Pour avoir dénoncé l’exposition à l’amiante dans une clinique, Éric Lacoste est inquiété. Correspondance.
Le mouvement contre la réforme des retraites se poursuit, et dans les entreprises, la chasse aux syndicalistes aussi…
Éric Lacoste, technicien biomédical au centre d’hémodialyse Languedoc Méditerranée (CHLM) à Castelnau-le-Lez, entreprise appartenant au groupe allemand Fresenius qui brasse de colossaux bénéfices, est dans le collimateur. Délégué CGT au comité d’hygiène de sécurité et des conditions de travail (CHST), le syndicaliste a eu l’outrecuidance de faire intervenir l’Inspection du travail après la découverte d’amiante en 2005 dans les faux plafonds de la clinique.
“Effet Lacoste” sur la direction du Centre d’Hémodialyse Languedoc Méditerranée (CHLM) de Castelnau-le-Lez !
Son engagement syndical, de même que sa demande de mettre en place un suivi des salariés qui auraient pu être en contact avec les poussières d’amiante ont mis le feu aux poudres, ce qui devait valoir à Éric un licenciement pour faute grave, la direction prenant prétexte d’une soi-disant altercation avec un collègue.
Le 2 juillet 2010, Éric Lacoste est réintégré sur décision du tribunal administratif (TA) de Montpellier. Le 29 septembre, la cour d’appel condamne le CHLM à la remise d’une attestation d’exposition à l’amiante ainsi qu’à une astreinte de 50 euros par jour en cas de non-exécution alors que de son côté, le procureur de la République ne semble pas donner suite à la plainte déposée en 2008 pour « mise en danger de la vie d’autrui ». Un jugement insupportable pour le groupe Fresenius qui, du coup, fait appel de la décision du TA concernant la réintégration d’Éric Lacoste. « Ils veulent me sortir coûte que coûte de l’entreprise », commente Éric qui a bien conscience que la question de l’amiante reste un sujet ultrasensible surtout dans une entreprise censée mettre la santé au cœur de son activité.
Eloi Martinez
(L’HUMANITE – 21 Octobre 2010)