Bravo la Grèce : démocratie et résistance, victoire du non !

Le
gouvernement grec a choisi la démocratie. Il a choisi la résistance face aux
vautours de l’UE et du FMI. Ce bras de fer à 1 contre 18 est un enjeu
considérable pour une autre Europe, contre l’austérité et le dogme libéral.
Syriza montre la voie. Le collectif de solidarité montpelliérain  et les syndicats FSU, UL CGT, Solidaires
ont  réuni 300 personnes vendredi soir 3
juillet en solidarité.

 Voici les photos, le communiqué d’Ensemble suite à la victoire du NON,  et 2 magnifiques discours d’Alexis
Tsipras et de la présidente du Parlement grec
Zoe Kostantopoulou .  2 discours d’anthologie qui
marqueront l’Histoire.

Dimanche 5 juillet : Victoire du NON, de la lutte antiaustérité, défaite des libéraux arrogants de l’UE et FMI. Solidarité plus que jamais nécessaire…



non2.pngCommuniqué
de Ensemble! Victoire du Non contre la politique antidémocratique de l’Union
européenne.

 

 

Le
peuple grec a tranché. Les dirigeants européens ont été mis en échec

La victoire du Non c’est un non à toujours plus d’austérité, à
toujours plus de régression sociale que la troïka, les institutions européennes
et internationales voulaient imposer contre quelques milliards.

Le peuple grec n’en peut plus d’une politique européenne qui
entraine chômage, précarité, pauvreté, destruction des services publics et de
santé.
L’essentiel des dizaines de milliards des différents plans d’aide a eu pour
seule fonction de sauver les banques de la banqueroute. La population n’a
bénéficié que de la portion congrue.

Durant les «négociations » ces derniers mois, les
dirigeants de l’Union européenne, de l’Eurogroupe, de la BCE et du FMI n’ont eu
de cesse de vouloir humilier le gouvernement d’A. Tsipras et ont tout fait pour
le discréditer, provoquer sa chute et le remplacer par un nouveau gouvernement
tout dévoué à Bruxelles.

 

non3.png« Ensemble! » exprime toute sa joie, et toute sa
solidarité avec le peuple grec, devant cette victoire de la démocratie contre
les saigneurs du monde qui n’ont pas hésité à faire une campagne éhontée de
pression et de rumeurs, utilisant tous les moyens à leur disposition, pour
faire pencher la balance du coté du oui.

Le peuple grec ouvre une nouvelle voie en Europe, la voie d’une
politique alternative attentive aux besoins sociaux et humains, à la
démocratie, et refusant de les sacrifier pour le plus grand profit des banques
et des multinationales.

F. Hollande doit respecter le vote du peuple grec.

La lutte va continuer contre des créanciers et les institutions
internationales qui refusent de reconnaître que la dette de la Grèce est
illégitime et insoutenable.

non.pngLes manifestations de ces derniers jours, l’unité intersyndicale
(CGT, FO, FSU, Solidaires) ont montré que la solidarité pouvait devenir plus
forte. Dans un récent sondage, 65% des personnes interrogées ont répondu
qu’elles auraient voté non.

La solidarité internationale doit continuer et s’amplifier pour
faire respecter le Non du peuple grec.

Le 5 juillet 2015.

 




 Montpellier le 3 juillet : solidarité


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Discours prononcé par le Premier ministre grec, à Athènes, sur la
place de la Constitution, lors du rassemblement en faveur du « non »
au référendum du 5 juillet 2015

 

«La liberté
demande de la vertu et de l’audace» (Alexis Tsipras, 3 juillet 2015)

 

Citoyens
d’Athènes, peuple grec,

Aujourd’hui
nous ne protestons pas, nous ne manifestons pas ; aujourd’hui est un jour
de fête. Ce jour est une fête de la démocratie.

La
démocratie est une fête et une joie, la démocratie est une libération, la
démocratie est une issue.

Et
nous célébrons aujourd’hui la victoire de la démocratie. Nous sommes déjà
victorieux, quelle que soit l’issue du scrutin de dimanche, car la Grèce a
envoyé un message de dignité, un message de fierté.

Personne
ne peut ignorer cette passion, cet anxieux désir de vie, cet anxieux désir
d’espoir, cet anxieux désir d’optimisme.

Nous
célébrons aujourd’hui l’audace et la détermination qui nous ont conduits à
prendre notre destin en mains, à rendre la parole au peuple grec.

Aujourd’hui,
nous faisons la fête et nous chantons. Nous faisons la fête et chantons pour
supplanter le chantage et la peur.

L’Europe
telle que nous la connaissions, l’Europe telle qu’elle apparaît au miroir de
ses principes fondateurs n’a pas le moindre rapport avec les menaces et les
ultimatums.

Et
aujourd’hui, en ce moment même, l’Europe entière a les yeux tournés vers nous,
vers le peuple grec, vers ses 3 millions de pauvres et son million et demi de
chômeurs.

