Agglo de Montpellier : Moure dilapide l’argent public.

Tandis que Montpellier détient un record de taux de pauvreté (27%) et que ses entreprises licencient,  JP Moure président de l’agglomération, gaspille l’argent public dans d’inutiles opérations de prestige. Il a ainsi organisé devant 3000 chefs d’entreprises, mercredi dernier,  au zénith, un show de lancement d’une marque “Montpellier unlimited” pour la modique somme de 5 millions d’Euros ! Les conseillers d’agglomérations n’auraient pas été consultés, et même certains élus de sa majorité, attaquent cette décision personnelle.

Voir ci-dessous la réaction de la Gauche Anticapitaliste et des élus GA-FASE, ainsi que l’article de Midi Libre et un interview de René Revol.  


 

COMMUNIQUE DE PRESSE GAUCHE ANTICAPITALISTE 34

Organisation membre du Front de Gauche

 

UN DESACCORD UNLIMITED

 

La campagne pour les élections
municipales de 2014 a commencé à Montpellier. Les 3 candidats potentiels du PS,
Mandroux, Saurel, Moure se livrent une bataille fratricide même si l’on peut
douter de la réalité des divergences entre eux. La campagne actuelle de l’Agglo
« Montpellier Unlimited » entre dans la stratégie de JP Moure.

Au-delà de cette guerre d’ambitions
notre désaccord est sur le fond.

 

Opacité et absence de démocratie :

A combien se monte le budget
communication de l’Agglo ? Un peu de transparence serait de mise !  Ce budget à priori très « unlimited »
est un véritable scandale. En période de crise, moment difficile pour les
habitants, moment où les plans sociaux se multiplient… consacrer 5 millions d’euros
pour communiquer est inacceptable.

L’Agglo multiplie les  pratiques antidémocratiques. Cette
assemblée non élue par les habitants vient d’augmenter significativement la
taxe d’habitation, son président décide seul d’une campagne de 5 millions d’euros…
ces décisions sont illégitimes.

Dans le contexte actuel, l’argent
public doit servir à renforcer les services publics, à satisfaire les besoins
sociaux comme le logement ou les transports publics plutôt qu’à être gaspillé
dans des dépenses de prestige. Il faut sans nul doute rappeler à Jean Pierre
Moure que L’Agglo connaît un taux record de pauvreté et de chômage, que 70% des
habitants peuvent prétendre à un logement social !!

 

Nous refusons la logique compétitive de Jean-Pierre Moure :

Le Président de l’agglo veut faire
entrer Montpellier dans la compétition européenne (il parle de « Ligue des
Champions
 »), développer un nouveau « quartier d’affaires »
(quartier Oz) autour de la future gare TGV sur 350 ha.  Ce n’est rien d’autre qu’une logique de
concurrence et de compétition entre les territoires tout en s’adaptant à la
mondialisation, logique de compétition internationale que nous dénoncions déjà à
l’époque de Georges Frêche. Plutôt que de se comparer avec des villes plus
grandes et avec une industrie plus développée comme Lyon ou Barcelone, il
faudrait mieux mettre en place un réseau entre la ville et sa campagne, et
entre Montpellier et ses voisines (Sète, Béziers, Nîmes), dans une logique de
proximité, de solidarité et de complémentarité .

Au lieu d’artificialiser 350 ha de
terres agricoles à plus de 30 mn en tram du centre-ville, pourquoi ne pas
renforcer les secteurs existants autour ? Au lieu d’essayer d’attirer des
grands groupes internationaux, dont on voit avec Sanofi le peu d’attachement
qu’ils ont à une ville ou une région, pourquoi ne pas accompagner les projets
locaux, les projets basés sur l’économie sociale et solidaire, les projets basés
sur les richesses locales (agriculture bio, recherche, universités, patrimoine
naturel, historique…).

« Montpellier Unlimited »
est basé sur une conception ultralibérale du développement économique local
et  inadapté aux besoins des
habitants. La ville devient un produit à vendre. A cette marchandisation de la
ville, nous préférons l’élaboration avec les habitants des priorités et des
choix à faire pour son développement et son urbanisme.

 Montpellier, le  23 octobre 2012.

 

David Hermet porte parole de la GA34

Francis Viguié, Anne Rose Le Van conseillers municipaux Montpellier
GA/Fase

 





Ci-dessous l’article de Midi Libre et plus bas un interview de R. Revol, maire de Grabels et membre du PG, à ce sujet, publié sur le site de la ville. 


