Georges Frêche est mort

Georges Frêche président du Conseil régional Languedoc-Roussillon et de l’agglomération de Montpellier est décédé dimanche 24 octobre. Il fut aussi maire de Montpellier de 1977 à 2004. Nos réactions et articles choisis ci-dessous.

Si nous respectons la douleur de la famille, nous ne nous associons pas à la série d’hommages à Georges Frêche.

Avec ses dérapages, provocations et plaisanteries douteuses, l’homme politique a contribué à la banalisation du racisme dans notre région.

Profitant des pouvoirs donnés pas les lois de décentralisation et cumulant les mandats, il a mis un place un système de gouvernement autoritaire et clientéliste : chantage aux subventions pour contrôler les élus mais aussi menaces et insultes, accords en sous-main ou au grand jour avec des élus de droite contre ses « amis » politiques, pressions pour avoir une presse aux ordres (Midi Libre avait été privé pendant un an de publicités issues des institutions contrôlées par Frêche suite à un article critique)… Notons aussi qu’un pouvoir sans partage sur plusieurs décennies avait provoqué chez lui une forme particulière de mégalomanie, la septimanie.

Les admirateurs de Georges Frêche, sincères ou aux appétits mal dissimulés, lui donnent ce jour deux qualités : visionnaire et bâtisseur.

Visionnaire ? Effectivement, sa gestion n’était pas celle des affaires courantes et l’on ne saurait lui reprocher son manque d’ambition. Ceci dit, être « visionnaire » ne définit pas une politique. Si comme élu, alors de gauche, il a anticipé, c’est dans l’adaptation au libéralisme. Il a par exemple été le premier maire à gaspiller l’argent public dans des campagnes de publicité en faveur d’une commune ( « Montpellier la Surdouée » au milieu des années 80). Il a ainsi inauguré médiatiquement la compétition des territoires largement généralisée aujourd’hui et dont les conséquences sont socialement désastreuses. Pour le reste, sa politique fut banalement social-libérale : délégations de service public au privé, cadeaux aux entreprises capitalistes…
Quant à la « surdouée », elle reste vingt-cinq ans après, celle qui détient, parmi les grandes villes universitaires, le bonnet d’âne du chômage, de la précarité et des bas salaires.

Bâtisseur ? Oui, sous les mandats de Georges Frêche, Montpellier et son agglomération ont largement grossi. Notons cependant que c’est aussi le cas des autres grandes villes du Sud et de l’Ouest, cela quelles que soient les politiques menées. De plus, Montpellier dispose d’atouts géographiques et climatiques (mer, soleil…), qui, n’en déplaise à ses admirateurs, préexistaient à George Frèche.
On peut aussi s’interroger. Pourquoi l’expansion urbaine serait-elle une bonne chose en soi ? Montpellier est-elle plus agréable à vivre maintenant qu’il y a trente ans ?
Quant à la « vision » qui fut celle du « bâtissseur », elle est largement discutable : une expansion urbaine continue, sans aucun effort pour préserver une ceinture verte et agricole, des centres commerciaux à l’américaine (Odysseum), de nouveaux quartiers uniformes et sans âme, des problèmes de circulation non résolus malgré des travaux permanents, des ouvrages de prestige coûteux et largement surdimensionnés, (nouvelle mairie, Arena)….

Avec la disparition de Georges Frêche, il est certain qu’une nouvelle page s’ouvre à Montpellier et en Languedoc-Roussillon.

Le NPA n’entrera ni dans les querelles autour du choix du successeur ni dans les conflits, combinaisons et recompositions qui vont agiter les deux PS et leurs alliés potentiels. Dans le prolongement du programme défendu avec nos partenaires lors des dernières élections régionales, nous agirons pour la construction d’une véritable alternative de gauche à la gestion « Frêche ».

David Hermet, porte-parole du NPA 34.

Frêche est mort et j’y suis pour rien!( Karak)

Quand je lui disais que travailler le Dimanche, c’est tuant! Il ne m’a pas écouté, il a fait sa forte tête. Ben, voilà, il est mort. C’est comme ça quand tu crois avoir raison pour tout! Bon, je vais pas le pleurer, il lui restait bien encore de grosses saloperies à dire pour un public de beaufs.

