LGBTI Marche des Diversités : Samedi 5 juin 2010

18 000 personnes ont participé à la marche des diversités (ou Gay Pride) de Montpellier ce 05 juin. Le NPA a participé au cortège.

Après les comptes rendus, un témoignage: Transsexualité : d’Aurélia à Théo, une vraie question d’identité


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Midi Libre, Édition du samedi 5 juin 2010 : Marche 18 000 personnes à la Gay Pride de Montpellier

Publié à 17 h 25 – Quelque 18.000 personnes, selon les organisateurs citant un chiffre de la police, ont défilé aujourd’hui à Montpellier dans le cadre de la “marche des diversités” organisée par la Lesbian & Gay Pride (LGP) Languedoc-Roussillon qui souhaite organiser l’Euro Pride dans cette ville en 2014.

Les participants s’étaient donné rendez-vous dans
les jardins du Peyrou, près du centre-ville, où une minute de silence a été observée notamment en hommage aux personnes décédées du sida. Puis le cortège, fort de nombreux chars, s’est ébranlé dans une ambiance festive, aux sons de la musique techno, dans les rues du centre.

Des représentants des collectivités locales étaient présents au rassemblement, dont le conseiller municipal de Montpellier chargé de la lutte contre les discriminations qui a lu un message du maire socialiste de la ville, Hélène Mandroux. Celle-ci avait lancé il y a quelque mois l'”appel de Montpellier” en faveur de l’ouverture du mariage aux couples homosexuels.

Sous les applaudissements, le président de la LGP Languedoc-Roussillon Vincent Autin a fait part de la volonté de l’association d’organiser à Montpellier l’Euro Pride en 2014. Cette manifestation, organisée cette année à Varsovie (Pologne), attire selon les pays jusqu’à 500 à 700.000 personnes, a indiqué M. Autin.

L’association devrait officiellement déposer la candidature de la capitale languedocienne “au plus tard en septembre 2010”, a-t-il précisé. La précédente Euro Pride organisée en France s’était déroulée en 1997 à Paris.

Transsexualité : d’Aurélia à Théo, une vraie question d’identité

Aurélia (*) s’est éteinte. Dans la nuit du 24 décembre 2007. Elle avait 21 ans. Ce même soir de Noël, Théo (*) est né. D’elle à lui.
« Maman, j’ai quelque chose à te dire… » Brigitte, sa mère a bien senti la gravité de l’instant. « J’ai tout de suite pensé à quelque chose qui relèverait de la vie ou de la mort. Qu’elle était enceinte ou atteinte d’une maladie mortelle… » Après quelques coupes de champagne, Théo a embrayé. « Tu sais ce qu’est le genre, maman ? Je suis du genre masculin ». Un coming out inattendu, tombé du ciel un symbolique soir de Noël. « Forcément émue, j’ai tout de suite accepté l’évidence. Au fond de moi, je ne lui voyais pas d’avenir de femme. »

Aujourd’hui, Brigitte et son époux parlent de leur enfant au masculin. Des parents rares et « fiers
», passés de « l’ignorance » à la tolérance intense. « Nous sentions son mal-être. On pensait que c’était lié au fait que nous l’avions adopté bébé. Et puis l’adolescence étant un passage difficile, on croyait qu’il s’agissait d’une période d’adaptation douloureuse au corps », se souvient Brigitte.

Née sous X, Aurélia a hérité du sexe F, alors qu’elle se sentait profondément M. Un choc des lettres et un problème de l’être que Théo a choisi d’inscrire dans un alphabet plus large : celui de l’identité. « C’est une question transgenre qui s’est posée, qui n’a rien à voir avec la sexualité. » Brigitte et Jean-Paul ont accompagné toute « la transition » de leur fils. Un chemin de croix tracé de convictions intimes.

