Nous vivons une période formidable où Macron et son gouvernement ont permis une politisation et une mobilisation des personnes qui leurs sont opposées à des niveaux rarement atteints depuis des dizaines d’années.
La majorité des françaises et des français l’ont compris : cette réforme des retraites est un projet réactionnaire, qui il veut nous faire revenir 40 ans en arrière ; il faut le rappeler, la retraite à 60 ans c’était en 1982 !
Déjà on s’est laissé avoir en 2010 avec le passage à la retraite à 62 ans, mais là ça ne passe pas ! Des millions de personnes ont manifesté, ont fait grève, ont participé à des blocages contre le projet Macron : partout dans les grandes villes, les villages. Le peuple est dans la rue et refuse ce projet.
Tout le monde voit l’enfumage autour de cette réforme :
– On nous dit : « on vit plus longtemps, il faut travailler plus longtemps » : c’était déjà la logique de la réforme Hollande-Touraine qui a allongé la durée de cotisation jusqu’à 43 annuités.
Mais beaucoup de gens n’arrivent pas à la retraite à 62 ans car ils sont trop malades, trop fatigués pour pouvoir continuer à travailler : en 2019, il y avait déjà 17 % des retraités qui sont partis en pré-retraite pour inaptitude et donc qui n’ont pas pu bénéficier d’une retraite à taux plein.
Et aussi combien de entre guillemets « seniors » sont au chômage, se font virer à la cinquantaine et partent en pré-retraite de Pôle Emploi, elles et eux aussi avec des retraites incomplètes.
N’est-ce pas d’ailleurs ça le but de cette réforme ? Après l’allongement de la durée de cotisation, l’allongement de l’âge de départ sert à faire baisser le montant moyen des pensions en poussant les travailleuses et les travailleurs à accepter des pré-retraites incomplètes.
Au final, les manifestants l’on bien compris, le truc est idéologique. Non ce n’est pas une réforme de bonne gestion mais une réforme pour faire payer les salariés plutôt que prendre l’argent là où il se trouve.
Macron et son gouvernement sont incapables de penser en dehors de l’idéologie néolibérale.
Une idéologie qui a montré ses limites : le tatchérisme au Royaume-Uni, le néolibéralisme aux Etats-Unis, en Grèce, en Amérique latine…partout où ce système a été mis en place, l’espérance de vie a baissé et le mal-être des populations est devenu énorme.
Partout ce modèle s’est accompagné de dérives autoritaires, des régimes illibéraux que représente bien la méthode macron pour cette réforme :
– Refus de la démocratie sociale : les représentants de l’intersyndicale ont été élus par les travailleurs et les travailleuses, ils sont leurs représentants légitimes…or ils sont unanimement contre cette réforme et ne sont pas écoutés.
– Refus de la démocratie parlementaire : ce gouvernement a utilisé une modification budgétaire pour faire passer une réforme de fond et accélérer le rythme des débats, il a utilisé l’article 44-3 au Sénat pour écourter les discussions d’amendements, et enfin le recours au 49-3 à l’Assemblée nationale pour éviter le vote des députés, représentantes et représentants du peuple.
– Refus de la démocratie populaire : le nombre historique de manifestantes et manifestants, le nombre historique de grévistes n’est pas entendu par Macron et son gouvernement. Mais l’essence de la démocratie est résumé par cette citation attribuée à Abraham Lincoln : c’est « le gouvernement du peule, par le peuple et pour le peuple ».
Espérons que le Conseil constitutionnel entendra ce besoin de démocratie et acceptera la procédure du Référendum d’initiative partagée déposée par 250 députés et sénateurs essentiellement de la NUPES. Cela permettra de prendre le temps du débat et surtout de donner la voix au peuple directement puisque leurs représentants sociaux et politiques ne sont pas entendus.
