Le record d’abstention a été largement souligné pour les dernière
municipales. Ci-dessous une contribution sur l’ampleur de l’abstention dans l’Hérault
et un point de vue sur celle-ci à l’échelle nationale.
Les médias utilisent des moyennes nationales ou départementales mais ces
moyennes ont comme principal inconvénient de gommer les différences entre les
communes.
Les médias utilisent des moyennes
nationales ou départementales mais ces moyennes ont comme principal inconvénient
de gommer les différences entre les communes. Pour notre action, il est nécessaire
d’examiner l’abstention au niveau de chaque commune pour évaluer la crise de la
représentation politique dans les 80 communes de notre département.
La taille des communes ou plus
exactement le nombre d’inscrits par commune me semble un bon critère pour
classer ces résultats.
Si on regroupe les communes en 5 catégories :
A= moins de
1000 inscrits,, soit 30 communes
B= 1000 à 5000 inscrits, soit 32
communes
C= 5000 à 10 000 inscrits, soit 9 communes
D= 10 000 à 30 000 inscrits, soit 6 communes
E= plus de 30 000 inscrits, soit 3 communes.
Pour la catégorie A des communes de
moins de 1000 inscrits, on obtient :
13 communes avec un niveau d’abstentions
situé entre 0 (ça existe !) et15%
11 communes avec un niveau d’abstentions situé
entre 15 à 25 %
2 communes avec un niveau d’abstentions situé entre 25% et
30%
1 commune avec un niveau d’abstentions
situé entre 30 et 35 %
3 communes avec un niveau d’abstentions
situé à plus de 35 % .
Pour la catégorie B des communes
entre 1000 et 5000 inscrits, on obtient :
1 seule commune à moins de 15%
15 communes avec un niveau d’abstentions situé entre 15 à 25
%
9
communes avec
un niveau d’abstentions situé entre 25% et 30%
7
communes avec un niveau d’abstentions situé entre 30 et 35 %
Pour la catégorie C des communes
entre 5000 et 10 000 inscrits, on obtient :
3 communes avec un niveau d’abstentions situé
entre 15 à 25 %
2
communes avec
un niveau d’abstentions situé entre 25% et 30%
4 communes avec un niveau d’abstentions situé
entre 30 et 35 %
Pour la catégorie D des communes
entre 10 000 et 30 000 inscrits, on obtient :
1 commune avec un niveau d’abstentions situé entre 25% et 30%
2 communes avec
un niveau d’abstentions situé entre
30 et 35 %
3 communes avec un niveau d’abstentions situé entre 35 et 40
%
Enfin les trois communes de plus
trente mille inscrits ont des résultats très différents :
Sète : 25% d’abstentions, Béziers :
31,49% d’abstentions,
Montpellier : 43,42% d’abstentions.
Cette classification fait clairement
apparaître une grande différence de participation entre les communes selon le
nombre d’inscrits.
40 communes de l’Hérault sur 80 ont
eu une participation supérieure à 75% de votants ( on est très loin des 36,3% d’abstentions
annoncés comme moyenne nationale). Ces communes ont moins de 5 000 inscrits.
A l’inverse, sur 10 communes de plus de 10 000 inscrits,
7 ont un niveau d’abstentions supérieur à 30%.
A mon sens, ces résultats traduisent
une crise de la représentation dans les grandes villes à l’exception notable de
Sète.
Il faut remarquer que ce phénomène n’est
pas nouveau pour Montpellier qui a déjà connu un niveau d’abstentions
comparable en 2008.
Qu’est-ce qu’un conseil municipal à
l’échelle d’une ville de plus de
250 000 Habitants ? Cette
question mérite d’être étudiée par les composantes du Front de Gauche pour
proposer un système plus proche des citoyens. Les Conseils de quartier ne
suffiront pas à rénover la démocratie communale. Faut-il aller vers des assemblées
élues composées de 400 à 500 citoyens ? Combien d’élus par tranche de
mille inscrits ?
Si on garde la proportion d’élus des
communes de 3500 habitants, combien en faudrait-il pour une ville de la taille
de Montpellier ?
La présidentialisation croissante de
notre démocratie accentue la crise de la représentation et on ne peut s’étonner
que l’abstention soit devenue une des formes de la protestation démocratique. Certains
spécialistes opposent à ces élections municipales ou législatives, le succès
des élections présidentielles. Ce n’est paradoxal qu’en apparence car plus on
présente l’élection présidentielle comme l’élection décisive, plus on dévalorise
les autres institutions démocratiques de notre République.
