RETRAITES : ENGAGER LE DEBAT

Jeudi 20 mai se tiendra, à Montpellier, une réunion du Collectif héraultais unitaire pour la défense des retraites (1)

Comme contribution aux discussions à mener dans le cadre de ce collectif, nous proposons le texte de notre camarade Gilles, du NPA 34, publié dans le dernier numéro de notre mensuel départemental Motivées. Il résume l’analyse que nous faisons de ce qu’est la retraite, de ce que vise la contre-réforme gouvernementale et, peut-être surtout, des pièges que recèlent certaines réponses apportées à cette agression. Bonne lecture. (2)

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(1) Le NPA participe activement à ce collectif aux côtés du PG 34, de Solidaires 34, de Sud Education, de Sud Etudiant, de la FASE 34, d’Attac Montpellier, du PCF 34, du M’PEP 34, des Alternatifs et de Gauche Unitaire. Les Verts 34 participent aux réunions comme observateurs. Les Objecteurs de Croissance discutent de leur éventuelle participation tandis que la FSU 34 devrait confirmer la sienne.

L’objet de cette réunion sera d’avancer dans la préparation des premiers temps forts de notre mobilisation, en particulier, la grande réunion publique du 2 juin avec Jean-Marie Harribey, membre du conseil scientifique d’ATTAC. La participation de ce collectif unitaire à la journée nationale d’action sur les retraites du 27 mai sera aussi un des points importants de l’ordre du jour.

A noter: Réunion débat sur les retraites, avec précisément notre camarade Gilles, vendredi 21 mai à la Maison des Associations de Frontignan La Peyrade, à 18h30.

C’est à l’appel du collectif local constitué du NPA, du PC, du PG, de la Fase, d’Europe Ecologie, d’Attac, de la Fondation Copernic et de Solidaires.

(2) RETRAITES : ENGAGER LE DEBAT

Dans le débat sur les retraites qui s’engage, la question du maintien de l’âge légal à 60 ans pour l’ouverture des droits est évidemment centrale. Toute autre solution, sous le prétexte d’un allongement de la durée de vie est régressive.

Cela fait un siècle que l’espérance de vie augmente (de 60 ans au début du XX° siècle à prés de 80 ans aujourd’hui) et que simultanément les travailleurs, par leurs luttes, ont imposé une diminution considérable du temps de travail : hebdomadaire avec les 40 puis les 35 heures, annuel avec les congés payés, et sur la vie entière avec la retraite à 60 ans. Sans ces luttes il n’y aurait pas aujourd’hui 5 mais 10 millions de chômeurs…

La civilisation ou le capitalisme : il faut choisir

Cela s’appelle la civilisation : les gains permanents de productivité permettent d’augmenter la richesse tout en diminuant le temps de travail contraint, et d’augmenter le temps libre, qui n’est pas le temps de l’oisiveté, mais souvent le temps d’un travail libéré, associatif, non marchand mais producteur de richesse sinon de « valeur », dont témoignent bien des retraités.

C’est pourquoi le projet gouvernemental est purement réactionnaire au sens étymologique: le projet libéral consiste à capter tous les gains de productivité au seul bénéfice des profits : c’est le retour au XIX° siècle, à l’asservissement continu, jusqu’à la mort, au travail contraint pour enrichir le capital. Cette ligne-là est infranchissable pour quiconque se réclame du progrès et de l’émancipation.

Mais elle a sa logique : on ne peut se déclarer en accord avec la retraite à 60 ans sans en tirer toutes les conséquences. Elles sont nombreuses …

Pour la retraite à 60 ans

En premier lieu, la retraite à 60 ans exige, pour n’être pas une retraite au rabais, qu’elle soit prise au taux plein (75% du salaire de référence : celui des 6 derniers mois dans le public, celui qui est basé sur la moyenne des dix meilleures années dans le privé) après 37,5 ans de cotisations. La qualification du travail augmentant en permanence et, avec elle, la durée des études, cette durée de cotisation est déjà un marché de dupe si elle ne s’appuie pas sur la prise en compte des années d’études dans le temps de cotisation : vouloir la retraite à 60 ans, c’est vouloir l’allocation d’études pour tous et toutes, le salaire dés les années de formation, ce que permet le salaire socialisé, comme il a permis la retraite pour tous.
Quant à ceux qui prétendent défendre les 60 ans en s’accommodant de durées de cotisation de 40, 41 ans, ce sont évidemment des faussaires qui jouent double jeu. Ils ont déjà accepté la dégradation massive des retraites. Il faut les dénoncer comme tels.