Aujourd’hui
la planète entière a les yeux rivés sur la Place de la Constitution et sur
toutes les places, petites ou grandes, de notre patrie.

Dans
ce lieu qui a vu naître la démocratie, nous donnons à la démocratie une chance
de revenir.

De
revenir en Europe, car nous voulons que l’Europe revienne à ses principes
fondateurs.

À
ces principes qu’elle a si longtemps balayés pour appliquer des programmes
d’austérité sans issue, violant la volonté des peuples.

Citoyens
d’Athènes, peuple grec,

Dimanche,
nous adresserons tous ensemble un message de démocratie et de dignité à
l’Europe et au monde.

Nous
enverrons aux peuples un nouveau message d’espoir.

Car
nous ne déciderons pas seulement, ce dimanche, de demeurer en Europe.

Nous
déciderons de vivre avec dignité en Europe, de travailler et de prospérer en
Europe.

D’être
égaux en Europe, à égalité avec tous.

Et,
croyez-moi, nul n’a le droit de menacer de couper la Grèce de son espace
géographique naturel.

Nul
n’a le droit de menacer de diviser l’Europe.

La
Grèce, notre patrie, était, est et demeurera le berceau de la civilisation
européenne.

C’est
en ce lieu, dit la mythologie, que Zeus, en l’enlevant, a conduit la princesse
Europe.

Et
c’est de ce lieu que les technocrates de l’austérité souhaitent à présent
l’enlever.

Mais
cela ne sera pas. Car, dimanche, nous leur dirons « non ».

Nous
ne laisserons pas l’Europe entre les mains de ceux qui souhaitent soustraire
l’Europe à sa tradition démocratique, à ses conquêtes démocratiques, à ses
principes fondateurs, aux principes de démocratie, de solidarité et de respect
mutuel.

Citoyens
d’Athènes, hommes et femmes de tous âges qui vous trouvez ici, aujourd’hui, qui
submergez la Place de la Constitution, les rues d’Athènes et des autres grandes
villes en bravant la montée de la peur orchestrée, la rhétorique de la terreur
propagée tous ces derniers jours,

Citoyens
d’Athènes,

Le
peuple grec a maintes fois démontré au cours de son histoire qu’il savait
retourner un ultimatum à son expéditeur. Car les ultimatums, parfois,
reviennent à l’envoyeur.

Les
pages les plus éclatantes de l’histoire de ce pays et de ce peuple ont été des
pages d’audace et de vertu.

Je
vous appelle à ce que nous écrivions ensemble, de nouveau, des pages
historiques, celles de notre rétablissement et de notre liberté.

Je
vous appelle, ce dimanche, à opposer un « non » haut et clair aux
ultimatums. À tourner le dos à ceux qui sèment chaque jour la peur et
l’intimidation.

Et,
lundi, quel que soit le résultat du processus démocratique, de ce verdict
populaire que certains redoutaient et  voulaient entraver, nous opposerons
également un « non » sans appel à la division.

Lundi,
quelle que soit l’issue du scrutin, les Grecques et les Grecs n’auront rien qui
les sépare. Ensemble, nous nous battrons pour reconstruire une Grèce meilleure
que celle que nous ont laissée cinq années de désastre.

Je
vous appelle enfin à ne pas prêter l’oreille à ces sirènes dont l’écho ne cesse
de s’amplifier, ces sirènes qui hurlent à la peur.

À
décider avec votre esprit et votre cœur.

À
vous déterminer avec calme et résolution.

À
vous prononcer en faveur d’une Grèce fière dans une Europe démocratique.

En
faveur d’un peuple, d’un petit peuple qui se bat, comme le dit le poème, sans
épées et sans balles
.

Qui
se bat cependant en ayant dans les mains la plus puissante des armes : la
justice.

Parce
que la justice est avec nous, parce que nous sommes dans notre droit, nous
vaincrons.

Et
nul ne peut effacer cela. Nul ne peut occulter ce fait : nous sommes dans
notre droit.

Citoyens
d’Athènes, peuple grec,

La
liberté demande de la vertu et de l’audace
. Nous, vous, nous tous, disposons d’audace
comme de vertu. Et nous sommes libres. Nous respirons un vent de liberté. Quoi
qu’il arrive, nous sommes victorieux. Nous serons victorieux. La Grèce a
vaincu. La démocratie a vaincu. Le chantage et les menaces ont été défaits.

Salut
à tous! Soyez forts, soyez fiers et dignes. Notre « non » s’inscrira
dans l’Histoire. Notre peuple ira de l’avant ― la Grèce, dans une Europe
démocratique et solidaire.

Source :
http://left.gr/news/al-tsipras-sto-syntagma-thelei-areti-kai-tolmi-i-eleytheria


Traduit
du grec par Dimitris Alexakis

 

 

Déclarations de la Présidente du Parlement au sujet des ingérences
grossières dans le processus du référendum et la tentative d’en changer la question.

