Montpellier Cliniques: après la grève, le point de la situation

PRECISIONS DES ADMINISTRATEURS DU BLOG

Nous demandons à nos lecteurs de bien vouloir tenir compte de la mention que nous faisons des sources de nos informations. Par déontologie d’abord, puis par honnêteté envers les internautes, nous reproduisons, dans cette rubrique Cliniques en lutte, le maximum d’informations que nous pouvons obtenir avec la mention de leur origine. Il ne saurait donc être question d’imputer au NPA qui gère ce blog le contenu des articles mis en ligne. La position du NPA national ou 34 sur la grève des cliniques est toujours précédée ou suivie de la mention NPA ou NPA 34. Parfois seulement des mots mis en évidence: notre point de vue ou commentaires de l’administrateur du blog. En dehors de ces textes « politiques » que nous assumons, le reste relève de l’information.
Le travail de collecte de cette information au profit des salariés qui luttent est laborieux et souvent fastidieux. Nous aimerions bien que cela ne vaille pas de faux-procès, comme certains cherchent à les lui intenter, au NPA qui a été et est, en tous points, solidaire, des grévistes!

Les administrateurs du blog

A lire ci-dessous

1/ 19 juin: Montpellier. Syndicat: Barbara, un beau et battant coeur de lionne (Midi Libre)

2/ Clermont-Ferrand: La grève a été reconduite à l’unanimité (Tiré de La Montagne, 17 juin 2010)

3/ 17 juin: Le goût amer de la grève dans les cliniques privées de Montpellier (Tiré de Montpellier Journal)


1/ Montpellier. Syndicat: Barbara, un beau et battant coeur de lionne (Midi Libre)

Il est 10 h du matin. L’appartement d’un immeuble plus tout neuf et robuste de l’avenue de Lodève est rangé au cordeau. Nickel mais chaud et coloré. Accueillant. Le juste ce qu’il faut des choses de l’esprit et de la détente, du fonctionnel et de l’inutile nécessaire. Dans la pièce d’à côté, le portable sonne. Il est comme chez lui. Et sent le forfait qui explose. « Entre 300 et 400 € ces dernières semaines. Il faudra que je voie ça avec le syndicat. » Ce coup-là, c’est juste une histoire de plombier qui prend rendez-vous.

La banalité de la vie ; alors que Barbara Rampillon, sage-femme à Clémentville, sort de trois semaines d’un conflit qui pourrait faire date dans le milieu de l’hospitalier privé. En tant que membre de l’union départementale de la CGT, elle en était au coeur. Incontournable. Pour les patrons de cliniques, le préfet, les collègues, le médiateur, les responsables sanitaires. Et… les journalistes. Disponible jusqu’à l’inconcevable. « C’est le jeu, ma pauvre Lucette. » Sourire éclairé sous cheveux sombres. Et ce n’est pas fini. « Évidemment, il y a l’été qui nous fera respirer. Mais la lutte va se poursuivre, notamment au niveau national. » Ça bouge à Clermont-Ferrand, à Vichy. Elle suit ça de près, ouvre son carnet d’adresses pour les autres. Et si ça devait la stimuler, lui servir tout simplement de moteur ? Ce serait trop beau pour le chroniqueur. Une passionaria. Une vraie. Non. Même si..

.
Re-sourire. « Je vais te montrer quelque chose. » Deux photos bidouillées sur un site internet. L’oeuvre d’une collègue. On y voit Barbara vêtue en guerrière. Prête à en découdre. « Il faut reconnaître que ça ne fait pas trop « Petite maison dans la prairie » ! » Et puis : « C’est sans doute un peu moi. Même si je suis loin de rechercher le conflit, j’ai horreur de l’injustice sous toutes ses formes. Alors, je me bats. Et je suis tenace. » On croit savoir. « Et puis, la vie de chacun n’est-elle pas un combat ? Ça construit. Finalement, j’ai toujours une bataille en cours. » Reste que cette fonceuse ne confond jamais vitesse et précipitation. Elle sait attendre. Surtout lorsque l’action syndicale le commande. « Il faut parfois savoir être patient deux ou trois ans. Évaluer. » Une histoire de… gestation, en fin de compte ? « C’est pas faux. Mais à un moment donné, il faut bien accoucher. Parfois aux forceps. »