Le salaire socialisé au centre des attaques

Il faut alors, bien sûr mettre au clair la question des ressources. Depuis 20 ans, la droite s’acharne à détruire la cotisation sociale. Elle vise en fait à revenir sur la mise en œuvre, en rupture avec toutes les logiques de concurrence et de marché, de la cotisation sociale comme fondement de la solidarité et du vivre ensemble. L’institution de cet acquis anticapitaliste, issu du rapport de force exceptionnel de 45, fondé sur la redistribution selon les besoins, par le salaire socialisé, d’une part considérable de la richesse produite, hors de tout circuit financier et de tout « marché » est au centre du débat actuel. Elle est la cible principale des attaques de la droite car elle est aux antipodes de sa conception du monde.

C’est pourquoi toutes les propositions qui visent à relativiser le salaire socialisé et la cotisation sociale au bénéfice de l’impôt (dont le prototype est la CSG, instituée par …le PS !) doivent être combattues.

Taxer les revenus financiers ?

En premier lieu la proposition souvent reprise de taxation des revenus financiers. C’était l’argument central lors de la mise en œuvre de la CSG : elle devait permettre de taxer tous les revenus et non plus les seuls salaires, à l’inverse de la cotisation sociale. Le résultat aujourd’hui est que 85% des ressources de la CSG sont constitués par…les salaires, et dans les 15% qui restent, c’est pour une bonne part l’épargne des salariés (en particulier l’assurance vie) qui est taxée. Car les vrais titulaires de vrais revenus financiers, ceux qui vivent de la rente boursière et du dividende, ont appris depuis longtemps à utiliser les innombrables « niches » fiscales et autres paradis fiscaux que leur ouvre grand tous les ans la « loi de finances ». La CSG a été un marché de dupe : ce sont les salariés qui la payent, alors que la cotisation sociale est payée par les patrons : c’est du salaire qui, à l’inverse de la taxe, appartient aux salariés.

Taxer la valeur ajoutée ?

En témoigne encore une autre variante, très présente elle aussi, qui consiste à asseoir la taxation sur la valeur ajoutée et non plus sur le seul salaire.

Le salaire est une donnée brute de la comptabilité, reconnue contradictoirement tous les mois par les salariés qui vérifient leur bulletin de salaire. Ce n’est pas le cas de la valeur ajoutée qui est un solde comptable (Chiffre d’affaire moins consommations intermédiaires) que l’entreprise peut manipuler à sa convenance et qui est susceptible de toutes les « optimisations fiscales » : par exemple la sous-traitance, en «externalisant » certains services, diminue la valeur ajoutée. Substituer la valeur ajoutée au salaire, c’est encourager l’externalisation de la main d’œuvre, accélérer la fiscalisation de la protection sociale et ça ne garantit aucune ressource supplémentaire.

Le premier et le plus sûr « impôt » sur le capital et la finance, c’est l’augmentation du salaire et de la cotisation sociale!

. Augmenter les salaires : 1600 euros mini, 300 euros pour tous…

. Augmenter le nombre de salariés : interdiction des licenciements, réduction massive du temps de travail avec embauches obligatoires…

… c’est augmenter le salaire socialisé et les ressources de la Sécu

… c’’est modifier la répartition des richesses dans un sens enfin favorable aux salariés.

C’est reprendre les 6 à 7 points de PIB captés par les actionnaires depuis 15 ans et qui permettront d’équilibrer sans difficultés les retraites à l’horizon 2040

Gilles Marquet – Avril 2010 (Motivées mai 2010)

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