200 personnes étaient réunies vendredi 27 novembre au Palais des Congrès de Béziers pour écouter Gérard Onesta et ses colistiers de Nouveau Monde en Commun. Compte-rendu (subjectif).
En ces temps troublés causés par tant de violences sociale et environnementale, par le raciste et le sexisme, par celle des meurtres de Daesh, il est plus que jamais d’actualité de faire advenir un nouveau monde en commun. Se saisir des élections régionales en ce sens est le message asséné par les représentants de la liste du même nom se présentant en Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon.
Les gauches rouge et verte rassemblées autour d’un projet en commun
« Où en serions-nous aujourd’hui si nous n’avions pas fait jonction ? » interrogeait Gérard Onesta à l’occasion de la conférence de presse précédent le meeting. « Le nom même de notre rassemblement prend tout son sens dans cette terrible période ». Un rassemblement inédit puisqu’il réunit la quasi totalité des familles de la gauche et les écologistes.
Les candidats locaux de la liste (Muriel Ressiguier du PG, Marie-Paule Cabrol d’Ensemble!,
Nicolas Cossange du PCF, Laurent Béaud de NGS, Agnès Gizard d’EELV, Rachid Sbaï citoyen engagé, Ruben Gimenez d’EELV), ont pu tour à tour s’exprimer à la tribune.
Ils ont démontré que par delà la richesse de leur diversité, se dégageait une vision commune des enjeux de l’heure. Celle de l’unité face à « une gauche qui fait une politique de droite – si le PS veut changer de nom, qu’il le fasse ! -, une droite qui court après l’extrême droite, nous disons qu’une autre voie est possible, portée par la gauche véritable, forte de ses différences » (Laurent Béaud de Nouvelle Gauche Socialiste). Une gauche rouge et verte indispensable tant les enjeux sociaux et écologistes sont imbriqués dans la cadre du capitalisme et du productivisme. Une gauche antifasciste et antiaustéritaire, car « le combat contre l’extrême-droite ne peut pas se faire sans contenu politique, en particulier sans prise en compte de la question sociale, comme le voudraient Valls et le gouvernement, en nous intimant de nous rallier au PS purement et simplement » (Nicolas Cossange du PCF). Une austérité qui n’est pas autre chose que la politique au service des multinationales et des marchés financiers, qui se fait de manière totalement antidémocratique, « qui s’impose aux peuples sans que ceux-ci ai leur mot à dire, au mépris de leurs choix. Comme ce fût le cas lors du non au TCE en 2005, et plus récemment lors du non du peuple grec aux mémorandi de la Troïka. Face à cette dictature de l’oligarchie, il nous faut reconquérir la démocratie. Une démocratie réelle faite pour et avec les citoyens. Et c’est ce que vise et rend possible notre rassemblement du Nouveau Monde en Commun » (Marie-Paule Cabrol d’Ensemble!). Une gauche vraiment de gauche donc, rassemblée dans sa diversité, et où les citoyens « non encartés » ont toute leur place. Car « la gauche appartient à tous ceux qui souhaitent y apporter leur contribution, en particulier celle de rendre possible justement l’unité des gauches »(Rachid Sbaï, candidat non encarté).
On ne combat pas les assassins de la liberté par moins de liberté et de démocratie
C’est pourtant ce que font Hollande et le gouvernement. Gérard Onesta s’est dit « écœuré » par l’interdiction de manifester à l’occasion de la COP 21, prise par le Préfet de Région, a nom de l’Etat d’urgence. Interdiction ciblée contre « l’ensemble des manifestations, cortèges et rassemblements tendant à l’expression de revendications ou d’opinions sur la voie publique »… Et maintenant des perquisitions ont lieu chez des militants écologistes. Un militant actif dans la coalition climat (qui regroupe 130 ONG) vient d’être assigné à résidence… On veut museler la contestation citoyenne !Ainsi démonstration est faite que la remise en cause des libertés publiques que nous craignions est une réalité. Il n’est donc pas admis de critiquer le gouvernement, les multinationales, un système qui génère des catastrophes écologiques.
