Montpellier Conseil municipal du 8 novembre Compte rendu par Francis Viguié (élu NPA-Cual)

La séance a commencé par un hommage solennel à G. Frêche. Il s’est déroulé à travers
deux films vidéo et une intervention d’Héléne Mandroux.

Hélène Mandroux…après un (très bref) moment d’égarement…dur retour à la bien problématique réalité de la gestion social-libérale de la cité !


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Il est à noter une innovation, la
consultation de la population pour savoir quel lieu attribuer à G. Frêche. Pour des sujets
comme l’urbanisme ou les choix budgétaires prioritaires, la majorité municipale s’y refuse
mais, là, une consultation sera organisée en particulier à travers le journal municipal.
G. Frêche a été remplacé par Audrey de la Grange (PS), il s’agit d’une démarche automatique
en cas de décès ou démission. Le remplacement de Frêche dans la délégation des 45 à l’Agglo
suppose un vote. Ce vote n’a pas eu lieu, il y aura donc un conseil municipal extraordinaire,
avant fin novembre, avec ce vote pour objet. Le vote à l’Agglo pour la Présidence doit se faire
avant le 10 décembre.

H. Mandroux postule à la présidence de l’Agglo tout comme Moure, vice-président PS actuel.
Ce vote au conseil de Montpellier prendra du sens, en particulier pour voir si des pratiques
nouvelles s’installent. Mandroux va-t’elle modifier la délégation des 45 ou simplement
rajouter un nom de la majorité à la liste ? Pour rappel, alors que la majorité a reçu 52% des
suffrages au deuxième tour, elle a pris 100% des sièges à l’Agglo (45).
Si nous voyons bien
les grenouillages divers pour prendre l’Agglo (recherche du soutien d’Aubry, gagner du
temps pour tisser des alliances…), aucun élément ne permet de penser que la démocratie et
la représentation pluraliste vont y gagner quelque chose.

Ce vote sera aussi un nouveau test
pour les Verts, qui ont, une fois de plus, publiquement demandé à intégrer la majorité. Si
jamais, hypothèse très probable, ils étaient laissés sur le bord de la touche, le ridicule devrait
les atteindre. Côté élection à la présidence de l’Agglo, si nous prenons les soutiens affichés
dans la presse locale, Moure a toutes les chances de l’emporter. Il a reçu le soutien des 27
vice-présidents (dont 3 vice-présidents de droite), de la droite par la bouche de Grand et même
de…. Navarro ! Après l’échec des régionales, l’élimination de la présidence du CHU, la
toujours non intégration des Verts, un nouvel échec est en vue pour Mandroux. Peut-être, au
vu de la catastrophe prévisible, n’ira-t-elle pas jusqu’au bout, mais l’échec sera là vu son annonce
tonitruante de vouloir prendre la présidence de l’Agglo. Une fois de plus, elle va accroître son
déficit de légitimité en démontrant qu’elle n’a pas les moyens de sa politique. La bataille pour
la Présidence de l’Agglo ne propose à ce jour aucun enjeu clair en termes de priorités sociales
et écologiques, elle se résume à une lutte politicienne interne aux clans du PS.

La première délibération traitait du Débat d’Orientation Budgétaire.

Lévita (majorité), après avoir dénoncé le désengagement de l’Etat et manifesté ses inquiétudes liées à la crise
économique, a annoncé qu’il n’y aurait pas de hausse d’impôts et que seraient adoptées des mesures sociales
comme la baisse du tarif des cantines (- 2% pour les trois premières tranches de revenus).
Pour le reste, nous restons dans la continuité de l ‘étalement urbain, de l’augmentation de la
population et, en conséquence, des services allant avec, comme les nouvelles écoles.
L’UMP a défendu la politique gouvernementale et demandé à la Mairie d’en faire autant en
particulier en matière de non-remplacement des fonctionnaires.
Petitout (opposition sans étiquette) ne vient en conseil que pour le débat budgétaire et puis s’en va. Elle a confirmé son
positionnement de droite ultra-libérale, une version « Tea party » locale. Sa mesure choc : ne
pas remplacer les 500 prochains départs d’employés communaux.
Les Verts ont dénoncé la politique d’Etat, les cadeaux fiscaux. Ils constatent le budget
constant mais aussi l’augmentation de la population et les besoins en emplois. Ils sont pour
ne pas seulement développer les nouveaux quartiers mais pour rééquilibrer vers l’ancien.

