécessaire gouvernement des travailleurs, le retard pris à mesurer l’absolue nécessité d’un profil unitaire à même de préparer une opposition de gauche unie au social-libéralisme, tout ceci a contribué à annuler une éventuelle fonctionnalité politique de la candidature. L’essentiel demeure l’erreur politique commise par la majorité du NPA, en rupture avec les traditions de notre courant historique, qui, dans son cours sectaire, n’a pas vu ce que représentait comme potentialité une dynamique politique et sociale de cette ampleur et la place du profil unitaire, rassembleur, pour la construire.

3 – Une situation politique inédite et un processus en marche

Ceci ouvre une situation tout à fait inédite. Cette campagne a été un moment de mobilisation sociale et politique, qui s’est exprimée notamment lors des quatre grandes initiatives de meetings-manif, témoigne qu’un fort courant de résistances, qui vient de tous les combats menés depuis novembre et décembre 1995, ne se résigne pas à subir la crise et sera disponible à poursuivre le mouvement entamé. Situation inédite aussi que celle où une force réformiste de gauche est vécue comme la force véritable du changement par une partie de la population – même si sa cristallisation s’opère à l’occasion d’une campagne électorale et pas dans le feu d’une mobilisation sociale – et réhabilite certaines valeurs de gauche, en absorbe de nouvelles (dont l’écologie), réussit une certaine synthèse (incomplète et insatisfaisante mais inédite encore une fois) et atténue pour le moment toutes les contradictions qui ont déchiré la gauche de gauche depuis une décennie, y compris d’ailleurs la méfiance des syndicalistes à l’égard du politique.

L’affirmation d’un FN à un haut niveau électoral comme force alternative à la politique sociale libérale que mènera le gouvernement de Hollande rend encore plus impérieuse la nécessité d’un bloc anticrise de gauche, le plus unitaire possible.

Si une partie aussi décisive de la gauche confirme après les élections de juin les déclarations très explicites quant à son refus d’aller au gouvernement et d’être dans la majorité parlementaire appuyant Hollande dans une posture anti-austérité, se revendiquant du mouvement social, ceci constituera un événement décisif dans la situation. Cela représente forcément un signal pour les luttes (pas de

nécessité revendiquée d’une période d’attente appelée généralement « état de grâce ») et la possibilité d’incarner une alternative à gauche, avec autrement de crédibilité que tout ce que nous avons connu jusqu’à présent. Dans une situation où le PS et Hollande ne connaîtront pas d’état de grâce non plus du côté des puissances financières mais un affrontement immédiat avec les marchés, des questions extrêmement clivantes vont apparaître : l’austérité, la soumission aux marchés, la gestion de la dette, le nouveau traité européen ; la redistribution des richesses à l’occasion de la réforme fiscale, la protection sociale… Autant de questions qui divisent en deux camps le mouvement ouvrier entre résistances et adaptation et qui expliquent les évolutions en cours concernant la participation gouvernementale.

Il est décisif que des mobilisations sociales massives se développent dans les semaines et mois qui viennent. Notre orientation sera de favoriser leur développement, l’auto-organisation, les revendications unifiantes, la convergence des luttes, les grèves et les manifestations les plus massives possible. Dans ce contexte, les divergences enregistrées entre un syndicalisme lutte de classe dynamique et mobilisateur et la politique des sommets des grandes confédérations syndicales et des secteurs syndicaux qui les soutiennent, se poursuivront. Ces divergences traverseront le Front de gauche. La GA s’emploiera avec force à tout faire pour qu’elles soient surmontées dans un sens favorable aux affrontements sociaux lors de prochains mouvements de même ampleur.

Cette campagne transforme le Front de gauche. De simple cartel électoral il est devenu en partie « l’instrument de l’espoir d’une autre gauche ». L’évolution du débat en son sein et au sein du PCF concernant l’indépendance vis-à-vis du PS en est un signe. Ce qui ne signifie pas la levée de toutes les ambiguïtés dans leurs relations avec la nouvelle majorité PS-EELV au Parlement, le nouveau gouvernement et le nouveau président.

Cette évolution, si elle se confirme positivement, sera d’une importance décisive en ce qu’elle rend possible la construction d’un front social et politique, d’un bloc anti-crises, qui ne soit pas un cartel occasionnel au cas par cas mais qui jette les bases d’une recomposition politique d’ampleur.

4 – Notre politique vis-à-vis du Front de gauche et le rassemblement des anticapitalistes

Nous devons dire clairement que nous sommes prêts à cohabiter avec des courants réformistes de gauche, et que cette cohabitation est possible pour autant que l’indépendance vis-à-vis du social libéralisme est préservée, comme celle de l’autonomie d’initiative des anticapitalistes. La gestion des contradictions sera rendue possible par la volonté politique de permettre la poursuite d’une dynamique qui améliore les rapports de forces, encourage les mobilisations, fait reculer l’extrême droite et promeut efficacement les questions écologistes, féministes, internationalistes, antiracistes et LGBTI.

La GA est désormais face à ses responsabilités. La question de la participation gouvernementale, ou du soutien aux politiques d’austérité, hypothèque majeure qui empêchait une convergence avec le FDG, est en train d’être levée, mais il faut le vérifier. La question de notre entrée dans celui-ci doit dès lors nécessairement être posée et se poser également au NPA.

