24 août : lu dans Midi Libre
Montpellier Les cinq statues des « grands hommes » resteront cachées jusqu’au 17 septembre
Hier, la polémique rebondissait encore, via Francis Viguié, conseiller municipal NPA, qui mettait en regard le coût des statues (1,8 M€) et… la hausse des billets de Tam.
http://www.midilibre.com/articles/2010/08/23/A-LA-UNE-Cinq-grands-hommes-caches-jusqu-au-17-septembre-1356217.php5
23 août Communiqué du NPA 34 : 1,8 M d’euros d’argent public pour les plaisirs statuaires de Frêche, + 15,38% pour le forfait TAM annuel « pour tous »
G. Frêche vient de faire son hit parade des grands hommes du 20ème siècle. Le mélange des genres et l’éclectisme sont impressionnants. Au NPA plutôt que les statues, les mausolées ou le culte de la personnalité nous préférons la pensée vivante pour changer ce monde. Mais nous ne pouvions attendre autre chose du « petit père des peuples » du Languedoc-Roussillon.
Il serait faux de ne s’en prendre qu’à G. Frêche puisque ce type de décisions se prennent en Conseil d’Agglomération de Montpellier où siègent 90 élus dont 45 de la majorité municipale de Montpellier. Cette dépense de prestige est d’autant plus scandaleuse que le Conseil d’Agglomération vient de voter à l’unanimité la hausse des billets de la TAM !
D’un côté 1,8 M d’euros pour les plaisirs de Frêche, de l’autre la hausse des transports publics pour la population ! Cet argent public aurait pu servir tout aussi bien à la rénovation des quartiers, au logement social, à la jeunesse…. La construction d’une gauche anticapitaliste est plus que jamais une urgence pour satisfaire les besoins sociaux et écologiques.
NPA 34, le 23 août 2010
Les exploits statuaires de Georges Frêche
par Jean-Yves Bouchicot, Scénographe, Eclairagiste (Mediapart) [voir en commentaires la réponse de l’auteur à une interpellation d’un lecteur du blog]
Le Blog de Philippe Bilger, « Justice au singulier » [1], glose ce matin sur la récente folie statuaire de M. Frêche, et me renvoie à des souvenirs anciens.
Etudiant en architecture à Montpellier dans les années 70, j’entendis parler de G. Frêche pour la première fois en 1977, lorsqu’il fut le candidat du PS face à M. Delmas.
Des camarades étudiants qui l’avaient comme professeur de Droit Romain me mirent en garde contre sa démesure et son ego. J’étais déjà sceptique à l’époque sur certaines stratégies du PS, et certains élus, surtout dans le Midi, puisque quatre ans avant je me trouvais sur le Larzac (en compagnie de José Bové) à huer F. Mitterrand qui tentait de récupérer le mouvement à la Blaquière.
Peu après, je fus engagé par Dominique Bagouet qui inaugurait à Montpellier le premier Centre chorégraphique National, et le Festival Montpellier Danse.
En tant que photographe et régisseur, j’assistai un jour à une expérience curieuse. Dans un grand élan populaire (ou populiste) M. Frêche décida que les pauvres du quartier de La Paillade ( Cité fort deshéritée socialement) avaient droit aussi à la culture et décida sans replique possible que la compagnie jouerait un spectacle dans une improbable « salle des Fêtes » totalement délabrée et dépourvue de tout équipement. En tant que régisseur, je demandai à la municipalité une aide pour équiper le lieu un minimum. Elle fut refusée. Un loueur de matériel privé nous tira d’affaire. Nous fîmes notre possible pour « sauver les meubles », travaillant jour et nuit pendant 4 jours pour que le spectacle de D. Bagouet fût au moins visible, quoique mutilé.
Le jour de la représentation, quelques minutes avant le lever de rideau, arrivèrent une horde d’ouvriers municipaux qui disposèrent en hâte une rangée de plantes vertes en pots et un micro sur pied. Sans avoir prévenu le moins du monde, M. Frêche fit irruption devant les danseurs prêts à entrer en scène pour prononcer un discours électoral dans lequel il se vantait d’avoir lancé l’aménagement de la « salle de spectacle », sur un vote du conseil municipal. On eut un hoquet en régie.
A peine le discours fini, il quitta la scène et les ouvriers municipaux jetèrent brutalement les énormes pots de fleurs à l’arrière-scène, sur les amplis Lumière et son, décâblant toute l’installation. Le spectacle prit 45 mn de retard, sous les huées, mais il était déjà parti vers d’autres lieux.
C’est juste un exemple pour illustrer le rapport de M. Frêche avec la culture, comme marchepied électoral. Il y en a d’autres. Je lui dis en face ce que je pensais de ses pratiques et quittai Montpellier et mon emploi au Théâtre de la comédie.
