Le nouveau maire d’extrême droite de Béziers commence son mandat par une mesure qui n’a qu’un seul but : stigmatiser les enfants de confession musulmane et leur famille !
Article publié à l’origine sur le site de
Médiapart (voir
ici), reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur. (Silvagni)
Béziers: la symbolique de la haine
Monsieur
le nouveau Maire de Béziers, pressé de questions par la presse locale désireuse
de connaître « ses premières décisions » de nouvel élu, répondait
vertueusement la semaine dernière qu’il n’était pas tout seul à décider. A
cette réponse convenue où se combinent langue de bois et saine prudence,
monsieur le maire qui est une outre de vanité et de satisfaction de lui-même,
surajoutait un air mystérieux quant à cette fameuse décision qui serait
assurément très symbolique de son règne commençant.
Le
suspense n’aura pas duré bien longtemps. Comme on pouvait s’y attendre au-delà
des palinodies d’une campagne électorale de type canada dry, sur le thème récurrent :
« Je pense facho, je parle facho, j’ai l’air d’un facho : mais
je ne suis pas adhérent du Front National », la fameuse première décision,
estampillée politique municipale FN par M. Le Pen en personne, vient enfin de
tomber : Interdiction du Halal et menus avec porc dans la cantine
municipale.
Tour
à tour RTL puis
hier le Monde se sont fait l’écho de cette « décision » défendue
par Marine Le Pen au nom de la politique municipale de « laïcité » du
Front National.
Soulignons,
comme le répète le nouvel édile, que le maire de Béziers n’est pas, lui, membre
du Front National : c’est donc bien à son compte personnel que s’inscrit
cette mesure dont nous verrons qu’elle n’est en aucun cas réductible à un
faire-semblant, quand bien même il faut souligner qu’elle ne correspond à
aucune réalité concrète, au sein des cantines scolaires concernées, à Béziers
comme ailleurs.
En
effet, qu’il s’agisse de cantines scolaires gérées par le public ou comme
à Béziers d’une cantine privée dépendant de la commune, il n’existe en France
aucune cantine où le porc soit « obligatoire », et encore moins
de cantine scolaire « hallal ». Ni, soit dit en passant, de cantine
kosher : par contre, on notera que dans toutes les cantines scolaires de
France et de Navarre, on sert du poisson le vendredi, ce qui est en fait une
tradition purement catholique (et non chrétienne comme on le croit généralement).
Reste
à bien mesurer ce qu’exprime cette décision, que Le Monde a bien tort de réduire
à une sorte d’arnaque ou de bluff : il suffit pour cela de relever que ce
qui semble aux yeux des médias un simple effet d’annonce doublé d’une outrance
habituelle au FN, est bel et bien une véritable agression haineuse, une
discrimination éhontée contre les musulmans. Ils savent désormais à Béziers qu’ils
sont en butte à une première mesure voulue par le FN et que la marionnette
locale, qui prétend contre toute évidence ne recevoir d’ordres de personne, s’est
empressée d’exécuter sans aucun état d’âme.
Car
la symbolique de cette mesure, c’est celle voulue par le Front National et
recommandée comme mesure d’urgence dans toutes les municipalités tombées entre
ses mains, c’est la symbolique de la haine. Et loin de faire semblant, il s’agit
de faire mal.
La
haine montre ici son vrai visage mesquin. Loin d’être un simple sobriquet
du F.Haine en forme de lapsus révélateur, la haine est le véritable moteur, le
leitmotiv constant de ce parti depuis toujours en guerre contre la République
et dont le seul levier, le seul programme dans ce pays est de diviser, de
dresser les français les uns contre les autres, en jouant de leurs différences
pour mieux nous isoler dans des identités de repli, dans des régressions
rancies envieuses du voisin de palier, de l’autre, du différent, du multiple,
du non-souchien !
Et
cette diagonale de la haine qui traverse la France de Béziers à Hénin-Beaumont est
perçue comme une agression de plus, encore et toujours, par la minorité
de français musulmans qu’il s’agit somme toute, de faire souffrir. C’est tout
simplement le but de cette trouvaille frappée au coin de la plus sordide méchanceté :
de faire souffrir des familles qui s’imaginent hélas que leurs enfants
pourraient être privés de cantine !
Car
cette mesure, si elle est en effet fictive, reste bien concrète : elle pèse
son poids de peur chez les enfants, d’angoisse chez les parents et son poids de
satisfaction immonde chez les racistes du coin qui cotisent bleu marine.
Voilà qui devrait réjouir les
lepénistes en général et le maire de Béziers en particulier, qui prétendent
faire la preuve de leur compétence dans les communes tombées en leur pouvoir :
faire peur aux petits enfants, ça en effet, ils savent faire.
Silvagni