Et le syndicalisme ? « J’y suis arrivée très vite. Quatre ans après mon entrée à la clinique Clémentville, j’ai participé, en étant non syndiquée, à une grève des sages-femmes. Seule la CGT était à nos côtés. Alors… » Alors, il n’aura pas fallu longtemps à cette sacrée fille du monde – d’origine à la fois ch’ti, polonaise, nord-africaine, ayant vécu en Allemagne comme à Tahiti – pour découvrir le militantisme. « La première fois que j’ai pris part à un congrès interprofessionnel CGT, c’était au Corum. La découverte. J’étais un peu dépassée. » Depuis, elle se rend à tous les congrès nationaux. « C’est une ouverture. » Et puis : « Je m’occupe des salariés que je défends un peu comme des futures mères qui vont accoucher. À un moment, c’est à eux de se prendre en main. Mais c’est à moi de leur donner confiance, avec ce qu’ils ont de mieux en eux. » À 37 ans, Barbara Rampillon s’interroge. Comme chacun. Elle veille telle une jeune lionne – c’est d’ailleurs son signe du zodiaque – sur ses deux gamins. « Il ne s’agit pas de les coller mais d’avoir toujours un oeil ouvert. Même à distance. » Avec ce temps qui passe et ces jours trop courts pour tout vivre. Y compris professionnellement : « Je m’intéresse beaucoup à l’addiction chez les femmes ; comme je voulais être pédopsychiatre dans ma jeunesse. Mais il faut avoir le temps de s’y former. Et le temps… » Il est 11 h. Barbara s’apprête à filer vers un autre rendez-vous. Auprès des salariés.

Ce soir, après un crochet vers la salle de fitness, elle sera de retour au bercail. À la table familiale. Sans télé allumée, pour un moment indispensable. Ça, c’est sacré. Même si le téléphone sonne encore et toujours.

Michel MARGUIER (Midi Libre 19 juin 2010)

2/ La grève a été reconduite à l’unanimité (article paru dans La Montagne du 17 juin)

Les négociations sont rompues, la grève reconduite : le conflit des cliniques privées entre aujourd’hui dans sa deuxième semaine. Avec une mobilisation intacte.

Six jours de grève, pas une avancée, des négociations au point mort? De quoi en décourager plus d’un. Mais hier matin, les grévistes des cliniques privées de l’agglomération clermontoise se sont retrouvés plus nombreux et motivés que jamais. D’emblée, avec une belle unanimité, la reconduction du mouvement a été décidée en assemblée générale. La journée a ensuite été beaucoup plus calme que celle de la veille. Besoin de se ressourcer au terme d’une semaine éprouvante. Nécessité, aussi, de réfléchir à la nouvelle donne héritée de la veille.

Dans un communiqué commun, les deux groupes propriétaires des cliniques de l’agglomération clermontoise, Vitalia et Medi Partenaires, ont en effet « décidé de stopper toutes négociations, et ce tant que les grèves perdureront » (*). En cause, la « séquestration, inédite dans la santé privée, de six représentants des cliniques au siège de l’agence régionale de santé » (notre édition d’hier), contre laquelle ils « s’élèvent avec vigueur ». Les signataires du communiqué estiment « la situation d’autant plus surprenante, que la politique salariale des établissements clermontois, bien supérieure à la convention collective [?] se situe dans la fourchette haute des rémunérations de l’hospitalisation privée ».

Le décalage est patent d’avec les revendications des grévistes. Eux dénoncent des salaires « de 20 à 30 % inférieurs à ceux du secteur public », ainsi qu’une « absence totale d’augmentation depuis deux ans ». En conséquence, ils réclament une revalorisation salariale de 10 %. Dans un tract dont la diffusion a débuté hier soir, ils réclament « une issue favorable à ce conflit, pour le bien-être des malades ». Ils seront rejoints aujourd’hui, à Vichy (Allier), par les salariés de la clinique La Pergola, propriété du groupe Vitalia (La Montagne 17 juin 2010)

(*) Parallèlement, des négociations nationales se sont ouvertes, hier, entre les employeurs du Groupe hospitalier privé, qui regroupe l’ensemble des cliniques, et l’intersyndicale des salariés. Une proposition d’augmentation du point de 0,5 % a été formulée.