Et de poser la question « Peut-être ont-ils peur ? Peur de la jonction de nos forces mettant à nu leur responsabilité dans le dérèglement du climat ». Mais aussi « peur que d’autres options que les leurs, basées sur la concertation et la participation citoyenne plutôt que sur la communication, où les conflits d’intérêt et l’opacité – qui sont un mode de fonctionnement actuel au sein de la Région -, et où l’argent est remis au service du bien commun, viennent remettre en cause leur pouvoir ». Bref une autre conception de la politique, contenue dans la Charte éthique et démocratique du Projet en Commun, qui dès le départ, à présidé à « l’élaboration du programme au travers de nombreuses contributions ». Et Onesta de demander « où sont celles des listes concurrentes? ».
Contre la démagogie du FN et de Ménard, plus de solidarité, d’égalité, de citoyenneté
« Ce que ne sait pas Ménard, c’est que 60% des citoyens de la Région n’y sont tout simplement pas nés », nous a dit la tête de liste. Nouveau Monde en Commun au contraire reconnaît « la diversité des cultures, la lenga nostra, et les « racines métisses » de notre Région ». Et pour lui (lors de la conférence de presse), à l’inverse de l’extrême-droite et « son discours de repli sur soi, qui stigmatise des populations, alimente les amalgames, rajoute la haine à l’exclusion, nous sommes pour plus de solidarité et d’égalité, pour plus d’ouverture ».
Et le programme de la liste de s’attaquer au terreau social de la montée du FN qui implique de remettre en cause les politiques d’austérité. Tout comme il est nécessaire de solutionner la crise de représentation du politique dont elle se nourrit. Très loin donc des injonctions à faire l’union sans contenu derrière le PS comme le voudraient Valls et autres Cambadélis.
Débat sur le programme
Ce fût ensuite les questions et remarques de la salle sur le projet en Commun.
Sur l’orientation de NMC concernant l’industrie, Gérard Onesta a précisé « qu’il n’ y aurait pas de soutien aux entreprises qui ne respectent pas les normes sociales (droit des salariés, libertés syndicales) et environnementales. Pas de soutien non plus à celles qui distribuent des dividendes aux actionnaires. Si c’est seulement pour faire du bizness, ça ne nous intéresse pas ». Bien-sûr « les difficultés dans le cadre d’un budget contraint – moins 11 milliards d’euros dans les dotations de l’Etat aux collectivités locales! – sont réelles, de même que l’impossibilité au niveau de la Région de lever des impôts. Mais nous disposons de leviers avec les avances remboursables, en investissant dans des secteurs qui préservent et créent des emplois (économie locale…), qui ne versent pas de dividendes, qui ne gaspillent pas l’argent. Ce sont donc des dépenses vertueuses ».
Des interventions aussi sur les services publics au cœur de notre projet de société, antinomique avec les politiques d’austérité, pour répondre aux besoins sociaux, à l’égalité territoriale, à la transition écologique.
La question de l’emploi et de la solidarité a été posée de façon particulière « dans une zone, l’Ouest Hérault, où les taux de pauvreté et de chômage sont parmi les plus élevés de France. Le territoire d’Agde étant même le plus atteint ».
Les problématiques du littoral ont aussi été abordée : menacé par les effets du réchauffement climatique (augmentation des épisodes cévenols, montée des eaux), problème posé par un tourisme de masse « bronze-cul », irrespectueux des cultures et histoires locales, des économies locales, du respect de l’environnement… Un développement touristique standardisé et corrélé avec la précarité et la pauvreté, de la Grèce au Portugal. Là aussi un réorientation vers un tourisme vert notamment s’impose.
Le seul vote écologiste, solidaire et citoyen
En conclusion, Gérard Onesta a insisté sur la nécessité de voter et faire voter Nouveau Monde en commun. C’est le seul vote d’espoir contre la résignation, contre les morsures de l’extrême-droite, contre les monstres fanatiques.
Romain F.
… et pour nous donner du courage, voici un lien pour écouter le morceau inédit des Bérus. Le groupe phare de la scène alternative française des années 80, alliant rock’n’roll roll et prises de positions anti-impérialiste, féministe, anti-raciste, antifasciste, révolutionnaire et libertaire, vient en effet de sortir « Mourir à Paris » en hommage aux victimes du 13 novembre. Un morceau dédié « A nos ami.e.s du Bataclan, du Petit Cambodge, de Charonne et de la Fontaine au Roi… A nos sœurs et frères d’Irak, de Syrie, Liban, de Libye et d’ailleurs qui vivent ses atrocités au quotidien ».