Article de Midi Libre, ici sur le site du quotidien,
par  Gil Lorfevre






Plusieurs élus,
dont René Revol (FDG) et Philipe Saurel, demandent à Jean-Pierre Moure,
président de l’Agglo, de rendre des comptes sur les dépenses engagées pour le
lancement de Montpellier Unlimited. 

Au lendemain du fastueux
lancement
de la campagne Montpellier Unlimited, initiée par
l’Agglomération, seules quelques voix critiques d’opposants se sont fait entendre
dans le paysage consensuel de l’agglomération locale. Rien de très surprenant.
Seulement, à la veille du week-end, la critique s’est subrepticement immiscée
dans les rangs des élus de la majorité communautaire comme le ver dans la
pomme, que chacun, jusqu’ici, croquait à l’envi. C’est René Revol, le maire de
Grabels, qui a tiré la première salve en se déclarant “choqué” par le
coût de la soirée de lancement. Puis hier, c’était au tour de Philippe Saurel
de hausser le ton.

Une campagne de
publicité estimée à 5 M €

Dans une missive
adressée à Jean-Pierre Moure, le président de l’Agglo
et initiateur de cette campagne, l’adjoint à la culture de Montpellier et
membre de l’assemblée communautaire, reproche le fait que ce dernier ait
“engagé seul, sans aucune concertation avec les élus conseillers
d’Agglomération, de très importantes dépenses de publicité”, autour de ce
projet de marque dont le coût de campagne avoisinerait les 5 M€. “En
prenant seul une telle décision, vous outrepassez, me semble-t-il, les
principes qui prévalent dans toute assemblée d’élus. Le mépris que vous
affichez par un tel comportement s’adresse à travers nous à tous les
concitoyens de l’Agglo dont vous utilisez les impôts avec une indécente
légèreté.”

Saurel envoie
une copie de son courrier à Manuel Valls

Philippe Saurel
qui, il faut le rappeler, est candidat aux municipales de 2014 à Montpellier,
comme semble l’être également Jean-Pierre Moure, n’a pas hésité à fournir copie
de ce courrier à Manuel Valls, le ministre de l’Intérieur. Courrier qu’il
conclut sèchement en demandant au président de l’Agglo “de suspendre ces
publicités” jusqu’à ce que celui-ci ait présenté “à l’assemblée le
plan détaillé des actions prévues en regard des sommes engagées et que
celles-ci soient soumises à notre approbation.”

Une somme jamais
votée par l’Agglo selon le conseiller

Autrement dit,
si on en croit les dires de Philippe Saurel, cette somme de 5 M€ n’a
jamais été présentée à l’assemblée communautaire et encore moins votée par
elle. Ce qui a priori n’a offusqué aucun élu, de Montpellier ou d’ailleurs !

L’Agglo
reste sereine

 

Lundi soir,
personne à l’Agglomération de Montpellier n’avait reçu ou vu passer le courrier
envoyé par Philippe Saurel. Cependant, dans les bureaux de la présidence, on
assurait que “les élus avaient été tous concertés pour le lancement de
cette marque”. Et de préciser : “Ils ont voté les dépenses de
communication inscrites dans le budget”, d’où la somme a été retenue pour
financer la campagne. Par ailleurs, on indique, place Zeus, que “les élus
communautaires ont tous été informés du processus de réflexion se rapportant au
développement économique de l’Agglo.

L’Agglo
connaissait l’existence de Toronto Unlimited

Alors certes, certains
élus ont été impliqués plus que d’autres”, notamment les quatorze de la
commission économique, “à qui a été présentée, étape après étape, la
stratégie mise en place”. Concernant l’existence de la marque Toronto
Unlimited, la présidence de l’Agglo ne paraît nullement surprise :
“L’utilisation d’Unlimited est très répandue à travers le monde mais ça,
nous le savions dès le début. Les recherches ont été faites et nous
connaissions l’existence de Toronto Unlimited. Cela ne nous pose aucun problème
car il y a eu un dépôt de la marque de l’Agglomération regroupant le mot avec
la ville et l’ambiance graphique. La marque est également déposée sur un
certain nombre de catégories économiques.”

Interview de René Revol, maire de Grabels. Voir en ligne ici ou ci-dessous. 





«
Montpellier unlimited » : une ville ce n’est ni une savonnette, ni un hamburger

Entretien avec René REVOL, Maire de Grabels, Conseiller Communautaire de
l’Agglomération de Montpellier .

Question : L’Agglomération de
Montpellier vient de lancer sa marque « Montpellier unlimited » à grand renfort
de publicité. Cela suscite de nombreuses réactions de responsables politiques
locaux. Qu’en pensez- vous ?