Je connais des gens de gauche et d’extrême gauche, acteurs culturels, qui ont au moins une fois voté pour Jacques Blanc, opposant RPR à M. Frêche aux élections régionales malgré ses alliances douteuses avec le FN, , afin que celui-ci ne dirige pas à la fois la Ville, le Département et la Région. Sinon, il n’y plus que ses amis et obligés qui travaillent
Par sa démesure Pharaonique, M. Frêche a réussi à transformer une charmante ville Méridionale en pathétique Californie franchouillarde, avec un tel rythme de croissance que la VRD [Voirie et Réseaux Divers] et la signalétique urbaine ne peu[ven]t toujours pas suivre le rythme du bétonnage : les Montpelliérais se perdent à cent mètres de chez eux, ils ne LISENT plus leur ville. Demandez votre chemin dans le dédale de rocades et de rond-points en chantier, vous verrez… Certains entrepreneurs attirés par les ZA périphériques ont déménagé : leurs clients et leurs fournisseurs ne les trouvaient pas. En revanche, dès qu’une plaque d’égoût était déplacée, lorsqu’il était Maire, un panneau publicitaire 4×3 annonçait : « Georges Frêche aménage Montpellier ».
Un ami, ancien militant et néanmoins Rugbyman, qui fut le « garde du corps » de son prédecesseur à la Fédération, M. Robert Navarro, m’a raconté certaines pratiques brutales lors des votes où il était impliqué. Je n’ose les citer ici. Tout le monde n’est pas aussi délicat que Martine Aubry ou Ségolène Royal.
Georges Frêche (surnom local : »Ses Pt’ites Manies ») applique depuis 33 ans à la Région la politique de la Pax Romana : main basse sur les ressources naturelles, y compris l’eau qui coule sous le Pont du Gard, il les « Aménage » avec l’argent public, et rackette les utilisateurs en les leur faisant repayer sous forme de taxes, impôts et et péages, qu’i redistribue à sa « Clientèle » électorale.
Impossible, par exemple, d’acheminer du matériel de Spectacle dans une voiture à l’Opéra Comédie : il faut des heures d’autorisations et de palabres avec commerçants, policiers, personnels municipaux. C’est pire qu’à Avignon. Résultat d’une politique autoritaire du tout-piéton-tramway. Tant pis pour les livreurs et les artisans. Mais n’accumulons pas les plaintes.
Un ami psychanalyste m’a suggéré une interprétation amusante : sachant que Montpellier vient de « Mons Puellarum » (le mont des jeunes filles, ou allusivement le mont de Vénus) et qu’en Grec, Gê-Orgê signifie « travailleur de la terre, laboureur », il pense que M. Frêche obéit à la symbolique de son prénom : briser la « motte » de « sa » ville, quitte à la violer…
Au regard des millions de tonnes de terre qu’il aura fait remuer en trente-trois ans, surveillées par ce magnifique Bunker Néo-Mussolinien appelé Corum, je trouve que cela fait sens.
Jean-Yves Bouchicot, Scénographe, Eclairagiste (Mediapart, le 21 août 2010)
Le texte original sur Mediapart : http://www.mediapart.fr/club/blog/jean-yves-bouchicot/200810/les-exploits-statuaires-de-georges-freche
[1] http://www.philippebilger.com/blog/2010/08/monsieur-fr%C3%AAche-encore-un-effort-.html
Dans ce texte P Bilger assimile Robespierre aux tueurs que furent Amin Dada et Pol Pot. Le lecteur, soucieux de précision historique et se méfiant des distorsions très années 70-80 criminalisant toute idée de révolution, lira avec profit la notice Robespierre de Wikipedia où l’on trouve ces lignes sur le rapport de ce révolutionnaire à la Terreur : » Il fut présenté par les thermidoriens […] comme l’âme de la « dictature jacobine », imposant un régime de terreur. Si les mesures d’exception étaient jugées indispensables pour sauver la République gravement menacée à l’intérieur (insurrection en Vendée, insurrections fédéralistes, notamment soulèvement de Lyon) comme à l’extérieur (guerre contre les monarchies européennes coalisées), on n’a jamais prouvé la responsabilité de Robespierre dans les dérives et excès de la répression en Vendée, à Lyon, dans le Midi, dans le Nord et à Paris. Certains historiens, comme Albert Mathiez ou Jean-Clément Martin, jugent même qu’à ses yeux, la répression ne devait frapper que les vrais coupables, et non les comparses, et se réduire au strict nécessaire. »
http://fr.wikipedia.org/wiki/Maximilien_de_Robespierre#Robespierre_et_la_Terreur
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Sur le phénomène particulier au microcosme montpelliérain, favorisé par le personnage dont il est question dans le texte de JY Bouchicot, qu’est le « frêchovillepinisme » (cf JP Grand, député UMP de l’Hérault) :