ARTICLE PARU DANS MONTPELLIER JOURNAL

3/ Le goût amer de la grève dans les cliniques privées de Montpellier (Montpellier Journal 17 juin)

Les gains obtenus comparés aux trois semaines de grève paraissent minces. Retour sur un mouvement massif et inédit initié par la CGT.

Si on se limite aux chiffres, on ne peut pas vraiment dire que la grève des cliniques privées de la région de Montpellier ait été un franc succès pour les salariés. De 17 à 21 jours de grève selon les établissements pour une augmentation de 2 à 2,6 % de la valeur du point (1) voire même zéro pour les salariés de la clinique de La Lironde (groupe Orpea). Alors que la revendication était à 10 %.

Perte des jours de grève pas compensée

Puisqu’ il n’était question que de rémunération, parlons chiffres. Il ne faut pas être grand mathématicien pour comprendre que la perte des jours de grève ne sera pas compensée avant longtemps avec l’augmentation obtenue. Viviane Maury, délégué syndicale CGT à la clinique Rech avance le chiffre de 23 mois. Et encore celui-ci paraît faible (2). Une chose est sûre, le « retour sur investissement » pour utiliser le langage patronal, est partout supérieur à un an.

Faut-il pour autant s’étonner de ce résultat ? Imaginons un peu le message envoyé par les patrons aux autres salariés des cliniques françaises voire européennes si les grévistes avaient obtenu satisfaction ou même seulement 5 % avec paiement par exemple de la moitié des jours de grève. On peut le résumer ainsi : « Si vous cessez le travail trois semaines, vous pouvez obtenir 5 % d’augmentation. » Avec le risque associé à ce message d’une généralisation de la revendication. Et, à la clé, un manque à gagner important pour les actionnaires. Mieux vaut donc accepter de perdre un peu sur quelques établissements que de perdre beaucoup sur tous. Quitte à mettre en œuvre une caisse de solidarité patronale. Même si Max Ponseillé, le patron d’Oc santé, a déclaré à Montpellier journal n’avoir bénéficié d’aucune aide patronale, il faut quand même rappeler qu’il existe une Fédération de l’hospitalisation privée (FHP), qu’elle regroupe 1250 établissements et qu’elle est membre du Medef tout comme l’UIMM dont l’existence d’une « caisse de secours mutuel » a été révélée en 2007 dont la valeur était alors estimée à environ 600 millions d’euros (Le Monde, 5/12/2007).

Être en position de force

Du côté de la CGT, on affirme que ce seraient environ 10 000 € qui ont été récoltés en dons de solidarité avec les grévistes. Une paille alors que ceux-ci étaient plusieurs centaines et perdaient sans doute plusieurs dizaines de milliers d’euros par jour. D’où l’importance de bien négocier le paiement des jours de grève. Encore faut-il, pour cela, être en position de force. En attendant, un concert de solidarité est prévu demain au Rockstore à 20h.

Benoît Guerrée, militant de la CNT qui a suivi le mouvement de près analyse : « Les patrons sont organisés et mieux qu’eux. Ils sont syndiqués et unis. Les grévistes n’ont pas perçu la mesure de la résistance patronale et du coup ils n’ont pas mis le curseur assez haut et ont trop attendu. Faire uniquement des rassemblements devant la préfecture et demander des négociations jusqu’au 16e jour de grève… Je pense qu’il faut passer à des actions plus radicales – sans penser qu’elles soient violentes d’avance. »

Blocage d’une voie… piétonne

Des actions plus musclées ont bien été évoquées mais à part un bref blocage du tram au début du conflit et six tentes installées pendant trois jours devant la préfecture, les grévistes se sont contentés de rassemblement en différents lieux (cliniques, FHP, ARS, préfecture, etc.) Il y a eu aussi un blocage d’une voie… piétonne. Il faut dire que la discussion autour de la mise en place de ce type d’action n’a pas vraiment été encouragée par les délégués syndicaux CGT. Et lorsque quelques votes ont eu lieu sur ces questions, ils ont été rapidement expédiés. Jean-Philippe Schmidt (CGT, clinique du Parc) déclare aujourd’hui à Montpellier journal : « J’avais promis aux RG que ça serait très calme, et ça a été très calme chez nous. M. Forgue RG m’a dit : « M. Schmidt, je ne vous ai envoyé personne, je sais bien qu’avec vous c’est calme et je vous fais confiance. » Ça c’est très bien passé et il m’a remercié à la fin du conflit. » Le délégué syndical déclare aussi : « On était obligé de sortir du conflit, la sécurité des patients étaient engagée. »