Nous vivons une période particulière :
Il y a une guerre en Europe : ce qui se passe en Ukraine a un impact sur notre vie quotidienne. L’inflation est énorme sur les produits alimentaires : c’est notre assiette qui est touchée. Et encore plus sur les énergies : l’essence, le gaz, l’électricité. Mais l’urgence serait de mener une réforme des retraites et faire reculer l’âge de départ à 64 ans !
Quelles sont les priorités de ce gouvernement ? Quelles sont les priorités de Macron ? Ils nous parlent d’avenir mais ne se soucient même pas de ce qui touche le quotidien des Françaises et des Français !
Mais nous à la NUPES, à Ensemble ! On est là, on manifeste, on fait grève, on bloque mais aussi on réfléchi à l’avenir de notre pays !
Partout créeont des lieux de réflexion, d’échanges : sur les places, dans les facs, les théâtres…partout occupons les espaces publics et réfléchissons collectivement à l’avenir. Soyons plus responsables que ce gouvernement.
Sur le fond, il serait possible de réformer le système de retraites, de le rendre plus efficace, plus économe et surtout plus juste. On a bien compris maintenant l’enfumage d’Elisabeth Borne sur le fait que les femmes seraient favorisées par cette réforme alors qu’elles ont déjà perdu le bénéfice des trimestres pour enfants dans le public et que cela sera aussi supprimé dans le privé si la réforme passe.
Pour Ensemble !, il est possible de faire un projet féministe et qui en plus renflouerait durablement les caisses de retraites !
– Commençons pas l’égalité salariales entre femmes et hommes : elle apporterait chaque année 6 milliards de cotisations retraites supplémentaires !
Actuellement, d’après les chiffres de l’INSEE, à travail et qualifications égales les femmes touchent environ 22 % de moins que les hommes !
– Et les femmes sont sur-représentées dans les métiers les moins bien payés : métiers du soin, métiers de l’enseignement, métiers des services et du commerce…
– Les femmes, plus que les hommes subissent des carrières hachées : maternités, congés parentaux, aidant familiaux, femmes au foyer, temps partiels imposés dans certains métiers (comme le commerce ou l’aide à la personne) ou temps partiels choisis pour s’occuper des membres de leur famille.
C’est pourquoi les femmes ont des retraites 40 % inférieures à celles des hommes ! Il est à noter que grâce à la pension de réversion touchée par les veuves, ce taux passe à 24 % ! Quelle ironie patriarcale !
A Ensemble !, nous sommes un mouvement auto-gestionnaire et nous pensons que la Sécurité sociale ainsi que les autres caisses de retraites doivent être auto-gérées non seulement par les partenaires sociaux mais aussi par toutes les citoyennes et tous les citoyens.
Le mouvement social que nous vivons est celui de la défense d’une sécurité sociale solidaire indépendante et d’un système de retraite public et aussi d’un système de santé publique.
Nous défendons qu’une partie des richesses produites soient socialisées sous forme de cotisations et sorte du système marchand.
Car on le sent bien, notamment avec la jeunesse qui se mobilise, les lycéennes et lycéens et les étudiantes et étudiants : la retraite c’est aussi un choix de société.
Le modèle de société des néolibéraux, c’est, tu travailles jusqu’à ce que ton corps dise non et on te donnera de quoi manger pour les années qui te restent à vivre. Le notre, c’est de partager le travail, et de travailler tant qu’on est en forme pour le faire, en partant à la retraite à temps pour en profiter, pour vivre dégagé des contraintes du travail salarié.
Il faut ouvrir la réflexion sur le salaire étudiant : les étudiants sont des travailleurs en formation, pourquoi ne pas les rémunérer pour cette activité ? En devenant salarié, ils cotiseraient au régime de retraites, ce qui permettrait :
– de pouvoir ajouter des financements aux caisses de retraites
– de pouvoir cotiser longtemps sans pour autant se retrouver à devoir attendre 67 ans pour avoir une retraite complète.
