Un Café Motivées…aux couleurs de l’Amérique Latine qui lutte !


Une nouvelle fois l’assistance était au rendez-vous de ces cafés où le NPA 34 invite à débattre avec une personnalité spécialiste d’une question. Ledit spécialiste n’étant pas nécessairement, conformément à notre problématisation de la division traditionnelle du travail, un intellectuel. Hier, mardi, il se trouve que Franck Gaudichaud réunissait les qualités d’un universitaire particulièrement au fait de la situation de l’Amérique Latine et celles d’un homme engagé dans la solidarité avec les peuples en mouvement de la zone.

Devant une cinquantaine de personnes Franck Gaudichaud a procédé à un tour d’horizon méticuleux sur le sujet qui avait été mis au centre de la soirée : les gauches latinoaméricaines, avant de s’arrêter sur des points particuliers que le traitement médiatique qu’ils subissent en Europe obscurcit.



Tant l’exposé liminaire que l’échange avec la salle ont permis d’affiner la perception de ce qui se passe dans des pays aux situations aussi opposées que celles du Venezuela et du Brésil. Franck Gaudichaud a ainsi cerné le paradoxe du lulisme qui a pu commencer à sortir de la misère des millions de personnes grâce aux Bolsas Familias dans le même temps où, cependant, il favorise l’enrichissement…des plus riches ! Le tout dans un cadre « assistentialiste » qui neutralise les capacités de mobilisation autonome des populations et consolide ainsi la structure terriblement inégalitaire de la société brésilienne. Miracle d’un social-libéralisme abouti qui lance un vrai défi à tous ceux qui persistent à défendre un modèle de société reposant sur l’auto-organisation des peuples et la mise à bas des inégalités.

Autant d’objectifs qui sont au cœur du bolivarisme venezuelien : ce sont bien ses gigantesques avancées sur le terrain social qui ont été mises en évidence en même temps que, radical contraste avec le Brésil, la grande implication de larges couches de la population dans la mobilisation sociale, celle des quartiers par exemple. Des acquis donc d’une action politique rompant avec l’ordre des choses habituel mais qui n’ont pas empêché que soient abordées avec précision et une certaine distance critique les faiblesses politiques du chavisme. Faiblesses que ses opposants ont pu mettre à profit lors des récentes élections et qui amènent à s’interroger sur la nécessaire transcroissance de l’antilibéralieme en anticapitalisme.

Et cela sans que jamais ne soient proposées des recettes toutes faites depuis les tours d’ivoire des sectarismes politiques ! Car, c’est peut-être ce que l’on retiendra surtout de ce voyage à travers la gauche d’outre-atlantique dans sa grande diversité, qu’elle soit venezuelienne, brésilienne mais aussi bolivienne, chilienne, mexicaine, etc. : les lignes de forces assez aisément repérables des radicalités latinoaméricaines n’épuisent pas leur richesse complexe et contradictoire. D’où, selon Franck Gaudichaud, la nécessité que, quelles que soient leurs réserves sur tel ou tel aspect des politiques menées, les anticapitalistes et les révolutionnaires soient totalement impliqués dans des processus où ce qui compte c’est que, la plupart du temps, ce sont les peuples qui cherchent la voie de leur émancipation.

Mention spéciale pour la question indigène qui est devenue une source de questionnement de certains cadres politiques figés de la gauche latinoaméricaine et probablement au-delà, comme par exemple sur le rapport à avoir avec la Terre au sens certes le plus large du terme mais avec des implications essentielles pour l’avancée de la conscience écologiste radicale.

Bien d’autres aspects concernant les gauches d’Amérique Latine ont été analysés : la cinquième internationale proposée par Chávez, les rapports de celui-ci avec le régime iranien, le rôle des forces armées et des Etats-Unis d’Obama dans cette partie du monde, la toute récente révolte des policiers équatoriens comme signe d’un « golpisme » [volonté de recourir aux coups d’Etat] latent, la place des convocations d’Assemblées Constituantes, les trois options qui se dessinent à Cuba pour sortir de la crise, etc.


Il nous faut enfin souligner que cette soirée politique a été aussi des plus conviviales grâce au succulent repas proposé par le comité Paillade-Arceaux-Figuerolles du NPA pour qui il est bien clair que ce n’est pas dans la tristesse des grandes messes réflexives que se dessinent les contours d’un autre monde ! A la modeste échelle de cette réunion au 14 rue du commerce à Montpellier, un soir d’octobre, avec Franck Gaudichaud, ceux qui débattaient avec lui et qui se mobilisent « ici et maintenant » pour la grève générale reconductible en faveur des retraites ont pu se ressourcer au feu des audaces politiques des peuples de l’autre bout du monde !

6 octobre 2010

Des compléments de lecture :

http://www.resistons.net/index.php/2010/10/04/812-cafe-motivees

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Ensemble 34