Avant, il y avait Aurélia. Silence photo. Ellipse contrôlée. L’Aurélia d’avant, l’étudiante montpelliéraine, Théo ne la décrit pas, n’en parle pas. « Quand j’entends ce prénom, il continue à me déranger… J’ai fait mon deuil de cette image. C’était juste moi avant la testostérone. »

Entretemps, les étapes d’un temps à rattraper. Février 2008, premières injections de testostérone. « En trois mois, j’avais des pattes, de la barbe, ma voix a mué, mes muscles se sont développés. »

24 juin 2008, direction New York pour l’ablation des seins. L’opération se passe bien, Brigitte et Jean-Paul payent les frais chirurgicaux. « C’était le prix de notre liberté ». Théo redécouvre son corps. « Quand j’ai enlevé les pansements, c’était évident. Comme si instantanément, mon corps avait toujours ressemblé à ça. C’était logique. »

Son “elle” coupée, Théo peut prendre son envol. A l’aéroport pourtant, ses papiers d’identité au nom d’Aurélia la clouent au sol. Mise à nu administrative. Théo poursuivra quand même sa route en France. A Paris, neuf mois plus tard, comme les tribunaux l’imposent pour pouvoir obtenir de nouveaux papiers, Théo se soumet à une hystérectomie totale. « Il fallait que ma stérilité soit irréversible pour la modification de mon état civil. »

Dans la salle, Théo se retrouve assis « au milieu des femmes enceintes ». Première visite de sa vie chez un gynéco. « On m’a encore appelé mademoiselle, c’était violent… » La suite, c’est le dédale juridique, les dossiers, les certificats, les témoignages des proches. Et l’attente, « fatigante ». « Il faut se justifier en permanence. Sur ma carte d’étudiant, je suis encore une femme. Pareil pour mon carnet de chèques et ma CB, ce que je peux éventuellement comprendre… Dans le train par contre, je dois me justifier auprès du contrôleur, c’est pénible. Et puis sincèrement, si je voulais frauder, je ne prendrais pas l’excuse d’être trans ! » Il y a un mois, la justice française a reconnu Théo, né de sexe M. « Je me sens enfin dans le bon genre. Je réaliserai vraiment quand j’aurai ma carte d’identité. »

(*) Prénoms d’emprunt. (Midi Libre)

Au sommaire ci-dessous

1/ Un témoignage: Montpellier. « Je suis sortie du placard à 60 ans… »

2/ Déclaration des organisateurs de la marche de Montpellier

3/ Le NPA et la Marche des diversités

4/ Paris: Succès de la réunion publique LGBTI du NPA

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1/ Un témoignage: Montpellier. « Je suis sortie du placard à 60 ans… »

« À visage découvert. » Soit l’expression que Paula Dumont aura répétée une dizaine de fois au cours de notre entretien. Aujourd’hui âgée de 63 ans, cette ex-enseignante, professeur de lettres à l’IUFM de Montpellier, a attendu sa retraite pour faire son coming out au “monde“.

C’est par le biais de deux ouvrages publiés en 2009 et 2010, intitulés Mauvais genre ; parcours d’une homosexuelle et La vie dure. Éducation sentimentale d’une lesbienne, que Paula Dumont est devenue la première femme homosexuelle en France à publier son autobiographie.

« Les lesbiennes, contrairement aux hommes homosexuels se mettent rarement en scène. » Il lui aura pourtant fallu du temps … « ”J’ai attendu la retraite. Il est encore impensable de publier ce type d’ouvrage quand
on travaille. Si je l’avais fait, je me serais exposée aux pires ennuis. Je ne suis pas Pierre Bergé, ni Yves Saint-Laurent, ni même Amélie Mauresmo, j’aurais pu perdre mon boulot. Du coup, je suis sortie du placard à 60 ans !” »

Alors Paula raconte comment elle a « traversé l’enfer » jusqu’à 18 ans, comment ses parents sont tombés sur une lettre griffonnée à sa petite amourette de l’époque et l’ont menacée de la soumettre aux électrochocs, comment elle a appris à se taire. « Mon autobiographie, ce n’est pas la description de la cuisine de ma mère, du jardin de mon père. J’essaie de répondre à la question “Pourquoi je suis comme ça ?” »

Demain, Paula sera évidemment présente à la Marche des diversités. « J’y serai dès 8 h du matin ! Pendant 364 jours, les homos se planquent et rasent les murs. Nous, le 365 e jour, on est dans la rue, on ne se cache pas. Certains seront habillés comme tout le monde. D’autres seront exubérants et étrangement accoutrés, ce qu’on leur reproche parfois. Mais n’est- ce pas encore une façon de se cacher ? » Et de conclure sur les discriminations ayant trait aux préférences sexuelles : « C’est d’une stupidité préhistorique ! On n’est ni pires ni meilleurs que les autres. On est des gens comme tout le monde. »

2/ Déclaration des organisateurs de la marche de Montpellier

La LGP a beaucoup évolué et poursuit activement son développement.