C’était un grand homme! Un bâtisseur!” voilà ce que vous allez entendre, ça me fait marrer “bâtisseur” pour quelqu’un qui n’a jamais touché une truelle. Si Montpellier avait le climat de Lille et la mer à 200 bornes, je te garantis qu’on serait moins nombreux. “Un grand homme de Gauche”, ça aussi c’est rigolo quand tu sais que son premier mandat il le doit au Front National et qu’il avait sur sa liste d’anciens OAS. Mais bon, il est mort, je vais pas tirer sur le corbillard!

Non ce qu’il faut dire c’est que là où il est grand c’est maintenant. Pensez un peu, sa mort va créer plein d’emplois. Celui de Président de Région, celui de président d’Agglo, celui de conseiller municipal, celui de président de la SERM (officine tout béton de Montpellier), celui de président du CHU, tu en connais beaucoup toi qui se sacrifient pour l’emploi autant que lui, et encore je te passe tous les trucs annexes où tu touches toujours du pognon. Mourir à 72 ans alors que Sarko nous laisse croire qu’on va tous devenir centenaires, voilà un geste fort, courageux et je me joins à ses supporters pour dire “Frêche est un grand homme.. mort!

Karak

Il y a quelques semaines, le NPA avait inauguré à Montpellier, une fausse statue de George Frèche baptisée “Septiman I”. Cette inauguration fut accompagnée d’un discours “d’hommage” de notre camarade “Karak”. Voir ici.

A noter, que Georges Frèche avait répondu aussi par l’ironie : il avait fait publier la photographie de ladîte statue dans le journal de l’agglomération tiré à des dizaines de milliers d’exemplaires sous le titre “le NPA rend hommage à George Frèche”.

Quels que soient nos désaccords avec Georges Frêche, il est certain qu’il a amené du piment dans la vie politique locale. Si ses plaisanteries étaient de plus en douteuses et destinées aux beaufs racistes, il a pu parfois faire rire, comme lorsqu’il avait rebaptisé la rue de l’hôtel de région “allée de Vichy” après l’accord entre Blanc et le FN. On se souvient du placard à balais de l’hôtel de région renommé “salle François Mitterrand” . On a pu sourire lorsqu’il expliquait publiquement avoir choisi un écartement des voies du tram compatible avec celui de la SNCF en faisant référence à l’échec de l’armée rouge dans la guerre russo-polonaise de 1918 !

Il y aura moins de piquant avec les pâles et insipides courtisans qui vont chercher à lui succéder.

DH.

Georges Frêche : une sélection d’articles de Montpellier journal

Sur la photo : Frêche et Gayssot, une dérive de la gauche que le NPA a toujours combattue.

source de la photo : http://img.over-blog.com
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Dépêche dans Midi Libre

Le Monde

Mort de Frêche, « empereur » du Languedoc-Roussillon (Rue 89) Avec deux vidéos.

Georges Frêche président du Conseil régional Languedoc-Roussillon est décédé cet après-midi [24 octobre] à Montpellier (Midi Libre)

«Les cons sont cons et en plus, ils sont bien dans leur connerie. Pourquoi les changer ?[…] Mais les cons sont souvent sympathiques, moi je suis bien avec les cons, je joue à la belote, je joue aux boules. Je suis bien avec les cons parce que je les aime.» (Libé) [1]

[1] tiré de Georges Ier roi de la campagne (Libé)

Communiqué du journal L’Agglorieuse (La Mouette) : Le Roi est mort

Georges Frêche est mort, paix à son âme. Il a choisi de rester jusqu’au bout, voulant mourir sur scène comme certains comédiens. Il avait su au début de sa carrière donner un certain souffle à Montpellier. Un acteur majeur disparaît. Comme il n’avait pas préparé sa succession, mais s’était entouré d’une cour de splendides médiocres, l’après-Frêche ne va pas manquer de piquant. Le spectacle va continuer. Nous qui avions toujours combattu ses outrances, serons attentifs aux excès de ses successeurs. Il a été un artiste anachronique dans son genre, il faudra nous adapter aux tristounets garçons de piste qui vont se déchirer pour lui succéder.

La Mouette

Des harkis aux oreillons, les dérapages de Frêche (NouvelObs)

Frêche sur notre blog, c’est ici

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La fracture entre “socialistes” frêchistes et socialistes non-frêchistes du Languedoc-Roussillon exposée dans les rues de Montpellier lors d’une récente manifestation pour les retraites.

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Ensemble 34