La GA décide d’ouvrir un processus de discussion à tous les niveaux, visant à vérifier les possibilités et à réunir les conditions de son intégration au FdG en tant que courant indépendant. Après les élections législatives, les résultats de ce processus seront soumis à la ratification de l’ensemble des membres de la GA, au lendemain de la CN, début juillet.

Dans ce cadre, nous nous adressons au Front de Gauche sur l’orientation suivante :

Construction du Front de gauche comme outil en indépendance totale vis-à-vis du PS et de la majorité gouvernementale et parlementaire sur les choix fondamentaux qui vont être fait par l’équipe Hollande concernant l’austérité, les salaires et le smic, la négociation pour un nouveau traité européen, l’acceptation de la dette et de la dictature des marchés financiers, la poursuite du nucléaire…

• • •

Volonté de participer de l’élargissement du FdG et de sa transformation. Elargissement à de nouveaux courants politiques comme le nôtre ou comme les alternatifs, mais élargissement aussi en direction des animateurs et des animatrices du mouvement syndical et du mouvement social. Appui à celles et ceux qui veulent transformer le Front de Gauche en mouvement politique avec la possibilité d’adhésion directe et structuration de la base au sommet, le dépassement organisé du fonctionnement de cartel initial

Volonté de peser dans les luttes, dans le mouvement syndical, dans le mouvement social, écologiste, féministe, antiraciste, antifasciste, etc., en y défendant les unités et les convergences pour construire le rapport de force nécessaire, que ce soit pour élaborer des propositions législatives ou pour arracher une revendication, en y respectant les dynamiques de mobilisation Débat programmatique sur une politique de rupture, sur la stratégie alliant mobilisation autonome des masses et victoires avancées électorales, poursuivre un débat de refondation programmatique avec l’ensemble des composantes initiales et nouvelles, dans les fronts thématiques Rassemblement des anticapitalistes et des écosocialistes à l’intérieur de ce front pour que ce

courant dont nous nous réclamons, mais dont nous n’avons pas le monopole, conserve une indépendance de pensée et d’action

Nos objectifs visent à créer un front politique et social capable de répondre à la crise, d’être de toutes les résistances, de toutes les mobilisations sociales, de mener une bataille pour l’hégémonie politique qui ne laisse pas le FN comme seul recours face à la crise du système, d’être candidat au pouvoir sur une politique de rupture dans le cadre d’un monde du travail et d’une population mobilisés.

Dans le cadre de ce rassemblement large, il est particulièrement important de construire un rassemblement ou une force des anticapitalistes pour l’éco-socialisme, sur des bases clairement internationalistes, féministes, antiracistes, et pour les droits des LGBTI.

Dans cet objectif nous poursuivons la démarche engagée avec l’appel « ce monde n’a aucun sens », avec les Alternatifs, la FASE, C&A, la GU, les écologistes en rupture avec EELV, des militants du mouvement social et des intellectuels. Ce rassemblement prend tout son sens en se situant dans la même démarche en direction du FdG. Nous participons activement à l’élaboration d’un texte stratégique base à ce rassemblement.

Nous participons aux rendez-vous de ce rassemblement (réunion publique du 9 mai et rencontres nationales du 30 juin) qui permettent de rassembler les anticapitalistes et s’articulent avec notre volonté d’insertion dans un ce front plus large. Nous y proposons aussi l’organisation de rencontres nationales d’échanges et de réflexion à l’automne.

Les législatives représentent l’échéance électorale qui suit immédiatement la présidentielle : une alliance de toute la gauche anti-austérité et anti-crises est plus que jamais nécessaire. De nouvelles négociations et répartitions tenant compte de la situation créée par la présidentielle doivent s’ouvrir pour permettre à l’ensemble des courants disponibles de la gauche radicale de trouver leur place. Ce qui implique de mener cette demande conjointement avec les Alternatifs. Et de déterminer notre position finale en terme de candidatures avec eux en fonction des réponses qui nous aurons été apportées. Les candidatEs de la GA s’affilient à l’association de financement SEGA afin de garantir à notre courant une part de la dotation publique proportionnelle à sa réalité militante.

La Gauche anticapitaliste déposera une résolution reprenant cette orientation pour la CN du NPA de juillet. Celle-ci ne peut pas être une simple manœuvre dilatoire visant une nouvelle fois à ne pas prendre ses responsabilités et à maintenir une orientation qui a mis à bas le projet fondateur du NPA. Elle doit conduire d’urgence à rompre le cours isolationniste et insérer à son tour tout le NPA dans la recomposition en cours.

La GA mettra en œuvre cette orientation si ses attendus sont vérifiés, le plus rapidement possible.

5- Propositions pour la GA

La Gauche anticapitaliste propose d’approfondir sa construction et son intervention. Les propositions suivantes sont faites en ce sens :

Début juillet, une réunion nationale de la GA est organisée pour faire le point sur la situation et les démarches engagées (Front de Gauche, pôle Rouge Vert, CN du NPA).

La Gauche Anticapitaliste continue à se structurer et à se donner des moyens d’une expression politique propre : commissions nationales thématiques de la GA ou en commun avec d’autres courants/organisations (avec le NPA-PA et/ou des composantes de la gauche radicale : du FG, des Alternatifs…), relations internationales, trésorerie, développement de son site internet, tracts hebdomadaires ou thématiques…

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