Bref, on sentait bien que, si les grévistes étaient déterminés dans la durée, ils l’étaient beaucoup moins pour s’engager dans des actions plus radicales, à quelques exceptions près. En revanche, à Clermont-Ferrand, où des cliniques sont aussi en grève depuis le 10 juin, les négociateurs patronaux ont été « retenus » une heure par des grévistes en colère, selon le quotidien La Montagne (16/06), seulement cinq jours après le début du conflit. Avant d’être relâchés sous la menace d’une intervention des forces de police. Reste à savoir si ce type d’actions ponctuelles porte ses fruits au delà du bruit médiatique qu’elles génèrent.

Grève nationale

À Montpellier, les patrons, en revanche, ne sont pas restés inactifs : des salariés du groupe ont été envoyés en renfort dans certains établissements. Certains auraient même eu recours à des CDD ou des intérimaires, ce qui est illégal. Face à cela, seule une grève nationale aurait peut-être pu paralyser ces groupes à l’image du groupe régional Oc santé qui avait 6 établissements sur 10 touchés par le mouvement montpelliérain. Mais déclencher une grève dans 200 établissements simultanément n’est pas quelque chose de facile. Et encore, il n’est pas sûr que ça aurait été suffisant puisque, on l’a vu, Oc santé n’a concédé que 2,6 % d’augmentation. En revanche, Jean-Philippe Schmidt a senti son patron plus tendu lors des négociations au moment où les cliniques d’Oc santé avaient repris le travail. Pour le syndicaliste, la direction craignait de voir partir les patients à la concurrence. Aurait-il mieux valu, une grève tournante qu’un mouvement unitaire ? Peut-être une piste à explorer par les salariés lors d’une prochaine lutte.

En tout cas, on en vient quand même à se demander si les salariés n’ont pas sous-estimé la résistance des groupes ? « On ne le savait pas, répond Philippe Gallais, délégué syndical CGT à La Lironde. Il a fallu qu’on découvre que les groupes auraient une position très hostile, très fermée et prêts à s’enliser comme ça dans des conflits sans lâcher. » Viviane Maury (Rech) a un point de vue différent : « On savait qu’on avait affaire à des durs, avec des entreprises cotées en bourse, des actionnaires qui se partagent des dividendes énormes. Et puis on avait eu aussi des infos sur certains autres établissements en France où ils avaient été aussi très malmenés. On savait très bien, dès le départ, que ce serait plus difficile pour ces groupes là nationaux que pour le groupe régional Oc santé. »

Restent aussi évidemment des points positifs soulignés par les délégués syndicaux : la solidarité entre les salariés durant le mouvement, l’existence d’un collectif de 10 établissements, les avancées obtenues, la valeur du point qui sera peut-être maintenant négociable. Benoît Guerrée, pour sa part, souligne une caractéristique rare du mouvement : plusieurs emplois étaient représentés : kiné, infirmiers, assistants de soins, éducateurs, etc. Et aussi la bonne préparation du mouvement en amont par la CGT. « Cela prouve que l’outil syndical est utile en dehors des luttes. » Et d’ajouter : « Maintenant les gens se connaissent notamment ceux qui travaillent de nuit qui ne croisaient jamais ceux de jour. Pour réagir collectivement après, c’est mieux. Toute lutte est toujours bonne à prendre. »

4/ Clinique privées : les négociateurs patronaux retenus puis libérés (La Montagne, 17 juin 2010)

Au terme d’une interminable journée de discussions infructueuses, les grévistes des cliniques clermontoises ont retenu, puis « libéré » hier soir les négociateurs patronaux.

Attente, déception, colère. Hier soir, au terme de leur sixième jour de grève, les salariés des cliniques privées de l’agglomération clermontoise n’avaient toujours rien obtenu de tangible. Dès 9 heures du matin, ils s’étaient rassemblés devant l’agence régionale de santé (ARS), avenue de l’URSS, à Clermont. Ils n’en ont pas bougé jusqu’au soir. Une longue journée d’immobilité contrainte, subie avec un mélange complexe de résignation et d’impatience.