Pour Ensemble, composante du Front
de Gauche, cette question de la lutte pour des institutions démocratiques et d’une
nouvelle République doit devenir un des axes majeurs de notre action mais cela
interroge aussi certaines des pratiques
du Front de Gauche lui-même.
De quoi l’abstention
est-elle le nom ? par Isabelle Sargeni-Chetaud publié sur le site national d’Ensemble
On
aura beaucoup écrit, beaucoup parlé du taux record (jusqu’à quand,)
d’abstentions aux élections municipales 2014: 36,45 % au premier tour (16
millions d’électeurs !), un phénomène amplifié au second tour (38,5%), très
marqué dans l’électorat de gauche et à analyser en tant que tel, au delà des résultats
concrets des élections et de leurs conséquences pour les élus du PS dans les
dizaines de villes perdues comme Pau, Quimper, Toulouse ou Limoges…
On
peut , bien sûr, étudier de toujours plus près les comportements citoyens
suivant leurs appartenances de classes, géographiques ou leurs âges. C’est
instructif et les clés sont maintenant assez connues. Mais ceux-là même qui
pleurent des larmes de crocodile en en appelant à un sursaut républicain, qui
n’hésitent pas à crier à l’incivisme (des autres) ne sont-ils pas ceux par qui
le scandale arrive ? Les populations peuvent-elles aujourd’hui ignorer les
grands serviteurs de l’Etat qui s’en sont largement servi, les scandales à répétition
des Woerth, Cahuzac ? Peuvent-elles ignorer les accords tacites de co-gestion
et d’alternance de l’austérité imposée par les évolutions rapides du
capitalisme financier ?
Le
vote FN, volontairement mis sur le devant de la scène par les médias et nombre
de politiciens, est préoccupant, à relier à la montée de l’extrême-droite dans
d’autres pays d’Europe. Il ne peut pas être l’arbre qui cache la forêt d’un désarroi
bien plus profond. Sinon, l’antienne du Front républicain fonctionnerait, sinon
les partis de la « vraie gauche » trouveraient un électorat plus
motivé.
La
démocratie représentative à la mode de la V° république perd son sens et
devient même illisible.
Comment
oublier la victoire du Non au référendum sur le TCE, suivi quand même d’une
ratification? Pourtant, l’exercice démocratique avait bien été là, long et
approfondi. « les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent »,
dit la sagesse populaire. La notion même de programme politique, d’orientations
alternatives est dévoyée par des pratiques comme celle du gouvernement Hollande
(et avant lui Sarkozy le « président des propriétaires ».
Après
des années de Sarkozysme douloureux, après des mobilisations sociales massives
mais sans victoires concrètes, les Français et Françaises avaient pensé
utiliser les élections présidentielles pour chasser Sarkozy, pour un changement
de cap. On voit le résultat : même politique avec la Commission européenne et
le MEDEF, décisions économiques atterrantes, chômage et inégalités en hausse.
Et ce, dès le lendemain de l’élection !
Qui
pouvait penser que cela n’aurait aucune conséquence? Les élus-experts sans
doute, qui dans le mépris des « administrés », ont accéléré ces dernières
années de grandes mutations, négociant entre eux, dans le cumul des fonctions
et des responsabilités, des évolutions majeures de l’Etat et des territoires et
des droits sociaux. Les intercommunalités, les métropoles prennent de nouvelles
prérogatives, les textes régissant les droits des chômeurs, la protection
sociale empirent comme une fatalité.
Il
en serait presque même étonnant au contraire que tant de citoyens continuent de
se rendre aux urnes. Voter, élire sur la base de programmes ceux et celles qui
seront chargés dans les années à venir non seulement de gérer les affaires
publiques mais aussi de préparer l’avenir, quelle belle idée au fond ! Quand
les électeurs ont le sentiment répété que cela ne sert pas à grand-chose, les réflexes
du « vote utile » ne fonctionnent plus.
Ce
ne serait pas si grave si dans le même temps les mobilisations sociales
croissaient, si les citoyens s’engageaient massivement dans les mouvements
politiques alternatifs. Car c’est bien là que le bât blesse pour nous. La
droite du PS a fait une OPA sur le Parti socialiste, le PS a réussi une OPA sur
la représentation de la gauche et cela ne permet pas encore un regroupement
lisible à grande échelle à gauche, ni les urnes, ni dans la rue. Les listes à
l’initiative du FdG pourtant plus nombreuses et avec plus d’élus que celles du
FN sont restées nationalement quasi-inaudibles, sans campagne cordonnée. C’est à
cela qu’il va falloir sérieusement s’atteler, non ?