Notre combat ne doit pas s’inscrire dans une logique communautariste et c’est pourquoi nous poursuivrons notre ouverture vers les associations dites « non identitaires », les syndicats, le monde de l’entreprise, les milieux scolaire et universitaire, etc. L’égalité, pour ne parler que d’elle, ne concerne pas uniquement les populations LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels-les, transsexuels-les, transgenres et/ou intersexués-es”), elle concerne bon nombre de populations. L’union fait donc la force, doit faire la force.


LA MARCHE

Elle se déroulera le samedi 5 juin 2010.
La LGP a décidé que le nom « Marche » ou plus couramment appelé « Gay Pride » sera désormais rebaptisé « Marche des diversités » ! Cette nouvelle appellation s’adresse ainsi à chacun et chacune d’entre nous et fédère tous les mouvements et personnes LGBT (lesbienne, gay, bi, trans) quelle que soit leur origine, et plus largement l’ensemble de la population. Le mot d’ordre et l’affiche de la « Marche des diversités » mettront également à l’honneur cette diversité et notre refus de l’exclusion : « Oui à la diversité ! Non à l’exclusion ! »


L’EUROPRIDE


La LGP Montpellier LR portera la candidature de notre région et de notre ville à l’organisation de l’Europride 2014 !

Ensemble nous pouvons changer les choses, ensemble nous pouvons faire évoluer notre société vers l’égalité pour toutes et tous! A nous de tout faire pour y parvenir !

Lu sur Midi Libre (4 juin 2010): http://www.midilibre.com/articles/2010/06/03/A-LA-UNE-Oubliez-la-Gay-pride-marchez-pour-la-diversite-1254561.php5

3/ Le NPA et la Marche des diversités

Pour la lutte LGBTI. Contre leur oppression

Lors de la marche des fiertés LGBTI, l’espace d’un après-midi, on est tenté de croire que tout est
résolu, qu’à part les dernières discriminations légales il n’y aurait plus de problèmes.

En fait, il y a urgence !

L’Égalité des droits maintenant !

La plus élémentaire des justices, l’égalité formelle des droits, reste encore à conquérir. Nos
amours, nos unions, nos projets parentaux n’ont toujours pas la même légitimité légale ou
administrative que ceux des hétérosexuels cisgenres (1). Mais rassurons-nous, beaucoup nous
promettent, qu’une fois arrivés au pouvoir, ces justes revendications seraient enfin satisfaites.

Alors heureu/ses/x ?

Non ! Outre le fait que les promesses n’engagent que celles/ceux qui y croient, tout le monde
ne souhaite pas se marier, certain/e/s revendiquent même de ne pas se marier. Évidemment
une telle revendication n’a de sens que si le droit de se marier existe. Nous voulons l’égalité des
droits, et nous la voulons maintenant ! Nous voulons pouvoir choisir de ne pas nous marier !
Pour autant, il ne s’agirait pas d’oublier l’évidence :

Un plan d’urgence contre la LGBTI-phobie

Le rapport annuel de SOS-homophobie met encore une fois en évidence que partout, dans
la famille, au travail ou dans la rue, nous ne pouvons être nous-mêmes et assumer fièrement
nos orientations sexuelles et nos identités de genre qu’en combattant moqueries, violences
verbales et parfois agressions physiques.

La lgbti-phobie n’est pas qu’une somme des
bêtises ou des méchancetés individuelles, c’est un système qui affirme la suprématie des
hétérosexuels sur les homosexuels, des cisgenres sur les trans, qui dit qu’on doit être homme
ou femme et, selon, se comporter de telle ou telle manière, en conformité avec l’ordre moral.

Ce système est criminel et les violences LGBTI-phobes vont jusqu’au meurtre. Les sociologues
montrent que les jeunes LGBTI tenteraient de se suicider 6 fois plus que les jeunes hétéros, soit
plusieurs centaines de morts par an en France ! Ce système ne disparaîtra pas spontanément.
C’est une question politique et non pas seulement une question de tolérance ! La visibilité
de nos luttes passera par notre propre visibilité : lesbiennes, gays, bi, trans et intersexes nous
sommes fières et nos revendications sont légitimes.