Espoirs déçus

Avant-hier, le principe d’une réunion de négociation avait été obtenu de haute lutte, après une journée plutôt agitée. Celle de ce mardi n’a été qu’expectative. Malgré le froid, malgré la pluie, les grévistes ont patienté devant le bâtiment de l’ ARS. À intervalles irréguliers, les représentants du personnel ont rompu cette monotonie. Chaque pause dans les négociations, démarrées dès le matin, est l’occasion de venir rendre compte de l’avancée des discussions.

En fin de matinée, bonne nouvelle : les représentants patronaux des groupes Vitalia (La Châtaigneraie, La Plaine, Les Chandiots) et Medi Partenaires (Pôle Santé République) viennent de poser le principe d’une augmentation du nombre de points fixant le montant des rémunérations. Elle ouvre une perspective intéressante, car les négociations salariales prévues demain au plan national avec le GHP (Groupe hospitalier privé) doivent porter sur une augmentation, en pourcentage, de la valeur du point. Mais quelques heures plus tard, déception. Les représentants syndicaux expliquent que la proposition commune aux différents employeurs ne correspond qu’à une augmentation de 1 %.

Après des heures d’attente et d’espoir, c’est la colère. Les grévistes envahissent le bâtiment. Les négociateurs patronaux sont, de fait, retenus dans la salle de réunion. Il est 19 h 30. Une heure plus tard, sous la menace d’une intervention des forces de l’ordre, les grévistes décident de quitter les lieux.

Baroud d’honneur

Ultime baroud d’honneur, ils demandent à ce que les représentants d’employeurs sortent avant eux. Ces derniers acceptent, après avoir obtenu de pouvoir le faire sans encombres. Les grévistes s’y sont engagés, en protestant de leur constante et effective dignité. Un mot d’ordre circule : « Le plus grand mépris, c’est le silence et l’indifférence ».

Les six cadres dirigeants défilent jusqu’à l’ascenseur dans un silence de cathédrale. Dehors, leur évacuation, sous haute protection policière, sera ponctuée d’un concert de klaxons et de huées.

Vichy La Pergola paralysée à partir de jeudi matin

Le personnel Vitalia de la clinique La Pergola a voté à l’unanimité une grève reconductible, à partir de ce jeudi matin. En cause l’évolution des salaires, gelés depuis deux ans.

La décision a été prise, hier soir, à l’unanimité, par les salariés du groupe Vitalia. Environ 75 % du personnel (hors médecin et secrétariat des médecins) a rejoint le mouvement de grève entamé jeudi dernier, dans les autres établissements auvergnats du groupe.

Alors que l’épreuve de force se durcissait à Clermont, l’établissement vichyssois est d’abord entré en douceur dans la grogne, avec du personnel en poste et des manifestants aux portes de la clinique, hier.

Mais, hier soir, faute d’avancée au niveau national avec la Fédération hospitalière privée (FHP), le personnel vichyssois a voté à l’unanimité le durcissement . Cette évolution se traduit, à partir de ce matin, 8 heures, par une grève dure et reconductible de jour en jour.

Tout le programme d’interventions a été suspendu. Hier soir, la direction envisageait une réquisition de personnel pour assurer le service minimum et les urgences vitales ; la représentante du syndicat Sud Santé estimant toutefois qu’elles pourraient être assurées sans ce recours.

La concertation prévaut en effet au sein de l’établissement. Hier déjà, le directeur de la clinique, David Bellencontre, faisait savoir que le groupe Vitalia « ouvrait le dialogue », avec des discussions qui pourraient ensuite « être remises en perspective » avec les négociations » nationales.

Les revendications concernent essentiellement les salaires, avec une demande de revalorisation de 10 % du point qui détermine la grille salariale du personnel, et qui n’a pas été réévalué depuis deux ans.(La Montagne 16 juin 2010)

5/ 16 juin: Clermont-Ferrand:Cliniques privées : le mouvement se durcit avec des séquestrations

Le mouvement de protestation du personnel des cliniques privées démarré jeudi s’est poursuivi vendredi, a été reconduit durant le week-end, pour se durcir ce mardi soir.

