Contre les violences faites aux femmes: V-Day Montpellier 2010

« Briser le silence sur le lynchage des femmes » ENTRETIEN avec l’actrice Nadia Kaci, porte-voix des victimes d’Hassi Messaoud (Midi Libre 21 04 2010) Voir plus bas


Dans le cadre du V-Day Montpellier 2010, Le Mardi 27 avril 2010, deux initiatives sont à noter

A la suite du succès mondial de sa pièce “Les Monologues du Vagin” écrits à partir des interviews de plus de 200 femmes de tous âges et de toutes origines, Eve Ensler a décidé de créer un mouvement féminin international pour lutter contre les violences faites aux femmes.

Le V-Day « stop à la violence » naît en 1998 : une fois par an, des femmes venues de tous horizons culturels et ethniques se retrouvent pour lire ensemble les textes de la pièce. Les bénéfices de ces soirées sont reversés aux associations travaillant dans le même sens (E. Ensler a mis à disposition de ce mouvement l’utilisation de sa pièce et fait don des droits d’auteurs récoltés à cette occasion).

A ce jour 15 millions de dollars ont déjà été récoltés et distribués à des organisations locales et permettent de créer et d’entretenir de nouveaux programmes pour mettre fin à la violence.

Dans le cadre du V-Day Montpellier 2010, Le Mardi 27 avril 2010, deux initiatives sont à noter:

D’abord de 17h30 à 19h, une rencontre-débat sur « le martyre des Algériennes d’Hassi Messaoud » à partir des témoignages d’Algériennes recueillis par la comédienne Nadia Kaci dans le livre ” Laissées pour mortes : le lynchage des femmes de Hassi Messaoud” ( Max Milo éditions).

Avec la participation du Comité de vigilance des droits des femmes

Le 13 juillet 2001, à Hassi Messaoud, ville pétrolifère du Sud de l’Algérie, à la suite d’un prêche virulent de l’imam, près de 500 hommes agressent et torturent une cinquantaine de femmes au cours d’une expédition punitive. Des femmes, originaires du nord du pays, employées dans les travaux de ménage, ont été massacrées et humiliées par les habitants ameutés par l’imam en raison de leur mode de vie jugé trop libre. Deux femmes témoignent malgré les menaces : Rahmouna Salah et Fatiha Maamoura se sont battues jusqu’au procès. De leur enfance au sein de familles patriarcales à la naissance de leurs enfants, en passant par leurs mariages, répudiations et divorces, elles relatent la difficulté de vivre hors du joug des hommes dans une société qui connaît de terribles bouleversements.

Nadia KACI comédienne Algérienne, a joué dans de nombreux films (Ça commence aujourd’hui de Bertrand Tavernier, 1998 ; Viva Laldjérie et Délice Paloma de Nadir Moknèche, 2004 et 2006.

Et parce que justice n’a pas été rendue aux victimes de 2001, depuis plusieurs semaines les agressions ont repris dans la région. Elles concernent toujours des femmes qui vivent seules et qui revendiquent leur droit au travail. Pratiquement toutes les nuits des groupes d’hommes, de façon organisée et concertée, agressent ces femmes chez elles, les violent, les torturent et pillent le peu qu’elles ont dans l’impunité la plus totale.

Pour en savoir plus : http://www.europe-solidaire.org/spip.php?rubrique919

Salle des Rencontres – Mairie de Montpellier – Entrée libre .

Ensuite, à 20h30 : représentation des “Monologues du Vagin” d’Eve Ensler avec : la participation exceptionnelle de Nadia KACI, des slameuses de Montpellier, la Cie de L’Atre…Mise en scène : Ilène Grange.

La recette de cette représentation unique sera reversée aux associations locales du Planning Familial, du CIDFF, d’Amnesty Femmes, au V-Day, associations qui luttent contre les violences faites aux jeunes filles et aux femmes.

Lieu : Salle des Rencontres – Mairie de Montpellier

Tarif : 12 Euros – Billetterie : Librairie SAURAMPS (Triangle – Comédie- à partir du lundi 29 mars)

Le V-Day Montpellier 2010 est organisé par la librairie Sauramps, le Café des Femmes, la Compagnie de L’Âtre et le concours de Latifa Drif . Avec le soutien de la Ville de Montpellier

« Briser le silence sur le lynchage des femmes » ENTRETIEN avec l’actrice Nadia Kaci, porte-voix des victimes d’Hassi Messaoud (Midi Libre 21 04 2010) Voir plus bas

Briser le silence. Nadia Kaci le fait. Neuf ans après le drame d’Hassi Messaoud, cette ville pétrolifère du sud de l’Algérie où, à la suite d’un prêche de l’imam, cinq cents hommes ont agressé, torturé et violé cent cinq femmes trop libérées à leur goût (elles avaient un emploi !), la comédienne algérienne, qui vit à Paris, a recueilli la parole de rescapées « contactées par téléphone puis rencontrées chez elles, plusieurs fois, longuement ».

Le livre Laissées pour mortes, publié aux éditions Max-Milo (255 pages, 18 €), est terrifiant. Et d’autant plus que « les exactions contre les femmes continuent. En toute impunité, lance de vive voix Nadia Kaci, qui dénonce le code de la famille. Institué en 1984, il décrète la femme mineure à vie – sous la tutelle de son père, elle doit ensuite obéissance à son mari, qui peut la répudier à n’importe quel moment. Or, quand l’homme se rend compte qu’il a tout pouvoir sur sa partenaire, il en profite. D’autant plus que, depuis 2000, la Concorde nationale impose aux victimes de pardonner leurs tortionnaires. Cette amnésie obligée est un message fort à une société où les institutions sont les premières à dénigrer les filles. Comment, alors, dans les familles, prendre conscience de la discrimination ? »

En colère, Nadia Kaci dit aussi son désarroi : « On lynche des femmes pas loin d’ici. Pour l’Algérie, c’est une affaire d’État. Mais elle concerne la France aussi directement. Le sang a coulé aux portes des multinationales mais ni les syndicats ni les patrons n’ont protégé ces employées. Et la presse internationale s’est tue. » Un « oubli intentionnel que Nadia Kaci compare à la situation des banlieues françaises, où on a parqué les gens dans des tours de béton en leur ôtant toute identité culturelle. Maintenant, on s’étonne de la montée de l’intégrisme ; de l’activisme politique d’extrémistes ? Mais c’est le retour du boomerang ! »

C.-S. F.
L’auteur sera à Sauramps puis salle des Rencontres, mardi prochain, à 17 h 30. Et, à 20 h 30, sur scène pour “Les monologues du vagin“.

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