René REVOL : D’abord méfions nous des
réactions outrées des Iznogoud qui veulent la place du grand Calife. Chacun
sait que tout ce petit monde (qui appartient pourtant à la même famille
politique) se livre à une concurrence féroce pour le leadership aux municipales
de 2014. Je ne suis pas convaincu que si ces critiques étaient à la place de
Jean-Pierre Moure ils ne feraient pas la même chose que lui ! Quant à moi je ne
suis pas concerné par cette compétition et je peux tranquillement exprimer une
divergence sur le fond pour une raison stratégique et pour une raison de
principe.

Question : une divergence
stratégique, laquelle ?

René REVOL : le Président de
l’Agglomération reprend l’axe stratégique de Georges FRECHE élaboré en 1984 :
décliner un slogan « Montpellier la surdouée » pour créer une attractivité de
la ville pour en faire un pôle économique innovateur, notamment dans les
secteurs porteurs à l’époque de l’informatique et des filières médicales et
biologiques. Or l’erreur de cette stratégie c’est justement qu’on n’est plus en
1984. Aujourd’hui nous sommes face à une crise majeure qui touche y compris ces
secteurs de pointe. L’exemple de Sanofi est très significatif : un des fleurons
de cette industrie innovante et fondée sur la recherche supprime massivement des
emplois et délocalise. Nous l’avons vu à Grabels sur Euromédecine 2 où le
complexe bio pôle a été construit surtout pour Sanofi et cette entreprise a
depuis des mois quitté les lieux et on a un bâtiment à moitié vide. Si l’aire
économique de Montpellier a été moins frappée que les autres par la récession
du premier semestre 2009, si ce n’est l’immobilier, ce n’est plus le cas pour
la récession en cours et tous les analystes s’attendent à ce que sur les deux
années 2012 2013 le nombre d’emplois supprimés soit plus important que le
nombre d’emplois créés dans notre département.

Question : Mais justement cette
marque nouvelle n’est elle pas un moyen de répondre à cette crise ? 

René REVOL : Cette marque est
l’expression visible d’une stratégie qui consiste à croire que la réponse à la
crise ne passe que par un effort de compétitivité et d’innovation. Cela
signifie que lorsque la demande globale baisse sur tous les marchés la survie
ne passerait que par le fait de piquer le maximum de marchés aux voisins. On peut
imaginer que « Montpellier unlimited » va devoir prendre des parts de marché à
« Sud de France » la marque de la région…C’est un comble ! Cette compétition de
tous contre tous a mené l’économie européenne dans le mur….Il serait temps d’en
sortir pour une stratégie alternative.

Question : Quelle stratégie
alternative ?


René REVOL : « Montpellier solidaire »
! Voilà ma marque. Face à la crise reconstruisons une économie relocalisée
fondée sur les savoir faire de notre population, avec une véritable économie
productive qui produise des biens utiles. Naturellement cela suppose des choix
nationaux différents que celui des chocs de compétitivité et de l’austérité
budgétaire. Si on veut que le secteur bio médical continue à se développer cela
passe par un renforcement de l’assurance maladie et non pas par son
démantèlement. Ceci dit on peut aussi par nos politiques publiques locales
ouvrir la voie à cette autre politique. Et dans le contexte actuel l’argent
public doit être prioritairement consacré à la solidarité. Montpellier sans
limite …dans la lutte contre la pauvreté, sans limite dans la lutte pour
l’emploi et contre la précarité, sans limite contre le mal logement, sans
limite pour une santé gratuite et de qualité….Une politique de solidarité
sociale et de relocalisation économique voilà l’alternative que je défends.

Question : Vous parliez également
d’une divergence de principe ? 

René REVOL : Oui « Montpellier
unlimited » c’est transformer un nom de ville en un nom de marque comme une
grande compagnie internationale. Cela me choque. Montpellier est une ville, pas
une entreprise ! Certes une ville est aussi faite d’entreprises et je connais
beaucoup d’innovateurs et de créatifs mais je ne suis pas sûr que c’est cela
qu’ils attendent. Une ville c’est beaucoup plus qu’une entreprise. Une ville
c’est un certain vivre ensemble, un tissu humain et ça ne se vend pas comme une
savonnette ou un hamburger! Cela fait des années que je le dis et si à
l’occasion de ce débat je peux être enfin entendu ce serait un progrès.

Question : savez vous combien a
coûté cette campagne publicitaire ?

René REVOL : J’ai posé la question et
je n’ai pas eu de réponse. En tout cas elle a du coûter cher ! De toute manière
l’argent dépensé aurait été mieux utilisé dans la solidarité, dans un contexte
où la majorité de nos concitoyens voient leurs revenus contraints.

 


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