Lundi, après une journée plutôt agitée, un rendez-vous de négociations fixé à mardi matin avait été arraché de haute lutte par les grévistes des cliniques de l’agglomération clermontoises.

Entamées sous l’égide du directeur de l’agence régionale de santé (ARS), les discussions ont échoué ce soir, après une proposition jugée insuffisante par les grévistes.

Séquestration

Après une longue journée d’attente et de crispation, l’échec des négociations a poussé les manifestants, qui avaient fait preuve jusque-là d’un étonnant stoïcisme, à envahir le bâtiment de l’ARS. Un directeur de clinique et plusieurs responsables des ressources humaines sont actuellement séquestrés : une cinquantaine de manifestants bloque les portes de sortie de l’établissement. Aucune intervention policière n’est pour l’heure planifiée (La Montagne 15 juin)

6/ 15 juin: des infos de notre correspondant, un article de  »Midi Libre » et un échange sur le blog à propos des responsabilités de la grève

Hier lundi, journée de négociations pour les cliniques qui restaient en grève.

En fin de journée, des accords étaient signés sur la Clinique du Parc, la Clinique Rech, la Clinique St-Jean.
Globalement, les accords signés reprennent celui du groupe Oc Santé (Clémentville, Millénaire, Saint-Roch …), à savoir 2,1% d’augmentation de la valeur du point, sauf sur St Jean (9 points d’indice pour tous, dans leur cas), avec des clauses différentes concernant les augmentations conventionnelles à venir : chez Oc Santé et Clinipôle (Le Parc et Pic St-Loup) seulement la moitié des prochaines augmentations en Juillet et fin décembre sera répercutée, tandis qu’elles le seront intégralement chez Générale de Santé (Rech) et à la clinique St-Jean. Dans tous les cas, 3 jours de grève sont payés, le reste étant pris en compte dans les RTT et les congés, le solde réparti sur plusieurs mois à partir de juillet.

Cet éclatement dans les accords souligne une des difficultés rencontrées par cette lutte par ailleurs exemplaire à bien des égards : les négociations séparées, clinique par clinique, alors que le mouvement était général et géré collectivement.

Le mouvement, qui a pris fin à Montpellier, semble faire tache d’huile, comme en témoigne cet article du journal La Montagne (Clermont-Ferrand) : http://www.lamontagne.fr/editions_locales/clermont_ferrand/le_personnel_poursuit_la_greve@CARGNjFdJSsGEh8HAR0-.html

Quel dommage, ce manque de synchronisation !

A lire aussi sur le sujet:

http://www.humanite.fr/2010-06-14_Politique-_-Social-Economie_Barbara-Rampillon-la-force-combative

http://www.montpellier-journal.fr/2010/06/trois-cliniques-privees-de-montpellier-toujours-en-greve.html

http://www.humanite.fr/2010-06-10_Politique-_-Social-Economie_Cliniques-privees-A-Montpellier-une-revolte

Correspondant du blog du NPA 34

………………………………..

La grève des cliniques privées touche à sa fin

Le conflit qui oppose, depuis plus de trois semaines, les salariés de la quasi-totalité des cliniques privées de l’agglomération à leurs directions touche à sa fin. Jeudi dernier, un accord était trouvé au sein du groupe Oc santé. Le travail ayant également repris à La Lironde, dans un certain climat d’amertume, car sans négociation.

On apprenait hier soir que des accords avaient également été signés à Rech, tout comme à la clinique du Parc de Castelnau-le-Lez. En gros sur les bases de ce qui avait été négocié, en terme salarial, chez Oc santé de Max Ponseillé. Restant la question de l’échelonnement de la prise en compte des jours de grève.

Seules étaient, hier soir, en suspens les discussions menées le jour même à la direction départementale du travail concernant la clinique Saint-Jean, du groupe Générale de santé. Un conflit d’envergure qui devrait faire date et qui aura été suivi de près un peu partout en France. À commencer par Béziers, où, à l’initiative de la CGT, les cliniques de la ville ont commencé à se fédérer autour de problèmes communs (Midi Libre)

…………………………………………………….

