Bétonner pour mieux inonder

Les récentes inondations sur la côte d’Azur (20 morts) et il y a quelques mois à Lamalou les bains, ( 6 morts) Grabels ou Montpellier (2 morts ) ont montré qu’elles sont notamment la conséquence d’une urbanisation galopante. Or nombre d’élus de  la métropole montpelliéraine et les communes de la périphérie s’obstinent à bétonner, imperméabiliser des terres qui devraient être destinées à l’agriculture : projets Oxylane-décathlon à St Clément, Caylus à Castelnau, gare de la Mogère et nouveaux quartiers à Montpellier. Cette irresponsabilité est grave, voire criminelle, car aujourd’hui ces élus ne peuvent plus dire  » on se savait pas »…  

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Des « épisodes cévenols » plus fréquents

On nous dira que sur l’arc méditerranéen, il y a toujours eu des inondations notamment liées aux « épisodes cévenols » : pluies brèves et intenses, souvent plus de 100 mm en une journée et crues rapides, à la fin de l’été et au début de l’automne. C’est vrai. Mais ce type d’événements deviendra plus fréquent et plus intense dans un contexte de réchauffement climatique. Si les zones urbaines s’agrandissent, avec une hydrologie urbaine (notamment les réseaux de canalisations) qui ne permet pas d’absorber les pluies, on va inéluctablement vers des événements catastrophiques.

 

Catastrophes naturelles ?

Le Languedoc particulièrement menacé : Pour Jean-Yves Leber, administrateur d’Ecologie sans frontière, c’est le Languedoc-Roussillon, parmi les régions de l’arc méditerranéen, le plus menacé par les risques d’inondation induits par la « bétonisation » des sols. Faute d’avoir été suffisamment protégés de la rapacité des promoteurs et des bétonneurs, des pans entiers du littoral français sont devenus des zones à risques majeurs.

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Montpellier a d’ailleurs subi, en août puis en septembre, d’importantes crues qui ont coûté la vie à deux personnes, tandis que la série d’intempéries de l’automne 2014 sur la région avait tué quatre personnes et causé 320 millions d’euros de dégâts matériels. « Du point de vue du risque pluviométrique, Montpellier a été transformé en une sorte d’enfer, dit Jean-Yves Leber. Il n’y a pratiquement plus d’endroits dans la ville où l’eau peut simplement entrer dans le sol, alors qu’il y a des effets d’entonnoir partout… ». « On est en train de payer la rançon de l’urbanisation de ces trente dernières années. L’urbanisation intervient notamment en imperméabilisant les surfaces en construisant des voies de communication, des parkings, des bâtiments et donc l’infiltration ne se fait pas« , détaille Freddy Vinet, professeur de géographie à l’université de Montpellier. 

Y a -t il une fatalité à revoir les voitures emportées, les routes effondrées, la végétation arrachée par les coulées de boues, les centres-villes transformés en paysages lacustres et titrer sur le nombre de morts et disparus ? Un spectacle de désolation qui  deviendra de plus en plus fréquent, dans une région prise en tenaille entre le changement climatique et l’artificialisation –le « bétonnage » – des sols, qui aggrave les effets des épisodes d’intenses précipitations.

 Non rien n’est fatal, tout dépend des décisions politiques. Mais alors pourquoi nos élus s’obstinent -t-ils dans la frénésie immobilière et commerciale?

 

Non à 3 projets inutiles qui détruisent des terres agricoles et imperméabilisent les sols 
 

1) Oxylane/ décathlon  sur la commune de St Clément va imperméabiliser 11,4 ha de terres agricoles sur mes 23 ha du projet.. Les  mesures compensatoires prévues, nécessitent la mise en place de 7 bassins de « compensation » pour un volume total de 13390 m3, Ces bassins occupent une surface au sol de 1 ha .

 

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2) Caylus, au nord-est de Castelnau le Lez, sur 24,5 ha limitrophes avec Jacou, le groupe GGL doit créer un quartier de 615 logements avec 600 m2 de commerces ou activités.

 Outre des vestiges hydrauliques gaulois, une nappe d’eau peu profonde a été découverte, à moins d’un mètre de profondeur par endroits. Et l’on va construire sur un sol très argileux, avec des gonflements et des rétractions de terrain !

 

 

 

3) La nouvelle gare TGV de la Mogère

La gare « Montpellier Sud de France » est une nouvelle gare TGV à 20 minutes du centre de Montpellier, dont le coût frise les 150 millions d’euros (d »argent public), auxquels s’ajoutent 50 millions pour la prolongation du tramway T1 jusqu’au site. Mais le chantier, qui se situe près d’Odysséum, inclut aussi un projet immobilier, baptisé Montpellier Nature Urbaine, dont le premier volet se nomme Quartier OZ. Porté par l’agglomération de Montpellier et la région Languedoc-Roussillon, ce nouveau quartier d’affaires situé autour de la gare devrait nécessiter l’urbanisation de 350 hectares de terres agricoles et d’espaces naturels. En 2012, l’agglomération de Montpellier promettait 300 000 m2 de bureaux, 5 000 logements, et jusqu’à 80 000 m2 « destinés à l’hôtellerie et aux loisirs urbains ».

Or la nouvelle gare se situe dans une zone inondable naturelle où, en principe, toute construction nouvelle est interdite. SNCF Réseaux affirme que la gare sera située à 8 mètres du sol et sera donc protégée des inondations. Mais ce ne sera pas le cas des parkings et de la zone d’activité.