Qui s’en saisira si les LGBTI eux/elles-mêmes ne le font pas ?

Les luttes LGBTI doivent imposer l’égalité des droits et de véritables mesures contre la LGBTIphobie.
Retenons l’exemple des trans en lutte contre le projet Bachelot, qui renforce le poids de
la psychiatrie dans leur parcours de transition.

Au NPA, nous exigeons :

. l’adoption d’une directive-cadre sur le mariage, la filiation et la procréation médicalement
assistée

. la prise en charge publique de la lutte contre les discriminations, notamment dans le cadre
de l’institution scolaire

. la création et le financement public de structures d’accueil, d’écoute et d’assistance pour les
victimes de préjugés envers les LGBTI

. l’arrêt de la mutilation des enfants intersexes

. le droit à disposer de son corps et l’accès au changement de prénom et d’état civil sur la
base du consentement éclairé et l’autodiagnostic des personnes trans.

Ces conquêtes seront impossibles dans un contexte de destruction des services publics. Les
mesures de casse sociale telle la destruction de la sécurité sociale ou des retraites pèsent
d’autant plus lourd sur toutes les victimes de discrimination, dont les LGBTI.et non pas
seulement une question de tolérance !

La visibilité de nos luttes passera par notre propre
visibilité : lesbiennes, gays, bi, trans et intersexes nous sommes fières et nos revendications
sont légitimes

(1) dont l’identité de genre n’entre pas en conflit avec le genre qui lui a été assigné à la naissance en fonction de son sexe biologique tel qu’enregistré par l’état civil.

4/ Paris: Succès de la réunion publique LGBTI du NPA

Le 21 mai dernier, à l’occasion de la journée internationale contre l’homophobie et la transphobie, la commission lesbiennes, gays, bi, trans et intersexués de la région parisienne du NPA organisait, dans un bar du 20e arrondissement, une réunion publique sur le thème de la solidarité internationale dans les combats LGBTI.

Une soixantaine de personnes y ont participé, venues de divers horizons : militants et sympathisants du NPA, de différentes associations ou groupes LGBTI, mais aussi habitants du quartier… Ce qui constitue un succès prometteur, pour une première initiative de ce genre ! Suzanne, au nom du NPA et de la commission, a d’abord rappelé les raisons de notre engagement, articulant anticapitalisme, luttes LGBTI et internationalisme.

Construire des solidarités avec les gays, les lesbiennes et les trans persécutés dans leurs pays implique de lutter contre les lois racistes restreignant le droit d’asile en France ; mais cela implique également de conquérir des droits ici : la France qui donne des leçons sur les droits humains continue de traiter les gays et les lesbiennes comme des sous-citoyens, leur refusant l’égalité des droits, et les trans sont toujours considérés comme des malades.

Puis, Lalla et Elsa, déléguées de l’assemblée générale des trans (à Paris le 25 avril), sont revenues sur les enjeux de la lutte pour la dépsychiatrisation de la transidentité. Dans un contexte où le ministère de la Santé joue des effets d’annonce sur ce thème, elles ont expliqué la démarche qui a conduit à organiser l’assemblée, ainsi que les revendications qui en ressortent.

Enfin, Peter Drucker, militant impliqué dans les luttes LGBTI aux États-Unis et aux Pays-Bas, a rappelé la nécessité d’un internationalisme conséquent, qui pointe les responsabilités de nos propres États impérialistes dans le soutien de régimes homophobes dans certains pays du Sud. Il a aussi montré que la montée de la xénophobie et de l’islamophobie aux Pays-Bas conduit certains politiciens à instrumentaliser l’homophobie pour en rendre responsables les immigrés. Pourtant, a-t-il rappelé en s’appuyant sur des études, les discriminations et les violences sont transversales à toute la société néerlandaise.

Un débat riche et intense s’est ensuivi sur la place des personnes trans dans nos luttes, les stratégies des mouvements LGBTI et l’enjeu des cadres unitaires, la définition d’une orientation plus radicale, le rôle (et les difficultés) d’une commission comme la nôtre, la prise en compte des luttes LGBTI. Une première expérience à rééditer.

Un site à visiter: http://www.npa2009.org/

La page LGBTI de ce site: http://www.npa2009.org/category/cat%C3%A9gories/lgbti

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