A l’occasion d’un échange de commentaires sur ce blog, le 14 juin, sur la grève des cliniques nous avons été amenés à préciser ceci sur les responsabilités du conflit ainsi que sur la question des patients:

. le point de vue de l’internaute:

De : mdeçu34

Bonjour, je comprends parfaitement les revendications du personnel soignant du privé pour avoir eu moi même mon diplome d ide en 1997 et pu faire des stages et travaillé en clinique et milieu hospitalier..Mais je pense aussi aux patients qui malgré eux ont été pris en otage par cette grève, qui se sont préparés physiquement(se sont organisés, dans leur activités personnelles et professionnelles) qui se sont préparés psychologiquemnt à subir une intervention et qui ont vus leur interventions annulées, reportées a plusieurs reprises et qui ne savent pas à ce jour encore pour certains d’entre eux quand et où ils pourront être opérés..Je peux comprendre parfaitement le mal être et les conditions de travail difficiles, mais e faut il pas craindre des conséquences encore plus lourdes a un conflit qui perdure (par exemple la déchéance d’une clinique qui entrainerai sa fermeture et alors la perte sèche de nombreux emplois pas seulement pour le personnel soignant mais également pour tous les administratifs…qui travaillent dans une clinique).
Je crois qu il est important de faire valoir ses droits et d’avertir l’opinion publique sur les problèmes rencontrés, mais qu’il faut en peser toutes les conséquences et savoir faire la part des choses et accepter l’acceptable, pour le bien de tous.

. notre réponse à mdeçu34

Comme à plusieurs reprises, pendant ce conflit, nous avons mis en évidence que la responsabilité de celui-ci doit être bien cernée: comme il est récurrent, depuis les années 80, il y a comme une facilité à imputer la responsabilité de la grève…aux grévistes. Raisonner ainsi c’est faire abstraction des processus, plus complexes qu’on ne l’imagine, qui poussent des salariés à des sacrifices, que l’on n’imagine pas non plus, quand est prise la décision de partir en grève. Les raccourcis médiatiques, politiques et tout simplement l’air du temps qui est coloré par les mystifications libérales font oublier qu’un gréviste, outre qu’il perd son salaire, se confronte à des tensions des plus stressantes, type rapport à une hiérarchie agressive et aux moyens de pression redoutables. Rapports aux patients bien sûr qu’on ne peut plus suivre. Etc.

Ce qu’il faut revoir avant tout, mdeçu34, c’est votre a priori qui, par-delà la compréhension que vous exprimez, vous fait penser comme cet air du temps. Ne pouvez-vous au moins prendre du recul et vous dire, pour commencer, que la grève peut être imputable à un patronat de la santé qui, comme ces mots le disent clairement, pense fric avant de penser aux patients? Pourquoi tomber dans ce piège qui consiste à exonérer de toute responsabilité les marchands de santé, ceux qui font du capital, du chiffre sur les malades et…leurs personnels? N’est-ce pas un peu gênant de reproduire les schémas éculés de la grève-c’est-la-faute-aux grévistes? En procédant ainsi vous contribuez au panurgisme mental et politique: vous suivez la ligne de pente qui s’offre à vous, c’est-à-dire que le système vous offre, c’est-à-dire vous fait … payer au bout du compte.

Car cette marchandisation de la santé qui est à la racine du conflit et qui fait privilégier la finance, c’est-à-dire les versements aux actionnaires, aux dépens de ceux qui gagnent leur vie en soignant celle des autres, cette marchandisation donc elle se retournera, si elle ne s’est pas encore retournée, contre vous. Car elle est celle d’une société comptable, qui fait passer la rémunération du capital avant les besoins, de santé pour prendre ce qui nous occupe, mais on pourrait parler Ecole, Poste, etc., et avant la seule rémunération qui ait du sens, celle du travail. Le travail de tous ces personnels dévoués. Votre travail aussi si vous travaillez. A moins que cette société vous ait privé de travail!

Du coup votre conclusion « accepter l’acceptable » devrait être adressée à ceux qui structurellement (par la marchandisation de la santé) et circonstanciellement (par le refus de négocier en payant des briseurs de grève que l’on fait venir de l’autre bout du pays, tous frais de transport et de logement payés. Vous l’entendez cette ritournelle payer-payer mais pas les salariés?) acceptent l’inacceptable.

L’administrateur du blog

Partager :
Ensemble 34