 

Zoe Kostantopoulou
:

 

« Ces derniers jours et ces dernières heures on a enregistré
un déluge d’ingérences grossières dans le processus démocratique du référendum,
proclamé pour la première fois en 41 ans depuis la fin de la dictature des
colonels, à l’instigation du Premier ministre, puis sur proposition du
gouvernement et décision du Parlement.

Les représentants d’hier, les co-responsables de la destruction du
pays et du peuple, et leurs partenaires nationaux et étrangers, ont fait tout
ce qu’ils pouvaient pour empêcher l’expression de la volonté populaire.

Pour empêcher ou annuler le référendum.

Et maintenant, puisqu’ils ont échoué dans cette tentative,

ils font tout ce qu’ils peuvent pour en modifier le résultat,
rendre floue et dénaturer la question très claire, en adressant au peuple un
nouveau chantage:

Que soi-disant, si les citoyens disent « non », nous
devrons quitter l’Union Européenne ou la zone euro

Que si’ls disent « non », il n’y aura aucune nouvelle
négociation

Que si ils disent « non », cela signifiera qu’ils
« ne veulent pas d’aide ».

Certains, chefs d’État mais aussi représentants de la Commission
et d’autres institutions et organismes, n’hésitent pas à interférer
grossièrement dans les affaires internes du pays et à suggérer au peuple ce
qu’il doit voter au référendum, en modifiant la vraie question.

Ce qui est important c’est non seulement ce qu’ils disent, mais
qui le dit.

Le disent les représentants des gouvernements qui se sont alliés
aux gouvernements qui ont détruit le pays et ont fait des échanges avec eux.

Le disent les représentants d’organisations internationales qui
ont participé à des programmes catastrophiques qui ont décomposé la société et
causé d’ indicibles malheurs.

Le disent des dignitaires, qui ont admis s’être trompés dans le
cas de la Grèce, encore et encore.

Mais le disent aussi les représentants du système politique
corrompu des anciens partis, de la corruption et des combines, ceux qui ont
créé une dette illégale, honteuse et insoutenable et qui veulent la mettre sur
le dos du peuple, de la jeunesse et des générations futures, sans rendre de
comptes.

Le oui ne signifie pas oui à l’Europe.

Il signifie oui à l’ultimatum adressé par la Troïka au
gouvernement grec.

Le oui signifie oui aux mémorandums, à la soumission et à la
servitude.

Oui à des diminitutions suplémentaires des salaires et des
retraites,

Oui au chômage et à la précarité de l’emploi,

Il signifie oui à l’abandon de la souveraineté et de la
démocratie,

au bradage des biens publics,

à de lourds impôts sans fin.

Il signifie aussi oui à la dégradation de la Grèce de pays membre
à part égale de l’UE en pays paria et en colonie de la dette.

Le non signifie non aux tactiques et pratiques antidémocratiques

Non aux chantages anti-européens et aux ultimatums

Non aux blocages artificiels

Non à l’asphyxie du peuple, avec les banques fermées

Non à l’asservissement d’États-membres par d’autres États-membres

Non à la soumission économique et politique.

Le Gouvernement s’est redressé.

Il n’a pas cédé, il n’a pas capitulé en trahissant la confiance
des citoyens.

Le Parlement en 2015 a été à sa hauteur.

Il n’a pas fait loi d’État les mesures qui ont condamné de
nombreuses générations à un esclavage mémorandaire.

Pour la première fois le peuple peut réellement décider de son
avenir.

Pour la première fois il peut repousser lui-même, par son vote, le
dernier chantage.

Pour la première fois, le peuple peut lever la tête et avec son
vote, avec le non, secouer le joug des mémorandums.

Qu’il vote et se batte pour sa dignité et son avenir.

Et qu’il défende le seul gouvernement qui lui a fait confiance et
lui a rendu le pouvoir qui lui appartient et qu’il défende le Parlement qu’il a
lui-même élu et qui lui a rendu le pouvoir qu’il en tire et exerce en sa
faveur.


Qu’il ne permette pas le renversement du gouvernement par ceux qui, depuis des
mois élaborent des scénarios de déstabilisation et de détournement, pour
remettre le pays et le peuple aux forces de la corruption, des combines et de
la tromperie, qui ont tirer profit des mémorandums sur le dos de la société.


Et qu’il envoie le message retentissant et optimiste aussi aux autres peuples
d’Europe, que la démocratie est l’affaire des hommes et des peuples, non des
banques, des banquiers et des marchés.


Les « non » du peuple grec ont, dans l’Histoire, rendus fiers non
seulement les Grecs, mais l’humanité toute entière.

Un tel « non » rendra fières les générations futures et
défendra la véritable âme de l’Europe, qui ne se base pas sur des ultimatums et
des chantages, mais sur une coexistence égalitaire, la démocratie et la
solidarité. « 


traduction Frédérique Bouvier





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