Je suis intervenu en partant de la crise économique pour expliquer qu’il y avait un lien entre
le désengagement de l’Etat, la contre-réforme des retraites, la remise en cause de la Sécu et des
droits sociaux.
Cette politique s’appelle austérité, elle a pour but de faire payer la crise à ceux
qui n’en sont en rien responsable. Elle s’applique aujourd’hui partout en Europe. En France le
rapport Attali nous donne une indication sur ce qui nous attend de la part de ce gouvernement.
La situation est marquée par des attaques d’ampleur ; c’est pourquoi j’ai proposé qu’un
conseil municipal de gauche devrait se rapprocher des syndicats, des partis, des associations,
des habitants pour voir ensemble comment résister et gagner. Il faut en finir avec les
condamnations sans mobilisation. L’heure est au rapport de force pour la répartition des
richesses.

J’ai continué sur l’élaboration du budget. La majorité municipale parle de démocratie
participative mais où la retrouve-t-on ?
Quelle est la part laissée à l’élaboration des habitants ?
Dans la présentation, aucune, il est vrai qu’il n’y a même pas eu une rencontre au préalable avec
les partis représentés au conseil municipal sur leurs priorités, alors ne parlons même pas de la
population.

Nos priorités doivent être liées à notre mobilisation pour refuser de payer la crise.
Nous pouvons récupérer de l’argent avec la mise en régie de la TAM, des parkings publics.
L’eau, les transports, les parkings en régie permettent une politique de tarifs favorables aux
besoins sociaux et dégagent de nouveaux moyens financiers pour une municipalité. Il faut
en finir avec les multinationales ou les sociétés privées présentes dans les délégations de
services publics (DSP) pour le profit qu’elles en retirent. Il faut des mesures anti-crise, des
mesures anti-austérité comme la gratuité des transports publics, le blocage des loyers, la
réquisition des logements vides (il y a 4 000 dossiers en attente), un arrêté anti-expulsion… Il
faut en finir avec les dépenses de prestige scandaleuses comme vient de le mettre sur la place
publique le rapport sur l’Opéra.

Le PC dénoncera les profits du CAC 40, la politique de Sarko pour les riches, déclarera avoir
confiance dans la révolte des gens. Il indiquera que ce budget est un budget de résistance. Il
en partage l’orientation.

Dans sa réponse à mon intervention Levita indiquera son accord pour dire que ce
gouvernement veut détruire tous les acquis gagnés à la Libération mais que nous n’étions pas
là pour faire la révolution mais préparer un budget !

Le vote aura lieu au conseil de Décembre.

J’ai voté contre la délibération 2. Il s’agit d’une convention de partenariat entre la ville de
Montpellier, le CCAS [Centre communal d’action sociale], l’université Montpellier 1, la faculté de Pharmacie et Sanofi Aventis.
Nous ne pouvons accepter les partenariats universités – multinationales privées comme Sanofi
Aventis.

Je suis intervenu sur la délibération 9. L’Agora des Savoirs se fait en partenariat (sur l’aspect
librairie) avec Sauramps. Je ne suis pas entré dans les liens évidents entre Sauramps, la
Mairie et l’Agglo, j’ai juste demandé comment se justifiait une situation privilégiée
pour Sauramps (à savoir que Sauramps est présent sur la plaquette de présentation de l’Agora
des Savoirs et vend à son compte à l’occasion de chaque session) alors qu’il existe d’autres
librairies à Montpellier. Il me sera répondu que, pour d’autres initiatives à venir, des accords
avec d’autres librairies sont prévus. A suivre.

Je suis intervenu sur la délibération 12 dont l’objectif était l’élection du jury du concours
d’urbanisme. Le conseil a élu 5 membres du jury dont 1 Vert et 1 UMP. Si cette ouverture
peut faciliter la transparence, elle ne règle pas un problème de fond : la place des habitants de
Montpellier. L’objectif est un projet urbanistique pour les 20/30 ans à venir. La décision prise
est de lancer un concours d’urbanisme et de choisir 5 cabinets d’architectes. Ces 5 recevront

une indemnité de 30 000 euros.
Il est légitime de penser que les habitants de Montpellier peuvent avoir un avis sur l’avenir
de leur ville. S’il serait démagogique de penser que tout peut se faire sans architecte, il reste
un problème majeur qui est l’absence de consultation citoyenne. Ce ne sont pas les moyens
financiers qui manquent puisque 150 000 euros sont budgétisés; avec cet argent il y a de quoi
communiquer et débattre avec les habitants.
Saurel (majorité) répond que cette consultation se fera après. Curieuse conception où le débat public se fait après. Nous
aurons l’occasion d’y revenir vu qu’il s’agissait juste d’élire le jury.

