Les militant-e-s de Ensemble ! Saint Pons – Hauts Cantons ont participé à la mobilisation contre le projet barrage de Sivens dans le Tarn. Ils ont réalisé une brochure (ici) à ce sujet.
Les
militant-e-s de Ensemble ! Saint Pons – Hauts Cantons ont participé à la
mobilisation contre le projet barrage de Sivens dans le Tarn. Après un
reportage photo (ici) sur les cabannes, voici une brochure. A lire en PDF
en cliquant ici ou sur l’image ci-contre.
À l’instar de Pardailhan, rebelle occitan défendant un petit
bout de Corbières face à un immense empire, les opposants au barrage de Sivens
semblent mener une résistance toute faible contre une énorme machine, un
bulldozer géant qui ravage la nature, dans sa soif effrénée du gain. Les jeunes
zadistes luttent pour garder un territoire vivant, empêchent les agrariens de
la FNSEA d’installer une industrie céréalière, pour conserver un terroir émaillé
de haies riches de dizaines d’essences, préserver une forêt de frênes et sauver
un marais de 17 hectares de la désertification par les monocultures de maïs, blé,
tournesol – avec les pesticides qui vont avec, tueurs de sols, tueurs de toute
vie, où ne subsiste plus aucun ver, aucune faune, où plus une abeille ne
pollinise. Prise pour un vulgaire gisement de ressources, la nature serait mal
faite et il faudrait donc l’améliorer : elle ne peut se passer de notre
intervention pour marcher droit, d’où une frénésie d’aménagement du territoire.
Cette
machine prétend en finir avec un passé arriéré. C’est au contraire une
alternative humaine d’avenir qu’elle détruit. Finie la paysannerie de cette région
du Tarn – et d’ailleurs – finie l’exploitation fermière à échelle humaine. Elle
vise à répandre partout l’industrie meurtrière des plantes et des bêtes : le
terme élevage même industriel est un mensonge, on doit dire « usines de
productions animales » (viandes, lait, œufs). Elle renie l’agro-écologie
pionnière, avec la bénédiction de l’État et des Chambres d’agriculture. Elle ne
voit pas que l’agro-écologie crée les premiers bourgeons d’un futur social prêt
à naître, ignorant que ce que défendent les « écolos » c’est un
meilleur “vivre-ensemble”.
Les
tenants de l’économie libérale, de l’entreprise business, de la compétitivité
et de la rentabilité à toute force se croient réalistes, alors que la machine à
calculer, leur seul instrument de connaissance, les aveugle sur les réalités de
la vie humaine faite de joie, de peine, de solidarité, de générosité non
chiffrables. Les poches de résistance sont aussi des îlots d’espérance.
Le caractère
abstrait et anonyme de cette machine à broyer, lourdement armée pour défendre
son barrage, a provoqué le meurtre d’un garçon de 21 ans, animé par le respect
de la vie en soi, et l’aspiration à une autre vie pour nous tous.
Sivens, révélateur d’un nouvel
avenir.
Les
citoyen-ne-s lanceurs de cette alerte, habitants locaux et écologistes venus de
diverses régions de France et d’Europe, en résistant ainsi à la machine
capitaliste, sont porteurs d’un nouvel avenir.
Le barrage
de Sivens n’est en apparence qu’un problème local mineur. Mais par l’entêtement
de l’État à vouloir l’imposer sans tenir compte d’aucune réserve ni critique,
convoquant les forces armées de sa gendarmerie lanceuse de grenades, d’une
part, et par la modeste opiniâtreté de ses opposants d’autre part, la désobéissance
civile d’une petite vallée est devenue le symbole de la vraie guerre de
civilisation qui se mène dans le pays (Bure, Notre-Dame-des-Landes, Decines,
Val de Suze, la Rhune…) et sur plusieurs continents.
Dans le
Tarn, les maïsiculteurs, avec la bien-pensance propre aux possédants – par
centaines d’hectares – contribuent à la désertification humaine et biologique.
On est accablé devant l’absence totale de sentiment des services de l’État
(gendarmerie, ministère de l’agriculture) dans leur répression d’une juste rébellion
des bonnes volontés issues de la société civile. C’est avec une vraie prise de
conscience écosocialiste, capable de lier ensemble toutes les alternatives au
productivisme aveugle, que peut être rendu un véritable hommage à Rémi Fraisse.
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