Enfin cela faciliterait grandement les reprises d’études pour des travailleuses et travailleurs qui veulent changer de métier. Avec ce mouvement social, on parle enfin de la pénibilité au travail. Pouvoir être rémunéré pour reprendre des études afin de trouver un métier moins pénible aiderait grandement celles et ceux que l’on surnomme les seniors et qui se retrouvent à ne plus être embauchés en fin de carrière.
Mais la retraite, c’est encore plus que cela :
– C’est avoir le droit de ne rien faire … et être rémunéré pour cela ;
– C’est pouvoir s’engager dans des actions non rémunératrices :combien de retraités permettent aux associations de tourner ?
– C’est pouvoir voyager : et pas seulement en prenant l’avion et en visitant le plus vite possible ;
– C’est pouvoir se cultiver, aller au cinéma, au théâtre, aux concerts (combien de lieux culturels sont fréquentés majoritairement par des retraités ?
Le slogan de Mai 68 : « Ne pas perdre sa vie à la gagner » est toujours d’actualité !
Et c’est ça que les grévistes, les manifestantes et manifestants, les bloqueuses et les bloqueurs font savoir au gouvernement. Les jeunes veulent pouvoir étudier longtemps, voyager ou profiter de la vie sans mettre en difficulté leur avenir.
Pour tout cela et bien plus encore, les solutions existent :
– L’égalité salariale femmes/hommes.
– La mise en place d’une sur-cotisation sociale patronale équivalente à celle d’un taux plein pour les temps partiels.
– La suppression de la décote qui pénalise tout·es celles et ceux qui ont un parcours hachés : chômeuses, chômeurs, précaires, et on l’a déjà dit surtout des femmes.
– La prise en compte des années d’études permettant que les trimestres d’études comptent pour la retraite, en créant un salaire étudiant.
– Et enfin la réduction du temps de travail : les 32h sont une mesure qui permet de réduire le taux de chômage et donc d’augmenter mécaniquement le taux de cotisation retraites, mais c’est aussi une mesure écologique, qui pourrait se coupler avec la semaine de 4 jours et donc limiter les déplacements et les dépenses énergétiques globales.
Et on pourrait aller plus loin encore :
– Revenir à la retraite à 60 ans et aux 37 ans et demi de cotisations !
– Créer une Sécurité sociale universelle basée sur les cotisations qui sont, il faut le rappeler, un salaire socialisé.
– Un retour à l’élection des administrateurs de la Sécurité sociale et la création d’une caisse unique et universelle : cela permettrait une véritable démocratisation de la Sécurité sociale et donc du système de santé et de retraites.
Les idées ne manquent pas pour financer cela :
L’institut La Boétie a écrit une note de grande qualité sur le sujet.
– L’alignement du taux de prélèvements sociaux des revenus du capital sur ceux du travail soit 22 % contre 17 % permettrait de rapporter 4 milliards d’euros annuels.
– Aussi une hausse des salaires devient primordiale : non seulement pour pouvoir compenser les effets de l’inflation sur le pouvoir d’achat en remettant en place une indexation des salaires sur l’inflation.
– Mais aussi pour augmenter les cotisations retraites car actuellement les bas salaires sont exonérés de cotisation : une hausse de 4 % des salaires augmenterait de 12 milliards d’euros les cotisations retraites !
La question des bas revenus n’est pas uniquement une question de retraites mais une question de justice sociale : à Ensemble ! nous défendons le principe de personne en dessous du seuil de pauvreté.
C’est pourquoi, comme les autres organisations de la NUPES, Ensemble ! demande le retrait de cette réforme des retraites.
Nous encourageons tous les syndicats, partis, collectifs à organiser partout dans leurs entreprises, dans leurs quartiers, dans leurs villages des réunions publiques, des assemblées générales, des prises de paroles pour faire participer un maximum de personnes, pour débattre et pour faire infuser les idées qui sont majoritaires dans le pays :
– que le travail et la retraite sont un choix de société !
On peut y arriver, on peut les empêcher de mener cette réforme au bout !