Pour rester sur l’essentiel, je passe à la délibération 61. Il ne s’agit, ni plus ni moins, que d’un
véritable scandale.
La presse locale a déjà largement rendu compte du rapport de la Chambre
régionale des Comptes de Languedoc-Roussillon sur l’Association Opéra et Orchestre
National de Montpellier [voir article de l’Hérault du Jour ci-dessous], il est bon d’y revenir.
Dans ce rapport, le « surintendant » (ce n’est pas de l’ironie, c’est son titre) René Koering
est au cœur de ce scandale,
même si, nous le verrons, tout le monde n’est pas d’accord pour
parler de scandale. Le montage de l’Association avec financement croisé de la Muncipalité,
de l’Agglo et de la Région est un bel exemple du système Frêche. Ce montage et le peu de
contrôle de l’association font que Koering s’est augmenté son salaire de 71% de 2002 à 2008.
Le montant annuel de son salaire atteint 298 218 euros !
La Chambre régionale des comptes note « qu ‘il s’agit d’un
niveau inhabituel
».

A 70 ans, “le surintendant” demande, pour partir, une indemnité de 276 000 euros,
indemnité qui n’a rien à voir avec la Convention Collective, la Chambre notant qu’elle est « supérieure
à la Convention collective
» A cela, sans sombrer dans le populisme, s’ajoutent les frais de
mission (26 356 euros en 2008), les 60 000 euros versés par l’Agglo pour un livret, les frais
de réception sans oublier les locations de voiture. Il est vrai que louer des berlines Mercedes
ou BMW coûte plus cher que des petits modèles. J’arrête là le descriptif même s’il n’est pas
complet. Le scandale tient au fait qu’il s’agit d’argent public, de l’argent de nos impôts.
Levita, qui a présenté la délibération, a reconnu le problème juridique du statut de
l’association. Pour le reste, il a évoqué les lois du marché et considéré que Koering avait
rempli sa tâche.

Je suis intervenu sur ce point sur un double aspect : la dénonciation du scandale et
des propositions pour reprendre de l’argent public. La délibération faisait état du rapport de la Chambre des comptes
et, comme pour les rapports de Délégation de Service Public, le conseil municipal « prend
acte
», il entend mais ne vote pas. Par la reprise des divers éléments, la première chose a été
de dénoncer un scandale. Nous avons dénoncé « les frais de bouche » de Chirac, l’affaire
Koering est du même type. Elle est inacceptable.
J’ai demandé un changement de structure de l’association pour aller vers une structure
publique avec une représentation pluraliste, la transparence sur les financements publics, le
refus d’un parachute doré pour Koering et l’application stricte de la convention Collective.
Si Passet, pour le PC , a trouvé les salaires et le montant du licenciement scandaleux, nous
avons eu droit à Delafosse (adjoint à la Culture), Bigas et Vignal (majorité) intervenant pour défendre
Koering Ils ont parlé avec force de « cet homme qui participe grandement au rayonnement
de Montpellier
» et déclaré, de plus, que «vous ne comprenez ni les lois du marché, ni la difficulté de
trouver un homme aussi brillant
» !

La majorité semble être prête à changer le statut de l’association suivant ainsi les
recommandations du rapport. Mais, les différentes interventions des adjoints montrent leur
refus de voir dans cette affaire un scandale. Voir le PS intégrer à un tel niveau les lois du
marché est franchement indécent et inquiétant vu qu’il peut supposer que la situation risque
de se reproduire.

Un conseil municipal se tiendra le 13 décembre avec comme objet principal le vote du budget.
Un conseil municipal extraordinaire se tiendra fin novembre pour la délégation à l’Agglo

Francis Viguié

Conseiller NPA-CUAL

Mercredi 10 novembre 2010

Sur l’intégration des Verts dans la gestion social-libérale de la ville :

Montpellier. Politique Le retour des Verts est plutôt «bien engagé» (Midi Libre)

Sur ce sujet des dérives politiques des Verts-Europe Ecologie, mais, cette fois, sur le terrain des retraites :

Retraites Questions aux Verts-Europe Ecologie

Voir aussi

Frêche mort, les scandales financiers (et politiques) restent…

A lire : Frêche mort, les scandales financiers (et politiques) restent…

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