 

350 hectares de terres agricoles bétonnées : la Région Languedoc Roussillon et l’Agglomération de Montpellier, veulent livrer à l’immobilier de bureau les 350 hectares de bonne terre agricole qui entourent le site prévu. La gare n’est ici qu’un prétexte, et nullement un besoin. Cette ceinture verte, qui pourrait être largement utilisée pour de l’agriculture vivrière locale, se verrait donc au contraire recouverte de béton.

 

Pour que l’opération ne vienne pas directement s’ajouter à une dette déjà pesante, SNCF Réseau a signé un partenariat public privé (PPP) avec le promoteur immobilier Icade, évidemment intéressé par ce grand bétonnage.

La gare est-elle prévue sur une zone inondable?

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Philippe Saurel (maire et président de la Métropole de Montpellier) affirme que la gare n’est pas en zone inondable. Et ceci est totalement faux. La preuve que la gare se situe sur une zone inondable est facile à trouver dans le dossier soumis à l’enquête publique par le maître d’ouvrage, Réseau Ferré de France (RFF, aujourd’hui SNCF Réseau). On y voit la zone «rouge» (1) du Plan de Prévention des Risques d’inondation (PPRi). Il s’agit du lit du Nègue-Cats, un petit ruisseau discret, mais qui déborde à chaque forte pluie, et qui a noyé de nombreuses voitures sur la route de l’aéroport le 29 septembre 2014.La construction de la gare nécessite de remblayer le lit du Nègue-Cats, en amont et en aval de la gare, exactement dans le lit du ruisseau et dans la zone rouge du PPRi.

(1) zone rouge : niveau maximal: la construction est interdite. Les infrastructures linéaires (routes, voies ferrées) peuvent cependant traverser les zones rouges.

La zone inondable est donc irréfutable, et même les partisans de la gare ne la contestent pas, à l’exception notable de Philippe Saurel: la gare de la Mogère, son parvis (au nord) et son parking (au sud) sont bien situés sur une zone inondable du PPRi. Et son parvis ainsi que son parking sont tous les deux prévus sur d’imposants remblais construits dans la zone inondable du Nègue-Cats, ce qui est précisément interdit.

 

La gare de la Mogère risque-t-elle d’être inondée?

On pense bien sûr à la gare SNCF de Cannes, dont les voies, les quais, le hall, ainsi qu’une rame TER, ont été inondés sous un mètre d’eau et de boue, le samedi 3 octobre 2015.

À la Mogère, le «bâtiment voyageurs» (le hall, la salle d’attente, les guichets,…) n’a aucun risque d’être inondé, puisqu’il est prévu sur des piliers en béton au-dessus des voies et des quais: c’est le principe de la «gare-pont». Le risque existe par contre pour les voies et les quais, situés en contre-bas, du fait de l’écoulement de l’eau rendu plus difficile dans la buse construite sous le parking.

 

Quels sont les risques pour les secteurs voisins?

La gare de la Mogère constitue une énorme barrière à l’écoulement des eaux, à cause des grands remblais supportant le parvis au nord de la gare et le parking au sud. Et dans une moindre mesure, les murs anti-déraillement. Toutes les règles de prudence ont donc été violées. Les conséquences sont claires: en cas de fortes précipitations, si la buse est insuffisante ou si elle est obstruée (par des branchages ou d’autres déchets, par exemple une voiture), l’eau risque de s’accumuler au nord de la gare, c’est-à-dire dans le quartier Odysseum déjà soumis à des débordements occasionnels et dans la partie nord du quartier ZAC OZ 1.

L’imperméabilisation des sols n’est pas seulement lié aux constructions dans la zone inondable elle-même, mais surtout à l’urbanisation des zones situées au-dessus de celle-ci. Dans les terres agricoles ou naturelles, en cas de fortes pluies, les sols absorbent une partie des précipitations (surtout si elles ont peu de relief), et laissent s’écouler l’eau progressivement après les pluies. Or l’urbanisation des zones voisines imperméabilise les sols et les empêche de jouer leur rôle d’amortisseur. Dans le cas de la gare de la Mogère, il s’agit du parking et du parvis, mais surtout de l’énorme ZAC OZ prévue autour, qui est en réalité l’unique justification de cette gare (car sur le plan ferroviaire, elle est parfaitement inutile). La ZAC OZ est constituée de 60 hectares (dont 30 hectares construits) dans sa première phase dite «ZAC OZ1», et la surface totale reste prévue à 350 hectares pour l’ensemble du projet. À ceci, il faut ajouter l’imperméabilisation liée les projets immobiliers voisins comme Urban Park (à Lattes, déjà imperméabilisé), aux routes d’accès, à l’extension du tramway, etc…

 

Tous ces projets inutiles et dangereux, Oxylane, Caylus, la gare de la Mogère  doivent être stoppés.

Mobilisons nous, contre l’irresponsabilité des décideurs ! ( participez le dimanche 8 novembre à l’initiative du Collectif Oxygène  » gardons le paysage » sur le site les Fontanelles campus de Bissy : photos, dessins, peintures textes…)

Sanctionnons les par notre vote . Soutenons la liste  » Un nouveau monde  » ( EELV /FdG/ citoyen-nes) conduite par Gérard Onesta qui arrêtera le projet de construction de la gare de La Mogère. « projet ridicule, totalement dépassé avec de l’argent public qui n’existe pas ».Elu, la subvention régionale de 45 M€ (sur un projet aujourd’hui estimé à 135 M€) sera retirée. Sans elle, impossible de financer le projet qui tombera comme un château de cartes.

 

Jean-Claude Carcenac

Infos Mogère : Pour plus de détails sur la gare de la Mogère et les risques d’inondations lire le très complet et détaillé dossier sur désintox, qui a inspiré le paragraphe 3.

http://garetgv.free.fr/desintox/inondable.html

 

 

 

 

 

 

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